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portrait réalisé par Ben Heine
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Marilyn Monroe. La vivante que les hommes voulurent capturer, et qui les captiva.
De toute son âme assoiffée, de tout son cœur d’enfant battant dans son corps de rêve, elle aima.
Son visage, sa chair buvaient littéralement la lumière.
Elle était éternelle, déjà. Les studios lui prirent son temps, pour en faire de l’argent.
Ils en eurent pour leur argent et au-delà. Toutes les puissances mauvaises, les mafias qui cancérisent le monde, tiennent l’industrie du spectacle et les hommes de pouvoir, les vampires qui se nourrissent du sang des vivants, la jetèrent, nue qu’elle était, nue qu’elle fut toujours, sur les chemins de ronces de leurs désirs malsains.
Pour sauver leurs apparences essayant de la prostituer aux peuples, qu’ils en fassent leur chose comme ils auraient aimé en faire la leur. Mais malgré les faiblesses du peuple, grâce à ses faiblesses aussi, l’esprit de l’amour reconnaît en son sein les apparitions de l’amour.
Contrairement à ceux qui la tuèrent, Marilyn n’est pas une apparence, mais une apparition. Elle a tout donné, elle donne tout d’elle, du plus humble, du plus misérable de l’humain en elle, au plus sublime.
Jetée aux enfers, loin de s’en trouver vaincue par la mort, elle y déclenchait un tremblement de terre et en ramenait la grâce, toujours plus de grâce, démultipliée pour nourrir des millions d’âmes dans des salles obscures.
Présentée en idole, casquée d’or, elle abat l’idolâtrie par la puissance de sa présence humaine, de son cœur de chair offert en toute libéralité.
Et maintenant elle réjouit les anges, ceux du ciel et encore nous autres, pauvres terriens qui voulons boire aussi la lumière et qu’elle transporte, un moment au moins, au ciel.
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(petite introduction écrite sur la demande de l’éditrice stanbouliote de ma nouvelle Une nuit avec Marilyn en traduction turque)
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Mon coeur, mon amour, mon Poème,
ma beauté, ma douceur, ma fantaisie,
ma drôlerie, mon drame, ma vie,
mon Étrange, mon Témoin de la vie qui nous vient d’où nous ne savons pas,
mon énigme, mon trésor extraordinaire, mon don du ciel,
toi qui nous donnes à Le voir en nous faisant tomber par terre comme l’apôtre,
toi dont le regard nous regardant troue le monde,
y troue le petit passage par où nous faufiler pour entrer dans la voie de l’amour absolu,
mon enfant venue habiter avec moi par un rêve il y a si longtemps,
c’est toi en moi qui me donnas de tout donner.
C’est pour ça que je sais qu’avec tes frères, avec tes soeurs, vous êtes
les anges qui empêchent le monde de sombrer.
Merci à vous, petits signes lumineux dans les nuits des destins !
Rentrée en marchant bras nus, à embrasser le printemps !
D’abord, devant la Salpêtrière, tout un groupe de sans-abris, comme toujours l’après-midi. Ils avaient allumé un feu, comme souvent. Un feu pour répondre au soleil ? Je m’en suis approchée. L’un a voulu que je le photographie à côté. Nous avons parlé et plaisanté, les gars étaient joyeux, je suis partie, ils m’ont dit Ciao bella.
J’ai passé l’entrée, l’herbe était d’un vert ! Je me suis avancée vers la chapelle, j’ai passé le porche, je suis allée à l’Adoration, le coeur rempli de joie joyeuse et bienheureuse. Oh oui, je sais qui et ce qui me rend heureuse.
Les simples, les bons coeurs,
ceux qui ne font pas exprès de faire le mal. En sortant je me suis dit que je retournerais bientôt à la mosquée, j’y serais aussi bien et je le ferai plus souvent si j’ai encore à éviter les paroles orientées. Je veux entendre les paroles normales, dites pour tout le monde, ou pas de paroles du tout.
Je peux trouver Dieu n’importe où du moment qu’il s’y trouve, c’est-à-dire du moment que s’y trouve le simple vrai.
On emploie souvent mal le mot réconciliation. Il n’est pas possible de réconcilier ce qui n’a jamais été concilié, ce qui n’est pas conciliable. Le mensonge avec la vérité, le mal avec le bon. Mon corps et âme rejette absolument et irrémédiablement le mensonge et le mal, comme des virus qu’ils sont. Je n’y peux rien, ainsi est-il.
Ainsi est la grâce, et nous marchons en elle, mes Pèlerins et moi. Croyez-vous qu’ils n’existent pas encore ? C’est que vous vivez trop prisonniers du temps. Nous, nous sommes éternellement vivants et bienheureux. Qui nous aime, nous suive !
photos Alina Reyes