La femme qui donnait des plumes de couleur aux corneilles

Je dédie cette note au journaliste Gaspard Glanz, qui avec son agence Taranis News accomplit un travail important, et qui est harcelé et empêché de travailler par cet État policier. Je sais ce que c’est. Je pense aussi à tous les journalistes brutalisés par la police – le premier geste de Macron fut de supprimer la salle de presse de l’Élysée, visiblement ce pouvoir est trop faible pour pouvoir se maintenir sous le regard des journalistes, et il le savait depuis le début.

Et maintenant, la petite histoire du jour.

 

square rene le gall 1-minEn arrivant au square René-Le-Gall, j’ai vu une femme qui tendait quelque chose à une corneille, tout en lui parlant. L’oiseau l’écoutait, puis il s’est envolé.

square rene le gall 2-minAlors la femme a déposé ce qu’elle avait dans les mains, des plumes multicolores, par terre.

square rene le gall 3-minJe lui ai demandé pourquoi, et elle m’a expliqué : elle avait remarqué que les corneilles aimaient bien les emporter, pour fabriquer leur nid.

Cela m’a rappelé l’histoire de l’homme aux oiseaux.

Un peu plus loin, ce jeune homme avec son skate sous le bras portait avec élégance un sweat jaune avec l’inscription « Unicorn » dans le dos

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J’ai continué à marcher dans le square, puis je me suis assise un moment pour lire, prendre des notes et dessiner dans mon carnet

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En repartant, j’ai laissé un post-it

square rene le gall 7-minCet après-midi à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Samedi, l’amour court les rues. 40 grafs et tags de ces jours-ci

J’ai trouvé sur twitter ces street-art post-it excellents. Je ne sais pas si le gars a eu la même idée que moi, ou s’il la reprise de twitter où j’en avais posté beaucoup avec hashtag il y a quelques mois, quand je l’ai inventée, en tout cas c’est très bien vu :

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Moi aussi j’ai continué à distribuer des post-it dans la ville, et à photographier les graffitis et autres tags lors de mes déambulations de ces jours derniers.

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street art 13-minJ’ai maintes fois photographié les grandes fresques du 13e arrondissement, dont cette œuvre de Seth, je ne les rephotographie pas chaque fois au fil de mes balades mais une de temps en temps…

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Je suis entrée dans une cour d’immeuble rue Mouffetard et j’ai aussi photographié ce bel escalier montant vers la lumière, vers ce que j’imagine comme une chambre d’amour :

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Ces jours-ci à Paris 13e et 5e, photos Alina Reyes

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Révolution permanente. La ville en jaune

Aujourd’hui des photos de jaune dans la ville, de la musique, et les paroles d’une chanson de Moustaki que je classe dans la catégorie « Poètes du feu de Dieu ». Il a été de ceux qui ont enchanté mon adolescence – je n’imaginais pas alors que quelques années plus tard, il me lirait, mais c’est ce qui se produisit. Ainsi la révolution permanente des Gilets jaunes donnera-t-elle aussi ses fruits. Déjà nous pouvons contempler et humer ses fleurs, la prise de conscience, le réveil qu’elle a introduits dans un pays sous anesthésie, paralysé par les communicants tueurs de pensée depuis des années, processus achevé par l’entièrement faux et sot Macron et son entièrement faux et débile gouvernement.

J’ai repris mon action poélitique #PostIt, avec des post-it jaunes cette fois. Je fais toutes les nuits des rêves fantastiques. Jamais je ne me suis sentie mieux de ma vie.

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jaune 16-minHier à Paris 5e et 13e, photos Alina Reyes

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Sans la nommer

Je voudrais, sans la nommer
Vous parler d’elle
Comme d’une bien-aimée
D’une infidèle
Une fille bien vivante
Qui se réveille
A des lendemains qui chantent
Sous le soleil
 
 
C’est elle que l’on matraque
Que l’on poursuit que l’on traque
C’est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève
C’est elle qu’on emprisonne,
Qu’on trahit qu’on abandonne
Qui nous donne envie de vivre
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout
 
 
Je voudrais, sans la nommer
Lui rendre hommage
Jolie fleur du mois de mai
Ou fruit sauvage
Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui traîne en liberté
Ou bon lui semble
 
 
C’est elle que l’on matraque
Que l’on poursuit que l’on traque
C’est elle qui se soulève
Qui souffre et se met en grève
C’est elle qu’on emprisonne,
Qu’on trahit qu’on abandonne
Qui nous donne envie de vivre
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout
 
Je voudrais, sans la nommer
Vous parler d’elle
Bien-aimée ou mal aimée
Elle est fidèle
Et si vous voulez
Que je vous la présente
On l’appelle
RÉVOLUTION PERMANENTE
 
 
C’est elle que l’on matraque
Que l’on poursuit que l’on traque
C’est elle qui se soulève
Qui souffre et se met en grève
C’est elle qu’on emprisonne
Qu’on trahit qu’on abandonne
Qui nous donne envie de vivre
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout
 
 
C’est elle que l’on matraque
Que l’on poursuit que l’on traque
C’est elle qui se soulève
Qui souffre et se met en grève
C’est elle qu’on emprisonne
Qu’on trahit qu’on abandonne
Qui nous donne envie de vivre
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout
 
Georges Moustaki

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Vie douce, parfums

Je suis allée marcher dans des jardins, respirer les odeurs des plantes et des arbres.

bob le flamant roseSur un mur dans la rue, j’ai vu une série de photos de Bob le flamant rose.

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postit ancienDans un jardin, j’ai eu le plaisir de revoir ce PostIt  que j’avais placé là en juin, toujours là, avec quelques feuilles qui ont poussé devant.

*square rene le gall jardin partagé 1Le jardin partagé du square René Le Gall est arrangé avec joliesse et grâce, pour la vie douce

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Et dans un coin sauvage du jardin, poussent quelques fraises des bois

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tag benallaDans la rue, j’ai photographié des tags

tag désert

street artet une œuvre de street art toute fraîche.

sethJ’ai aussi rephotographié cette œuvre de Seth et Kislow déjà ancienne.

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conifereDans une miniforêt, j’ai ramassé quelques branchages de conifères coupés et je les ai mis dans un pot sur mon bureau, pour la bonne odeur vivifiante

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Puis j’ai pris mes crayons et mes feutres, dont le doré et l’argenté que je venais d’acheter, et j’ai colorié une carte postale publicitaire. Voici l’image d’origine :

parfums de chineEt la voici, récupérée elle aussi comme les branchages odoriférants, et transformée :

parfum*

hier et aujourd’hui à Paris, photos et coloriage Alina Reyes,

entre pages d’écriture

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Mon sein, construction de rêve

Un PostIt Tolkien à Edimbourg : "Ceux qui errent ne sont pas tous perdus" (sur la photo, caché dans la nuit, un jardin)

Un PostIt Tolkien la nuit dernière à Edimbourg : « Ceux qui errent ne sont pas tous perdus » (sur la photo, caché dans la nuit, un jardin)

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Quand je me suis levée il m’a dit, attendri : « tu dormais la main sur le sein ».

Et je rêvais que je me déplaçais dans une architecture toute en structures gonflables, gonflées, multicolores, où l’on grimpait ou le long desquelles on se laissait glisser, pour passer d’un niveau à l’autre. Il y avait là des jeunes joyeux, d’enfants à grands adolescents, multicolores aussi, qui auraient pu être mes élèves. Je me déplaçais parmi eux, grimpant et glissant, et je m’installais un moment dans une forme de banquette pour lire. C’était très heureux.

Rêvant cela j’avais donc la main sur le sein, sur mon sein en reconstruction, dans lequel se trouve en ce moment un expandeur, une sorte de ballon gonflable, qui va être gonflé progressivement jusqu’à obtenir le volume voulu – et il sera alors remplacé, dans quelques mois, par une prothèse mammaire normale, en silicone.

Je n’ai jamais passé autant de temps dans la journée à masser mon sein. Je le fais pour améliorer le drainage lymphatique et assouplir le sein tendu par les suites post-opératoires. Quand je suis habillée, et même décolletée, on ne voit aucune différence entre l’un et l’autre sein. Mais je pense que je ne montrerai mon sein en reconstruction que lorsque le travail sera achevé, qu’il sera aussi beau que possible. Pour l’instant je le garde dans l’intimité, je le laisse se refaire à l’abri, comme une graine dans la terre qui va donner une belle plante. Les seins, comme les autres éléments de notre corps, sont ce que nous en rêvons.

Je prépare un nouveau fantastique roman.

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« La rose se renouvelle »

immeuble*

L’amour et le travail rendent bienheureuse, bienheureux. Et ils ne peuvent jamais nous manquer. L’amour ne manque pas si nous savons le donner. Le travail ne manque pas si nous le faisons. Nous pouvons manquer d’un travail qui nous fasse gagner notre vie, et c’est dramatique. Mais il nous reste toujours la possibilité du travail quand même, qu’il s’agisse de jardiner, de réparer, de faire la cuisine, de faire du bénévolat, d’apprendre, de s’instruire, de faire des choses de ses mains ou de son esprit.

Malade pendant deux jours, j’ai dormi quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et dormant, je rêvais que je travaillais à ma table, ou bien que je faisais de grands voyages à moto avec O. C’était l’amour, le travail, et j’étais bienheureuse.

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toit

postit

roseLa citation est de Robert Maturin. Le dessin, fait en salles d’attente à l’hôpital

Ces jours-ci à Paris, photos Alina Reyes

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Douceur et puissance (et PostIt)

J'avais appliqué un PostIt ici, parmi les autres affichettes

J’avais appliqué un PostIt ici, parmi les autres affichettes

et je l'ai retrouvé là, en hauteur sur une fenêtre

et je l’ai retrouvé là, en hauteur sur une fenêtre

postit 37,*

Le sentiment de douceur est depuis très longtemps chez moi associé à celui de puissance mentale. L’un et l’autre n’ont fait qu’augmenter avec le temps, et je me trouve dans une immense douceur, une puissance mentale ressentie dans l’absolu (non sur les autres, ce que je détesterais, car j’aime les gens libres).

Depuis l’enfance, la vie s’accomplit à mesure et à la mesure du pouvoir de se détacher des forces négatives. C’est cela, le voyage : savoir traverser ce qui est mort ou promis à la mort et en partir. C’est pourquoi, au gré de mes pérégrinations, j’applique des PostIt, des papiers détachables, porteurs de mots absolus, dans la ville.

Ils sont plusieurs dizaines maintenant, et j’ai le bonheur de voir que certains sont toujours là plusieurs jours après, quelques-uns depuis le premier jour où j’ai commencé, il y a deux semaines. Je ne peux pas repasser partout vérifier s’ils y sont encore ou n’y sont plus avant de poster leur photo ici pour une autre vie, comme j’avais commencé à le faire – mais les règles sont faites pour pouvoir être changées. En voici donc quelques-uns dont pas mal, sans doute, sont encore en place, car ces petits papiers ont une belle durée de vie au grand air. Certains sans doute ont été jetés par des nettoyeurs, mais d’autres qui n’y sont plus, qui sait ? sont peut-être chez l’un·e ou l’autre passant·e qui les aura cueillis ? Hier j’ai eu la joie de voir que l’un d’eux avait été, non pas jeté ni pris, mais déplacé par quelqu’un qui l’a appliqué dans un meilleur endroit, plus en hauteur, et j’ai eu la joie aussi de voir un passant s’arrêter pour le lire. Pour l’instant presque tous sont uniques, ce qui signifie que chaque jour ou presque je me replonge dans tel ou tel texte pour y trouver un tout petit ensemble de mots détachables – et en faisant cet exercice on se rend compte que peu de textes comportent en fait de tels si petits ensembles capables de déclencher l’imaginaire et la pensée. Il y a là quelque chose de primaire, de concentré, d’absolu, comme dans les fragments qui nous restent des penseurs présocratiques : quelque chose d’extrêmement revivifiant. Immense douceur et immense puissance mentale, disais-je.

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ces jours-ci à Paris, PostIt et photos Alina Reyes

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