Édimbourg, Hogmanay, bonne nouvelle année ! (actualisé)

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1-1-2020. Bonne et heureuse année ! J’ai pris cette image du splendide feu d’artifice tiré au passage à la nouvelle année au-dessus du château depuis le vieux cimetière, très romanesque, où repose notamment Thomas de Quincey, parmi une foule extrêmement joyeuse et bon enfant d’où jaillissaient des cris d’extase : « Fucking lovely ! » Yes ! Yes ! » « Give me more ! » La ville est en fête énorme, des foules arpentent les rues, les filles par température négative sont dehors en minijupe et bras et dos nus, les gens boivent beaucoup mais restent pacifiques et les flics veillent sur eux avec beaucoup d’égards et de respect, quel peuple adorable.

Avant cela, par hasard nous nous sommes retrouvés à dîner dans un restaurant népalais, le Namasté Kathmandu, voilà qui ponctuait à merveille mon engagement dans le Yoga. Ne perdez jamais confiance, avec l’aide de la vie, si vous l’aimez, vous pouvez vaincre même ce qui est mortel.

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dans la nuit du 30 au 31-12-2019

« Qui va là ? » « Le nouvel an, tout va bien ».

L’Écosse célèbre Hogmanay, le Nouvel an. Voici encore quelques images d’Edimbourg, et les premières images de cette grande fête.

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edimbourg noel 2019 19-minUne vitrine. Je songe à Kafka : « un livre doit être la hache qui brise la mer gelée »

edimbourg noel 2019 20-minau Royal Dick, un pub que nous aimons bien

edimbourg noel 2019 19,-minO et moi sortant du Royal Dick

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Street Art

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à la bibliothèque :

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au cimetière :edimbourg noel 2019 28-min

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Et depuis Calton Hill

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la ville en silhouette

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au pied de la montagne d’Arthur’s Seat :

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et au bord de l’estuaire de la Forth, mêlé à la Mer du Nord

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Le soir, interminable défilé aux flambeaux, partant du château et allant jusqu’au pied d’Arthur’s Seat, avec nombre de jongleurs de feu, formations de tambours, orchestres de cornemuses, personnages juchés sur des échasses, etc., et la foule qui suitedimbourg noel 2019 39-min

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Puis un premier feu d’artifice (il y en aura un autre le 31)edimbourg noel 2019 41-minAujourd’hui à Edimbourg, photos Alina Reyes

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Jour exquis à North Queensferry et South Queensferry (Écosse)

queensferry 1-minVu du train, à vingt minutes d’Édimbourg, l’estuaire de la Forth

queensferry 2-minEn ce dimanche radieux, nous descendons à North Southferry. Première maison à la sortie de la gare : une école

queensferry 3-minPuis un monument aux morts des deux dernières Guerres mondiales queensferry 4-minavec ces cailloux d’hommage décorés de façon enfantine

queensferry 5-minet ce bassin de pierre, semblable à un lavoir ou une tombe, rempli d’eau

queensferry 6-minTrois ponts traversent le large estuaire, en voici deux : le plus récent, à l’arrière, pour les voitures ; l’autre, que nous prendrons tout à l’heure, pour les bus et les piétons

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Nous traversons le village

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queensferry 10-minUn train sur le Pont du Forth d’où nous venons

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Je ne me lasse pas d’admirer ce fameux  Pont du Forth qui relie le sud et le nord de l’Écosse

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queensferry 11-minEt voici le Harbour Light Tower, plus petit phare du monde en activité (c’est une enfant qui se tient ici devant), construit par Robert Stevenson, grand-père de Robert Louis Stevenson, dont la famille remplit l’Écosse de phares queensferry 12-minNous y montons deux par deux queensferry 13-min

Nous marchons dans le vent, l’odeur des algues et les cris des goélands

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queensferry 19-minL’herbe est si verte en ces terres queensferry 20-min

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queensferry 22-minNous traversons le fleuve, trois kilomètres à pied et beaucoup de vent plus tard nous voici à South Queensferry

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Après un copieux et très bon déjeuner de Noël, dans l’après-midi bien avancé, dans un grand pub des plus cosy, nous prenons le chemin de la gare queensferry 31-min

toute belle sous son croissant de lune, et nous rentrons à Édimbourgqueensferry 32-minAujourd’hui à North Queensferry et à Queensferry, photos Alina Reyes

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Féérique Édimbourg. Le marché de Noël, etc.

J’actualise cette note à mesure qu’arrivent de nouvelles images. Voici maintenant le marché de Noël.

edimbourg noel 2019 9-minÀ la nuit tombée, nous approchons du marché de Noël

edimbourg noel 2019 10-minavec ses animations et ses stands où faire du shopping ou manger sur place

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edimbourg noel 2019 16-minDélicieux saumon grillé sur place et servi en sandwich ou avec accompagnement

edimbourg noel 2019 17-minAprès l’avoir quitté, nous nous sommes posés dans un pub où l’un de nous, tout jeune officier, aussitôt arrivé a secouru un client qui était en train de s’étouffer. Connaître les bons gestes et être rapidement réactif, c’est important !

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C’est la troisième fois que j’y séjourne, et c’est toujours une beauté à vous rendre heureux d’amour. J’ai dit ce mot ce matin en parlant d’une personne, « c’est une beauté », et il convient aussi pour Édimbourg. Une ville qui n’est pas seulement belle mais possède un charme puissant, fait d’un mélange de haute nature et de haute culture, qu’elle sait cultiver en toute simplicité, et qui a donné naissance à tant de grands auteurs. Voici mes images de ces jours derniers, il en viendra sûrement d’autres.

 

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À l’arrivée le soir tard sur Royal Mile, en allant chercher des fish and chips pour quatre affamés, au niveau de ces superbes cabines téléphoniques

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edimbourg noel 2019 2-minLe lendemain matin, 24 décembre, toujours sur Royal Mile, les boîtes aux lettres ont été mises aux couleurs de Noël

*edimbourg noel 2019 3-minUne visite d’hommage au château, là-haut, s’impose avant toute descente en ville edimbourg noel 2019 4-mindepuis l’esplanade, la vue sur la ville tout autour, et sur les Pentlands à l’arrière-plan

*edimbourg noel 2019 5-minL’appareil photo du téléphone ne saurait rendre toute la féérie de l’architecture et du paysage mais peut en donner une idéeedimbourg noel 2019 6-min

edimbourg noel 2019 8-minces jours-ci à Édimbourg, photos Alina Reyes

précédentes images de la ville : ici

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Haïkus du solstice d’hiver. Haïku, yoga et photographie

 

Pierre gravée d'un haïku : source de l'image

Pierre gravée d’un haïku : source de l’image

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Le haïku, comme la photographie, est une saisie d’instants, et un geste instantané. Ces deux arts ont cette grâce en partage avec le yoga, ses respirations (pranayama), ses postures (asana) et ses méditations (dhyâna en sanskrit – mot devenu zen en japonais). Mais la photographie se distingue par le fait qu’elle requiert de la part de son auteur·e un pas en arrière, un pas dans la mort. C’est seulement depuis la mort que le photographe peut arracher un moment au temps. Alors que le haïku, comme le yoga, projette son auteur·e de plain-pied dans la vie. Le photographe n’est pas dans son image, même en cas d’autoportrait : s’il « écrit la lumière », selon l’étymologie du mot, il le fait depuis la ténèbre où il lui faut se tenir pour réaliser ses images ; et il arrive souvent qu’il n’ait pas à s’y retirer, qu’il s’y soit retrouvé malgré lui et que la photographie se présente alors à lui comme moyen de ne pas oublier la lumière.

Il en va autrement du haïku et du yoga : leur auteur·e y est, y engage et y exerce pleinement sa vie, physiquement et mentalement. Le détachement que ces deux arts requièrent ne se formalise pas par un pas en arrière mais par un pas en avant, un bond par-dessus la flaque de la vie et de la mort mêlées. Le Bateau ivre de Rimbaud est une tentative de haïku, un essai de yoga mental au terme duquel le poète chercheur, encore insuffisamment savant des choses de l’esprit, insuffisamment entraîné à bondir en longueur, se retrouve dans la flaque. Alors que Kafka à la fin du Verdict, écrit en une nuit, ayant achevé le processus de destruction des liens morbides, se jette dans le flux de la vie, en extase (« Il sauta le garde-fou, en gymnaste consommé… » – « j’ai pensé à une forte éjaculation » écrira-t-il à propos de cette fin, généralement très mal comprise, à mon sens).

Haïku et yoga sont en quelque sorte les contre-postures de la photographie. C’est pourquoi aujourd’hui où tous les humains, munis de leur téléphone, sont photographes, le haïku et plus encore le yoga s’étendent aussi dans le monde, comme salvateurs de millions de vies. En articulant images mentales et postures corporelles comme autant de kundalini lovées dans le retrait du photographe pour la faire se dérouler le long d’une colonne vertébrale réveillée, flexible, dressée – jusqu’à la lumière en soi.

J’ai pris beaucoup de photos, mais j’ai écrit beaucoup de haïkus aussi, ces dernières années, avant de venir au yoga. Hormis le tout-premier, écrit seul et à 3-5-3 temps, je les ai écrits par séries de trois, à 5-7-5 temps, comme dans la tradition japonaise. Voici ceux que j’ai écrits cette nuit, dans ma chambre, à la lumière de mon téléphone, façon de faire du yoga avec mon stylo.

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Fine pluie nocturne

Les lumières de la ville

sont toutes mouillées

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O douce insomnie

en cette nuit de décembre

auprès de l’aimé

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Je souris dans l’ombre

Aux murs les peintures semblent

respirer aussi

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Un Panthéon, des véhicules et des Yoga Sutras

pantheon-minvue sur le dôme du Panthéon, aujourd’hui à Paris, photo Alina Reyes

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« La renaissance dans une forme d’existence différente est une modification due à l’exubérance des forces de la Nature. »

« Le temps existe en raison de sa nature propre, en relation avec la différence des chemins et de leurs caractéristiques. »

Patanjali, Yoga-Sutras, IV 2 et IV 12, trad. du sanskrit par Françoise Mazet

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Sa peur du loup et mon mantra rêvé

J'ai trouvé ce visage dans ce documentaire sur les langues et les écritures indiennes

J’ai trouvé ce visage dans ce documentaire sur les langues et les écritures indiennes

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« C’est l’Océan, nous ne sommes que ses nuages… La clef de tout est aux Indes ! » Alphonse de Lamartine

Imaginez qu’on signale qu’un auteur est juif alors qu’il n’aurait jamais rien publié sur le sujet et que la judéité n’aurait aucun rapport avec le contexte dans lequel on le présenterait. L’antisémitisme d’une telle présentation sauterait aux yeux. Aujourd’hui, je l’ai souvent noté ici, l’ antisémitisme se manifeste souvent dans sa forme plus acceptable en société, l’islamophobie (les musulmans comme les juifs sont à l’origine des Sémites, du fait de leur langue et de leur culture, qui bien sûr imprègnent leur pensée, commune à bien des égards). Je reçois une anthologie de littérature érotique – encore une – dans laquelle figure un extrait de mon premier roman – sans mon accord, ce qui est contraire aux usages et au respect du droit d’auteur. L’auteure de cette anthologie, une certaine Claudine Brécourt-Villars, ne trouve rien d’autre à signaler, pour me présenter, que mon passage par le catholicisme et ma prétendue « conversion à l’islam » (mots que j’ai réfutés ici-même dès mon passage à l’islam). J’ai publié une trentaine de livres (qu’elle occulte complètement), dont pas un sur l’islam, mais voilà ce qui frappe cette brave dame : l’ISLAM, ce grand méchant loup qui fait si peur au si timoré Saint-Germain-des-Prés. Les coincé·e·s du corps sont aussi les coincé·e·s de l’esprit, qu’ils compilent impuissamment des textes n’arrange rien.

Je continue à prendre joie dans le yoga et je fais d’excellents rêves la nuit, avec de l’amour physique et, toujours, des maisons qui ne cessent de s’agrandir, des paysages fantastiques, des océans où je me baigne, mais aussi, c’est nouveau, mon corps qui repousse là où il a été coupé (extraordinaire sensation !), et il m’est même arrivé d’ « inventer » un mantra que j’ai entendu et répété, cantillé, quoique j’ignore son sens car il est en sanskrit et je l’ai oublié au réveil. La vie est extraordinaire et comme je le disais il y a longtemps dans un poème, je vois qu’un jour je mourrai jeune, et que j’ai encore longtemps à vivre.

Les sadhus sont les libérés du temps. Il y a 70 millions d’années, l’Inde s’est détachée du Gondwana et a traversé l’océan avant d’arriver là où elle est maintenant, adossée aux plus hautes montagnes du monde, qu’elle a elle-même élevées.

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Description d’un combat. Du christianisme, du judaïsme, de l’islam. Et de la jouissance, repos des guerrières et des guerriers

 

Myriam et les siens, dansant après le passage de la mer Rouge

Myriam et les siens, dansant après le passage de la mer Rouge

« Le Seigneur est un guerrier, Seigneur est son nom ! » Exode 15, 3 (ma traduction)

« Rappel : en vérité, à ceux qui se gardent est réservé un merveilleux lieu de retour :
les jardins d’Éden, portes grand ouvertes pour eux. Accoudés, ils y jouiront de fruits à profusion et de boissons » Coran, 38, 49-51 (ma traduction)

Il y a trois réactions saines face aux oppresseurs. D’abord mais pas toujours, la compassion. Inutile et dangereuse, mais saine en ce qu’elle témoigne d’une âme non préoccupée d’abord de sa personne, mais du bien commun de l’humanité, qu’elle voit en péril dans le mal à l’œuvre chez l’oppresseur. Il s’agit donc pour elle d’essayer de sauver en l’oppresseur sa part d’humanité, dans l’idée de sauver ainsi toute l’humanité. Presque toujours cette réaction est inutile d’un point de vue pratique, les hommes possédés par un mal ne voulant pas s’en déposséder. Cependant il peut y avoir des exceptions, et c’est pour elles comme pour la noblesse de cette ambition que la compassion, quoique dangereuse pour qui l’éprouve car neutralisant ses capacités de défense, reste spirituellement saine et valable.

Ensuite vient la haine. La haine n’est habituellement pas reconnue comme une valeur, mais elle en a une comme phénomène de transition maîtrisé. La haine est un moteur du désir quand apparaît la nécessité de la guerre. Dans l’Iliade, les combattants s’insultent avant de lancer l’assaut. La haine est surtout nécessaire quand il y a eu d’abord compassion. Une fois prise la conscience de l’inutilité et de la dangerosité de la compassion, pour soi et pour l’ensemble de l’humanité, la haine est l’instrument de destruction de cette compassion inappropriée. Elle est la manifestation d’un refus salvateur du mal, un refus qui engage tout l’être et lui donne l’impulsion pour agir contre.

Puis vient le mépris, le détachement. Mépris envers le mal, détachement envers ceux qui l’incarnent. L’impassion, disons. Si le combat continue – et il continue toujours, d’une façon ou d’une autre – c’est désormais de façon dépassionnée, au fond impassible. La compassion, passée par le trou noir de la haine (ce qu’on appelle dans le christianisme la descente de Jésus aux enfers, dont il fait sortir les morts) fait place à la lumière de la miséricorde universelle et de l’amour éternel pour les proches.

Le christianisme est la religion qui traite de l’oppression, thème déjà majeur dans le judaïsme. Il a développé une église oppressive et, d’un autre côté, donné aux hommes une conscience de l’oppression qui, avec les siècles, les a rendus capables de désir de justice et de révolution. Telle est l’histoire de l’Occident (quoique le christianisme n’y soit pas seule cause de l’organisation sociale ni de la démocratie, qui auraient été impossibles à réaliser si ses effets ne s’y étaient combinés avec ceux des paganismes plus anciens de ses régions). L’islam, lui, a de son côté repris du judaïsme la référence aux prophètes – en y incluant Jésus parmi les tout premiers, avec sa mère Marie –, un système d’interdits notamment alimentaires, et principalement, l’amour du Dieu unique, dont il a repoussé les limites de la dévotion et de l’étude dans un champ spirituel jusqu’alors inouï. C’est dans son refus de la croyance en la crucifixion du Christ que l’islam se sépare radicalement du christianisme. Mais cette séparation, plutôt que d’apparaître comme dogmatique, doit être comprise comme une évolution. En quelque sorte, l’islam réalise la phase finale du christianisme, celle où Jésus relevé de sa mort apparaît différent, au point que Marie Madeleine le prend pour un jardinier, et annonce qu’il sera désormais à retrouver ailleurs, sur de verts chemins. En quelque sorte, Jésus qui était mort de fatigue après son rude combat, après avoir fait preuve de miséricorde (« pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ») mais aussi de justice (promettant le ciel à l’un des larrons mais pas à l’autre), finit par se relever auprès de son amie et reprend les chemins d’une vie en paix. La paix est le stade de l’islam et des autres religions ou spiritualités plus orientales.

J’ai combattu sur le terrain spirituel, sur le terrain de la pensée, et les conséquences d’un tel combat, quand il n’est pas seulement personnel, ne sont pas seulement des conséquences personnelles : les ennemis sont extérieurs, bien réels, et ils se sont organisés pour me ruiner, comme ils me l’avaient annoncé. Je ne suis pas la seule à avoir été exclue du milieu littéraire, qui se change volontiers, et lâchement, en légion contre une seule personne, mais la faiblesse des gens de ce milieu est notamment de n’être rien sans ce milieu, alors que ma force est d’être tout, indépendamment de ce milieu. Cela a duré des années, et maintenant, indemne malgré ma blessure au côté, je laisse les morts enterrer les morts et je prends mon repos de la guerrière.

Déjà O et moi, éternité retrouvée après des égarements, des séparations et des difficultés immenses qui ne nous ont pourtant jamais fait perdre confiance en notre alliance, abritons notre béatitude dans le palais de style oriental, une oasis en plein désert de sable face à l’océan turquoise (c’est au Cap-Vert et ce n’est pas nous qui l’avons décidé, c’est un cadeau qui nous est fait, auquel nous participons), où nous demeurerons bientôt, après et avant d’autres voyages. Ayez toujours foi en l’amour, en la vie.

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