Alchimie de la peinture fluide (actualisée)

Acrylique sur papier en fibre de canne à sucre, 24 x 32 cm

Acrylique sur papier en fibre de canne à sucre, 24 x 32 cm

Je lui ai trouvé un cadre et j’ai rephotographié des détails de façon plus lisible.

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J’ai fait cette peinture en m’inspirant de la technique de la peinture fluide, ou acrylic pouring – c’est mon premier essai. Cette technique est captivante à observer dans son déroulement : en faisant couler la peinture, on assiste au mélange des couleurs puis à la formation de « cellules » (en ajoutant du silicone au mélange acrylique-eau-médium), mélange qui obéit aux lois de la nature et finalement recrée des mondes, raison du caractère captivant de l’opération. De nombreuses vidéos sur Youtube donnent une idée des possibilités de la technique.

Pour ma part je me suis seulement inspirée de cette technique, premièrement parce que j’ai utilisé les moyens du bord : support papier au lieu de toile ou bois, pas de silicone, un médium ordinaire, des tubes d’acrylique souvent sèche (et j’ai utilisé les grumeaux ainsi engendrés), deuxièmement parce que j’ai aussi travaillé la peinture autrement, au couteau notamment. Je suis en train d’en faire une autre, pour laquelle j’ajoute encore une autre technique, je la montrerai quand elle sera terminée.

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Le bel été – avec l’enseignement du don Juan de Castaneda

au lever-min,Ce matin au lever, photo Alina Reyes

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J’ai fait les soldes dans les boutiques pour gamines, parce que c’est là que je trouve des choses à mon goût et à ma taille. J’ai pris deux micro-shorts en coton pour la maison, par temps de canicule c’est bon et cela me donne l’occasion de continuer à bien aimer mes lignes.

J’ai acheté ma première liseuse et j’en suis très très contente. J’ai lu des heures durant, quand on a envie de se reposer c’est génial aussi. J’ai d’abord lu un roman qui se trouvait déjà dans la liseuse, Orages d’Estelle Tharreau. Un roman sans prétentions publié chez un éditeur improbable (Taurnada), mais justement c’est intéressant, plus intéressant que la production des romanciers à la mode avec leur art plus que jamais épate-bourgeois, et finalement malgré son espèce d’amateurisme il en reste quelque chose, la vision discrètement hallucinée de son auteure et une frustration à la fin bâclée qui disent quelque chose de profond.

Puis j’ai téléchargé d’autres textes de mon choix, et je suis en train de lire Le voyage à Ixtlan de Carlos Castaneda. Bizarrement malgré mon adolescence de hippie des années 70 je n’avais jamais lu cet auteur. En fait non, pas si curieusement : il était trop à la mode pour me donner envie d’aller voir. J’ai toujours été dandy dans l’esprit :-) Bref, maintenant c’est le bon moment pour y aller, et j’y suis allée. Son don Juan, le vieil Amérindien à qui il lui a demandé de lui enseigner les plantes, est aussi un personnage des plus dandys dans l’esprit. Et j’admire qu’il s’appelle don Juan, comme le personnage littéraire, avec qui, selon ma lecture du personnage de Molière, il partage un haut degré de dandysme. « Les gens ne se rendent pas compte qu’ils peuvent abandonner n’importe quand n’importe quoi dans leur vie, simplement comme ça, dit-il en claquant des doigts »

(…) « Il faut, entre autre choses, que tu effaces ta propre-histoire » (…) « En premier lieu il faut avoir envie de la laisser tomber, et alors il faut harmonieusement, petit à petit, la trancher de soi. » (N’ai-je pas moi-même écrit au début de mon premier livre « la tranche tomba sur le billot »?)

Dans sa préface, Castaneda résume l’enseignement de don Juan, selon qui pour apprendre quelque chose il faut « stopper le monde ». « Une fois le monde « stoppé », l’étape suivante était « voir ». Castaneda a du mal à comprendre pourquoi don Juan se comporte aussi bizarrement et lui en fait voir de toutes les couleurs au lieu de lui enseigner les plantes, comme il le lui a demandé. La vieille sauvage que je suis sourit : en fait, quel magnifique enseignant, ce vieux sorcier. Il est bel et bien en train de lui enseigner les plantes, et j’ignore comment se poursuit le livre mais je sais que dans la vie, l’étape suivante, c’est apprendre les cailloux.

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Grandes lectures d’été, annonce

eau-forte de Leonor Fini pour l'édition très incomplète du "Manuscrit trouvé à Saragosse" par Roger Caillois

eau-forte de Leonor Fini pour le « Manuscrit trouvé à Saragosse »

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L’été est propice aux grandes lectures. Grandes par la taille et par l’importance. J’aime consacrer mes étés à un grand texte ou à un grand auteur que je lis ou relis. L’été dernier j’ai lu Le Kalevala, la splendide épopée finnoise. Pour cet été, je prévois Les sept piliers de la sagesse de Lawrence d’Arabie, et le Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki, que je viens de relire mais que je vais relire encore, dans une autre édition que j’ai commandée en bibliothèque. Pour Les sept piliers, j’ai l’original en ebook et une traduction française en papier. Dans sa préface au Manuscrit, René Radrizzani écrit : « Tout se passe comme si Jean Potocki, à l’instar d’un certain Ts’ui Pen dont parle Borges, avait voulu écrire un roman qui eût encore plus de personnages que le Hung Lu Meng, et construire du même coup un labyrinthe dans lequel tous les hommes se perdraient. »

Eh oui. Car il faut les faire se perdre pour leur donner une chance de (se) trouver. Voilà bien de quoi parlent, je pense, ces deux chefs-d’œuvre dont je compte parler ici au fil de ma lecture. Notons que le Hung Lu Meng, Le rêve dans le pavillon rouge, eut d’abord pour titre Les Mémoires d’un roc, ou Histoire de la pierre.

À suivre, dans le labyrinthe, toujours.

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La condition humaine, 3 (silex peint)

 

Décidément la mode est au négationnisme. Honte à ceux qui ont commémoré le Débarquement en ignorant les Russes, sans lesquels nous ne parlerions plus français. Start-up nation, nouveau nom de la collaboration. Ô têtes de cons, inutile d’aller vous chercher chez vous : 25 millions de Russes morts à la guerre contre le nazisme vous feront de l’autre côté l’accueil que vous aurez mérité.

Pour se nettoyer, encore, du spectacle de la misère, voici, après la topographie et l’histoire, un silex (11 cm de longueur) qui parle d’amour.

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Comme pour les précédents, j’ai peint le silex enchâssé dans la craie, cette fois en prenant garde à ne pas me couper à l’arête du nez, très tranchante

silex peint 12-min

une face, l’autre…

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et comme il tient debout, le voici vu du dessus…

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et vu de face :

silex peint 15-minAlina Reyes

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Château d’Ermenonville et environs

Nous avons passé deux jours inoubliables dans ce pays enchanteur, aimé de Nerval et de Rousseau, et nous avons logé dans le château qui, chose rare, fait office d’hôtel. Nous avons visité aussi les ruines altières de l’abbaye de Chaalis et, au même endroit, le fantastique musée Jacquemart-André.

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ermenonville et environs 1-minPour commencer, un arrêt à Mortefontaine, où l’on garde (comme moi dans mon cœur) le souvenir de Nerval et de ses Filles du feu ermenonville et environs 2-min

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L’arrivée au château d’Ermenonville, avec ses plans d’eau et sa cascade. Une merveille très abordable financièrement, car le château n’a pas (pour l’instant) était réaménagé à grand frais, et heureusement : non seulement tout le monde peut en profiter, mais même en dehors de la question du prix, il est beaucoup plus charmant ainsi, avec les marques du temps qui se font si savoureusement sentir, qui sont si apaisantes et enchanteresses.ermenonville et environs 3-min

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Notre chambre donne de l’autre côté du jardin. Quelle émotion, en ouvrant sa porte, de découvrir la vue par la vaste fenêtre !ermenonville et environs 5-min

ermenonville et environs 6-minJe vais contempler ces lieux des heures durant, du rebord de notre fenêtre ou en allant nous y promener. J’observe beaucoup d’oiseaux et d’autres animaux (je m’abstiendrai de mettre ici les dizaines de photos de hérons en train de pêcher et de ragondins en train de nager ou de brouter que j’ai prises !)ermenonville et environs 7-min

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Je vous présente la vieille oie sage qui veille à l’entrée du château, qui m’écoute quand je lui parle et me répond. Elle passera la nuit sur l’îlot face à notre chambre (on la voit en bas à droite de l’image) :ermenonville et environs 15-min

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Un apéritif en terrasse et un dîner au restaurant du château, « La table du poète »

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Les effets de reflets, mobiles

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Au matin les oies et leurs petits glissent sur l’eau verteermenonville et environs 27-min*

Il est temps de quitter la chambre du bonheurermenonville et environs 28-min

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Nous arrivons aux ruines de l’abbaye de Chaalisermenonville et environs 29-min

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ermenonville et environs 31-minUne Annonciation de Primatice dans la chapelle ermenonville et environs 32-min

Des bêtes étranges l’entourent, dont une espèce de dinosaure et un escargotermenonville et environs 33-min

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À nous deux seuls aussi la roseraie (c’est l’avantage de partir en week-start plutôt qu’en week-end : il n’y a personne), une merveille de grâce, arrangée dans un esprit médiévalermenonville et environs 36-min

ermenonville et environs 37-min

ermenonville et environs 38-minPuis nous passerons beaucoup de temps au musée conçu par Nelie Jacquemart-André, dont je ne montre rien car il est interdit d’y prendre des photos. Allez-y si vous en avez l’occasion et voyez par vous-même, cela vaut vraiment le déplacement. Un peu comme au château on se sent plus chez soi qu’à l’hôtel, on s’y sent comme dans une maison où tout vit encore plutôt qu’au musée.

*ermenonville et environs 39-minNous reprenons la route, et après ce séjour à Ermenonville où O avait déjà emmené, avant moi, Madame Terre, nous passons par une autre étape de Madame Terre, le village fantôme de Goussainville. Que reste-t-il quand tout un habitat s’est déplacé ? La littérature, ici présente grâce à un bouquiniste endurant. ermenonville et environs 40-min

Hier et aujourd’hui dans l’Oise, photos Alina Reyes

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Galets peints, encore : figures et symboles

Je continue à peindre les galets que me rapporte O.

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Ceux-ci sont petits. Pour ces trois figures, j’ai repris en fond la couleur originelle du galet, en l’exhaussant.

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J’ai aussi repeint deux petits galets que j’avais décorés aux feutres il y a quelques mois et qui étaient bien pâles, par rapport aux galets peints. Je les ai d’abord enduits de Gesso, afin de pouvoir ensuite les repeindre.galets peints 15-min

Pour ce dernier, dédié à O, j’ai repris le symbole de l’Homme gravé dans une bague berbère qu’il m’avait rapportée de l’un de ses voyages (bague que je porte tous les jours), et je l’ai fait vert car son prénom est le nom d’un arbre et car son arbre préféré est le pin à crochets, qui pousse en altitude.

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O m’a de nouveau rapporté des pierres. Pas des galets des plages de Normandie cette fois, mais des silex dans leur craie trouvés dans un champ dans la Somme. J’ai juste commencé à en peindre un, les voici au naturel avant de revenir avec le résultat des trois transformés :

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Nouveaux galets peints : intérieur extérieur

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Finalement la cohabitation entre écriture et peinture s’est passée à merveille. Hier matin j’ai commencé à peindre trois nouveaux galets, hier après-midi je suis allée écrire en bibliothèque et mon écriture a trouvé un nouveau délié, un nouvel élan. Cette nuit j’ai fini de peindre les trois nouveaux galets et j’en ai peint encore deux autres, ce matin j’ai verni les cinq.

Je ne sais plus dans quel livre j’ai parlé du caillou de l’être, ou de la pierre dure de l’être. Les galets disent : nous sommes ta solidité, ton unité et ta multiplicité, nous sommes ta très longue durée, en échange de cela que nous t’offrons de toi par notre présence, révèle, extériorise notre joie intérieure !

 

mosquee-minHier à la Grande mosquée de Paris, photo Alina Reyes

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