« Le visage tourné »

"Le visage tourné", acrylique sur toile 46x37 cm

« Le visage tourné », acrylique sur toile 46×37 cm

Par la fenêtre ouverte la lumière, la douce chaleur, les couleurs des briques et des fleurs, les senteurs de la verdure montant de la cour, avec les voix du voisinage qui composent une musique du quotidien, et de temps en temps celle d’un proche ou d’un autre qui interpellent d’en bas : « Regarde, j’ai ramené le vélo », « lance-moi la clé », « L. est là, on va se promener », etc. Avec le réchauffement climatique, une ambiance de Sud à Paris. En attendant la réouverture des jardins, je me balade à vélo ou à pied dans la ville, et en attendant la réouverture des bibliothèques où travailler, je peins. Bienheureuse.

Aux reines de l’entropie et de la néguentropie

tag 7-min

Hier à Paris 13e et 5e, photos Alina Reyes

Hier à Paris 13e et 5e, photos Alina Reyes


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La « parole du jour » sera donnée à ce beau lapsus orthographique trouvé dans un article sur les bienfaits des psychédéliques, à partir du livre Voyage aux confins de l’esprit de Michael Pollan. Après avoir expliqué que « sous psilocybine votre cerveau augmente son entropie : vos réseaux cérébraux perdent de leur spécificité et se mettent à communiquer entre eux de façon anarchique, faisant apparaître de nouvelles connexions. Ce chaos cognitif débloquerait vos schémas de pensée embourbés dans une rigidité pathologique. Et expliquerait par conséquent votre plus grande flexibilité comportementale », l’auteur de l’article, Jérôme Lichtlé, écrit :

« Si les psychédéliques lâchent les reines de l’entropie, c’est parce qu’ils inhibent la région de votre cerveau dédiée justement au maintien de l’ordre cognitif ».

Ô mes juments, reines de l’entropie et de la néguentropie, emportez-moi toujours plus loin, démultipliez pour moi l’espace infiniment grand et infiniment petit !
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Voir aussi ici mot-clé psychédélisme, avec une journée d’étude au Muséum et une exposition à la Halle Saint-Pierre

« Au bois, il y a un oiseau ». Avec Rimbaud, Debussy, Grimaud

"Au bois, il y a un oiseau", acrylique sur bois 75x40 cm. J'ai laissé nus les nœuds du bois

« Au bois, il y a un oiseau », acrylique sur bois 75×40 cm. J’ai laissé nus les nœuds du bois


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Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.

Il y a une horloge qui ne sonne pas.

Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.

Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.

Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.

Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois.

Il y a enfin, quand l’on a faim et soif, quelqu’un qui vous chasse.

Arthur Rimbaud, Illuminations

« Quatre vents », avec Orhan Pamuk. Le déconfinement révélateur

"Quatre vents", acrylique sur bois (isorel) 75x51 cm

« Quatre vents », acrylique sur bois (isorel) 75×51 cm

Je ne sais pas pourquoi, mais le fait est que nous soyons là tous les quatre à regarder me procurait un apaisement.

« Qu’y a-t-il de commun entre l’aveugle et le voyant ? » a récité Le Noir après un long silence. Faisait-il allusion, en dépit du caractère obscène de l’image, à la noblesse de cette jouissance visuelle que Dieu nous a donnée ? Cigogne, pour son compte, ne captait rien à ces choses-là, vu qu’il ne lit jamais le Coran. Je savais que ce verset était de ceux que les anciens Maîtres de Hérat citaient le plus souvent, en particulier pour répondre aux imprécations des détracteurs de la peinture, ceux qui prétendent qu’elle est contraire à notre foi et que les peintres iront en Enfer, au jour du Jugement dernier. Pourtant, avant ce jour magique, je n’avais jamais entendu Papillon parler comme il l’a fait alors, l’air de rien :

« Je voudrais peindre quelque chose qui montre que l’aveugle n’a rien de commun avec le voyant.

– Qui est aveugle ? Et qui est voyant ? a demandé Le Noir avec naïveté.

– L’aveugle et le voyant n’ont rien en commun, c’est ce que veut dire wa mâ yastawi-l’âmâ wa-l-bâsirûn, a dit Papillon, avant de réciter :

Il n’y a rien de commun
Entre lumière et ténèbres
Entre la chaleur et le frais
Entre les morts et les vivants.

Orhan Pamuk, Mon nom est Rouge, traduit du turc par Gilles Authier

quatre vents,-min

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Au commencement était la peinture

Work in progress : détail de ma peinture en cours

Work in progress : détail de ma peinture en cours

« J’aime énormément m’exprimer par des lignes, par des… comme un écrivain, en griffant n’importe quoi, à gesticuler, à faire quelque chose, agir sur la toile », dit Hans Hartung. Et « je ne comprends pas quelqu’un qui puisse toute sa vie redire les mêmes mots ».

Cette « parole du jour » pour faire suite à ma note d’hier sur la peinture et l’écriture. Lignes, mais aussi points, étaient présents dès l’art paléolithique. La ligne continue, le point met fin et avance par bonds.