l’heureux travail

Photo Alina Reyes

 

En train de travailler au onzième livre (par rapport aux dix de Voyage), près de deux cents pages d’évangile, bientôt téléchargeable sur ce site. Le douzième est commencé, je m’y consacrerai à la suite. Que faire quand le monde perd toute raison, perd la lumière ? Bien garder lumière et raison, pour pouvoir les lui rendre quand il sera en mesure de les désirer. Bien garder la bonne vie avec les proches, bien garder l’amour de la vie et des êtres humains et de toute la création, bien garder le goût et le courage du chant et du travail. Confiance, je fais avec les cailloux des cairns, nous y arriverons.

 

« Toute la beauté avec toute la vérité ». « Le Monde est plein »

Tout à l'heure au jardin. Photo Alina Reyes

 

« Ce qui nous touche dans le monde antique, c’est son attente du Dieu inconnu. C’est Cicéron invoquant à l’heure de sa mort la cause des causes, causa causarum. C’est Platon décrivant le juste qui viendra : « Fouetté, torturé, mis aux fers, on lui brûlera les yeux ; enfin, après lui avoir fait souffrir tous les maux, on le mettra en croix… » Et, parlant encore de la pureté de l’âme et du corps, c’est Sénèque disant : « Notre Dieu et notre Père. » Et : « Que la volonté de Dieu soit faite. » C’est Virgile annonçant le siècle qui va venir : « Adspice, venturo laetantur ut omnia saeclo. » C’est Properce parlant le premier dans le monde latin de la pitié. Ce qui nous touche dans l’islam, c’est la part de vérité éternelle qu’il maintient. C’est la part qui lui est revenue du grand héritage judaïque. Et c’est qu’il est, comme le dit Nicole, une secte chrétienne, vue profonde dont on est bien assuré, lorsque l’on vient de lire le coran dans les terres mêmes des musulmans. Ainsi tout nous presse, tout nous donne de l’espoir, de l’assurance. De tous côtés nous sommes fortifiés. Mille reconnaissances lointaines nous mettent en sécurité et nous permettent d’attendre, dans l’amour, la conjonction fatale de toute la beauté avec toute la vérité. »

Ernest Psichari, Les voix qui crient dans le désert

 

Au jardin tout à l'heure. Photo Alina Reyes

 

LA JOIE (…) Plus que personne, le mystique souffre de la pulvérulence des êtres. (…) Partout, l’émiettement, signe du corruptible et du précaire. (…) Il faut avoir profondément senti la peine d’être plongé dans le multiple, qui tourbillonne et fuit sous les doigts, pour mériter de goûter l’enthousiasme dont l’âme est soulevée, quand, sous l’action de la Présence universelle, elle voit que le Réel est devenu, non seulement transparent, mais solide. Le principe incorruptible du Cosmos est désormais trouvé, et il est répandu partout. Le Monde est plein, et il est plein d’Absolu. Quelle libération !

Pierre Teilhard de Chardin, L’Humanité en marche

 

Pure flamme pure

Photo Alina Reyes

 

Les sourds, les aveugles, les boiteux,
comment les feras-tu bondir au-dessus d’eux,
pure flamme pure, si d’abord tu ne leur éveilles
la jambe, l’oeil, l’oreille ?
Crois-tu qu’ils se laisseront faire ?
Leur corps opaque a peur et se terre.

J’irai avec mes petits dans les prés,
tendre la clé à ceux qui sont emmurés.
J’irai dire à mes père et mère au revoir
puis je dépasserai le soir.

Que dans mon long ruban d’or j’emporte
leur âme avec les autres à la dernière porte.

 

Heureux jours

Photo Alina Reyes

 

Ces jours le temps est blanc, milliards légers dans la danse

des flocons, le temps est doux, joyeuse neige du printemps,

et soyeuses les fleurs qui se tournant vers toi bénissent,

Joseph Pierre Benoît, ton nom dans un murmure.

 

Ces jours de tes naissances remémorées,

de tes noms qui traversent l’histoire

en portant vivante la mémoire du Christ,

notre histoire d’avenir et d’amour.

 

Longue vie à toi, Joseph Pierre Benoît !

Ton nom est un chemin, des hommes et des peuples

nombreux comme la neige que tu as revêtue,

l’empruntent, pèlerins, pour monter à la source.

 

Joseph, bâtisseur de charpentes élevant sous son toit la vérité,

Pierre, pêcheur d’hommes dans la mer du monde et bâtisseur de peuple,

Benoît, bâtisseur d’humanité dans le silence, la douceur et l’hospitalité,

Avec nous, les fidèles du ciel, que les anges te fêtent !

 

Des jours s’ouvrent devant toi plus radieux que la vie

qui peut s’imaginer. Quel don pourrions-nous te faire

que tu ne nous aies fait, celui de Dieu ? Je te présente

mes mains vides et j’accueille le pain, telle

 

l’offrande que je te fais de moi. Je te présente

le parterre en couleurs de la nouvelle vie, fleuve

immémorial en nous, irrigateur de siècles.

Nous allons passer de l’autre côté du temps.

 

Debout dans la lumière

Photo Alina Reyes

 

Êtres humains, nos coeurs sont pleins d’échardes,

nos existences ont leurs entraves, nos chemins leurs impasses, nos corps leurs maladies,

nos âmes aussi.

Pourtant nous sommes guéris si nous n’avons pas peur de regarder le ciel,

la vérité qui nous donne la vie,

nous sommes saints si nous nous tenons debout en elle,

debout dans la lumière

et non pas creusant des galeries dans l’ombre et y rampant.

Serpents, sortez des hommes !

Vous ne les possèderez jamais en paix.

Hommes, je suis montée au ciel comme la fleur y monte,

sans faire exprès, dès le début de tout, et voyez,

de là je ne fais que vous tendre la main.

Grâces vous soient rendues cent fois, à vous qui me tendez la vôtre.

Ceux qui ne peuvent pas, que le temps leur vienne en aide.

Nous sommes si patients.