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encre, pastel, crayon de couleur
je me suis inspirée de cette magnifique icône, le Christ Pantocrator du Sinaï
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En plein jour la nuit écoute ses étoiles,
veille sur son petit troupeau de milliards d’âmes ignorantes
Je suis le jour
je veille sur la nuit qui veille je réveille
doucement les astres de leur rêve sans fond
chaque vibration de mes paupières de mes tympans tremble au tréfonds des âmes
qu’il nous faut enseigner pour le jour où elles seront
appelées à naître
Il est difficile de faire naître sans bouleversements
j’essaie de faire doucement,
accordée au Maître de l’univers
Sel et lumière
je les mets dans ma bouche ma langue l’océan déferlant par mes yeux Dieu
je suis. Vagues mes doigts qui vous apportent depuis la source que vous ne voyez pas le don,
la vie. Ô mes poissons mes cailloux mes grains de sable voyez je déploie la tente bleue de la consolation mes corps d’hommes avec vos têtes je vous prends contre moi sous le voile
venez petit troupeau venez mes âmes que je libère les larmes que vous tenez dans vos sombres cachots venez mes amours je vous
aime voyez comme j’avance en suppliant vos pieds venez, que mon eau vous les lave, que ma lumière vous les essuie et vous enlève au ciel où sans arrêt je viens.
Où est l’être ?
En avant.
Où est « mon » être, notre être ?
Où il est, est ce qu’il est.
Notre être est en avant de nous.
Notre être nous fait signe et nous attend en avant de nous. Notre être est notre Dieu humblement et splendidement caché et révélé au coeur du monde.
Quand notre être au coeur de notre coeur se projette au coeur du monde, là est notre être. Dans cette projection qui est à la fois mouvement, sortie de soi, marche mise en route et à venir, vision, promesse. Là, dans ce désir de rejoindre notre être, celui qui non seulement découvre « mon » être mais aussi accueille en son sein l’être de l’autre, et se reçoit dans la lumière, là est l’accomplissement de l’amour.
« Au cours d’une vision reçue du Seigneur, l’homme qui me guidait me fit revenir à l’entrée du Temple, et voici : sous le seuil du Temple, de l’eau jaillissait en direction de l’orient, puisque la façade du Temple était du côté de l’orient. L’eau descendait du côté droit de la façade du Temple, et passait au sud de l’autel.
L’homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l’extérieur, jusqu’à la porte qui regarde vers l’orient, et là encore l’eau coulait du côté droit.
L’homme s’éloigna vers l’orient, un cordeau à la main, et il mesura une distance de mille coudées ; alors il me fit traverser l’eau : j’en avais jusqu’aux chevilles.
Il mesura encore mille coudées et me fit traverser l’eau : j’en avais jusqu’aux genoux. Il mesura encore mille coudées et me fit traverser : j’en avais jusqu’aux reins.
Il en mesura encore mille : c’était un torrent que je ne pouvais traverser, car l’eau avait grossi, il aurait fallu nager : c’était un fleuve infranchissable.
Alors il me dit : « As-tu vu, fils d’homme ? » Il m’emmena, puis il me ramena au bord du torrent.
Et, au retour, voici qu’il y avait au bord du torrent, de chaque côté, des arbres en grand nombre.
Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l’orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux.
En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent.
Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »
Livre d’Ézéchiel, chapitre 47, versets 1 à 9, et 12.
En hébreu, à l’orient se dit en avant, à l’avant. La prière est le mouvement qui monte vers l’avant, l’orient, d’où monte la lumière. Et l’eau c’est la langue, la langue de la vie, la vie de la langue, la Vie qui va.