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Je suis un bateau qui s’éloigne
je marche avec les blancs nuages
et je mange en chemin du blanc
Entre le ciel et l’eau mes jambes
découpent dans le bleu la voile nul-ne-la-voit
La côte derrière moi s’est effacée de l’horizon
j’entends à peine encore la rumeur
sourde des morts qui s’y démènent
Traversant le zénith une mouette un instant
se transforme en corbeau et la mémoire
des cimetières me revient.
Je sais, moi l’exilée, ce qui arrive
à ceux qui se laissent aborder par la ruse
et je prie Dieu qu’il veuille bien
dans la vieille cité reconnaître les siens.
Les miens prennent le soleil sur mon pont.
Notre Dame de Lumière siège
dans ma poitrine et je respire
Je sens immensément, frères,
soeurs, vos âmes frémissantes,
qui s’unissent à la mienne
dans la vaste demeure, attente
ouverte en notre coeur. Vienne
sous vos pas la splendeur que le roi
déroule pour la reine, voici le souffle
infime et infini, passant
de l’un à l’autre de nous, pauvres
bienheureux, bénir notre invisible union.
Photo Alina Reyes
Courbée dans l’univers je vous regarde, terre, je vous entends crier vers moi. Vos lèvres sombres s’ouvrent avec des bruits de vol d’oiseaux de nuit. Vous bâillez en tremblant, vous extirpez de vos tréfonds des hommes ! Dans l’immensité je plane, j’étends mes bras au-dessus de vos ventres, loin au-dessus, que le souffle passe et rafraîchisse leurs fronts ! J’écris ceci les yeux fermés, les doigts courant sur le clavier, car je vois.
Je suis réellement présente au-dessus de vos têtes qui sortent lentement de la terre, étendue dans l’espace dans mes voiles d’étoiles de feux blancs de lumière
et je vous dis la vérité.
Écoutez la vibration du ciel le parcours de l’abîme entre vous et mon corps si étrangement monté
vous protéger.