Le moment arrive

Saussure, les Pèlerins d'Emmaüs

 

J’attendais ce moment, celui de pouvoir acheter un billet d’avion et d’avoir les moyens de partir quelque temps en Israël, où je veux fonder les Pèlerins d’Amour. Ce moment est maintenant tout proche. Je vais y aller, je vais commencer à faire moi-même la Pèlerine, avec un minimum de moyens, en marchant et en allant prier dans les mosquées, dans les églises, et même ailleurs si c’est possible. J’écrirai là-bas un livre sur l’être du Messie. La publication de Voyage aura lieu quand Dieu le voudra, en attendant je vais préparer les chemins. Incha’Allah.

Le premier lieu sur lequel je suis tombée en regardant sur google, c’est l’abbaye bénédictine d’Abou Gosh. Je commencerai peut-être par là, s’ils peuvent me recevoir. Ils sont à dix mètres de la mosquée, et ils vivent dans le désir d’ouverture. Nous verrons bien. Ce village à l’histoire contemporaine particulière était peut-être, du temps de Jésus, le village d’Emmaüs, où il est apparu ressuscité, en chemin avec deux de ses disciples. Allahou akbar. Loué soit Dieu.

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Voyage, la maison

4 mai 2010, en descendant de chez moi, avant d'y remonter quelques jours plus tard, pour encore de nombreux mois, seule (photos Alina Reyes)

 

Ma petite maison de pierre là-haut dans la montagne, dont j’ai dû me défaire, en vérité c’est la maison de Dieu, et elle le restera. Voyage aussi, c’est elle. Et il ne sera jamais permis que je laisse les faussaires corrompre sa parution.

Ce n’est pas seulement la maison, c’est la forêt, c’est la montagne, qui sont vivantes et qui me connaissent, et je leur serai fidèle, je veillerai à rester digne d’elles. Les gens ne comprennent rien parce qu’ils ne connaissent pas du tout Dieu. Ils ne comprennent absolument rien à ma démarche, ils ne comprennent pas que Voyage doit être préservé de la souillure. Ils ont les yeux malades et le nez bouché, la souillure ils ne la voient pas, ne la sentent pas, vivent dedans, la font, la vantent, croyant que là est l’ordre des choses.

Tant d’hommes sont malades. Ils ne se guériront pas avec des pansements souillés, des remèdes pourris. Ils ont fait de la vérité, de l’amour, de la littérature, des choses viciées, morbides. Ils ne savent, avec leurs instruments sales, que creuser un peu plus chaque jour la tombe de l’humanité. Même si je meurs, le diable ne sera pas autorisé à mettre la main sur ce livre. Quand Jésus tend l’autre joue, celui qui est assez mauvais pour ne pas renoncer à le frapper de nouveau, sa main s’y brûle, en prémices du feu éternel. Mais Jésus reste intact.

Beaucoup d’autres hommes marchent dans un chemin de lumière douce et fraîche comme la neige. Je suis la foi.

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« Les Romains ont été vaincus ». Sourate « Les Romains », 2.

Olivier enneigé à la Grande mosquée de Paris, photo Alina Reyes

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Selon la prophétie de Malachie, le dernier pape s’appelle Pierre le Romain. Quel que soit le nom qu’il ait endossé, tout pape, évêque de Rome, est « Pierre », successeur de Pierre, et le Romain.

Selon une lecture historique, « Les Romains » du Coran seraient en fait des Byzantins, battus par les Perses en Palestine vers 613-614. Ils sont nommés Romains parce que chrétiens, rattachés à Rome – de même que tout pape est Pierre parce que rattaché à Pierre. Une partie des Arabes se réjouissait de cette défaite des Romains, mais les Croyants parmi eux se réjouirent de leur victoire finale, car ils représentaient les croyants alors que les Perses représentaient les mécréants.

« Les Romains ont été vaincus,

dans le pays voisin, et après leur défaite ils seront les vainqueurs,

dans quelques années. À Dieu appartient le commandement, au début et à la fin, et ce jour-là les Croyants se réjouiront

du secours de Dieu. Il secourt qui Il veut et Il est le Tout Puissant, le Tout Miséricordieux.

C´est [là] la promesse de Dieu. Dieu ne manque jamais à Sa promesse mais la plupart des gens ne savent pas. » (v. 2-6)

 

Pourquoi, pour qui, cette défaite et cette victoire ? La suite de la sourate l’indique, en voici trois versets dans la traduction d’André Chouraqui :

 

14.     Le jour où l’Heure surgira,

ce jour-là ils se diviseront.

 

15.     Ceux qui adhèrent et sont intègres

s’extasieront dans les pâturages.

 

16.     Ceux qui effaçaient,

niaient nos Signes et la Rencontre, l’Autre :

les voilà présents au supplice !

 

Au final, la division s’opère non entre les Romains et les Perses, mais parmi eux entre les croyants et les mécréants. Les « mauvais romains » et les « mauvais perses » seront au supplice, les « bons romains » et les « bons perses » pâtureront. Le destin des Croyants, des gens issus de la Parole de Dieu venue à travers Ses Livres saints, et qui lui sont fidèles, comme des gens qui sont fidèles à ce qui est juste… le destin des Justes, est un et unique.

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Au bout du Voyage, c’est la nuit et le jour

église fortifiée de Luz-Saint-Sauveur, photo Alina Reyes

 

Les dix livres de Voyage s’agencent maintenant comme miraculeusement. Je n’ai pourtant pas fait exprès, je les ai déplacés et recomposés dans l’espace du Livre comme malgré moi, et à la fin je regarde : sidérée de voir comme leur enchaînement est parfait. En même temps c’est un Livre ouvert (de 1470 pages), on peut y cheminer longuement, au long de nombreux lacets comme en montagne, mais aussi par des montées fulgurantes. Parfois il faut s’accrocher au rocher pour pouvoir progresser, mais souvent la nuit ou la lumière vous portent ou vous emportent, dans cette ivresse qui gagne au bout d’un moment tout marcheur qui monte dans l’air pur. Et qui, loin de toute pollution, a tout le temps de la contemplation, dans ses haltes comme dans son avancée.

Je laisse en ligne sur ce site l’ancienne version, autrement agencée et plus courte, mais je n’y mettrai pas la nouvelle avant qu’elle ne soit publiée aussi sur papier. Il se peut que cela prenne du temps, car je dois attendre que cette publication puisse se faire dans des conditions de clarté qui pour l’instant ne sont pas du tout réunies. Nous attendrons autant qu’il faudra, nous en remettant à Dieu.

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Élisez-moi pape !

Alina Reyes

 

Dans l’Église, quand on veut donner en exemple la conversion de quelqu’un qui a eu une vie « dissipée », on évoque Marie Madeleine, ou bien Etty Hillesum (plutôt que saint Augustin, qui fit pourtant pire). Marie Madeleine a été considérablement salie au cours des siècles, où elle a pris pour nombre de chrétiens la figure d’une prostituée, ce qui n’est pas le cas dans les Évangiles. En vérité elle a une place éminente auprès de Jésus, celle d’une sœur absolue, notamment dans l’évangile de Jean, où elle est la première à qui il se montre et s’adresse après sa sortie du tombeau, la première qu’il charge de délivrer son message à ses apôtres et au monde. Marie Madeleine est un signe éminent de sa résurrection et de son retour attendu. Marie Madeleine s’appelle Marie, elle est indissociable de la Vierge Marie, mère.

Etty Hillesum, elle, après avoir connu l’errance intellectuelle et spirituelle (dont on retient sa sexualité triste), dans une vie sans vérité ni maternité, a certes été éclairée, mais pour finir à Auschwitz. Etty Hillesum est un signe de damnation et de mort. Voilà le chemin fait par le christianisme dans son idée de la femme et du destin de la femme.

En principe, il n’est pas obligatoire d’être prêtre pour être élu pape. Une femme pourrait donc l’être. Si le pape est le vicaire du Christ sur terre, il doit pouvoir avoir le visage de Jésus, et aussi de celle qui lui est indissociable, Marie, mère et femme. Si le pape doit représenter Dieu sur terre, il nous faut nous rappeler que Dieu n’est ni homme ni femme mais, dans nos éléments de comparaison humains, tout à la fois porteur d’une puissance créatrice virile et paternelle, et d’une miséricorde maternelle et fraternelle rédemptrice. Qui est chargé de Le représenter sur terre doit posséder ces attributs, que doivent en principe pouvoir posséder un homme accompli aussi bien qu’une femme accomplie en Dieu. Voilà un sens de la résurrection de l’être.

Des millénaires de patriarcat, c’est-à-dire de la loi brute du plus fort, ont dans toutes les religions fortement pesé sur les définitions de l’être et des rôles de l’homme et de la femme. Il suffit de retourner aux sources de Dieu, de ses textes saints, pour reconnaître que nous nous en sommes considérablement éloignés. Que nous n’avons fait qu’embourber un peu plus l’homme et la femme dans des définitions humaines, au lieu de les élever dans le projet divin.

Élisez-moi pape, je vous réunis les trois monothéismes dans la vérité et l’entente, chacun selon sa personnalité et son charisme, je vous remonte les croyants, je vous rappelle les désabusés. Un pape musulmane, voilà bien un tour digne du Messie en son retour. Ceux qui suivront le Voyage deviendront aptes à changer l’ordre tellement humain et enterré des choses, pour sortir dans la lumière et entrer dans l’Ordre de Dieu, celui des Pèlerins d’Amour que nous sommes tous sur cette terre, que nous sommes tous appelés à être, sur la terre comme au cieux.

 

Il neige

à la grotte puis à la grange, le matin du 11 février 2010

 

Une petite neige volette à ma fenêtre, en ce moment même, ici à Paris.

Il y a trois ans, les 9 et 10 février, j’étais à Lourdes. Au petit salon du Livre des Sanctuaires, en l’honneur de la première Apparition à ma petite soeur Bernadette, avec mon livre sur cet événement, paru deux ans plus tôt. Le 11 au matin, jour de l’Apparition, il neigeait. Je suis allée encore une fois à la grotte, avant de prendre le car pour retourner à la grange, là-haut dans la montagne,  où je suis ensuite restée seule pendant sept mois. Qui avait décidé de salir cette date en la choisissant pour m’annoncer l’injustice ? La neige au contraire lui fit une robe digne d’entrer dans la Résurrection.

Un passage de Voyage l’évoque :

 

Je suis montée entre les hauts congères, par la route complètement blanchie, conduisant avec une vive attention ma voiture dépourvue de chaînes. Au lieu nommé Le Caillou, je l’ai garée, derrière le gros rocher. J’ai marché une demi-heure dans la tempête de neige, traînant mon bagage, parfois m’enfonçant jusqu’aux genoux. À la lisière de la forêt ma grange est apparue, féérique dans son épais manteau immaculé.

J’avais chaud, d’avoir marché jusque là avec mon sac à dos, déneigé à la pelle devant la porte pour pouvoir entrer, transporté les bûches depuis l’abri à bois. Mais quand la voix de maître Human, par le téléphone, m’a vrillé au creux des os, il s’est mis à faire froid à pierre fendre. Après tout ce que j’ai traversé, je ne sais pas comment je suis encore vivante, et avec toute ma raison dans la folie. Le lendemain matin, de nouveau bienheureuse dans ma parfaite solitude, j’ai trouvé le nom de cette grange : Dieu sauve.

 

 

Déplaçant les montagnes

"la Grange", la "grotte" où fut écrit en grande part Voyage, image Alina Reyes

 

Déplaçant dans mes 1400 pages de Voyage d’énormes blocs de texte, les réajustant, les retravaillant. Plus d’une semaine de travail du mois de décembre, qui ne se trouvait que sur une clé usb, par erreur je l’ai perdue – la prenant pour une ancienne version je l’ai supprimée. Ça ne fait rien je recommence, toujours aussi bienheureuse à déplacer les montagnes et à y grimper, avec toute la vie qui les anime. Les bras pleins de mots bruissants de joie, et qui courent devant eux comme de jeunes poulains dans l’herbe fraîche dès que je les ouvre.

Comment cela se fera-t-il, demandait Marie, puisque je n’ai laissé aucun homme mettre la main sur moi ? Je ne sais comment cela se fera, mais je ne le demande pas car je sais que cela se fera, ce que Dieu veut, plus que jamais je le sais. Parce que cela n’a pas été sali, justement.