Mila

Ce matin j’ai écrit un commentaire sur France Info pour prendre la défense de Mila, lui souhaiter bon courage et dénoncer le harcèlement, en précisant qu’il était pratiqué de façon générale pas seulement par des jeunes mais par toutes sortes de gens. Mon commentaire n’est jamais passé, quoique je l’aie reproposé plusieurs fois sous plusieurs formes, jamais injurieuses. À quoi jouent les médias ? Prétendant défendre la liberté d’expression, et la bafouant. Ils m’ont fait le même coup pour des commentaires sur Edgar Morin, proposés sous plusieurs formes en vain. C’est moins grave, en vrai je me fiche assez d’Edgar Morin, mais pour Mila, et pour tous les harcelés, et spécialement toutes les harcelées, car ce sont le plus souvent des femmes qui sont visées et ainsi chassées des réseaux sociaux (moi-même j’ai dû plusieurs fois fermer mes comptes facebook et twitter, avant d’y renoncer complètement, comme de renoncer à laisser ouverts les commentaires sur mon blog), refuser les messages de soutien est particulièrement pernicieux.

Il faut rappeler, comme l’a fait le recteur de la Grande mosquée de Paris qui a reçu Mila aujourd’hui, dans une tentative d’apaisement qu’elle a appréciée, que ses insultes sur l’islam ont été proférées alors qu’elle était déjà harcelée, ce qui évidemment crée un stress et une agressivité en réponse à l’agression subie. Aucune comparaison possible avec Charlie Hebdo qui pendant des années, semaine après semaine, insulta méthodiquement les musulmans, ce qui constituait un harcèlement envers cette catégorie de la population, ainsi qu’envers les Roms, que ce journal visait aussi, et plus horriblement encore. Mila ne se laisse pas faire, et elle continue, refusant de quitter les réseaux. Certains lui reprochent d’être ce qu’elle est, mais depuis quand exige-t-on de quiconque qu’il ou elle se conforme à ce qu’on voudrait qu’il ou elle soit ? Mila ne lèse personne, n’empêche personne de vivre ; c’est l’inverse qui se produit, depuis trop longtemps. Je ne le dis pas en pensant spécialement à mon propre cas, mais à celui de toutes les personnes, en particulier toutes les femmes, empêchées de parler par des meutes abjectes de lâcheté et de bêtise. Que le jugement de quelques-uns des harceleurs de Mila soit le début d’un vrai combat de la justice, des gouvernements et des réseaux sociaux, contre ce fléau.

Fléau qui ne date pas d’internet. Alors que j’essayai en vain de faire passer mes commentaires sur cette affaire ce matin, j’avais à l’esprit le harcèlement infligé à Pénélope pendant de nombreuses années et à Ulysse aussi lors de son retour. Les harceleurs sont cette goule dévorante qui font que j’ai intitulé ma traduction Dévoraison.