Sagesse orientale, le temps à sa place

L’Orient remet le temps à sa place, celui d’humble serviteur de l’éternité. Ceci est notamment sensible dans le judaïsme, le christianisme orthodoxe et l’islam. Pensons à la prière juive du Kol Nidrei, capable d’annuler les vœux passés, et à sa correspondance dans la notion de teshouva, capable d’effacer le passé et ses fautes. Pensons à l’importance de la Résurrection dans le christianisme orthodoxe, capable de balayer la mort à l’œuvre dans le présent. Pensons au incha’Allah musulman, capable d’annuler nos projections dans le futur.

C’est à la source de ces pensées que nous devons puiser. Pour le reste, traditions et façons de penser dépassées, pour tout ce que le temps effacera d’elles, s’il est encore vivace là où les hommes sont à cause de la peur en situation d’arriération politique ou mentale, il dépérira – comme en Europe – dès qu’ils se libéreront. Il ne sert donc à rien d’essayer de sauver les vieilles structures là où elles peuvent encore l’être : encore est éphémère. Il faut au contraire se retourner et marcher dans la voie de l’éternité, sans avoir peur de laisser devant soi comme derrière soi tout ce qui n’est plus valide et qui, à coup sûr, tombera. Sous les coups sûrs du temps, soldat au service de l’éternité. 

Accords, accord !


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Je suis retournée chanter, dans l’un des chœurs dont je faisais partie il y a quelques années, avant mon exil. D’abord nous avons travaillé When I’m gone, comme les collégiens de cette vidéo. Chanté à un rythme beaucoup plus rapide, très agréable dans les jambes. Puis j’ai eu la divine surprise de découvrir qu’ils étaient en train de commencer à apprendre le Kyrie de la Messe en si de Jean-Sébastien Bach, une œuvre que j’adore. Je ne l’ai jamais chantée, mais à force de l’écouter je connais par cœur la partition des sopranos. Je suis alto, je dois donc tout apprendre. Quelle extraordinaire merveille. Chaque voix est un chef-d’œuvre.

Ensuite je suis allée boire un thé à la mosquée, avec le chef et un ténor. Les moineaux faisaient leur concert, l’un a volé si près de mon visage que j’ai senti le bout de son aile me frôler.

Être d’accord avec Dieu suffit.

Manif à Austerlitz (et reportages photo et vidéo)

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J’ai traversé le Jardin des Plantes qui venait d’ouvrir, à huit heures du matin, dans la pénombre. Du bout de l’allée j’ai zoomé pour photographier les premières personnes qui le traversaient, souvent des parents accompagnant leurs enfants à l’école, et aussi quelques joggers ou travailleurs avec ou sans serviette. La photo est floue mais je l’aime bien ainsi.

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Je suis arrivée à la gare d’Austerlitz un peu en avance pour le reportage photo que je voulais faire, sur la manifestation d’agents de nettoyage en grève depuis deux semaines pour protester contre les conditions de travail qui leur sont faites depuis que la SNCF a délégué le travail à des sociétés privées.

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Ils étaient peu nombreux, mais ils se sont déplacés dans toute la gare en faisant beaucoup de bruit, avec des sifflets, des bidons et des bâtons pour taper dessus, un djembé, un porte-voix… Et des journaux qu’ils découpaient en petits morceaux pour les jeter sur le sol. (Voir mes reportages photo et vidéo pour Citizenside, avec leur petit article).

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Après les avoir accompagnés pendant plus d’une heure, je suis rentrée en faisant encore quelques photos dans la rue et en achetant une baguette pour le petit déjeuner.

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photos Alina Reyes

Ce qui se passe (et les photos de la Marche pour la vie)

Mon reportage photo sur la Marche pour la vie est visible ici en diaporama sur Citizenside.

Je suis partie en reportage photo à la Marche pour la vie. J’ai remonté la manif de Denfert jusqu’après Montparnasse, puis dans l’autre sens. Il m’a semblé qu’il y avait environ 20 000 personnes, souvent en famille et de toutes générations (le cortège était long mais peu dense). Une dramaturgie peut-être un peu excessive quand il est demandé aux manifestants de mettre sur leur bouche le bâillon rouge qui leur a été distribué (qu’est-ce que je devrais dire !) et de se tenir en silence droit les mains derrière le dos comme ceux qu’on va fusiller.

J’ai entendu ce chiffre : une naissance sur cinq en France est interrompue par un avortement. Je vérifie sur internet, c’est exact. Pour moins de 800 000 naissances, plus de 200 000 avortements par an. C’est quand même de la folie. Seulement, c’est de la folie aussi d’être à la fois contre l’avortement et contre la contraception.

Tout au bout du défilé, à la fin, des gens prient Notre-Dame des tout-petits. Une femme me saisit par le bras, me dit : « Retrouvez Dieu, Madame ! Vous écrivez bien, mais retrouvez Jésus ! » Puis elle ajoute une phrase dont j’entends seulement le mot « Mahomet ». Je lui réponds en souriant « ne vous inquiétez pas, Jésus est vivant » – mais elle est déjà partie, sans écouter. Ah, si elle savait… Les gens devraient mieux étudier et réfléchir, ils comprendraient ce qui se passe.