Petit garçon au violon, street art, biscuits et sushis

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Le bon temps de marcher, le bon temps de contempler, le bon temps d’aimer, le bon temps d’aider, le bon temps de dormir, le bon temps de peindre, le bon temps d’écrire (oups, là j’avais écrit le non temps au lieu du bon temps, il est vrai qu’en écrivant le temps s’annule, mais en dessinant et en peignant aussi, et après tout en marchant aussi, ainsi qu’en aimant, qu’en aidant, qu’en dormant… le bon temps, en fait, c’est le temps qui s’annule, qui se transforme en pur bonheur, un temps comme un haïku, discret, au sens mathématique, et en même temps réuni, total), le bon temps de lire, le bon temps de cuisiner des biscuits et autres cookies exquis avec juste des ingrédients naturels et sans sucre (une cuillère de miel pour une fournée de biscuits suffit à sucrer et sucre bien mieux, je l’achète au kilo, bio, à douze euros), chaque fois différents au gré de l’invention et des ingrédients du moment, de faire aussi des sushis, des makis à souhait sains et bons (une bonne idée pour rompre le jeûne de façon différente si vous êtes musulman.e), le bon temps de faire des bonnes choses, le bon temps de danser (cette fois j’ai mis ma jupe de danse bleue et pailletée comme la nuit, achetée il y a des années à Istanbul), le bon temps de rêver, de songer, de vivre.

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selfiehier à Paris 5e, photos Alina Reyes

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La chambre de Vincent Van Gogh à Auvers-sur-Oise

chambre vincent van goghLa chambre de Vincent Van Gogh à Auvers-sur-Oise veillée par Madame Terre, ζει, technique mixte sur enveloppe A4

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« La maison à lui est pleine de vieilleries noires, noires, noires »

« L’idée moderne de manger un – tout au plus deux – plats est pourtant certes un progrès et un loin retour à l’antiquité vraie. »

« Mais enfin je vis au jour le jour, il fait si beau. »

Vincent Van Gogh, Lettres à Théo depuis Auvers-sur-Oise, printemps-été 1890

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Manifestation d’étudiants à Paris, en 22 photos et un petit récit

En marchant j’ai aperçu dans une rue perpendiculaire une armada de camions de police, alors je suis allée voir ce qui se passait. Une manif de quelques centaines d’étudiants arrivait de la Sorbonne, encadrée par un dispositif policier légèrement démesuré. Je l’ai rejointe et accompagnée jusqu’à la place Monge, toujours dans le Quartier Latin. (Voir le petit récit à mesure du reportage)

 

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manif etudiants 12Tiens, la responsable de l’Unef dont on a fait un fromage parce qu’elle est voilée est là

manif etudiants 13La police aussi – elle fait un peu peur aux passants. Quand les étudiants ont essayé de partir en manif sauvage en empruntant une petite rue de côté, les gros balourds se sont mis à leur courir après et les ont ramenés dans le droit chemin, celui qui était encadré par leur armada

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manif etudiants 15Finalement tout le monde est arrivé sous les arbres, place Monge

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manif etudiants 19Des appels à recommencer l’occupation de Nanterre ont été lancés, et une partie des manifestants s’est engouffrée dans le métro, peut-être pour y aller tout de suite ?

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D’autres sont restés là encore un moment

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Avec le camion de la CGT qui vendait son coca

manif etudiants 22cet après-midi à Paris 5e, photos Alina Reyes

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Écrire habiter

C’est le titre de ma thèse : « Écrire habiter ». Le fait que des anciens et des sympathisants de « la commune libre de Tolbiac » visitent abondamment ma note précédente (près de 1500 visiteurs uniques en une journée), présentant les photos des fresques et des graffitis qui restent comme autant de traces de l’occupation de cette université, aujourd’hui évacuée, me donne à penser encore le désir profond de poésie qui anime les humains en ce monde trop souvent déshumanisé.

Je marche dans la ville comme je marche dans la forêt. Philippe Descola dans Par-delà nature et culture rappelle qu’au Japon comme dans d’autres cultures, l’environnement naturel « est ce qui relie et constitue les humains comme expressions multiples d’un ensemble qui les dépasse ». Un ensemble urbain doit aussi constituer un environnement naturel. Les productions et la vie humaines sont des sous-ensembles de l’ensemble du vivant, au même titre que les productions et la vie animales, végétales, et d’autres règnes connus et inconnus. C’est la conscience de cet être que cherchent les humains.

 

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paris 13 9ces jours-ci à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Tags, fresques, affiches à la fac de Tolbiac, après évacuation et avant effaçage

La dernière fois que j’y suis passée, c’était juste après l’évacuation, le secteur était bouclé, la police empêchait d’approcher, j’avais seulement pu faire quelques photos de loin. Maintenant la fac est toujours fermée, mais les abords en sont libres. Je ne suis pas passée par-dessus les grilles comme je l’avais fait dans les premiers jours de la « Commune libre de Tolbiac » (pour aller animer un atelier d’écriture) mais j’ai bien fait le tour et j’ai photographié tout ce que j’ai pu voir (quoique les gardiens aient gentiment essayé de me faire croire que c’était interdit). Voici donc les images, des témoignages, des traces de ce qui fut – comme des archives du futur. Ce serait bien si les plus belles des fresques pouvaient ne pas être effacées.

 

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En face, de l’autre côté de la rue de Tolbiac, l’École supérieure de journalisme et les tours d’habitation. J’ai aussi une formation de journaliste, c’est en partie pourquoi j’aime bien aller voir ce qui se passe !

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tolbiac 18aujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Femme noire. Hommage à Naomi Musenga

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Je dédie cette note à Naomi Musenga, à laquelle je pense nuit et jour depuis que j’ai appris sa mort, depuis que j’ai compris que le racisme l’a tuée, depuis que je vois que le racisme ordinaire continue à l’assassiner en refusant de reconnaître qu’il l’a assassinée.

Je dédie cette note à Naomi Musenga et à sa famille, bafouée par l’hôpital après son décès.

Je dédie cette note à l’esprit plein de vie de Naomi Musenga, qu’on a fait taire, et à son corps splendide, qu’on a immobilisé puis laissé pourrir, en totale barbarie.

Nous sommes un seul poète, et les vers de Léopold Sédar Senghor sont aussi les miens, pour Naomi Musenga et pour toutes les femmes noires, femmes royales dont j’admire le courage, la noblesse, la vitalité, la beauté, la joie, l’amour, et que j’aime.

 

Études psychédéliques le matin, pavots au jardin l’après-midi

pause du matin au colloque psychédélique, avec café et petits croissants

pause du matin au colloque psychédélique, avec  distribution de café et petits croissants

 

Je suis allée ce matin à une journée d’étude sur les études psychédéliques. Cela prête à sourire, et c’est ce que j’ai fait d’abord, me rappelant mon trip de 30 heures au LSD quand j’avais dix-huit ans (la dose était un peu trop forte). Mais c’est tout à fait sérieux – sans exclure le sourire. Il existe depuis peu une Société psychédélique française, composée de quelques jeunes chercheurs de différentes disciplines qui se retrouvent sur cette thématique. Dans un amphithéâtre du Muséum d’Histoire Naturelle, elle organisait une journée d’approche historique de la construction d’un champ disciplinaire, avec le soutien d’éminentes institutions scientifiques.

Il fut question des champignons hallucinogènes – psilocybes – au Mexique, de leurs pouvoirs « divinatoires », de leurs usages tantôt thérapeutiques, tantôt hallucinatoires, tantôt religieux (la dose ingérée augmentant dans le même ordre). Les champignons hallucinogènes se trouvent quasiment partout sur la planète et le plus drôle c’est le sens du nom que les Chinois leur donnent : « et maintenant tu rigoles, n’est-ce pas ? » S’ils font rire les Chinois, ils n’ont pourtant pas le même effet sur toutes les personnes – certains rient, d’autres ont des visions d’horreur, d’autres communiquent avec l’invisible… Ils ont aussi le pouvoir de faire revenir des souvenirs enfouis, notamment des traumatismes d’enfance. En France, après des expéditions et des études scientifiques menées au Mexique parmi les populations qui les consomment, des expériences furent menées à Saint-Anne avec des malades mentaux à la fin des années 50, et comme on sait Henri Michaux y participa (mais préféra le faire chez lui). Puis tout cela commença à inquiéter les autorités, et le clou de l’affaire c’est que ce fut Maurice Papon qui fit interdire ces champignons. Le tortionnaire avait de la morale. Les études sur les hallucinogènes demeurent taboues dans notre pays, quoiqu’elles ouvrent sur un vaste domaine de connaissances et de possibles applications, notamment thérapeutiques.

 

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colloque psychédélique 3

Il fut aussi question de l’impact des hallucinogènes sur la contre-culture des années 60, et des tentatives d’études sur la créativité que ces substances auraient pu, ou non, favoriser. En fait, aucune étude n’a pu montrer un résultat convaincant dans ce domaine. On s’est souvenu que Timothy Leary voulait rendre la créativité accessible à tous au moyen des hallucinogènes, utilisés comme agents libérateurs. Toute une époque. Enfin nous avons eu une intervention sur « Psychédéliques : machines à éclairs de génie ou machines à foutaises ? », par un chercheur en costume à carreaux fantaisiste du meilleur effet. Croquis de cerveau en couleurs à l’appui,  il a été question de cortex préfrontal et de théorie hypofrontale, de créativité analytique et de créativité intuitive, de flexibilité cognitive (beaucoup plus forte chez l’enfant), d’entropie informationnelle, de pensée erratique et exploratoire, d’idées délirantes, de connexions plus ou moins importantes dans le cerveau, de bassins profonds singuliers, de lobe temporel médian, de fluence et d’autres choses encore dont les seuls noms suffisent à faire agréablement divaguer.

la statuette qui présidait à l'affaire

la statuette qui présidait à l’affaire

On a regardé un petit documentaire délicieusement suranné, Champignons et hallucinations réalisé pour l’ORTF par Jean Lallier en 1966. Puis d’autres chercheurs de différentes disciplines ont apporté leur éclairage final pour cette matinée, et il fut question par exemple de l’année 1817, qui vit apparaître en Angleterre la première expérience de gaz hilarants et le premier brevet de kaléidoscope. On s’est demandé ce qui pouvait bien faire passer l’artiste de l’état de créature à celui de créateur, j’ai entendu évoquer William Blake mais à ce moment-là j’étais en train d’essayer de récupérer mon stylo, qui passait de mains en mains pour remplir une feuille avec les noms des personnes présentes dans le public, et je n’ai ni bien entendu, ni bien entendu pu noter ce que je n’avais pas bien entendu.

L’après-midi la journée d’études se poursuivait mais j’ai été occupée par autre chose dont je reparlerai peut-être, puis finalement je suis retournée au jardin pour ne rien y faire, seulement me taire. Et au passage, photographier les pavots.

Il y a longtemps que je n’ai plus besoin de la moindre drogue pour entrer dans des états seconds ou même hallucinatoires, et j’en ai exploré, des mondes !

 

pavotsaujourd’hui au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes

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