Affaire Matzneff : le piteux spectacle du milieu littéraire

 

J’ai rencontré Matzneff (que je n’avais jamais lu) il y a une dizaine d’années lors du vernissage d’une exposition de photos de Sophie Bassouls qui s’accompagnait de quelques-uns de mes poèmes, dans l’espace culturel des Éditions des Femmes. L’attachée de presse de l’époque était l’une de ses amantes ou de ses ex, je ne sais plus. Jeune mais pas collégienne, ni petit écolier français ni petit garçon des rues de Manille comme tant d’autres de ses victimes. Elle me dit un jour qu’il la faisait souffrir, pour tenter de me convaincre que c’était normal. Il était donc là, avec un ami écrivain que j’avais déjà rencontré ailleurs et dont j’ai oublié le nom, Dominique quelque chose si je me souviens bien (façon de parler) – il est mort depuis. Il me parla d’Anna Akhmatova, sa poétesse préférée. Je faisais poliment semblant d’écouter, j’ai horreur de ces conversations lettrées, de ces afféteries, de ces préciosités qui font le milieu littéraire et sous lesquelles se cachent les plus grossiers sentiments, calculs, haines, jalousies, envies d’argent et d’honneurs, vanités démesurées, aptitudes à toutes les trahisons, toutes les oppressions, toutes les compromissions. J’aime la conversation des paysans, des artisans, des artistes, des soldats, des gens qui ont un métier, des gens qui font la cuisine, des gens qui font vraiment quelque chose. Le milieu littéraire est un milieu de gens qui ne font rien d’autre que branler la queue du chat. Bien sûr les écrivains écrivent, et ce n’est pas rien faire. Mais le milieu littéraire ce ne sont pas les écrivains, c’est le milieu où les écrivains naufragent. C’est « le monde », le monde mondain, le contraire du monde réel et spirituel où se déploie tout le vivant. Et ceux et celles qui vivent du milieu littéraire ne sont plus que des morts. C’est parce qu’ils sont morts qu’ils peuvent faire le mal et soutenir ceux qui font le mal tout en se croyants supérieurs au commun des mortels. C’est parce qu’ils sont morts et impuissants, hommes et femmes inachevés, incapables de vivre une vie d’homme ou de femme pleine et entière, qu’ils vivent de combines et d’abus de toutes sortes. Et au royaume des morts, comme le disent d’une façon ou d’une autre toutes les spiritualités du monde, vient toujours le moment de rendre des comptes. Matzneff qui se veut chrétien l’aurait compris, s’il lui restait assez de vie pour penser. Mais ces gens-là, qui se prennent pour des penseurs, ont le cerveau aussi bousillé que le cœur. Matzneff est en réalité aussi stupide que son éditeur Sollers, qui a remplacé son allégeance au nihilisme maoïste par une allégeance au nihilisme heideggerien, aussi stupide que son soutien Moix qui a remplacé son allégeance au nihilisme nazi par une allégeance au nihilisme heideggerien, qui est un nihilisme nazi… Aussi stupide que ses autres soutiens, le pubeux Beigbeder, l’éditocrasseux Giesbert, la grimaçante Savigneau, etc., etc. Sans eux, sans les soutiens publics par dizaines ou centaines de milliers d’euros et les soutiens privés (que leur fournissait-il en échange ?) qui lui ont permis de mener grand train pour ses chasses à l’enfant, combien d’enfants auraient été sauvés de ses griffes et de celles de tant d’autres confortés par son exemple célébré ?

Le milieu littéraire est celui où je me suis toujours le plus sentie mal à l’aise. Et je sais pourquoi. C’est le milieu le plus dépourvu de grâce. C’est un milieu sans aucune grâce ; raison pour laquelle, hélas, beaucoup de ses aliénés vont la piller ailleurs, là où elle vit, par exemple chez les enfants. C’est aussi un milieu dépourvu de virtus, comme celui des financiers et des technocrates. Un milieu qui ressemble beaucoup à la macronie, tout en superficialité et en fausseté, en en-même-temps (par exemple, comme Sollers, signer par deux fois des pétitions pro-pédophilie et publier pendant des décennies les récits abjects de Matzneff et en même temps se dire hostile à la pédophilie ; puis jouer les amnésiques et se terrer quand ça chauffe, comme en toutes circonstances avec le « courage, fuyons » pour seul viatique). Il y a cinq ans, Matzneff dans sa tribune au Point menaçait de se suicider parce que, comme tous les auteurs qui n’ont plus suffisamment de droits d’auteur (j’en suis), il avait été rayé de l’Agessa, l’organisme qui gère la sécurité sociale des auteurs. Quelle petite nature. Comme s’il était impossible de survivre sans l’Agessa, de trouver une couverture sociale autrement. Maintenant ses amis, comme Beigbeder, disent craindre qu’il ne se suicide si on continue à l’ennuyer. Oui, pas la moindre virtus chez ces gens gâtés-pourris, quand le vent tourne il ne leur reste que la pleurnicherie, le chantage, et d’énièmes trahisons et mensonges. Piteux spectacle.

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Mes précédentes notes sur Matzneff : ici

sur Sollers : ici

sur la pédocriminalité (Barbarin, Outreau…) :

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Dimension politique de l’affaire Matzneff

 

Le taxi hier soir en avait gros sur la patate. « Vous avez entendu le discours de Macron ? » Et il a fait un geste du doigt sur sa tête pour dire : « il est cinglé, ils sont cinglés ». Après nous avoir souhaité bonne année, et bon courage en ces temps très durs. Rappelant l’affaire Delevoye : « On est gouvernés par des voleurs, on n’a pas d’autre choix que d’essayer de se mettre à l’abri par tous les moyens, et continuer le combat ». Je résume, mais le gars était très remonté, très révolté, comme tous les gens du peuple comme nous dès qu’on a l’occasion de les entendre parler.

Les gens du peuple, les gens du monde de Macron ne les aiment pas. Les gens du monde de Macron, qui existaient avant que Macron ne soit président, qui existaient quand Macron avait quatorze-quinze ans et avait une « romance », comme ils disent, avec une prof de quarante ans sans que personne ne bouge davantage que lorsque Vanessa Springora, dans les mêmes années, avait aussi à quatorze ans une « romance » avec un écrivain de cinquante ans, qui existaient avant que Macron ne soit né, qui existaient déjà au dix-neuvième siècle, bref, les bourgeois aux affaires, qui dans leur organisation incestueuse ont porté Macron au pouvoir, s’estiment au-dessus des lois, volent et violent en toute impunité et se sentent généreux en se pardonnant les uns les autres alors que les mêmes crimes, quand ils sont commis par des gens de la plèbe, ne leur inspirent que mépris et haine, exprimés à longueur de temps dans les médias que leurs alliés détiennent. Sollers, éditeur de son ami Matzneff contant par le détail ses crimes sur enfants, se répandit en mépris et sarcasmes contre Myriam, l’une des pédocriminels d’Outreau, insistant sur son prénom de femme et d’Arabe, lui faisant porter toute la charge du mal.

C’est que ces gens se prennent pour des anges, voire comme Matzneff pour des archanges, et prennent les hommes et surtout les femmes du peuple pour des diables. Quand Pivot invitait régulièrement Matzneff à Apostrophes, lui conférant ainsi une légitimité et une publicité énormes, il s’agissait toujours de plaisants débats entre gens de bien. Quand Pivot m’invita dans sa même émission, il plaça cette dernière sous le signe du diable.

M. Matzneff a passé sa vie à violer des enfants et à en retirer toutes sortes de soutiens, institutionnels et privés, qui lui ont permis de mener la dolce vita, entre les beaux quartiers de Paris, l’Italie et Manille. Aujourd’hui encore, alors qu’on nous le présente comme un homme dans la misère, il bénéficie, outre la retraite minimum que touchent tant de Français qui contrairement à lui ont trimé sur des chantiers, dans des champs, ou à d’autres tâches qui nous permettent à tous de vivre, d’une allocation de la Société des gens de lettres (argent public) et d’un appartement de la ville de Paris en plein 5e arrondissement ; et il y a quelques mois encore il se vantait dans Le Point qui le paie aussi pour une chronique qu’il utilise volontiers pour défendre ses propres petits intérêts, d’inviter une jeune fille au Fouquet’s pour y manger du homard et y boire ses vins préférés (préférés de lui, pas de la jeune fille, évidemment). Messieurs-dames du monde de Matzneff, si votre protégé (vous fournissait-il en chair fraîche ou seulement en fantasmes ?) est dans la misère, c’est seulement dans la misère humaine que vous partagez avec lui, incapables que vous êtes, comme lui, du moindre début d’empathie avec les enfants qu’il a martyrisés, avec les enfants que certains d’entre eux, une fois adultes, ont dû martyriser à leur tour, avec les enfants que certains de ses lecteurs se sont trouvés autorisés par son prosélytisme à martyriser aussi, dans une chaîne du mal infernale.

Et cependant c’était donc moi, à vos yeux de bourgeois misérables, le diable. Non pas votre ami pédocriminel et parasite de la société, mais moi qui ai toute ma vie travaillé dur pour élever de mon mieux mes quatre enfants, sans les soutiens que se fournissent réciproquement les hommes qui ont fait allégeance à ce monde, moi qui cherchais par mes livres à libérer les femmes et les hommes de l’hypocrisie énorme de votre société, que vous nous imposiez. C’est moi que vous avez empêchée de publier, après que votre ami Sollers s’est reconnu dans le personnage nommé Sad Tod de mon roman Forêt profonde, dont pourtant vous seuls, dans votre petit milieu, pouviez deviner qu’il en était un portrait. Alors que j’ai publié plus de trente livres et de très nombreux articles en vingt ans de travail d’écriture, voilà plus de dix ans que tous les éditeurs me refusent mes manuscrits, que tous les journaux dans lesquels je pouvais écrire refusent désormais tous mes textes. Comment ai-je survécu ? Non pas aux crochets de la société, comme tant d’auteurs du milieu habitués à ramasser des aides publiques versées dans une certaine opacité, mais d’abord en vendant ma maison, puis en passant à soixante ans les concours pour devenir professeur, malgré une santé devenue défaillante (mon corps ayant pris sur lui le cancer qu’on voulait imposer à mon être). J’ai survécu comme le font les gens du peuple dont je suis, en luttant pour rester en vie dignement. Ils ont cru m’éliminer, mais on n’élimine pas la justice. Tremblez, iniques privilégiés, les gens du peuple veulent la justice, et vos quatre vérités n’ont pas fini de vous éclater à la gueule.

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Pour conclure l’année : affaire Matzneff, le consentement au crime des élites

 Screenshot_2019-12-28 christian andreo sur Twitter Formidable révélateur de pourritures cette affaire #matznef Avec une dim[...]*

J’ai lu beaucoup d’auteurs de mon époque, et pas seulement des meilleurs, mais je n’ai jamais lu un seul livre de Gabriel Matzneff. Je savais comme tout le monde qu’il y racontait ses aventures « amoureuses » avec de très jeunes garçons et filles et je n’avais pas envie de lire ça. J’ignorais la teneur exacte de ces récits, dont je découvre des extraits aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Ainsi ce type se vantait, avec tous les honneurs du milieu, de violer des garçons âgés de 8 à 11 ans, en s’amusant qu’ils lui reprochent la brutalité de ses sodomies. Je regrette de n’avoir pas cherché à savoir plus tôt qui il était, au-delà du beau rôle qu’il tâchait de se donner, je regrette d’avoir en quelque sorte préféré éviter cette question dégoûtante, comme on le faisait trop souvent à cette époque. Qu’il soit manifestement un écrivain très médiocre, contrairement à ce qu’il semble croire, les pages qui circulent en ligne le disent assez : ce n’est évidemment pas le plus grave, mais cela révèle d’autant plus l’ignominie de la « mafia » (comme dit Denise Bombardier, blacklistée pendant trente ans par les médias français pour avoir défendu les droits des enfants face à Matzneff et Pivot), mafia qui le soutient depuis des décennies au nom de la littérature ; cette mafia qui se serre les coudes dans les affaires de pédocriminalité comme dans bien d’autres saloperies. Bravo à Vanessa Springora d’avoir mis les pieds dans le plat. Son livre paraît au bon moment pour révéler la puanteur du milieu médiatico-littéraire (qui m’a éliminée pour avoir dénoncé cette puanteur dans mon roman Forêt profonde en 2007). Cette bande de cinglé·e·s impuissant·e·s a sévi beaucoup trop longtemps mais comme on le voit, ils ne l’emporteront pas au paradis.

Pour un type qui n’a rien fait d’autre de sa vie que violer des enfants et se pavaner en le racontant, nulle nécessité de lutter pour sa retraite. Matzneff, au lieu de finir de moisir en prison, bénéficie d’un logement de la Ville de Paris depuis 1994, a reçu 40 000 euros de l’Académie française en 1987 et 3000 en 2009, reçoit une pension de 7500 euros par an (peut-être plus, le montant est secret ! et il peut aller jusqu’à 24 000 euros) de la Société des Gens de lettres, et Le Point, avec ses millions de subventions d’argent public aussi, complète sa rente en lui confiant une chronique (indigente). Le type est publié par Gallimard. Et soutenu encore aujourd’hui par maintes momies de tous âges (31-12-19 : cf Libé et sa chronique immonde sur le droit des adultes à une sexualité libre, et son portrait tout aussi infect de Vanessa Springora par l’un des lécheurs de Matzneff, Luc Le Vaillant), traînant encore dans leur corps, dans leur esprit, la boue de tout ce que le siècle dernier charria d’immonde. Car cette affaire jette un éclairage sur le passé, mais sur un passé qui perdure, qui continue à nuire. En 2013, ce violeur, décoré de la Légion d’honneur, recevait le prix Renaudot Essai pour un livre où il vantait, comme d’habitude, ses crimes. Fin novembre, le site ActuaLitté présentait le livre de Vanessa Springora comme «  l’histoire d’une romance qui dégénère entre une adolescente de 13 ans et un homme d’une cinquantaine d’années ». Une romance ? Depuis le scandale, ils se sont ravisés dans leurs termes, mais leur première appréciation, comme celle de Pivot parlant de « morale », révèle le fond crasseux de ce milieu.

Matzneff maintenant cloué au pilori n’est que l’image infecte, ridicule et pitoyable de ce qu’ils sont – pourris jusqu’à l’os, incapables de seulement sortir de leur conditionnement pour prendre conscience de ce dont aujourd’hui, grâce au travail de dévoilement accompli par des femmes, nous prenons clairement conscience. Incapables de se défaire de ce linge si sale qu’on se glorifiait, en France, de garder en famille (ou même de vanter internationalement, comme pour Macron et sa prof), ce linge si sale qui leur colle à la peau à force de ne l’avoir jamais ni changé ni lavé, ce linge sale qui se confond avec leur peau, leurs yeux qu’ils sont incapables de dessiller.

Matzneff. Ce n’est pas un nom isolé. Loin de là. Les mafieux sont les gens les moins isolés du monde. Citons parmi eux, par exemple, Sartre (qui se vanta aussi d’avoir dépucelé une jeune adolescente à l’hôtel, vite fait, avec beaucoup de dégoût, selon sa manière habituelle). Beauvoir (qui abusa de maintes jeunes filles, pour son propre compte ou pour les livrer à Sartre). Ou, encore de ce monde, les réseaux de BHL et parmi leurs loupiotes rouges Moix ou Angot (31-12-19 : retournage de veste, Angot après avoir, comme Moix, défendu publiquement Matzneff, lui fait maintenant la leçon dans Le Monde, toute honte bue, perpétuant l’entresoi et la lâcheté de cette clique), ceux de Sollers, éditeur de Matzneff, avec sa commère Savigneau (qui continue à soutenir Matzneff) et des dizaines d’autres plumitifs de l’édition et des médias.

Finalement Matzneff est pitoyable. Pitoyable de n’avoir pas été capable d’autre chose que de violer des enfants. Pitoyable de se prendre pour un bon écrivain alors qu’il ne l’est pas. Pitoyable de se croire digne et persécuté alors qu’il est ignoble et persécuteur de petits. Pitoyable de croire qu’il a été aimé, alors qu’il n’a évidemment pu susciter qu’une illusion d’amour. Pitoyable. Et ses complices avec lui. Leur effondrement continue. Très bonne année ! Ce n’est pas un souhait mais un constat, sur l’année qui vient de passer. Et qui annonce une nouvelle bonne année, de nouvelles bonnes années, à faire et voir tomber le vieux monde infect.

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Dystopie « en marche » : l’histoire visible et l’histoire (pour l’instant) invisible

Aujourd'hui à Paris, photo Alina Reyes

Aujourd’hui à Paris, photo Alina Reyes

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Depuis Macron, c’est le bordel. Gilets jaunes, manifestations, grèves… La vie se défend contre les ambitions délirantes de cet homme élu par pirouette, inconnu des Français, qui constatent avec effarement ses manipulations grossières.

La Miviludes, qui faisait un travail salutaire de surveillance des sectes, va être placardisée. M.Macron ne veut pas qu’on fasse d’histoires aux sectes complices de la macronie, qui a elle-même de plus en plus les caractéristiques d’une secte.

M.Macron n’ayant pu, comme il le souhaitait d’abord, se servir de la littérature pour se sembler grand, tente maintenant, faute de littérature, de se servir de l’Histoire pour faire du pays une dystopie qui puisse concurrencer 1984, Le meilleur des mondes et autres La Caverne. Un lieu de cauchemar où la police mutile et tue en toute impunité, où l’on meurt dans les couloirs des hôpitaux, où l’école est chargée de faire des enfants de futurs esclaves, où les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres, où les puissants échappent à la loi pour être toujours plus au service des puissances de l’argent, où les féminicides augmentent dans l’inertie des pouvoirs publics, où les fascismes reprennent du poil de la bête, caressée dans le sens de ce même poil par le président, où la vieillesse aggrave toujours plus les inégalités, où les libertés sont chaque jour combattues par ceux qui sont censés les garantir, où les méfaits de l’étatisme renforcent ceux du libéralisme, où la parole, enfin, est constamment le lieu d’une inversion de la vérité. Telle est la vengeance sur la littérature et sur l’humanité d’un homme que la Littérature a rejeté parce qu’il manquait de vérité.

Lui et ses semblables apprendront que l’Histoire, cette littérature, ne se laisse pas davantage posséder que la Littérature. La vraie vie, elle seule, est puissante.

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Déchirer l’écran

Ces jours-ci au Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

Ces jours-ci au Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

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Je lis les infos et je n’ai plus envie de commenter. Je vois tomber des icônes dont j’avais dénoncé la fausseté quand elles étaient idolâtrées. Je vois advenir des iniquités, des restrictions de liberté, des haines sans retenue, dont je prévenais depuis longtemps. Je vois le résultat de mécanismes que j’avais repérés. Cassandre, un job qui ne paie pas mais se paie. Cher. Raison pour laquelle beaucoup ne le pratiquent que masqués. Ainsi prolifèrent les annonces de mauvais augure. D’après un poète mort, là où croît le péril croît aussi ce qui sauve. Pas toujours, pauvre Hölderlin. Les assassins s’imaginent que tes vers justifient leurs crimes. Où croît le péril croît aussi ce qui tue. Je ne suis pas collapsologue, simplement étudiante et voyante, comme tous les poètes – même s’ils n’ont pas toujours complètement « raison ». Au moins assument-ils leur parole : déchirant ainsi l’écran entre l’humanité et elle-même.

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