« Mes pensées ne sont pas vos pensées »

à l'exposition Ahaé (voir les deux notes précédentes) (les silhouettes sont les reflets des visiteurs)

 

Souvent l’homme croit bien faire parce qu’il voit mal. Parce que même un saint homme n’est pas Dieu. Jean-Paul II a cru bon de fermer les yeux sur la provenance de l’argent qu’il a utilisé « pour la bonne cause », en l’occurrence pour travailler à la chute du communisme. Seulement, le communisme n’étant pas plus longtemps viable, il serait de toutes façons tombé. Peut-être un peu moins vite, mais peut-être de meilleure manière, en ouvrant sur une suite moins heurtée. En définitive, il eût peut-être été meilleur pour le monde de choisir de rejeter cet argent et de « nettoyer » le Vatican et sa banque, car un Vatican assaini eût mieux soutenu, depuis trente ans, l’Église et sa mission d’être pour les hommes un refuge et un phare.

*

Les apparitions de Marie

Église des Templiers à Luz-Saint-Sauveur, photo Alina Reyes

 

J’étais un été à l’église fortifiée de Luz-Saint-Sauveur, dans la chapelle latérale, où parfois un chat roux dort sur les chaises empilées, devant la statue de Marie. À Dieu je ne demande rien, sinon sa bénédiction sur ceux que j’aime. Dieu me donne vie, joie et puissance (pas au sens du monde évidemment), je n’ai rien à lui demander, nous sommes unis comme le cœur et le sang, c’est tout. Mais j’étais venue spécialement voir Marie, pour lui parler d’une question profonde de notre vie et lui demander son aide afin que les choses s’arrangent comme il me semblait bon qu’elles le fassent. Quelques semaines plus tard, c’était fait.

Maintenant je sais que pour tout ce qui concerne notre vie avec nos proches et la vie de nos proches, nous pouvons compter sur son aide puissante. J’en fais de nouveau l’expérience ces jours-ci.

Même si vous ne l’avez jamais fait, allez-y, n’ayez pas peur de lui parler. Elle écoute. Il se peut que nous nous trompions dans ce que nous demandons, mais si nous sommes patients et si nous continuons à chercher à demander le mieux adapté à la situation, elle finit par le faire apparaître. À nos yeux, et aussi en le réalisant dans notre âme et dans celle des personnes concernées, doucement.

 

exactement ce qu’il faut

 

Me tournant vers le visage du Christ scotché sur mon mur, je le vois me sourire, et plaçant deux doigts à mon front je le salue, lui disant, radieuse : « je t’écoute, Capitaine, je te suis ! » Il me sourit dans tout le corps, il est content.

 

manteau de mousse sur le rocher soulevé par le vent, photo Alina Reyes

 

« Mais l’enchevêtrement de ces longs pins abattus [par la tempête], semblables à des baguettes de mikado, crée en une nuit, comme des dés jetés par la main de Dieu ou, qui sait, selon le schéma directeur pensé et exécuté par un autre grand architecte, tout un réseau spontané de barrières, de corrals et de murets qui vient protéger la future vague de trembles et de cèdres prêts à prendre racine au centre de ce labyrinthe de troncs éparpillés, de ce chaos, ou de ce qui apparaît comme tel, trop confus et trop dense pour que même le cerf le plus affamé s’y aventure et atteigne les pousses naissantes des jeunes arbres. C’est ainsi que l’effondrement de l’ancienne pinède et l’érection de barrières qui l’accompagnent fournissent, dans cette abstention même, exactement ce qu’il faut aux cerfs pour assurer leur survie – la future protection de l’épaisse canopée des cèdres adultes en hiver quand les cerfs affaiblis chercheront un abri contre la neige profonde et le froid glacial, et les tendres feuilles de tremble quand les faons de l’été seront en passe de devenir de jeunes adultes et qu’ils seront prêts à dévorer la terre entière. »

Rick Bass, Le journal des cinq saisons

*

Dieu est exact

 

« Ils sont trop verts, dit-il »

photo Alina Reyes

 

Le Monsignore chargé de la « nouvelle évangélisation » commence son prêche à Notre-Dame par une remarque d’aigre misogynie, pour bien rappeler à ces dames que puisqu’elles ne sont pas « sans taches ni rides » elles ne peuvent en aucune manière se comparer à Marie.  Genre, hou la femme c’est sale, pis c’est pas beau ! Si c’est comme ça qu’on compte ramener des hommes (pas si bêtes) et des femmes dans les églises… Moi en tout cas je n’y étais pas. Ceux qui font le mauvais rêve de croire qu’ils vont plier le réel à leur volonté feraient mieux de se réveiller. Le réel c’est le spirituel, il est libre et œuvre pour libérer les hommes, et certainement pas pour s’asservir à eux. C’est tout simplement impossible. Seul est possible le Chemin, la Vérité et la Vie.

*