Al-Kahf

 

Aujourd’hui, vendredi, est le bon jour pour lire la sourate 18, Al-Kahf, La Caverne. J’ai essayé hier d’en traduire quelques versets, mais le dictionnaire n’y suffit pas, il faut que j’étudie la grammaire, ce sera donc pour plus tard. Maintenant je vais écrire un commentaire de ce texte extraordinaire, qu’on peut en attendant lire ICI et écouter .

Les trois images m’ont été inspirées par cette sourate, on peut les voir en grand en cliquant dessus. À tout à l’heure, que la matinée vous soit douce !

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Charlie Hebdo & Co, la dérive infernale


une page de Charlie Hebdo du 22-8-12, cliquer pour voir en grand

D’où vient que, soudain, une jeune fille voilée attira l’attention jusqu’à focaliser sur elle tous les discours ? Elle avait dû entrer en cachant son foulard dans son sac avant de le nouer sur sa tête dans l’Hémicycle. Elle était militante, allumée, ardente, jolie, électronicienne (je crois), membre d’Amnesty International (c’est ce qu’elle disait).

On n’écoutait pas vraiment ses propos confus, mais on ne voyait plus qu’elle. En trente secondes, elle était devenue l’élément érotique de l’Assemblée.

Allait-elle jeter une bombe ? S’immoler par le feu ? Se mettre à prier en public ? Non, elle avait l’air normale.

Mais comment pouvait-elle incarner volontairement une image aussi terrible de la sujétion de la femme ? N’était-elle pas la victime de son père et de ses frères ?

Ne défendait-elle pas, sans s’en rendre compte, la condition atroce de milliers de corps emprisonnés dans l’esclavage, le fanatisme, l’obscurantisme, le terrorisme, l’absence de sport, le refus de la science et du progrès, l’horreur de l’enfermement patriarcal et le respect absurde d’un Dieu meurtrier ? On la huait, mais elle était, à l’évidence, l’objet d’un trouble massif. On avait honte pour elle, mais avec curiosité.

Cachez ce voile que je ne saurais voir, lui disait l’un. « Et s’il me plaît, à moi, d’être voilée ? », semblait-elle répondre comme un personnage inconscient de Molière. Elle était odieuse, bien entendu, mais sympathique, comme tous les opprimés. Bon, ce n’était qu’un début, continuons le débat.

Philippe Sollers dans Le Monde, le 28-6-03

Cachez cette musulmane que je ne saurais voir… De débat, il n’y en eut pas, mais le combat occulte ne faisait que commencer. Il faudrait convoquer Freud pour commenter la névrose hystérique des anti-voile, mais cela ne suffirait pas à empêcher ses implications politiques désastreuses. « L’élément érotique de l’Assemblée » démangeant furieusement ces messieurs-dames les Français bon teint, dont le trouble désir, le « trouble massif », n’allait pas tarder à s’exacerber en furieuse envie de chasser et d’abattre.

L’affaire des caricatures du Prophète de l’islam par Charlie Hebdo a causé un grand scandale parce qu’elle n’est en fait que l’épiphénomène d’une islamophobie et d’un racisme qui se développent profondément et largement dans les esprits, tant parmi le peuple que parmi ses élites intellectuelles, saisies de panique au point d’en perdre la tête. La première énorme manifestation de ce phénomène fut sans doute la publication par Oriana Fallaci, journaliste italienne jusque là fameuse pour ses engagements progressistes, d’un livre extraordinairement nauséabond, par son islamophobie et son racisme délirants. La rage et l’orgueil se vendit très vite à plus d’un million d’exemplaires en Italie. En novembre 2002, lors de sa parution en France, ce livre fut défendu dans Charlie Hebdo par l’un de ses chroniqueurs, Robert Misrahi, qui en fit l’éloge, disant notamment : « Oriana Fallaci fait preuve de courage intellectuel » et « Elle ne proteste pas seulement contre l’islamisme assassin ». L’islam est en croisade contre l’Occident, telle est la thèse de l’ouvrage. On y trouve des phrases aussi nauséabondes que :

Ils se multiplient comme des rats

Il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût. 

leurs braillements Allah akbar-Allah akbar

debout, braves gens, debout ! Réveillez-vous ! Paralysés comme vous l’êtes par la peur d’aller à contre-courant ou de sembler raciste

Cette Europe clownesque et stupide qui fornique avec les pays arabes

Jean-Pierre Thibaudat raconte dans Libération du 10 octobre 2002 que pendant le procès intenté par la Licra, le Mrap et la Ligue des Droits de l’Homme lors de la publication du livre en France (les poursuites furent finalement annulées pour vice de précédure), Me Patrick Baudoin, l’avocat de la LDH, déclara : « C’est un livre qui pratique de bout en bout une politique de l’amalgame», en associant musulmans et extrémistes sous le terme «fils d’Allah». Citant abondamment l’ouvrage, il souligna l’usage d’un certain vocabulaire ­ «horde», «miasmes nauséabonds», l’usage répété du verbe «grouiller» ­ rappelant «la pire des littératures antisémites». Il cita l’un des moments les plus terribles du livre, celui où Oriana Fallaci décrit des Somaliens campant sur l’une des places de Florence. Elle parle des «braillements d’un muezzin», de «la fumée puante», «de leur bouffe», et «pour accompagner tout ça, les dégoûtantes traces d’urine qui profanaient les marbres du baptistère (parbleu ! Ils ont la giclée longue les fils d’Allah)…». De sa voix douce et posée, Me Baudoin ajouta : «Si cela n’est pas une provocation à la discrimination raciale, qu’est-ce qu’il faut écrire ?»

Devant le tollé suscité par le soutien de Charlie Hebdo à ce livre infect, le chroniqueur dut quitter le journal. Mais Oriana Fallaci, porteuse de son discours abject, n’en fut pas moins bienvenue sous de beaux plafonds (Benoît XVI notamment la reçut en 2005), et inspira, jusqu’à sa mort et maintenant encore, bien des intellectuels laïques ou religieux, à Rome, à Paris ou ailleurs. Anciens ou nouveaux compagnons de route d’une mouvance de gauche ou d’extrême-gauche, certains agissent en sous-main et main dans la main avec l’extrême-droite. Ces jours derniers le site web Riposte Laïque, fondé par l’ancien trotskyste Pierre Cassen, et auquel collabore Anne Zelensky, cofondatrice de la Ligue du droit des femmes avec Simone de Beauvoir, clamait : « Oriana Fallaci avait raison ».

Le site utilise d’ailleurs sans cesse un semblable vocabulaire ordurier pour désigner les musulmans. On s’y déclare « résistant » au « fascisme islamique », et comme dans les obsessions de Sollers, on s’y croit à Radio Londres. « Dans la France des années 30 (…) il y avait une hystérie antisémite, comme aujourd’hui il y a une hystérie antiraciste »  écrit Anne Zelensky, volant au secours de Marine Le Pen. Ainsi le temps des idéologies, des faux-semblants et de la falsification, achève-t-il d’enterrer le vrai, pour entrer dans le temps de l’inversion de la vérité : leur hystérie raciste devient dans leur parole fausse une « hystérie anti-raciste » de la société !

Le voile est une opération terroriste. (…) En France, les lycéennes savent que leur voile est taché de sang. (…) Dans nos écoles, question d’honneur, on n’enseigne pas à des élèves en uniforme. Sauf au temps du nazisme, écrivait André Glucksmann dans L’Express le 17 novembre 1994.

Tout aussi lamentable et dans un autre registre, la fantasmatique de ces messieurs puisant dans l’épouvante et la réaction violente, Jacques Julliard écrivait dans Le Nouvel Observateur du 16 septembre 2003 :  Inversez les deux voyelles, et dans voile, vous trouverez viol. En dissimulant ostensiblement le sexe au regard, fût-ce sous la forme symbolique de la chevelure, vous le désignez à l’attention ; en enfermant le corps féminin, vous le condamnez à subir l’effraction. (…) Toutes les coquettes le savent bien aussi, qui font de la comédie de la dissimulation la forme la plus raffinée de l’exhibitionnisme.

D’autres phobiques du voile islamique ne savent avancer que masqués des pieds à la tête. De même que les caricatures ne sont pas toujours celles qui en ont le plus l’air, ni ne viennent toujours d’où elles ont l’air de venir, ni ne vont où elles prétendent aller, les plus « voilées » ne sont pas les porteuses de foulard ni même de burqa. Les plus « voilées » sont les pensées et les actions phobiques d’hommes et de femmes régis par leurs tripes en déroute. « Philippe Sollers use-t-il de ses réseaux pour manipuler l’opinion ? » se demandait L’Express le 1er octobre 2002. Ce qui est certain c’est que les réseaux constitués par de tels « parrains » ou maîtres de l’édition, des médias et de la politique, finissent par constituer un monde assez petit et total, voire totalitaire, où il n’est pas impossible de s’entendre pour monter des manipulations à grande échelle de l’opinion.

Dans un long texte très documenté, intitulé Vendre « le choc des civilisations » à la gauche, paru sur le site Réseau Voltaire le 30 août 2007, Cédric Housez montre que l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo et l’association féministe Prochoix, après s’être donné une identité libertaire et avoir trouvé une audience chez les électeurs de gauche, se sont mués en relais des thèses néoconservatrices du « choc des civilisations ». Cette rapide dérive leur a permis de trouver des soutiens institutionnels et médiatiques tout en conservant une partie de leur lectorat. Ils s’emploient désormais à vendre à gauche les politiques de Washington et de Tel Aviv et à casser le mouvement anti-impérialiste.

Cédric Housez raconte notamment qu’en novembre 2003, Philippe Val n’avait pas supporté qu’un sondage commandé par la Commission européenne établisse que 59 % des citoyens de l’Union européenne estimaient qu’Israël était une menace pour la paix dans le monde . Et reprenant un des pires axes de la propagande sioniste, il accuse les critiques de la politique coloniale israélienne de crypto-négationisme : « Nous arrivons au temps absurde où l’émotion suscitée par une attaque – condamnable – de l’armée israélienne dans une zone palestinienne permet d’ignorer la mémoire des victimes des nazis ». Ne s’agit-il pas là, comme dans le cas du prétendu « délire anti-raciste », d’une autre manipulation de la parole et de la pensée, inversant la vérité en faisant de la victime un bourreau, du bourreau une victime ?

En 2006, Charlie Hebdo publie les caricatures du Prophète parues dans un journal danois. Puis, raconte Mona Chollet, continuant d’exploiter le filon providentiel… [il] publie à grand fracas un « Manifeste des Douze » (hou, hou ! morte de rire !) intitulé « Ensemble contre le totalitarisme islamique » (), signé notamment par Philippe Val, Caroline Fourest (), Salman Rushdie, Taslima Nasreen, et Bernard-Henri Lévy. À propos de ces caricatures danoises, elle rappelle les paroles du journaliste Martin Burcharth : « Nous, Danois, sommes devenus de plus en plus xénophobes. La publication des caricatures a peu de relations avec la volonté de voir émerger un débat sur l’autocensure et la liberté d’expression. Elle ne peut être comprise que dans le climat d’hostilité prégnante à tout ce qui est musulman chez nous. » Il précise aussi, ajoute Mona Chollet, que le quotidien conservateur Jyllands-Posten, qui a fait paraître les caricatures de Mahomet, « avait refusé, il y a quelques années, de publier une caricature montrant le Christ, avec les épines de sa couronne transformées en bombes, s’attaquant à des cliniques pratiquant l’interruption volontaire de grossesse ».

Quant à Philippe Val, dit-elle aussi, le site « PLPL nous apprend qu’en août 2005, un hommage lui a été rendu dans un discours par un dirigeant du MNR de Bruno Mégret : « Les musulmans sentent bien la force de leur nombre, ont un sentiment très fort de leur appartenance à une même communauté et entendent nous imposer leurs valeurs. En ce moment, des signes montrent que nous ne sommes pas seuls à prendre conscience de ce problème. (…) J’ai eu la surprise de retrouver cette idée chez un éditorialiste qui est à l’opposé de ce que nous représentons, Philippe Val, de Charlie Hebdo, dans un numéro d’octobre 2004. »

Et pour en revenir à l’origine névrotique de cette phobie de l’invasion, notons aussi ce passage du texte de Mona Chollet : « Déjà, la déclaration de Luz (attribuée par erreur à Philippe Val) selon laquelle la rédaction de Charlie, dans son choix des caricatures qu’elle allait publier, avait « écarté tout ce qui était mou de la bite », avait mis la puce à l’oreille du blogueur Bernard Lallement : « Toute la tragédie est là. Faire, comme du Viagra, de l’islamophobie un remède à son impuissance, expose aux mêmes effets secondaires indésirables : les troubles de la vue ; sauf, bien sûr, pour le tiroir caisse. »

Ailleurs, Mona Chollet raconte qu’en juin 2008, Caroline Fourest est envoyée par Charlie Hebdo aux Pays-Bas, afin de rencontrer un autre martyr de la liberté d’expression, le caricaturiste Gregorius Nekschot… Nekschot est l’auteur de dessins où l’on voyait, par exemple, un Arabe assis sur un pouf, avec cette bulle :

« Le Coran ne dit pas s’il faut faire quelque chose pour avoir trente ans de chômage et d’allocs. » (…) Ou encore un imam habillé en Père Noël et sodomisant une chèvre, avec pour légende : « Il faut savoir partager les traditions. » Ou encore un imam (à moins que ça ne soit le Prophète Mahomet) sodomisant une fillette voilée – désopilant – ou encore – mort de rire ! – imposant une fellation à la petite Anne Frank…

En novembre 2011, Charlie Hebdo renoue avec le filon de la caricature de Mohammed, qui a l’avantage de faire exploser les ventes et donc de rapporter tout à la fois beaucoup d’argent au journal et beaucoup d’audience à son idéologie sournoise. Et 19 septembre 2012 donc, il récidive. Avant d’en venir à ces dernières caricatures, je suis allée consulter à la bibliothèque de mon quartier les quinze précédents numéros du journal qui s’y trouvent.

C’est dans le numéro daté du 22 août que figure cette page de caricatures glaçantes sur les Roms, en plusieurs tableaux effroyables où ils sont présentés comme des animaux souvent immondes, sans que rien n’indique qu’elle n’est pas à lire au premier degré ni ne permette d’en voir un autre. Un peu plus loin dans le journal, « La fatwa de la semaine » de Charb s’intitule Mort aux Roms ! Tout son texte manie une ironie si sordide et triste qu’on a du mal, là aussi, à y voir autre chose que ce qui y est. C’est vrai, le Rom pue, dit-il. Ou bien : Pourquoi ne les tue-t-on pas, les Roms ? Concluant : Les socialistes et l’UMP respectent la tradition coprophage des Roms, les deux partis ont la même éthique. Je crois que vous serez d’accord, il faut faire du caporal Valls notre Guide suprême afin que de son bras puissant il balaie la crasse Rom jusqu’au Danube. Amen. 

Dans le même numéro, Gérard Biard écrit, et là c’est sans ironie : Il devient urgent de nommer les islamistes modérés pour ce qu’ils sont : des obscurantistes sournois.  En double page centrale, un article sur le projet d’une ville réservée aux femmes en Arabie Saoudite. Un zoo féminin, dit Zineb, qui fait aussi cette remarque purement raciste : Depuis l’invention du zéro, dont les Saoudiens se coiffent toujours fièrement, il s’agira sans doute de la contribution la plus importante des Arabes à l’avancement de l’humanité. S’il mentionne que les Chinois ont déjà eu un même projet, ces derniers trouvent davantage grâce à ces yeux car dans leur ville les femmes auront le droit d’accueillir des hommes « pour des besoins de compagnie ».

À la fin du journal, la série de reportages de l’été, « Mes grandes vacances à Kaboul », est cette fois consacrée à la burqa. L’obsession de l’islam et des Arabes, doublée d’une insistance sur Marine Le Pen, court dans tous ces numéros de l’été. La tonalité « de gauche » du journal est marquée par des articles à caractère social ou écologique, un petit encadré est même réservé chaque semaine à l’association Réfugiés Sans Frontières, qui présente « l’expulsé du mois ». Mais la cause palestinienne, un classique de la gauche, n’est jamais évoquée.

Dans le numéro daté du 14 août, un article sur le porno donne ce titre de film, inventé : Beurettes de ma cité (vas-y, sors ta teub). Dans une BD, on voit deux collègues à attaché-case au café, il fait chaud. Le Blanc commande un demi, l’Arabe ne commande rien car le serveur est arabe aussi et c’est ramadan. Le Blanc insiste, bois quelque chose, mais son collègue arabe transpire de peur devant son coreligionnaire, qui dit : « Nous les muslims faut faire ramadan, c’est comme ça Monsieur. » On se croirait dans Tintin au Congo. La double page centrale s’intitule In bed with Mahomet. Il s’agit d’un reportage, textes et dessins, dans cinq mosquées de Paris pendant le Ramadan. Ramadan n’est pas qu’un mois de soif et de mauvaise haleine, est-il écrit, avant une description ironique des prosternations nocturnes devant Allah.  Page suivante, un reportage de Wolinski à Tunis : Devant la cathédrale, nous sommes soudain entourés par de jeunes femmes voilées brandissant des banderoles et hurlant des slogans à la gloire du ramadan. Des barbus les surveillent. Ma parole, décidément on dirait qu’ils ont tous plus peur des femmes voilées que des barbus !

Dans le numéro du 8 août, Wolinski, déjà à Tunis, raconte : c’est Dieu qui achète cette piété obscurantiste. Puis : Quant au travail on ne s’en soucie pas, l’important c’est de gagner de l’argent sans rien foutre. Dans la série des vacances à Kaboul, le témoignage d’une prostituée locale : Il y a quelques jours un client a voulu me sodomiser, j’ai dit non, il était rouge de rage. J’ai fini par comprendre qu’il ne savait pas que j’avais un autre trou, alors qu’il était marié depuis deux ans. Tandis que chez nous, sans doute, les clients des prostituées sont tous des types parfaitement bien dans leur peau.

Le 18 juillet, la chronique de Cavanna commence ainsi (inutile de vous pincer, je vous garantis que c’est vrai) : Il y a, dans la vie, des choses agaçantes. Par exemple, la disparition des chrétiens. Démonstration faite, il aboutit à : Résultat : il n’y a presque plus de curés en France. Ça ne peut pas durer. Il faut faire quelque chose. Des immigrés ? Les Arabes ne demandent pas mieux, avec quelques petits changements dans les détails… C’est à mettre à l’étude. Il faudra, bien sûr, faire quelques concessions, genre envoyer nos sœurs et nos épouses jouer au foot avec un voile là où ça se met [Toi aussi, Cavanna, le voile ! le ça ! le mettre !] Il y a du symbolique, là-dessous. [le là-dessous !] Mais les Arabes sont-ils beaux joueurs dans la discussion ? [Ne l’ont-ils pas plus grosse que nous ?] Ils vous clouent le bec d’un « Dieu est grand » sans réplique. Ils ne s’emmerdent pas avec des histoires de grand horloger, pas plus que d’œuf et de poule. [Ben voyons, ils sont si bêtes]. Expliquant ensuite que l’athée n’existe que par opposition aux croyants, il conclut : Il nous faut [non, pas des musulmans mais] des curés si nous voulons sauver l’athéisme.

Ah, c’est donc ça, la tactique ? C’est là que j’ai envie de faire une petite pause dans la lecture de tous ces Charlie pour aller nous rafraîchir avec la vraie parole d’Armand Robin, qui dans un livre intitulé La fausse parole, inspiré par les propagandes soviétiques et autres qu’il captait à la radio, écrivait sur ces hommes lamentables qu’on appelle puissants :

Ils n’ont jamais songé à s’emparer du non-pouvoir. Plus ils tombent, plus, comme pour aider absurdement à leur chute, ils s’alourdissent de leur “ eux-mêmes ”; à force de vouloir l’emporter dans les batailles du relatif, ils s’ajoutent l’un à l’autre l’épuisement que représente chaque succès remporté dans l’ordre des apparences. Quand ils perçoivent que de la haine rôde, ils ne conçoivent pas de la détourner sur eux afin de la retirer de la circulation et d’avoir ainsi l’occasion de rompre un enchaînement d’actes mauvais; au contraire, ils se hâtent d’apporter leur mal au mal général. Ils ont oublié que la parole sert à dire le vrai, sont fiers de répondre par des mensonges à d’autres mensonges, créent ainsi partout au-dessus de la planète des univers fantomatiques où même l’authentique, lorsque d’aventure il s’y égare, perd sa qualité; ils sont “ stratégiques ” et “ tactiques ”, expliquent-ils dans leur jargon, ce qui signifie qu’ils ne parlent que par antiparoles; derrière chacun de leurs mots on sent la présence de leurs intérêts de caractère matérialiste, c’est-à-dire la présence du néant. Devant cette sottise, on reste là, comme ça : même les poètes ne happent plus que des souffles accourcis en râles. 

Reprenons. Ce 18 juillet, au-dessous de la susdite chronique de Cavanna, se trouve un article intitulé Ramadan, la fête rasoir des barbus, racontant avec consternation qu’au Maghreb, tout cela n’arrange évidemment pas la saison touristique [tout cela ne nous arrange pas, nous autres Européens, et n’arrange pas non plus nos vacances].

Le 25 juillet – je vous les livre dans l’ordre où ils me sont tombés sous la main – la Une annonce : Non au port du voile aux J.O. Une obsession maladive, je vous dis. Et maladivement raciste. Le dessin représente deux athlètes féminines en train de courir, au stade. L’une est sombre, voilée façon Batman, l’autre blonde. La blonde prévient la voilée : Farida, on voit tes couilles. En effet, elles dépassent de son short. En dernière page, trois autres dessins associent J.O. et islam, comme si c’était le problème de ces Jeux, et le seul. Il est traité aussi en double page centrale, avec l’interview d’Anne Sugier – tiens, une contributrice du site ultra-raciste Riposte Laïque. Le petit monde est petit. En deuxième page, un article ironique appelant à se débarrasser des filles fatigantes en les jetant par la fenêtre (c’est pour moi ?) ; il s’intitule Le nouvel Abraham (en guise de fils, il sacrifie sa fille). Également au sommaire un article intitulé Le retour du grand Turc, ainsi présenté : Entre « printemps arabes » et déchéance européenne. Une association anxieuse entre monde arabe et Europe qui rappelle celle que faisait Oriana Fallaci.

Le 27 juin, en Une : Égypte. Enfin une femme de président qui ne tweete pas. Le dessin la représente en ménagère voilée, en train de faire la vaisselle. En deuxième page la chronique de Bernard Maris : Tout ça pour ça… Tout ça pour voir des barbus arriver en Égypte avec leurs poils sortant du nez, des yeux et des oreilles. Laissez-vous pousser les poils, les hommes, au cas où l’on vous confondrait avec des femmes ! Et cachez bien ceux de vos femelles ! Registre animal, un classique du racisme. Et cette obsession sexuelle, cette hantise de la confusion des sexes. On aurait presque pitié d’eux.

Toujours dans le même numéro, un article ambigu de Paul Klein, citant longuement des portraits très flatteurs de Marine Le Pen parus dans certains journaux américains. Pour conclure, sans démonstration, qu’en fait, contrairement à tout ce qui vient de nous être dit, son parti est « un mouvement fasciste ». Est-ce assez pour contrer cette longue image qui vient de nous être donnée d’une femme de gauche, qui veut seulement défendre ses concitoyens contre la mondialisation ?

Dans le numéro du 4 juillet, le même auteur poursuit sa réflexion. Qu’est-ce que le fascisme ? demande-t-il. Son développement se conclut ainsi : C’est pourquoi les discours « sociaux » de Mme Le Pen n’ont rien d’étonnant : ils ne signifient pas qu’elle est « de gauche », mais que, comme tout dirigeant fasciste digne de ce nom, elle mêle le  mensonge nationaliste à un socialisme frelaté. Et le discours de Charlie Hebdo, ne mêle-t-il pas le mensonge et le frelaté ?

Le 30 mai, en Une, Une taupe au Vatican. C’est le moment des fuites de documents, le pape est représenté avec une taupe qui sort de son habit au niveau de son estomac [mangez, ceci est mon corps ?], voire de son cœur [ceci est mon sang], disant « ça me change des enfants de chœur ». L’irrévérence est prudente et mesurée. Et Charb menteur, qui prétendait l’autre jour que lorsqu’ils avaient représenté le pape enculant une taupe, les chrétiens n’avaient rien dit, eux.  Non ce n’est pas ce qui est représenté, et le dessin n’a aucune commune mesure avec les dessins orduriers réservés à l’islam quelques semaines plus tard.

Le 6 juin en Une un dessin de Cabu : Madonna défie Marine Le Pen. À l’intérieur du journal deux autres dessins de Madonna vs MLP, dont l’un avec Madonna en Jeanne d’Arc. Et un article sur le financement par le roi du Maroc d’une nouvelle mosquée à Blois : Rien n’est trop beau pour la gloire d’Allah, surtout en terre laïque. Le 13 juin en Une revoilà le Front National, avec ce titre : Assemblée. Le FN espère trois sièges. Tiens je n’ai pas fait exprès mais c’est le dernier numéro que j’ai feuilleté (à la fin, j’en avais plus qu’assez, je suis passée vite) et nous voilà justement revenus d’où nous étions partis au début de ce texte : à l’Assemblée. Si j’ai bien compris donc, on préfère y voir des blondes martiales plutôt que des belles voilées. Paul Klein est assez culotté ma foi de dénoncer dans le même numéro « la collusion objective des médias » avec Marine Le Pen.

Et maintenant, comment ne pas admettre que ces « caricatures de Mahomet » parues la semaine dernière sont en fait des insultes politiques adressées aux musulmans, représentés en état d’invalidité puis de soumission. Représentés comme ces messieurs aimeraient qu’ils soient. Et comme ils ne sont pas.

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Pour aller plus loin : La grande illusion, Figures de la fascisation en cours

Sourate 114, An-Nas, « Les hommes »

dans la bibliothèque de la Grande Mosquée de Paris, photo Alina Reyes

 

1 Dis : Je me réfugie en le Seigneur des hommes,

2 Roi des hommes,

3 Dieu des hommes,

4 contre la nuisance du fourbe instigateur, caché derrière les autres,

5 qui souffle le mal dans les cœurs des hommes,

6 qu’il soit d’entre les djinns ou d’entre les hommes.

 

C’est la dernière sourate du Coran, et elle est précédée d’une autre brève sourate en forme d’invocation contre le mal. Comme les autres sourates de la fin du Livre elle fait partie des premières sourates descendues. Je l’ai traduite au plus près, sans pouvoir conserver le magnifique balancement des versets, qui riment tous en arabe. « Caché derrière les autres » (v.4) est le sens premier du mot, je n’ai pas trouvé à le dire autrement, de façon à le faire rimer avec hommes.

Nous avons vu que lors de la première descente, il fut dit d’abord au Prophète : « Lis ». Ici il lui est commandé de dire. C’est une expérience que tout prophète connaît. Nous la trouvons dans l’Ancien Testament bien sûr, et j’ai moi-même connu ce commandement impérieux, qu’on ne peut imaginer si on ne l’a vécu. Il ne s’agit pas de quelque chose comme l’inspiration qui vient au poète, et que je connais aussi bien sûr, mais véritablement de ce verbe dire qui est intimé explicitement et avec une force inouïe, qui vous éjecte littéralement de vous-même. C’est Dieu qui dit à travers vous, vous êtes obligé de le dire. Voilà tout ce qui fait la différence entre une parole poétique et une parole révélée. La parole révélée a une allure poétique aussi, mais elle est beaucoup plus que cela, elle vient d’ailleurs.

En cette sourate, qui est un jaillissement comme toutes les splendides brèves sourates du début de la révélation et de la fin du Livre, Dieu est appelé Seigneur, Roi, Dieu. Il est le repère absolu, et le protecteur. Le verbe qui dit « je me réfugie » signifie d’abord « s’attacher comme la chair à l’os ». Nous retrouvons cette idée d’adhérence exprimée dans les premiers versets descendus.

Être en Dieu est le refuge contre le mal. En arabe la préposition n’est pas contre mais de, comme nous disons « se protéger du mal » ; elle marque mieux la séparation. Nous l’avons vu aussi dans la Genèse (Voyage), Dieu sépare ce qui doit être séparé. De quoi Dieu sépare-t-il le croyant ? Du mal, de la nuisance du fourbe, qu’il vienne de parmi les djinns ou de parmi les hommes. Le mal peut venir des hommes mais Dieu est leur Seigneur, Roi et Dieu, et il a le dernier mot. Le mal peut entrer dans les hommes, mais pas en Dieu. Qui demeure en Lui en est à l’abri. C’est l’ultime sourate du fantastique déploiement qu’est le Coran, sa conclusion. À travers le Livre nous avons appris (nous allons apprendre) à entrer dans la demeure de Dieu, Souverain des univers comme il est dit dans la première sourate, et nous saurons que nous y sommes non seulement protégés du mal des hommes, mais aussi, comme il est ici répété cinq fois en six brefs versets, que nous y sommes des hommes.

*

à suivre

Sourate 96, Al-Alaq, « La foi »

à la Grande Mosquée de Paris, photo Alina Reyes

 

Munie de mon beau dictionnaire, je me risque à une traduction-interprétation des cinq premiers versets descendus, révélés au Prophète dans la grotte de Hirâ.

 

1 Lis ! Au nom de ton Seigneur qui composa,

2 composa l’homme d’une foi.

3 Lis ! Ton Seigneur est le Généreux,

4 qui fendit à la lèvre l’homme par le calame,

5 à l’homme enseigna ce qu’il ne savait pas.

 

Iqra !  Lis ! est le premier mot du Coran descendu, mot apparenté au nom de ce Livre, qui signifie lecture, récitation. Mouhammad ne sait pas lire quand lui est faite cette injonction. Mais ce n’est pas une écriture d’homme qu’il lui est demandé de lire. Lire pour lui va être écouter et dire, retranscrire la parole qui lui descend du ciel. Une parole enchantée, enchantante et à dire comme un chant, le chant qu’elle est. Beaucoup d’assonances en a dans ces cinq premiers versets révélés. Qui ouvrent la lèvre du Prophète afin qu’il parle. La même image se trouve à l’intérieur de l’hébreu, dans l’Ancien Testament, où la langue signifie d’abord la lèvre. Et la prière des Heures chrétienne commence par ces mots : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange ».

Le verbe habituellement traduit par créer dit d’abord : donner une mesure à, composer. Je reprends ce premier sens : Dieu crée en donnant la mesure (du et au monde, de et à l’homme), mesure mathématique et musicale à la fois, composition physique et poétique.

Le mot alaq, qui signifie adhérence ou caillot de sang, je l’interprète par le mot foi parce que, comme je l’ai dit souvent, la foi, c’est adhérer au réel – et le réel, c’est le spirituel. Ce mot alaq donne des variantes de sens à partir du sens d’accrocher. Il peut signifier grumeau de sang (et évoquer une goutte de sperme), et exprimer aussi l’attachement amoureux. En quelque sorte il est possible de comprendre en ce verset que Dieu a créé l’homme par un acte d’amour, un acte par lequel l’homme est destiné à adhérer à Lui, un acte de foi. Je suis consciente qu’il est audacieux de dire que Dieu a fait un acte de foi, mais ce que nous pouvons du moins comprendre c’est que l’homme est homme parce qu’il vient d’une adhérence, parce qu’il devient homme par la foi.

Le même verbe signifiant enseigner est repris aux versets 4 et 5. La première fois, je le traduis par son sens premier : « marquer, distinguer par une marque, par un signe quelconque », et de là « faire à quelqu’un une fissure à la lèvre supérieure ». L’homme est en quelque sorte signé par Dieu, à la manière dont un peintre signe son œuvre. Ainsi Dieu, après nous avoir créé d’une adhérence, après nous avoir scellés à lui, fend le sceau et par cette fissure, sa signature, commence à se révéler.

*

à suivre

Sourate 1, Al Fatiha, L’Ouvrante

Alina Reyes

 

Commençons doucement notre lecture du Coran. Il est encore pour nous, qui venons de la Bible, que nous avons lue en hébreu et en grec (Voyage), une contrée à peu près inconnue. Tel Abraham, nous voici donc en train de quitter notre pays pour aller de nouveau à la rencontre de Dieu, qui toujours veut nous bouleverser de nouveau.

Le mot arabe Coran signifie lire, réciter ; il est apparenté à l’hébreu qara, que nous avons rencontré tant de fois dans l’Ancien Testament, verbe signifiant crier, appeler, nommer, verbe par lequel Dieu appelle et interpelle l’homme, et aussi par lequel Adam nomme les vivants qui lui sont donnés, et encore par lequel les prophètes appellent les hommes à écouter Sa parole.

Écouter. Marie, nous dit l’Évangile, fut bouleversée par l’Annonce de l’ange Gabriel. Le même qui, dans une grotte, vint appeler Mouhammad à lire, ce qui voulait dire aussi à s’apprêter à dire le Coran qui allait descendre du ciel. L’Ouvrante, première sourate de ce livre sacré, ouvre l’oreille du lecteur que nous sommes. Je commence juste à déchiffrer l’écriture arabe, je ne sais encore rien de cette langue, mais en entendant les mots Al Fatiha, je pense à celui que prononça Jésus, sans doute apparenté, dans une autre langue sémitique : Effata. « Ouvre-toi » (c’était l’objet de ma dernière image).

Les sept versets de cette sourate, que Mouhammad a nommée dans des hadiths « la mère du livre », résument tout le Coran, dit-on. Nous aurons l’occasion d’y revenir. Pour aujourd’hui, laissons-les résonner autant qu’il se peut à partir de leur traduction, forcément incomplète mais qui n’empêche pas de voir le mouvement de l’Esprit dans la lettre ouvrir notre cœur de l’Un, qui est Miséricorde, au multiple des mondes dont il est roi, de la source à la fin de notre être, et de l’infiniment grand à l’infiniment proche, proche du secret de notre cœur où Lui seul distingue ce qui est bon de ce qui ne l’est pas, Lui le seul que nous adorons et qui par là peut nous sauver en nous conduisant sur la juste voie.

 

1. Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

2. Louange à Allah, Seigneur de l’univers.

3. Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

4. Maître du Jour de la rétribution.

5. C’est Toi [Seul] que nous adorons, et c’est Toi [Seul] dont nous implorons secours.

6. Guide-nous dans le droit chemin,

7. Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.

*

à suivre

Sourate 18, Al Khaf, La Caverne

 

Voici le texte en français de la sourate Al Khaf, La Caverne. Entre autres pour mieux comprendre cette image que je reposte plus bas, avec la caverne et le chien,  mais aussi le poisson, et les trois personnages, qui peuvent aussi bien être, sur cette image, trois « dormants » de la caverne réveillés, ou comme dans la troisième histoire de la sourate Moïse, son compagnon et l’inconnu trouvé en revenant à l’endroit où ils ont perdu le poisson, lequel retourne librement à la mer, « par une voie souterraine », selon la traduction de Kasimirski (poche GF Flammarion).

Bien entendu le texte est à entendre dans l’esprit, et non pas à prendre à la lettre. C’est un texte qui parle de jugement de Dieu et de résurrection. Il est venu à Mohammed en réponse à des questions qui lui étaient posées par des polythéistes qui doutaient de sa qualité de prophète. Je pourrais écrire tout un livre sur ce texte, je le ferai peut-être quand j’aurai appris l’arabe, tant il est riche et magnifique. J’ajouterai seulement ici qu’à mon sens il nous faut comprendre, chrétiens et musulmans, que le Christ et le Coran sont de Dieu parce que tous deux, l’un par sa divine humanité, l’autre par sa divine beauté, ne peuvent pas venir de l’homme, ne peuvent venir que de Dieu. De façon unique, comme Dieu l’est. Et veut que nous soyons unis en Lui.

 

  • Alina Reyes (cliquer pour voir en grand)

 

18. Sourate de la Caverne (Al-Kahf)

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.

[1] Louange à Dieu qui a révélé à Son Serviteur le Coran, sans y introduire le moindre détour, [2] faisant de lui un Livre d’une parfaite droiture, afin de mettre les hommes en garde contre Ses terribles rigueurs et d’annoncer aux croyants qui font le bien une belle récompense [3] dont ils auront une jouissance éternelle ; [4] et afin aussi d’avertir ceux qui prêtent à Dieu une progéniture,
[5] alors qu’ils n’en ont aucune preuve, pas plus que n’en avaient leurs pères. Quel monstrueux blasphème et quel horrible mensonge ! [6] Tu vas peut-être te consumer de chagrin parce qu’ils se détournent de toi et refusent de croire à ce message !
[7] En vérité, Nous avons fait de ce qui existe sur la Terre une parure pour elle, afin de mettre à l’épreuve les hommes et reconnaître ceux d’entre eux qui effectuent les œuvres les plus salutaires. [8] Puis Nous transformerons tout ce décor en sol aride et en poussière.
[9] Vas-tu penser que les hommes de la caverne, dont l’histoire est gravée sur l’épitaphe , constituent un de Nos signes les plus étonnants? [10] Lorsque ces jeunes gens se réfugièrent dans cette caverne, ils firent cette prière : «Seigneur ! Assiste-nous par un effet de Ta grâce et fais que notre conduite soit conforme à la rectitude !» [11] Nous les plongeâmes alors dans un profond sommeil, dans la caverne, de longues années durant. [12] Puis Nous les réveillâmes pour savoir lequel des deux partis saurait évaluer le mieux la durée exacte de leur séjour.
[13] Nous allons te raconter leur récit en toute vérité. C’étaient des jeunes gens qui croyaient en leur Seigneur et que Nous avions fortifiés dans la bonne voie. [14] Nous avions raffermi leurs cœurs lorsqu’ils s’étaient levés pour proclamer : «Notre Dieu est le Seigneur des Cieux et de la Terre ! Jamais nous n’invoquerons une autre divinité que Lui, sans quoi nous commettrions la pire des iniquités ! [15] Ces gens-là, qui sont des nôtres, ont adopté des divinités en dehors de Dieu. Si seulement ils pouvaient justifier ce culte par une preuve évidente ! Qui donc est plus injuste que celui qui invente des mensonges contre Dieu?»
[16] «Maintenant, se dirent-ils, que vous les avez fuis, eux et ce qu’ils adorent en dehors de Dieu, réfugiez-vous dans la caverne. Dieu étendra sur vous les effets de Sa miséricorde et apportera une amélioration à votre sort.»
[17] Tu aurais vu alors le soleil à son lever obliquer à droite de leur caverne, et passer à gauche au moment de se coucher, tandis qu’ils dormaient dans un endroit spacieux de la caverne. C’est là un des signes de la puissance de Dieu. Seul celui que Dieu dirige est dans la bonne voie ; mais celui qu’Il égare, tu ne trouveras personne pour le protéger ni le guider. [18] Et à les voir, tu aurais cru qu’ils étaient éveillés alors qu’en réalité ils dormaient. Nous les retournions tantôt à droite, tantôt à gauche, pendant que leur chien était couché à l’entrée, les pattes allongées. Si tu les avais vus dans cet état, tu aurais certainement pris la fuite, le cœur rempli de crainte.
[19] Nous les avons ensuite réveillés pour leur permettre de s’interroger mutuellement. C’est ainsi que l’un d’eux demanda : «Combien de temps sommes-nous restés ici?» – «Peut-être un jour ou même moins encore», répondirent d’autres. Puis ils reprirent : «Dieu le sait mieux que nous. Envoyez plutôt l’un de vous à la ville avec l’argent que voici, pour qu’il cherche l’aliment le plus pur et qu’il vous en apporte de quoi vous nourrir. Qu’il agisse avec tact pour ne révéler à personne votre retraite, [20] car s’ils vous découvraient, ils vous lapideraient ou vous ramèneraient à leur culte, et vous ne parviendriez alors plus jamais à la félicité.»
[21] C’est ainsi que Nous avons fait connaître leur retraite pour bien montrer aux habitants de la cité que les promesses de Dieu s’accomplissent toujours et que la résurrection ne fait pas l’ombre d’un doute. Une dispute s’engagea alors à leur sujet, entre les gens de la cité. «Murons-les sous une maçonnerie, de manière que seul leur Seigneur soit au courant de leur mystère», dirent quelques-uns. Mais ceux dont l’avis l’emporta furent ceux qui dirent : «Élevons au-dessus d’eux un sanctuaire !» [22] On disputera aussi sur leur nombre. «Ils étaient trois, leur chien étant le quatrième», diront les uns. «Ils étaient cinq, et leur chien le sixième», diront d’autres en conjecturant sur leur mystère. «Ils étaient sept, et leur chien le huitième», affirmeront d’autres encore. Dis-leur : «Mon Seigneur est le mieux Informé de leur nombre, mais il n’en est que peu qui le savent.» Ne pousse pas trop loin la discussion à leur sujet et ne prends l’avis de personne à cet égard.
[23] Ne dis jamais à propos d’une chose : «Certes, je ferai cela demain», [24] sans ajouter : «Si Dieu le veut !» Invoque Ton Seigneur, s’il t’arrive d’oublier, et dis : «Plaise à mon Seigneur de me guider vers le chemin de la rectitude !»
[25] Or, ils demeurèrent dans leur caverne trois cents ans, auxquels s’en ajoutèrent neuf. [26] Dis : «Dieu est le mieux Informé du temps qu’ils y ont passé, car Il détient le mystère des Cieux et de la Terre. Et nul n’entend ni ne voit mieux que Lui ! Les hommes n’ont point d’autre protecteur que Lui, car Il n’associe personne à Son autorité.» [27] Récite ce qui t’a été révélé du Livre de ton Seigneur, dont nul ne saurait altérer les paroles et en dehors de qui tu ne saurais trouver de refuge.
[28] Fais preuve de patience en compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur, matin et soir, recherchant Sa satisfaction ! Ne les quitte pas pour courir après les plaisirs de ce monde ! N’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre rappel, qui suit ses passions et se complaît dans ses excès ! [29] Dis : «La Vérité émane de votre Seigneur. Croira qui voudra et niera qui voudra !» Nous avons préparé pour les injustes un Feu dont les flammes les cerneront de toutes parts. S’ils demandent à boire, on leur servira un liquide bouillant, semblable à un métal en fusion qui leur brûlera le visage. Quel détestable breuvage et quel lugubre séjour ! [30] Ceux qui auront cru et qui auront accompli des œuvres pies sauront que Nous ne laissons jamais perdre la récompense de celui qui fait le bien. [31] À ceux-là sont réservés les jardins d’Éden, où coulent des ruisseaux et où ils seront parés de bracelets d’or, vêtus d’habits verts de soie et de brocard, et accoudés sur des divans. Quelle belle récompense et quel magnifique séjour !
[32] Propose-leur la parabole de deux hommes. À l’un d’eux Nous avons donné deux jardins plantés de vignes que Nous avons entourés de palmiers et séparés par des champs ensemencés. [33] Les deux jardins produisaient de bonnes récoltes, sans la moindre défaillance, d’autant plus que Nous avions fait surgir un ruisseau entre eux. [34] Il récolta donc ses fruits et dit, au cours d’une conversation à son compagnon : «Je suis plus riche que toi et plus puissant aussi grâce à mon clan.»
[35] Il entra dans son jardin et se fit tort à lui-même en disant : «Je ne pense pas que ce jardin puisse jamais dépérir ; [36] et je ne crois pas que l’Heure du Jugement dernier puisse sonner un jour. Et si, ma foi, je dois retourner à mon Seigneur, j’aurai certainement un sort bien meilleur !» [37] Son compagnon qui conversait avec lui répliqua : «Aurais-tu renié Celui qui t’a créé de poussière, puis de sperme et qui, ensuite, t’a donné ta forme humaine? [38] Pour moi, c’est Dieu qui est mon Seigneur auquel je n’associe personne. [39] Que n’as-tu dit en entrant dans ton jardin : “Telle est la volonté de Dieu ! Il n’y a de puissance qu’en Dieu !” Et si tu vois que je suis moins pourvu que toi en biens et en enfants, [40] il se peut que mon Seigneur me donne quelque chose de meilleur que ton jardin et qu’Il envoie sur ce dernier une calamité du ciel, qui le réduise en terrain stérile ; [41] ou que l’eau qui l’arrose tarisse sans que tu puisses jamais la retrouver.»
[42] Or, sa récolte fut détruite et il ne lui restait plus qu’à se tordre les mains de regret, en pensant à toutes les dépenses qu’il avait effectuées et en se lamentant sur ses treilles complètement ravagées. «Plût à Dieu, gémissait-il, que je n’eusse jamais donné d’associés à mon Seigneur !» [43] Et il ne trouva aucun parti pour le secourir contre Dieu, pas plus qu’il ne put se secourir lui-même, [44] car, en pareil cas, la souveraine protection n’appartient qu’à Dieu qui est la Vérité suprême, et qui accorde la meilleure récompense et assure la fin la plus heureuse.
[45] Propose-leur encore la parabole de la vie en ce bas monde. Elle est semblable à cette eau que Nous faisons descendre du ciel, et dont les plantes s’imprègnent un instant pour se transformer ensuite en chaume à la merci des vents, car la puissance de Dieu n’a point de limite.
[46] Richesses et enfants ne sont que la parure de la vie de ce monde, tandis que les bonnes œuvres qui perdurent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et suscitent dans le cœur des fidèles une belle espérance.
[47] Le jour où Nous mettrons les montagnes en mouvement et où la terre sera tout aplanie, Nous rassemblerons les hommes sans en omettre aucun. [48] Et ils seront présentés en rangs devant ton Seigneur qui leur dira : «Vous voilà revenus à Nous tels que Nous vous avons créés pour la première fois ! Pourtant vous prétendiez que jamais ce rendez-vous n’aurait lieu !» [49] Et quand le registre sera déposé, tu verras alors les coupables saisis de frayeur par son libellé. «Malheur à nous !, s’écrieront-ils. Qu’a donc ce registre à n’omettre ni péché véniel ni péché capital sans les porter à notre compte?» Et c’est ainsi qu’ils se retrouveront en présence de toutes leurs œuvres, car ton Seigneur ne fait jamais de tort à personne.
[50] Rappelle-toi lorsque Nous avons dit aux anges : «Prosternez-vous devant Adam !» Ils se sont tous prosternés à l’exception de Satan, qui était du nombre des djinns et qui refusa d’obéir à l’ordre de son Seigneur. Allez-vous le prendre, ainsi que sa descendance, pour maître en dehors de Moi, alors qu’ils sont vos ennemis mortels? Quel détestable échange pour les pervers !
[51] Je ne les ai pas pris pour témoins lors de la création des Cieux et de la Terre ni lors de leur propre création, car Je n’ai jamais fait appel au concours des corrupteurs ! [52] Un jour, Dieu dira aux infidèles : «Appelez à votre secours ceux que vous prétendiez être Mes associés !» Et ils les invoqueront, mais ils ne recevront d’eux aucune réponse, car entre les uns et les autres Nous aurons ouvert un abîme. [53] Et en voyant le Feu, les négateurs auront la certitude qu’ils y seront précipités sans trouver aucun moyen d’y échapper.
[54] Nous avons proposé dans ce Coran toutes sortes d’exemples à l’intention des hommes, mais la controverse reste leur passion dominante. [55] Qu’est-ce donc qui les empêche de croire, alors que la bonne voie leur est tracée, et de demander pardon à leur Seigneur? Attendent-ils de subir le sort de leurs aînés ou que le châtiment vienne les frapper de plein fouet?
[56] Nous n’envoyons les prophètes que pour annoncer la bonne nouvelle et avertir, pendant que les négateurs s’emploient à combattre la Vérité avec de faux arguments et à tourner en dérision Nos signes et Nos avertissements. [57] Qui est plus injuste que celui qui tourne le dos aux signes de son Seigneur, quand ils lui sont rappelés, et qui va même jusqu’à oublier ses propres péchés? Nous avons placé des voiles épais sur leurs cœurs pour les empêcher de comprendre, et Nous les avons rendus durs d’oreille, si bien que tu auras beau les appeler à la bonne voie, jamais ils ne sauront se guider. [58] Et si ton Seigneur, l’Indulgent, le Clément, voulait les punir selon leurs œuvres, Il hâterait certainement leur châtiment. Mais un rendez-vous, pour cela, leur a été fixé et ils ne trouveront aucun moyen pour s’y soustraire.
[59] Rappelle-toi ces cités que Nous avons anéanties en raison de leurs iniquités, après avoir fixé le moment de leur destruction !
[60] Rappelle-toi quand Moïse dit à son valet : «Je ne cesserai de marcher que lorsque j’aurai atteint le confluent des deux mers, dussé-je y mettre des années !» [61] Mais lorsqu’ils eurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui retrouva librement son chemin vers la mer.
[62] Et lorsqu’ils eurent dépassé cet endroit, Moïse dit à son valet : «Apporte-nous notre repas, cette étape nous a durement éprouvés.» [63] – «Te souviens-tu, lui dit le valet, lorsque nous nous sommes abrités près du rocher? Eh bien, c’est là où je n’ai plus prêté attention au poisson, et c’est certainement le démon qui m’a empêché de m’en rappeler. C’est alors que le poisson a repris miraculeusement son chemin vers la mer !» [64] – «Eh bien ! C’est justement ce que nous cherchions !», repartit Moïse. Et ils retournèrent sur leurs pas.
[65] Ils rencontrèrent un de Nos serviteurs qui avait été touché par Notre grâce et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Notre part. [66] Moïse lui dit : «Puis-je te suivre pour que tu m’enseignes un peu de la sagesse à laquelle tu as été initié?» [67] – «Tu n’aurais jamais assez de patience, répondit l’inconnu, pour rester en ma compagnie, [68] car comment pourrais-tu assister, sans manifester ta curiosité, à des choses dont tu ne saisiras pas le sens?» [69] Moïse lui répondit : «Tu trouveras, s’il plaît à Dieu, en moi un homme toujours patient, et je ne te désobéirai point.» [70] – «Eh bien, dit le personnage, si tu me suis, ne m’interroge sur rien ! Attends que je t’en parle le premier !»
[71] Ils partirent donc ensemble et montèrent à bord d’un navire, sur le flanc duquel l’inconnu s’empressa de pratiquer une brèche. «Pourquoi, s’écria Moïse, y as-tu pratiqué cette brèche? Est-ce pour en noyer les passagers? En vérité, c’est un acte abominable que tu viens de commettre !» [72] – «Ne t’avais-je pas dit, rétorqua l’inconnu, que tu n’aurais jamais assez de patience pour rester avec moi?» [73] – «Ne me blâme pas trop, reprit Moïse, pour mon oubli et ne me soumets pas à une trop dure épreuve !» [74] Puis ils reprirent ensemble leur route et firent la rencontre d’un jeune homme que l’inconnu ne tarda pas à mettre à mort. «Quoi?, s’indigna Moïse. N’as-tu pas tué là un être innocent qui, lui, n’a tué personne? Ne viens-tu pas de commettre une chose affreuse?»
[75] – «Ne t’avais-je pas averti, dit l’étranger, que tu n’aurais pas assez de patience pour supporter ma compagnie?» [76] – «Si je te questionne encore sur quoi que ce soit, dit Moïse, tu auras le droit de me priver de ta compagnie. Tu n’as été, en vérité, que trop patient avec moi !» [77] Puis ils se remirent en route et, arrivés près d’une cité, ils demandèrent l’hospitalité aux habitants qui la leur refusèrent. Après quoi, ils aperçurent un mur qui menaçait de s’écrouler. L’inconnu s’empressa alors de le redresser. «Tu pourrais, lui dit Moïse, si tu le voulais, réclamer un salaire pour ce travail?» [78] – «Voilà le moment venu de notre séparation, repartit l’étrange personnage. Je vais cependant t’éclairer sur la signification des choses que tu as été impatient de savoir. [79] Pour ce qui est de la barque, elle appartenait à de pauvres gens qui travaillaient en mer. J’ai voulu lui donner l’apparence d’être défectueuse, parce que derrière eux il y avait un roi qui s’emparait de toute embarcation et l’usurpait. [80] Quant au jeune homme, il avait pour père et mère deux bons croyants. Nous eûmes peur qu’il ne les entraînât dans sa rébellion et son impiété, [81] et nous voulûmes que leur Seigneur leur donnât à sa place un fils plus vertueux et plus affectueux. [82] Pour ce qui est du mur, il appartenait à deux orphelins de la ville, et il recelait à sa base un trésor qui leur revenait. Comme leur père était un homme vertueux, le Seigneur, dans Sa bonté, a voulu qu’ils ne pussent le déterrer qu’à leur majorité. Je n’ai donc rien fait de mon propre chef. Voilà toute l’explication que tu n’as pas eu la patience d’attendre !»
[83] À ceux qui t’interrogent au sujet de Dhû-l-Qarnayn, réponds : «Je vais vous en narrer quelques faits mémorables qui méritent d’être rappelés.»
[84] Nous avons consolidé sa puissance sur Terre et Nous l’avons favorisé dans tous ses projets. [85] Et aussitôt il entreprit une première expédition qui dura [86] jusqu’à ce qu’il eût atteint le point le plus extrême de l’Occident. Là, il vit que le soleil se couchait sur une source bouillante aux bords de laquelle vivait une peuplade. Nous lui dîmes : «Ô Dhû-l-Qarnayn ! Libre à toi de les châtier ou de les traiter avec bienveillance !» [87] – «Celui qui est injuste, dit-il, nous le châtierons. Après quoi, il sera ramené à son Seigneur qui lui infligera un châtiment des plus sévères. [88] Quant à celui qui croit et pratique le bien, une très belle récompense lui est réservée et nous ne lui donnerons que des ordres faciles à exécuter.»
[89] Puis il suivit une autre voie, [90] jusqu’à ce qu’il eût atteint le point le plus extrême de l’Orient. Là, il vit que le soleil se levait sur une peuplade à laquelle Nous n’avions donné aucun abri pour s’en protéger. [91] Et il en fut ainsi. Nous embrassions de Notre science tous les moyens dont il disposait.
[92] Puis il suivit un autre itinéraire, [93] jusqu’à ce qu’il eût atteint une gorge formée par deux chaînes de montagnes, en deçà de laquelle il découvrit une peuplade qui comprenait à peine le langage humain. [94] Cette peuplade lui dit : «Ô Dhû-l-Qarnayn ! Les Yâjûj et les Mâjûj dévastent notre territoire. Acceptes-tu, contre tribut, de construire une digue entre eux et nous?» [95] – «La puissance que Dieu m’a conférée est bien meilleure que ce que vous me proposez, dit-il. Aidez-moi de toutes vos forces et je construirai un remblai entre eux et vous. [96] Apportez-moi des blocs de fer.» Puis, quand il en eut comblé l’espace compris entre les deux monts, il ajouta : «Soufflez !» Et quand le métal fut fondu, il ordonna : «Versez maintenant, par-dessus, de l’airain en fusion.» [97] Depuis lors, les Yâjûj et les Mâjûj ne purent plus ni escalader l’obstacle ni le transpercer.
[98] «Cet obstacle, dit-il, est une miséricorde émanant de mon Seigneur. Mais, quand Dieu accomplira Sa promesse, Il le réduira en poussière, car la promesse de Dieu est infaillible.»
[99] Ce jour-là, Nous laisserons les hommes déferler les uns sur les autres. Puis la Trompette sonnera et ils seront tous rassemblés. [100] Et ce jour-là, la Géhenne, dans toute son horreur, sera présentée aux négateurs, [101] dont les yeux demeuraient voilés pour ne pas voir Mes signes et dont les oreilles refusaient d’entendre Mes avertissements. [102] Les incrédules s’imaginent-ils donc pouvoir prendre Mes serviteurs pour maîtres en dehors de Moi? Nous réservons aux incrédules la Géhenne pour séjour.
[103] Dis : «Voulez-vous que nous vous fassions connaître ceux dont les œuvres sont les plus vouées à l’échec ; [104] ceux dont les efforts, dans cette vie, s’en vont en pure perte, et qui croient cependant bien agir?» [105] Ce sont ceux qui nient les signes de leur Seigneur ainsi que leur comparution devant Lui. Les œuvres de ces gens-là n’auront aucune valeur et ne pèseront pas lourd dans la vie future. [106] Et c’est l’Enfer qui sera leur rétribution, pour avoir rejeté la foi et tourné en dérision Mes signes et Mes prophètes ; [107] tandis que ceux qui croient et font des œuvres pies auront, pour séjour, les jardins du Paradis, [108] où ils demeureront éternellement, sans jamais désirer aucun changement.
[109] Dis : «Si la mer se changeait en encre pour transcrire les paroles de mon Seigneur, la mer serait assurément tarie avant que ne soient épuisées les paroles divines, dussions-nous y ajouter une quantité d’encre égale à la première.»
[110] Dis : «Je ne suis qu’un être humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu Unique. Que celui qui espère donc rencontrer son Seigneur accomplisse de bonnes actions et Lui voue son adoration sans jamais Lui associer personne !»

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