Exode et Ramadan

 

« Qui suis-je ? », demande à Dieu Moïse. « Je suis avec toi », lui répond Dieu, déplaçant le je (Exode 3, 11-12). Dieu est « Je suis », Moïse est celui avec qui Dieu est. Voici l’Alliance, valable pour tous les prophètes qui traversent le temps par mon corps et mon sang, tous les prophètes jusqu’à, très vivement, Mohammed. Tel est l’être de tout croyant.

Ramadan est le temps de l’exode du je humain. Le temps où l’homme est privé de nourriture et de boisson durant toute la traversée du jour, le temps où il est privé de lui-même à travers cette privation, dans laquelle il peut entendre cette réponse de Dieu : « Je suis avec toi ».

Merci Seigneur pour Ta présence. Préserve-nous de nous goinfrer de nous-mêmes, le soir venu. À la fin de la nuit la manne tombera et à chaque jour elle suffira, comme Tu suffis.

 

Dialogue du salut. En lisant « L’Islam et l’Occident », de Michel Lelong


Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

« Quand on parle de la religion musulmane, en Occident, on pense trop exclusivement à tel ou tel de ses porte-parole dont parlent nos journaux et nos télévisions, mais on oublie que l’islam c’est d’abord et surtout ces centaines de millions d’hommes et de femmes, jeunes et adultes, intellectuels, ouvriers et paysans, pour lesquels le message coranique constitue le fondement des valeurs éthiques, la lumière de leur vie, et la source de l’espérance au-delà de la mort. (…) au-delà de la politique, la communauté musulmane d’est aussi et d’abord des hommes et des femmes qui croient et qui prient, en s’efforçant de vivre les valeurs dont parle le Coran : équité, patience et miséricorde. »

Michel Lelong, L’Islam et l’Occident, éd. Albin Michel

Le P. Lelong cite aussi ces paroles du général de Gaulle (rapportées dans Le Monde en 1972) :

« Voyez-vous, il y a de l’autre côté de la Méditerranée, les pays en voie de développement, et il y a aussi chez eux une civilisation, une culture, un humanisme, un sens des rapports humains que nous avons tendance à perdre dans nos sociétés industrialisées et qu’un jour nous serons probablement très contents de retrouver chez eux. Eux et nous, chacun à notre rythme, avec nos possibilités et notre génie, nous avançons vers la société industrielle. Mais si nous voulons, autour de la Méditerranée, accoucheuses de grandes civilisations, construire une civilisation industrielle qui ne passe pas par le modèle américain et dans lequel l’homme serait une fin et non un moyen, alors il faut que nos cultures s’ouvrent très largement l’une à l’autre. »

Ce livre publié en 1982 reste tout à fait pertinent aujourd’hui, avec ses rappels historiques et ses analyses sur les trois religions abrahamiques et leurs relations. Le père Lelong, artisan de toujours du dialogue inter-religieux, ayant vécu vingt ans en terres d’islam possède aussi une connaissance approfondie des hommes et des croyants de ces religions, de leurs rapports qui ne sont pas aussi simples qu’on ne les présente en Occident. Il sait montrer les atouts des uns et des autres, et aussi leurs manquements, de chaque côté de la Méditerranée. Sans oublier de rappeler la grande richesse et la grande diversité de l’islam, notamment asiatique et africain.

« Juifs et musulmans ont un sens de l’obéissance à la Volonté de Dieu, de la communauté, de l’hospitalité et de la fraternité, on pourrait dire aussi un sens du corps, de la nourriture et de la terre, que nous avons tort de méconnaître et qui peuvent être un remède à nos propres insuffisances ou excès. »

Inciter à la rencontre et à la paix par et pour la connaissance réciproque, tel est l’objectif de ce livre qui devrait être lu de nouveau aujourd’hui. Pour développer encore ce que le cardinal Duval, archevêque d’Alger, appelait  le « dialogue du salut », grâce auquel, dans une « atmosphère de respect et d’amitié », les hommes « peuvent s’aider les uns les autres à répondre aux desseins de Dieu et à lutter contre le péché, c’est-à-dire tout ce qui, dans les manifestations de la vie tant individuelle que collective, est un obstacle au plan de Dieu. »

M. Lelong cite aussi Mohamed Talbi, lequel se référant au Coran qui « accepte et respecte la diversité » appelle l’islam à « défendre le droit à la différence », et écrit à propos des religions : « Leurs empires réciproques, aux limites si longtemps figées, s’écroulent de l’intérieur et de l’extérieur ; le mouvement a remplacé l’immobilité ; les frontières bougent ; quelque chose de nouveau est en gestation ; et dans le plan de Dieu, cela ne peut pas être, en définitive, un mal. (…) Enfin, et de toute façon, l’homme qui est habité par la foi sait que la vie terrestre n’est pas éternelle. Après cette mutation suprême qu’est la mort, sous une forme supérieure, la vie continuera pour l’individu ; elle continuera aussi, après la disparition de notre support terrrestre, pour l’espèce entière dans la plénitude de la vision du visage de Dieu. Cela, en principe, devrait suffire pour nous inspirer modération, sagesse et une confiance infinie en Dieu et en l’homme. »

Il peut paraître que depuis plus de trente ans que ces paroles ont été écrites, la situation n’a pourtant pas évolué, sinon vers le pire. Mais plus de trente ans sont beaucoup (l’âge du Christ) et peu dans le temps de Dieu, et les puissantes ressources spirituelles et humaines dont témoigne cet ouvrage humble et clair permettent de dépasser les apparences et de rendre plus vivante que jamais l’espérance, pour, comme le conclut Michel Lelong, « la liberté spirituelle de l’homme et la paix entre les peuples ».

 

Mes lectures du jour

 

« Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta vie pauvre, sois patient ;
car l’or est vérifié par le feu, et les hommes agréables à Dieu, par le creuset de la pauvreté. »

Siracide 2, 4-5

 

 » [29] Dis-leur : «Mon Seigneur ordonne l’équité, comme Il vous ordonne de vous adresser exclusivement à Lui dans chaque prière, et de L’invoquer toujours d’une foi pure et sincère, car, de même qu’Il vous a créés pour la première fois, Il vous ressuscitera pour vous ramener tous à Lui, [30] aussi bien ceux qu’Il a mis sur la bonne voie que ceux qui ont mérité d’être égarés, pour avoir pris, en dehors de Dieu, les démons pour maîtres et alliés, pensant qu’ils étaient bien guidés.»
[31] Ô fils d’Adam ! Mettez vos plus beaux habits à chaque prière ! Mangez et buvez en évitant tout excès ! Dieu n’aime pas les outranciers.
[32] Dis : «Qui a déclaré illicites les parures et les mets succulents dont Dieu a gratifié Ses serviteurs?» Réponds : «Ils sont destinés en cette vie aux croyants et ils seront leur apanage dans la vie future.» C’est ainsi que Nous exposons clairement Nos signes à des gens qui comprennent. [33] Dis encore : «Mon Seigneur a interdit seulement les turpitudes apparentes ou occultes, le mal et toute violence injustifiée ; de même qu’Il a interdit de Lui prêter des associés qu’Il n’a jamais accrédités et de dire de Lui des choses dont vous n’avez aucune connaissance.»
[34] À chaque communauté humaine un terme est fixé ; et quand ce terme échoit, nul ne peut, ne serait-ce que d’une heure, ni le retarder ni l’avancer. »

Sourate Al-A’raf, Les Murailles (nouvelle traduction Tawhid).

Chouraqui traduit « Les hauteurs ». Al-A’raf, intraduisible correctement, désigne, d’après lire le Coran, un endroit surélevé entre le Paradis et l’Enfer, sur lequel vont se trouver des gens qui auront une vue sur les deux. (C’est là que Dante a dû aller ! – cela me rappelle le rêve que je fis dans ma grande jeunesse, où il m’était demandé de traduire La Divine Comédie).

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Bonne journée ! S’il pleut chez vous comme ici à Paris, que la pluie vous soit comme à moi béatitude ! S’il fait soleil, que le soleil vous soit béatitude ! Allez dans la grâce.

 

Lumière en Voyage

La beauté de Voyage fait mourir de joie. Je n’y suis pour rien, c’est la beauté de Dieu.

Le livre n’est plus comme il est sur ce site, sa forme a complètement changé et il est beaucoup plus complet , accompli. Je réfléchis à la façon dont je vais, selon la volonté de Dieu, le faire paraître au monde.

Le livre vous jette dans le cœur Lumière, je suis sa première lectrice, je peux vous renouveler la Promesse. Il n’abolit aucune religion, il les exalte. Le Pèlerin d’Amour, fidèle absolu de Dieu, n’est inféodé à aucune, et amoureux de toutes. Il est lui-même leur lien d’amour, et ainsi sera-t-il, par sa vie.

 

 

La source de la grâce infinie

 

Ma main juste sous ma clavicule, contre le grand pectoral, par un mouvement de vagues produit un chant. Un chant infime, qui rappelle très humblement celui d’un oiseau. Par un semblable mouvement il doit se former dans sa gorge, nous venons tous du même lieu, du même ordonnancement.

De même que Dieu a fait descendre le Coran, le Coran nous fait descendre au fond du puits en nous, où veille la source. « Il est le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché ; Il est l’Omniscient. » (Coran 57,  3) « Je suis le Premier et je suis le Dernier, à part moi il n’y a pas de dieu » (Isaïe 43, 6). « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin » (Apocalypse 22, 13).

Le Coran est la grâce, le Christ est la grâce, l’Univers est la grâce : le Verbe de Dieu, reçu dans l’Esprit, tourne autour de la Source en nous comme la danse d’un soufi, le rituel des pèlerins, la valse des planètes et des astres. Et la Source toujours de nouveau flue dans son Verbe, et elle est Lui. « Car Dieu est le Maître de la grâce infinie » (Coran 57, 29)

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