Back squats, rameur, running… joies du corps venues de loin

Aujourd’hui j’ai fait des squats avec une barre sur les épaules (back squats) et ça m’a beaucoup plu, quoique j’aie mis un peu trop de poids pour une première fois (10 kg en plus des 18 kg de la barre), et en garde un léger pincement aux lombaires. À la salle de sport, j’ai aussi fait quelques exercices avec des haltères, bref je ne suis pas restée dans la partie cardio comme d’habitude, j’ai commencé à me familiariser avec la salle de musculation. Ce sera très bien pour m’aider à progresser en running. J’ai fait une demi-heure de rameur (très vigoureusement) et une demi-heure de vélo, puis mes vingt minutes de yoga habituelles en conclusion, mais pas de tapis de course aujourd’hui. Je me réserve quasi-amoureusement pour mes nouvelles chaussures, que j’attends. Jusque là j’ai couru avec une vieille paire de Puma Hybrid, que j’aime bien mais qui ne sont certainement pas l’idéal pour s’entraîner un peu mieux, comme j’en ai l’intention. J’aime beaucoup cette marque, Puma, depuis toujours, et après m’être bien renseignée j’ai fini par commander d’autres Puma, les Deviate Nitro. J’ai hâte de les tester ! J’espère être en forme le jour où elles vont arriver, en ce milieu de semaine. Je sais qu’elles sont surtout bien pour la course rapide, mais les moments où je fais de petits sprints sont ceux que je préfère dans mes sorties, où je m’efforce de courir en endurance pour pouvoir courir un peu longtemps. On verra si ça m’aide.

J’avais mis le bracelet en coton que j’ai fait hier soir au crochet, un bijou qui ne gêne pas pendant la pratique sportive. Je réalise plusieurs choses à la fois en ce moment au crochet, notamment un tapis pour la sortie de douche, que je fais avec des bandes que je découpe dans deux vieilles polaires ; c’est ce découpage qui me prend le plus de temps, mais je suis toujours intéressée par le principe de récupération, et si le résultat n’est pas spécialement beau, il promet d’être un régal pour la plante des pieds. L’une des toutes premières nouvelles que j’ai écrites, dans mes vingt ans, était sur un coureur qui courait avec un pied chaussé et l’autre nu ; et j’ai publié il y a plus de vingt ans dans Libé, puis dans un livre, Corps de femme, une ode aux pieds qui foulent la terre. Il était temps que je me mette à courir.

*

Running, croquer la vie

J’avais projeté de faire un running de 4 km, j’ai fait 4,5 km, et si je n’étais pas arrivée devant ma porte j’aurais pu continuer un bon moment. Je suis rentrée fraîche et joyeuse, contente de mes progrès de débutante, dus à mon entraînement diversifié mais aussi aux enseignements de coachs en ligne et aux conseils de ma montre Polar Ignite qui me renseigne sur mon état de forme – ce qui n’est pas du luxe, surtout avec le traitement fatigant que je dois prendre pendant 20 mois encore ; mais justement le sport contrebalance bien tous ses mauvais effets secondaires.
Je sais donc maintenant que je suis tout à fait capable de faire une course de 5 km, même s’il est bien sûr hors de question pour moi d’approcher des podiums ; peu importe, c’est avec moi-même que je fais la compétition. Et je crois bien que je pourrai bientôt faire même un 10 km, si je continue ainsi. Je sais que je pourrai améliorer aussi mes temps, et mes capacités physiologiques qui, à en croire ma montre cardio (et les médecins) sont excellentes pour mon âge, peut-être aussi, me dis-je, grâce au temps que j’ai passé en montagne à arpenter les pentes, jadis.

Lisant hier un article sur les bienfaits de la pomme, j’ai pensé : Eve avait raison. Et les intellectuels, qui ont prétendu dans un livre qu’elle avait fermé la porte du paradis terrestre aux humains, ont menti : au contraire, elle l’a ouverte.

*

Running

aujourd’hui sur les quais de Seine, photo Alina Reyes

Je recommence à courir dehors. C’est le bon moment, avec la lumière qui augmente, dans l’air et dans le cœur. J’ai fait mon repérage aujourd’hui pour ma prochaine sortie, que je veux de 4 km. Mon but étant d’arriver dans quelques semaines à 5 km, et de pouvoir participer bientôt à une course de cette longueur.

Quand je me suis remise à courir, en août 2020, à soixante-quatre ans, alors que je n’avais pas couru depuis le lycée (mais je venais de faire un trekking de 100 km, sac au dos, dans le causse Méjean, en Lozère, et c’est ce qui m’avait donné envie de me mettre à courir), les premières fois je tenais 200 ou 300 mètres, puis ce fut le double, et à raison de trois ou quatre fois par mois, à l’automne j’en étais à plus de 1500 mètres. L’hiver suivant je n’ai presque pas couru et quand je m’y suis remise, au printemps dernier, je faisais 2,5 km, et toujours avec un entraînement peu intense, sans doute moins d’une fois par semaine en moyenne (mais en faisant d’autres sports à côté), je suis arrivée à près de 3,5 km cet automne. Cet hiver j’ai couru essentiellement en salle, sur tapis, de temps en temps, et maintenant je me sens tout à fait prête à faire 4 km, voire 5 – mais je vais quand même y aller progressivement. Je suis petite, donc les distances sont d’autant plus longues pour moi, et puis à mon âge, quand on n’a pas couru avant, on progresse lentement, mais on progresse. J’arriverai peut-être à 10 km, qui sait ? En tout cas c’est tant de joie ! Je continue à pratiquer d’autres entraînements, cardio et renforcement musculaire via différentes techniques, et puis le yoga toujours (c’est par le yoga que je suis revenue au sport), qui me garde souple et zen ; je commence aussi à faire de temps en temps cinq minutes de cohérence cardiaque (voir sur Youtube), le mieux est d’en faire trois fois par jour, si on arrive à en prendre l’habitude c’est excellent aussi pour le système nerveux autonome. Bref, c’est la grande forme.

*

Le corps, le sport

À la salle de sport, j’ai pu mesurer pour la première fois ma fréquence cardiaque, et constater que ma FCM, fréquence cardiaque maximum, était beaucoup plus élevée que normalement à mon âge : mon cœur a encore la force de la jeunesse ! Ce qui n’empêche pas que je dois apprendre à mieux gérer la respiration pendant la course, afin de progresser – et je suppose que de toute façon la FCM ne fait pas tout, même si elle est haute. Il est évident que je courrais mieux et plus longtemps si j’avais commencé jeune, et il est reconnu aussi qu’en commençant tard on peut progresser mais pas rejoindre le niveau des personnes qui courent depuis longtemps. Peu importe, c’est toujours un bonheur.

Courir sur tapis est différent de courir sur bitume et au jardin, mais je pense que cela se complète bien, et je verrai dans quelque temps si j’aurai progressé en extérieur, grâce à l’entraînement sur tapis.

À Bruges, les vieilles rues pavées tantôt n’ont pas de trottoir, et tantôt en ont un. Le dernier jour, n’ayant pas vu l’un de ces trottoirs aléatoires, j’ai trébuché dessus et je suis tombée. Je dois éviter de tomber, mes os étant fragilisés par le traitement anticancer qui donne de l’ostéoporose. Mais j’ai eu le réflexe de tomber quasiment en posture de planche, comme j’en fais tant au yoga et en gym, je ne me suis pas du tout fait mal et je me suis relevée d’un coup. Le lendemain mes paumes étaient très légèrement enflées, mais cela a passé en une ou deux heures. Normalement j’aurais dû me fracturer les petits os à cet endroit. Comme j’ai refusé les injections contre l’ostéoporose, j’ai été contente de voir que la pratique sportive était efficace pour protéger les os, en les renforçant par les muscles notamment. C’est le pari que j’ai fait, et je m’y tiens.

Je suis restée une heure et demie aujourd’hui à la salle, et j’ai juste hâte d’y retourner. J’ai fait du tapis de course, du rameur, et ensuite ma séance de yoga, toute seule dans un coin tranquille. Peu à peu j’essaierai d’autres machines, pour augmenter mon endurance et entretenir ma musculation. Le yoga à la fin est précieux, car après l’effort les muscles sont durs et raides. Et je tiens à ma souplesse, et à la développer, même. Pour le mental aussi, l’effort puis le yoga, c’est excellent.

*

Courir et traduire

Je suis bien fatiguée en ce moment – c’est l’un des effets du médicament que je dois prendre pendant encore deux ans et demi, mais aussi de la masse de traduction que j’ai produite ces derniers mois, des milliers de vers (la fatigue me contraint à ralentir un peu en ce moment mais je continue quand même à avancer dans toute cette splendeur de l’Odyssée, j’aurai fini le chant XV d’ici lundi ou mardi je pense). Peut-être aussi parce que je fais pas mal de sport, en particulier mes trois running par semaine, pas bien longs dans l’absolu (environ trois kilomètres) mais bien intenses pour mes capacités de petite débutante (à tous les sens du terme) de 65 ans. J’adore ça et j’y suis allée ce samedi matin malgré ma grosse fatigue et la pluie et le vent, et j’ai fait un de mes meilleurs temps quoique j’ai enlevé ma veste contre la pluie avec l’arrêt de la pluie puis l’ai remise à la reprise de la pluie, tout en marchant et sans arrêter l’appli avant de me remettre à courir. Je dois trouver mon rythme, je cherche encore, au collège ce qui me convenait parfaitement c’était le 400 mètres ; au sprint sur 60 mètres j’étais assez bonne si je me souviens bien mais trop petite par rapport à la plupart des autres filles pour faire les meilleurs temps ; mais au 400 mètres, où il fallait combiner la vitesse avec un peu d’endurance, là j’étais dans les toutes premières. Quand il fera un peu meilleur je prendrai mon vélo et j’essaierai d’aller courir dans un stade, pour voir. Même pour le footing ça doit être agréable.

Je suis vraiment bien musclée maintenant, c’est bon de se sentir ainsi. Et je ne le fais pas exprès, mais cela m’aide à traduire Homère, parce que c’est très physique, son poème. La chose énorme que j’y vois, et que j’y manifeste dans ma traduction (il y a du changement par rapport aux premiers chants que j’ai mis en ligne ici), puisque je la vois manifeste dans le texte grec, n’a jamais été vue, je pense – sinon cela se saurait. La joie de la découverte est intense. Je cours, en grec, se dit théo, un homonyme du nom théos, dieu.