Roms, migrants, immigrés, pauvres : stop aux faux procès à l' »étranger »

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L’autre jour, un peu avant sept heures du matin, entre la Comédie française et l’Opéra, j’ai vu depuis le bus toute une famille se lever dans le froid et la nuit. Les parents pliant les sacs de couchage, les enfants rajustant leurs vêtements propres et soignés, peut-être s’apprêtant à partir à l’école après avoir mangé quelque chose – du moins est-ce ce que j’ai espéré. Cette semaine il va faire vraiment très froid pour tous ceux qui dorment dehors. Des familles roms, des réfugiés, d’autres personnes sans abri. Il y a un autre monde dans le monde, une autre ville dans les villes : un monde sans toit, une ville sans pitié.

Toutes ces personnes à la rue forment un Dreyfus géant. Le Dreyfus de ce début de XXIe siècle, tel l’apatride, le juif errant, est puni par les assis, comme dit Rimbaud, pour une faute inconnue, comme dit Kafka, ou pour une faute qu’il n’a pas commise, comme dit Zola. « Sortir du piège », préconise courageusement Anne Sinclair, demandant à Macron de cesser de persécuter les migrants et d’inventer plutôt une véritable politique, en accord avec l’Europe. Souvenons-nous des conséquences gigantesques de l’affaire Dreyfus, des dizaines de millions de morts qui s’ensuivirent, et cessons de fabriquer de faux procès pour stigmatiser l’étranger, intérieur ou extérieur.

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« L’esprit grec, plus affamé de vérité que de profit » Lawrence Durrell, l’un des auteurs au programme

sans abri pitie salpetriereun microvillage de personnes sans abri le long de l’entrée fermée de la Pitié-SalpêtrièreC215 pitie salpetriereune fresque de C215 dans l’autre entrée de l’hôpital
photos Alina Reyes

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Toujours préparant l’agrégation de Lettres modernes, dont les épreuves commencent dans huit jours maintenant. Elles dureront toute la semaine : lundi 7 mars, 7 heures de composition française sur l’une des huit œuvres françaises au programme ; mardi, 5 heures d’étude grammaticale (ancien français et français postérieur à 1500) ; mercredi, 7 heures de composition française sur l’une questions de littérature comparée, avec six autres œuvres au programme ; jeudi, 4 heures de version de grec ancien ; vendredi, 4 heures de version d’anglais. Ceci pour les épreuves d’admissibilité – les admissibles devront ensuite, pour être admis (ou non) passer les épreuves orales, au moins aussi redoutables, avec des temps de préparation de 6 heures pour des exposés de 40 mn.

Il est clair que je m’y suis prise beaucoup trop tard, n’y ayant songé qu’au moment de la clôture des inscriptions, en octobre dernier, et alors que mes études universitaires datent de trente ans. Mais je ferai de mon mieux. J’essaie de combler mes oublis et lacunes en cherchant à saisir la substantifique moelle des œuvres, leur sens profond. Comme je n’ai pu suivre aucune préparation, ni à la fac ni par correspondance (car elles sont payantes), ni acheter de livres (presque tous empruntés à la bibliothèque), je trouve en ligne quelques choses gratuites, des vidéos de conférences et des articles d’universitaires. Vive Internet et ses généreux contributeurs ! Si j’échoue, je serai quand même contente d’avoir préparé ce concours. Et si jamais, miracle, je réussis, je serai heureuse d’enseigner.

J’ai pris l’initiative d’interrompre au moins jusqu’au concours un traitement qui me fatiguait énormément et m’a empêchée de travailler correctement toutes ces dernières semaines, finissant par m’assommer de migraines persistantes malgré les antidouleurs. Depuis deux jours, tout va mieux. Je suis passée hier à la Pitié-Salpêtrière. J’ai dû faire le tour, à cause du plan Vigipirate. Le long de l’entrée principale, fermée donc, s’est installé un microvillage de tentes. Ses habitants jouaient aux cartes dans le froid sur une table bricolée. J’étais venue pour prendre un rendez-vous, mais c’était samedi et les bureaux étaient fermés, j’ai marché dans les couloirs souterrains sombres et déserts. En repartant j’ai photographié la fresque à l’entrée de l’hôpital. C215 n’est pas mon street artiste préféré mais il a un grand succès auprès des institutions. Il a décliné plusieurs fois ce thème de la femme qui souffle dans sa main dont sortent des oiseaux, c’est pas mal, non ?

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Bienheureux les pauvres de cœur

glen-jamesLe 14 septembre dernier, il a trouvé un sac contenant quarante mille dollars. « Je suis extrêmement religieux, Dieu a toujours très bien pris soin de moi », a déclaré Glen James, le sans-abri de Boston dont l’extrême honnêteté a ému le monde. C’est un pauvre Noir doux et long, comme Francis K, qui donne à qui la veut la clé de l’éternité.

La vie

 

C’est miraculeux qu’il n’y ait pas eu d’autres morts. Nous regardons les photos, les vidéos, tout notre pays dévasté, ce pays avec lequel nous faisons corps. Est-ce lui qui souffre pour nous, ou nous qui souffrons pour lui ? Tous ces gens que nous connaissons depuis un quart de siècle et que nous aimons, et qui n’ont plus qu’un pays en ruines. Combien de mois faudra-t-il pour rétablir l’accès au village, à tous ces villages ? Les ponts sont écroulés, les routes détruites, parfois il n’en reste même pas la trace. Des maisons, des hôtels aussi paraît-il, sont effondrés. Notre grange, la maison qui fut notre maison, là où elle se trouve, en altitude, n’a rien risqué. (Mais le beau chalet du notaire qui l’a vendue pend misérablement, détruit, dans le vide qui s’est ouvert sous lui). Comment les gens vont-ils reprendre leur vie ? Nous sommes traumatisés, bien sûr. Alors il faut regarder vers les hauteurs. Vers les hauteurs il y a encore de la neige, mais surtout beaucoup de vert. De l’herbe, des troupeaux. Des montagnes debout, splendides, nos montagnes bien-aimées, égales à elles-mêmes. Nos constructions humaines, les eaux déchaînées les ont emportées comme des fétus de paille. Mais puisque c’étaient des constructions humaines, l’humain saura les reconstruire. Et c’est dans les moments de reconstruction que vient l’opportunité de se laisser refaire soi-même par ce qui est arrivé. Voilà le moment, l’heure de connaître si nous nous enfonçons, si nous nous changeons en statues de sel, ou si, même douloureusement, nous renaissons.

À Lourdes aussi, dans les Sanctuaires, ce moment peut être celui de repenser les lieux. Qui sait si le ciel ne désire pas moins de béton et davantage de toile, dans l’esprit d’Abraham et de son pèlerinage que ses enfants doivent poursuivre ? Ne nous retournons pas sur ce qui est détruit, allons vers ce qui nous attend, neuf, et que nous ignorons encore. C’est l’aventure de la vie, et nous l’aimons.

 

Je suis votre vrai sang

Ce petit mendiant me réjouit le cœur. Ah j’aime tout le monde. J’adore les êtres humains, c’est pourquoi je combats. C’est pourquoi, en leur nom, je n’accepterai jamais l’inacceptable. Vous êtes loin de vous-mêmes comme des autres. Quand vous vous tenez auprès, vous êtes Ses brebis bienheureuses. Sinon, « le troupeau de porcs, au loin, qui cherchait sa nourriture ». Cessez d’insinuer que, hors du christianisme, Dieu est lointain. Cessez de fausser. Comme il l’a dit à Mahomet, « je suis plus proche de toi que ta veine jugulaire ». Je suis plus proche de vous que vous ne l’êtes vous-mêmes. Beaucoup plus. Infiniment plus.

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