Siddhasana (Hatha-Yoga-Pradîpikâ)

Siddhasana,«  Siddhasana, l’asana parfait ou asana des Siddha

35. Ayant appliqué la plante de l’un des pieds  contre la région périnéale, on doit placer fermement l’autre pied au-dessus de l’organe sexuel. Pressant solidement le menton contre la poitrine, on doit se tenir droit, restreindre ses sens, et regarder fixement l’espace entre les sourcils. Ceci est proclamé le siddhasana qui ouvre de force les vantaux de la libération.

 

(…)

38. De même qu’une alimentation mesurée est pour les Siddha le premier des yama, et la non-violence le premier des niyama, de même les Siddha considèrent le siddhasana comme le principal d’entre tous les asana.

42. Si seulement le siddhasana est maîtrisé et fermement établi, sans effort, de lui-même, apparaît le stade de suspension des fonctions de l’esprit (unmani kala), et les trois ligatures (banddha) s’effectuent sans difficulté, spontanément.

43. Il n’y a pas d’asana qui égale siddhasana. »

Hatha-Yoga-Pradîpikâ, trad. Tara Michaël

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Tous les matins, en terminant ma séance de yoga, la joie de siddhasana.

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Sur l’épidémie. Et haïkus de l’aurore

 

L’épidémie nous rend à notre précarité, d’autant plus que notre santé n’est pas le souci du gouvernement. Depuis la nuit des temps les humains se battent pour vivre, pour s’entourer donc d’une meilleure sécurité. Il y a deux précarités, l’une profitable et l’autre nuisible. Ce n’est pas aux gouvernements de plonger les gens dans la précarité nuisible, celle qui tue. La seule précarité profitable est celle que les individus ou groupes d’individus préservent eux-mêmes dans leur existence, leur façon de ne pas se laisser domestiquer, de conserver un caractère aventureux et inventif à leur vie, de vivre leur liberté. Pour cela, la société doit travailler à protéger au mieux la sécurité physique et psychique de tous. En France aujourd’hui, si nous sommes grippés, il nous est demandé de ne pas aller voir notre médecin et de rester chez nous. À nous soigner comme nous pouvons, donc, sans possibilité de savoir si nous sommes ou non porteurs du coronavirus (le test étant réservé à ceux qui peuvent attester avoir fréquenté une personne ou un lieu reconnus contaminés) et en espérant que les choses n’empirent pas, qu’on n’en vienne pas à devoir appeler un Samu débordé pour être transporté dans un hôpital débordé. Les chiffres officiels de personnes contaminées (1412…), rapportés docilement par les médias, ne correspondent évidemment à aucune réalité, ou seulement à la réalité des contaminés détectés. Le mépris en marche de ceux qui ne sont rien.

 

une aube vue du train, photo Alina Reyes

une aube vue du train, photo Alina Reyes

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Aurore de mars.
Nocturne encore, le merle
l’appelle longtemps.

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Les pas au plafond
annoncent avec l’oiseau
le jour à venir

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Sommeil de l’aimé.
Je suis sa respiration
calme comme l’aube.

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Manif des femmes et haïkus des goélands

8 mars 1-min

8 mars 2-min

8 mars 3-min

8 mars 4-min*

Dans toutes les révolutions, des statues, des têtes tombent. Ceux qui pleurnichent sur les cibles de la révolution féministe devraient se réjouir que ses guillotines ne soient que symboliques. Mettre à bas les abuseurs, d’une façon ou d’une autre, est nécessaire pour renverser la loi de leur caste.

 

goelands-min

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Que de goélands,

volant, criant sous la pluie !

La Seine est en crue.

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Sur le pont cet homme,

seul, avec des bouts de viande

qu’il jette aux oiseaux

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Rafales de vent.

Les humains s’envolent presque.

Bientôt le printemps.

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goeland-minCe 8 mars à Paris, photos Alina Reyes

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La Joyeuse

la joyeuse-min*

J’appellerais bien cette « Flamme de lettres », dessinée hier dans mon gros cahier-chantier d’écriture, la Joyeuse, en référence à la Joconde.  Je regarde un documentaire d’Arte sur Einstein et Hawking. Mon travail aussi va changer la vision du monde. Tout le travail produit au cours des quinze dernières années, appuyé sur le travail produit pendant les décennies précédentes, depuis l’enfance à vrai dire, et qui continue, alors que je me sens, vraiment, plus légère que jamais.

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Bonheur

"Bonheur", mon nouveau dessin

« Bonheur », mon nouveau dessin

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La nuit est ronde comme une orange.
Vertes, ses feuilles étincellent.

 

Dans ses feuilles étincelantes jaillit le jour.
Sèves.

 

Mes doigts qui tracez,
mes pieds qui martelez,
et vous mon cœur, mon cerveau, mon sang,
faites advenir le printemps !

 

Vous mes neurones, mes narines, mes nerfs.
Vous mes trois yeux, vous mes dix bras.
Vous mes mille et une joies, vous mes milliards d’années
riant dans l’univers à ma gorge déployée.
Vous mes rimes cryptées, mes mesures secrètes,
vous mes orteils, toi ma tête,
vous mes chevilles, toi ma lymphe,
vous mes eaux, mes feux, mes chairs, mes airs,
qui n’êtes ni moi ni autre,
moi l’autre, là même,
bonheur.

 

Le jour naît vert de mon sang chlorophile
ma caverne enphyllée tisse
poèmes nervurés autour des fleurs,
des fruits.

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De l’art de mettre Paris en bouteille

"Songe d'un jour de pluie", mon dessin du jour

« Songe d’un jour de pluie », mon dessin du jour

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Près de Beaubourg, l’excellent Banksy est allé récupérer son Rat au cutter, on l’a pris pour un voleur. Tout est bien qui finit bien et personne n’y comprend rien. Cheese !

En France un directeur de casting menace Adèle Haenel de briser sa carrière ; aux États-Unis, où le film Portrait de la jeune fille en feu a un beau succès, elle vient de signer avec la plus grosse agence d’artistes d’Hollywood. Magnifique actrice, magnifique tempérament, qui nous rajeunit le pays.

Quelque part une blogueuse féministe fait la critique de la tribune de Virginie Despentes. C’est tout à fait son droit, même si je trouve que lui reprocher de ne pas assez s’en prendre aux hommes, c’est retomber dans ce qui empêche les femmes de se libérer, à savoir toujours, d’une manière ou d’une autre, se déterminer par rapport aux hommes. Et quand elle dit que si le même texte avait été écrit par une inconnue sur un blog ordinaire, personne n’en aurait parlé… comment dire ? Avec des si on mettrait Paris en bouteille. Mais s’il existait une blogueuse inconnue capable d’écrire avec la puissance de feu de Despentes, elle ne serait pas une blogueuse inconnue. Écrire, ce n’est pas rien.

On ne s’improvise pas artiste non plus, et ça n’empêche que c’est bon d’écrire ou de pratiquer des arts en amateur·e. Du moment qu’on ne pense pas que tout se vaut. Rat au cutter moins Rat au cutter = zéro.

 

rat au cutter

Au fait, à qui, à quoi il vous fait penser, ce Rat au cutter ? Banksy a le sens du timing

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Le paradis vécu de Miyazaki

Screenshot_2020-03-04 Ep 1 Ponyo est là - 10 ans avec Hayao Miyazaki NHK WORLD-JAPAN On Demand,*

Je regarde le documentaire en 4 parties mis gracieusement à disposition par NHK sur Hayao Miyazaki, l’un de mes cinéastes préférés. Le documentaire commence en 2006 et s’étend sur dix ans, au cours desquels on suit le travail du maître. En 2006, il avait 65 ans, juste un an de plus que moi aujourd’hui, et je peux me retrouver dans certaines de ses préoccupations d’artiste. Comme la nécessité d’accepter la fatigue, qui rend le travail plus lent. Et puis le bonheur, qu’il ne dit pas mais qui est sensible à l’image, à être dans cet âge, d’entrer dans la vieillesse, malgré ses inconvénients. À moment donné, il parle de lui comme d’un vieillard, ce qui est très exagéré pour un bonhomme alerte, bien conservé et à l’allure, à l’expression toujours empreintes d’enfance. Mais s’il dit vieillard, s’il anticipe, n’est-ce pas pour assumer, je dirais presque savourer, cet âge de la vie ? Chaque âge a son bonheur et voici celui qui transparaît chez Miyazaki : celui de la paix, de la nature, de l’innocence jamais perdue. Son studio personnel merveilleux. Comment il y arrive en 2CV. Comment il salue, en entrant, les créatures invisibles qui y habitent. Comment il se prépare un café. Comment il regarde par la fenêtre. La verdure et le banc, les passants de ce quartier très calme. Comment il s’assied à sa table de travail. Comment il songe et réfléchit. Comment il expérimente. Comment il dessine, peint, écrit. Les tribulations de la création. Les moments d’inspiration, les moments de doute, les moments de joie où ça vient vite et bien, bien. Où la pêche est bonne (pour créer, il faut lancer une ligne dans son cerveau, dit-il). La vie. L’univers de Miyazaki ressemble à l’univers de Miyazaki, et c’est ça le plus beau.

Ne croyez pas ceux qui vous racontent que le paradis est perdu. Il y a bien des enfers sur terre, mais le paradis est toujours là aussi, pour les grands petits comme Miyazaki, pour quiconque accepte de vivre, réellement, dans la lumière.

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