Soulac-sur-mer et la côte atlantique

soulac

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L’année dernière, c’est mon village à la montagne, Barèges, qui a été paralysé puis ravagé par les avalanches puis l’inondation due à la crue du gave. Cette année, voici que des marées emportent les plages du littoral atlantique, notamment à Soulac, le pays de mon enfance, celui où s’échoue le petit peuple dans Souviens-toi de vivre après une grande tempête en mer. Les médias et les télévisions montrent les maisons menacées, dont cet immeuble, Le Signal, que j’ai toujours connu et qui va être détruit. Une falaise de vingt mètres de haut s’est formée à la place de ce qui fut une vaste plage en pente douce, dominée par des dunes, où maintenant l’océan s’engouffre. Qui connaît l’endroit ne peut être qu’abasourdi par l’ampleur de ce phénomène.

Pont (ré-actualisé)

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Nous avons trouvé dans la rue deux lourdes planches d’1,47×0,35m. J’ai dit que je les peindrais bien, O et Jo les ont montées à l’appartement. J’avais l’idée de les peindre en diptyque, avec un jeu de couleurs se répondant de sorte qu’on puisse les mettre côte à côte dans n’importe quel sens, vertical ou horizontal. Bon, ce format n’est pas commode à peindre, surtout dans mon tout petit espace. J’ai commencé, en mettant la planche en équilibre sur mon chevalet de table posé sur la table basse, passant deux couches de fond à genoux. Maintenant je veux intégrer un chemin dans la couleur, un chemin chevauchant en lacets sur les deux planches. Et dans l’intervalle de quelques centimètres qui séparera les deux portions de ce même chemin, qui sera peint dans ces lourds panneaux, je désire mettre un petit pont tout léger, en ruban, un pont qu’on puisse accrocher et décrocher, un petit pont qui puisse être changé s’il est perdu ou endommagé, remplacé par un autre bout de ruban ou de papier ou de tout autre matériau léger, un pont comme le fil entre les montagnes à la fin de Souviens-toi de vivre, comme les ponts que sont, et sur lesquels savent marcher les Pèlerins d’Amour.

Je comprends le cardinal André Vingt-Trois, qui aurait aimé entendre des voix s’élever à la fois contre l’antisémitisme de Dieudonné et contre l’antichristianisme des Femen, qui se plaisent à souiller les églises. Cela procède d’un même nihilisme mais il faut bien admettre que les voix qui s’élèvent contre Dieudonné sont les mêmes qui soutiennent, tacitement, les Femen – à commencer par le ministre de l’Intérieur qui les laisse complaisamment agir. Beaucoup de gens veulent bien des ponts, mais des ponts à sens unique, des ponts qui les servent, eux, et c’est tout. Nous avons à être vigilants, jour après jour, pour être de vrais ponts.

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ajout : voir aussi cet article de Pierre-Alain Depauw sur la contradiction flagrante entre le traitement réservé par les pouvoirs publics aux spectacles offensant les chrétiens, et leurs velléités de censure des spectacles de Dieudonné. Avec en prime une photo de Bernard-Henri Lévy lisant avec joie un des ces numéros de Charlie Hebdo islamophobe. Marine Le Pen ne s’y prendrait pas mieux que Manuel Valls et ses soutiens pour diviser les Français.

… voir aussi cet article de Hanan Ben Rhouma, et notamment sa dernière partie, sur la même contradiction des pouvoirs publics interdisant les manifestations contre l’islamophobie de Charlie Hebdo. 

Demain 2014

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L’arbre de vie dans la forêt la nuit, acrylique sur bois (Isorel) 18×30 cm

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Et malgré tout ce que m’ont fait subir un tas d’imbéciles, je suis et je serai toujours la même, la même que celle que j’étais aussi loin que je m’en souvienne, à l’âge de quatre ans, à l’âge de sept ans, à l’âge de quatorze ans, à l’âge de dix-sept ans, à l’âge de trente ans, de quarante-quatre ans, de cinquante-cinq ans. Et ainsi en est-il de chacun de vous. Certes il est possible de tuer un être humain, à force de lui faire du mal, mais pas de le changer, ni de le détruire. C’est-à-dire que même une fois mort, il est toujours ce qu’il fut toujours.

Alors qu’est-ce que l’appel à la conversion, au changement ? Un appel à vivre. Non pas à changer d’être, mais à changer de milieu. À quitter le milieu de la mort pour le milieu de la vie. À se laisser arracher à la mort par la vie. Qu’est-ce que le milieu de la mort ? Le mensonge. Qu’est-ce que le milieu de la vie ? La vérité.

Chaque homme sait très bien, au fond, s’il vit dans le mensonge ou dans la vérité. Souvent il ne le sait que très au fond, là où c’est sombre d’être si au fond, là où il ne regarde jamais. Mais s’il va y voir, il saura.

Chaque homme sait très bien, aussi, que le mensonge le perd, et que la vérité le sauve, même si elle semble moins facile, plus risquée, presque impossible parfois. Mais comme c’est le métier du skieur d’affronter la pente, c’est le métier de l’homme d’affronter la vérité. C’est alors, quand il s’y lance, qu’il peut commencer à connaître la délivrance qu’elle donne, et puis la grâce, et l’assurance de l’éternité. C’est alors qu’il peut savoir ce que c’est de marcher sur les eaux. De voler mieux qu’un oiseau. D’habiter partout. D’être pour toujours, au-delà du temps.

Logique

Ceux qui sèment la trahison et la zizanie se conduisent en ordures, jetées dans une maison pour la contaminer.

Ceux qui s’emploient à circonscrire et paralyser un autrui pour tenter de prendre empire sur lui se conduisent en pourritures, avides de dévorer le vivant.

Ceux qui s’obstinent à se conduire en ordures et en pourritures pourrissent et perdent leur âme.

Dieu n’aime pas voir partir les âmes au rebut, c’est pourquoi il s’en soucie. Dieu ne veut pas laisser le mal pourrir l’âme de sa création, c’est pourquoi aussi il rejette ce qui l’abîmerait.