Au cirque de Troumouse et « sur les traces des grands esprits autour de Chambon sur Lignon »

Le dernier ennemi vaincu, c’est la mort.

Lorsque l’odeur de la mort monte dans le monde, il faut lui opposer la loi de la vie.

La vie naturelle et la vie humaine du corps et de l’esprit, qui sont une.

Après une balade en images au magnifique cirque de Troumouse dans les Pyrénées, un documentaire du Centre de Recherche sur les Arts et le Langage (CRAL) sur le passage et la vie de maints grands esprits, juifs et autres, pendant la Seconde guerre mondiale dans la région montagneuse de Chambon sur Lignon, en pays cévenol. « Montagne-refuge » des protestants depuis la Réforme, elle accueillit et sauva aussi nombre d’enfants juifs. Une petite heure de bonheur avec André Chouraqui, Albert Camus, Alexandre Grothendieck, Léon Poliakov, Francis Ponge, Paul Ricœur, Georges Canguilhem, Raymond Aron, Pierre Vidal-Naquet, Marcel Pagnol et bien d’autres, dans une sorte de miracle grec à la française. Ou comment voir, comme le dit Nathalie Heinich, « comment des liens purement intellectuels se superposent à des liens topographiques ».

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troumouse 10-minAu cirque de Troumouse, photos Alina Reyes

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Combat

"Gioconda, Italia-Francia-Gilets jaunes", dessin de Mauro Biani pour Il Manifesto

« Gioconda, Italia-Francia-Gilets jaunes », dessin de Mauro Biani pour Il Manifesto

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Barbarin, proférateur de la phrase immonde « grâce à Dieu, les faits sont prescrits », essaie de retarder la sortie du film de François Ozon, Grâce à Dieu. Son plus beau film, dit-on, et tant mieux. Je ne suis pas sûre d’aller le voir – pas envie de remuer le passé. Mais il est bon qu’il existe. Que le putain, les putains de l’espèce de Preynat et Barbarin, qui sont tout un monde en fait, crèvent dans leur enfer.

Le combat pacifique de l’art ne va pas sans violence symbolique. La révolution est un art. Que notre instinct continue à nous guider.

Dans ton combat contre le monde, seconde le monde, dit Kafka. On reproche souvent aux émeutiers de discréditer les mouvements sociaux, avec la violence symbolique qu’ils y apportent. En effet. La masse des partisans de l’ordre et autres prudents, au plus petit signe de risque de renversement de l’ordre établi se rangent du côté de ceux qui tiennent la matraque. Les émeutiers, dans leur combat contre le monde inique, le secondent. Mais c’est ainsi qu’ils font tomber son masque. C’est ce qui se passe en ce moment. Le masque de la macronie est tombé, dévoilant un visage aux yeux injectés de sang.

Christophe Dettinger veut porter plainte contre Emmanuel Macron pour injure raciale. Voilà qui est très bon aussi.

Dans notre combat contre le monde, ne cherchons pas le pouvoir, bâtissons un contre-pouvoir. C’est lui qui se chargera de faire tomber l’ancien monde, de faire qu’il tombe de lui-même, comme finit de mourir un vampire quand il se trouve exposé au jour.

Si nous devons construire, c’est avec nos mains.

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Anar

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paris 13e 4-minCes jours-ci à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Je suis anarchiste depuis l’âge de quatorze ou quinze ans, je l’ai raconté dans un livre. Pas besoin de lire les théoriciens de la chose, pour ça : être anar est une nature, plus qu’une culture. En tout cas il est impossible de rien y changer. C’est une façon d’être, à chaque instant et tout le temps. D’être adulte. Un enfant n’est pas anarchiste, il est un enfant. Quand il commence à se transformer en adulte, à se déterminer par rapport au monde, c’est là qu’il peut se rendre compte que sa nature est foncièrement libre, indomptable. Pour certains peut-être, c’est trop tard, ils sont morts avant, comme Macron dont je parlais hier, et tant et tant d’autres qui font ce monde à leur image.

Être fondamentalement anarchiste ne signifie pas pour autant être individualiste, n’avoir pas le désir de construire un autre monde que celui des morts. Dès que j’ai eu conscience d’être anarchiste j’ai commencé à réfléchir à la façon dont l’anarchie pourrait faire monde, pourrait faire une société vivable pour tous. Anarchie signifie, étymologiquement : « ni commencement, ni commandement ». Ce que certains ont exprimé par l’expression triviale « ni Dieu ni maître », qui exprimait surtout « ni clergé ni chef ». La preuve : dans notre société quasiment sans Dieu, il reste toujours la domination du clergé, ce nouveau clergé que constituent les élites et leurs médias.

Ni commencement ni commandement, c’est un peu plus difficile à comprendre, mais le comprendre c’est mieux comprendre ce qu’est, en profondeur, l’anarchie, et comment elle peut faire monde, un monde vivant, un monde de vivants par les vivants et pour les vivants. Je vous laisse y songer, si vous voulez, et je reviens bientôt, incha’Allah, développer ma pensée sur ce très actuel sujet.

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Ronds-points : des lieux pour changer de position

sonia delaunay*

14-1-2018 : ce texte a été publié sur Lundi matin

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J’appellerai Rond-point cette œuvre de Sonia Delaunay, en référence à l’actualité et à ses Gilets jaunes. Elle figure, avec une philosophie assez orientale, la complémentarité, le mouvement, la pénétrabilité, la changeabilité qui s’opèrent dans un tel espace. Par les lignes, et par la couleur. Et par une circularité ouverte.

La société française est figée. Les « élites », à savoir les bourgeois nés de bourgeois ou ayant intégré l’ordre bourgeois, s’y comportent en maîtres de maison qui trouvent naturel de posséder les biens et de se faire servir par le peuple, qui doit produire et fournir à bas salaire le travail nécessaire à la vie et à la survie de tous. Imaginons BHL en ses appartements et autres palais, servi par toute une domesticité : il ne lui manquerait plus que de les traiter de fainéants pour figurer exactement la France de Macron.

Or la France de Macron n’est pas la France réelle. La France réelle se rappelle à lui en allant sur les ronds-points, en marchant dans les villes et dans les campagnes. Alors que l’élite macronienne campe sur sa position de comfort, comme dit Rimbaud, le peuple combattant, chargé de cette intelligence supérieure née de l’expérience du combat quotidien pour la vie et la survie de soi et d’autrui, est en train de retirer les culs des assis, comme le dit aussi Rimbaud, des sièges où ils sont installés depuis leur naissance, dans un monde qui leur garantit une sécurité éternelle aux dépens de l’exploitation du travail d’autrui.

La France réelle n’accepte pas que les élites, qui ne fournissent pas plus d’effort, comme le dit Macron, au travail – qui en fournissent même souvent moins qu’elle – aient un niveau de vie considérablement plus élevé. L’exploitation, la colonisation des travailleurs par les élites qui sans eux n’auraient ni maison, ni pain, ni éducation, ni soins, ni loisirs, est tout simplement absolument inacceptable. L’Histoire elle-même se charge de renverser cet ordre inique, avec ceux qui la font, ces femmes et ces hommes porteurs de gilets jaunes de sauvetage. Prises de terreur, ces élites qui n’ont aucune expérience des combats pour la survie, qui ne sauraient survivre sans les produits et le travail d’autrui, emploient et justifient les violences policières, les mutilations et les meurtres des combattants pour la justice et la vie.  Mais la vie a un sens, et ce sens les emportera.

Cette réflexion m’est venue en partie en relisant un passage de l’Anatomie de la mélancolie de Robert Burton (Première partition, section 1, membre 2, subdivision 8, p.260-261 dans l’édition de José Corti, 2000, trad. Bernard Hoepffner). Après avoir distingué entre « les bonnes affections », comme la joie, et « les mauvaises affections », comme la peur, il écrit :

« Car il serait tout à fait vain de désirer et de détester si nous n’avions pas également la puissance de chercher à atteindre ou à éviter en déplaçant notre corps d’un lieu à un autre ; c’est donc cette faculté qui permet au corps, ou à n’importe quelle partie de celui-ci, de se mouvoir dans l’espace et de se déplacer. Trois choses sont nécessaires au bon fonctionnement de cette faculté : la cause du mouvement, l’agent du mouvement, l’objet du mouvement. La cause du mouvement est soit efficiente soit finale. La cause finale est l’objet désiré ou évité, comme lorsqu’un chien veut attraper un lièvre, &c. La cause efficiente, chez l’homme, est la raison, ou l’imagination, qui lui est subordonnée, et qui appréhende les objets, bons ou mauvais ; chez les bêtes, l’imagination seule agit sur l’appétit ; l’appétit est cette faculté qui, grâce à un admirable contrat avec la nature et à la médiation des esprits vitaux, dirige l’organe qui permet le mouvement, un ensemble de nerfs, de muscles et de tendons disséminés dans tout le corps, qui se contractent et se relâchent selon la volonté des esprits vitaux, ce qui met en mouvement les muscles, ou les nerfs qui y courent, et tire sur le tendon et per consequens la jointure, jusqu’à l’endroit désiré. Le mouvement du corps se manifeste diversement : marcher, courir, sauter, danser, s’asseoir et d’autres variantes encore, toutes opposées à la catégorie du situs, ou position. »

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La capacité à changer de position appartient à ceux qui savent faire l’amour, physiquement.

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Pensées de Léonard de Vinci

vinci-minPlus profondes encore que celle de Blaise Pascal, et dénuées d’épouvante face au naturel, contrairement à celles du religieux de Port-Royal, les pensées de Léonard de Vinci, qui ont également traversé le temps par fragments sur des feuillets non classés, restent encore à analyser. En voici quelques-unes ; qu’elles semblent faciles ou difficiles d’accès, elles demandent une vraie réflexion (d’autant que cet homme écrivait d’une écriture spéculaire, qui ne peut se lire qu’en miroir).

« L’expérience n’est jamais en défaut. Seul l’est notre jugement, qui attend d’elle des choses étrangères à son pouvoir.
Les hommes se plaignent injustement de l’expérience et lui reprochent amèrement d’être trompeuse. Laissez l’expérience tranquille et tournez plutôt vos reproches contre votre propre ignorance qui fait que vos désirs vains et insensés vous égarent au point d’attendre d’elle des choses qui ne sont pas en son pouvoir. Les hommes se plaignent à tort de l’innocente expérience et l’accusent de mensonges et de démonstrations fallacieuses ! »

« Aux ambitieux que ni le don de la vie ni la beauté du monde ne suffisent à satisfaire, il est imposé comme châtiment qu’ils gaspillent la vie et ne possèdent ni les avantages ni la beauté du monde. »

« L’œil, dès qu’il s’ouvre, contemple tous les astres de notre hémisphère.
L’esprit passe en un instant de l’orient à l’occident ; et toutes les grandes choses immatérielles ressemblent beaucoup à celles-ci, sous le rapport de la vélocité. »

« Ô mathématiciens, faites la lumière sur cette erreur ! L’esprit n’a pas de voix, car là où la voix existe, il y a un corps et là où il y a un corps, il occupe dans l’espace une place qui intercepte les objets situés derrière cet espace ; donc ce corps en soi emplit tout l’air environnant, c’est-à-dire par les images qu’il présente. »

« Observe la lumière et considère sa beauté. Cligne des yeux et regarde-la. Ce que tu vois n’y était pas au début, et ce qui y était n’est plus. Qui donc la renouvelle, si celui qui l’a faite meurt continuellement ? »

« Toi qui médites sur la nature des choses, je ne te loue point de connaître les processus que la nature effectue ordinairement d’elle-même, mais me réjouis si tu connais le résultat des problèmes que ton esprit conçoit. »

« Tout tort sera redressé. »

« Le mouvement est le principe de toute vie. »

« Le poids d’un petit oiseau qui s’y pose suffit à déplacer la terre.
La surface de la sphère liquide est agitée par une minuscule goutte d’eau qui y tombe. »

« Étant donné une cause, la nature produit l’effet par la voie la plus brève. »

« Écris sur la nature du temps, distincte de sa géométrie. »

« Fuis l’étude qui donne naissance à une œuvre appelée à mourir en même temps que son ouvrier. »

« Vois, nombreux sont ceux qui pourraient s’intituler de simples canaux pour la nourriture, des producteurs de fumier, des remplisseurs de latrines, car ils n’ont point d’autre emploi en ce monde ; ils ne mettent en pratique aucune vertu ; rien ne reste d’eux que des latrines pleines. »

« Par conséquent, ô vous, étudiants, étudiez les mathématiques et n’édifiez point sans fondations. »

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« Le mensonge est d’une abjection telle, que dût-il célébrer les grandes œuvres de Dieu, il serait une offense à sa divinité. La vérité est d’une telle excellence que si elle loue la moindre chose, celle-ci s’en trouve ennoblie.
La vérité est au mensonge ce qu’est la lumière par rapport aux ténèbres ; et la vérité est, en soi, d’une excellence telle que même quand elle traite de matières humbles et terre à terre, elle l’emporte considérablement sur les sophismes et les faussetés qui se répandent en grands discours redondants ; car bien que notre esprit ait fait du mensonge le cinquième élément, il n’en reste pas moins que la vérité des choses est la pâture essentielle pour les intellects raffinés – mais non, il est vrai, pour les esprits qui errent. »

« Quiconque dans une discussion invoque les auteurs, fait usage non de son intellect mais de sa mémoire.
La bonne littérature a pour auteurs des hommes doués de probité naturelle, et comme il convient de louer plutôt l’entreprise que le résultat, tu devrais accorder de plus grandes louanges à l’homme probe peu habile aux lettres qu’à un qui est habile aux lettres mais dénué de probité. »

« Qui marche droit tombe rarement. »

« Le désir de savoir est naturel aux bons. »

« Un corps en mouvement acquiert dans l’espace autant de place qu’il en perd. »

« L’amour triomphe de tout. »

« Sauvage est qui se sauve. »

« L’hermine préfère la mort à la souillure. »

« Le mouvement tend vers le centre de gravité. »

« D’une petite cause, naît une grande ruine. »

« À l’épreuve nous reconnaissons l’or pur. »

« La fosse s’écroulera sur qui la creuse. »

« Puissé-je être privé de la faculté d’agir, avant de me lasser d’être utile. »

Sélection de pensées faite dans Les Carnets de Léonard de Vinci, classés par Edward MacCurdy et traduits par Louise Servicen.

Léonard de Vinci vu par…

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Walter Pater, dans The Renaissance, Studies in Art and Poetry (1873, trad. A.Henry) :

« Son idéal de beauté est si exotique qu’il nous fascine davantage qu’il nous séduit : plus que chez tout autre artiste, cet idéal semble refléter les pensées et presque les catégories d’un monde intérieur. Aussi ses contemporains le croyaient-ils détenteur d’un savoir caché, de source suspecte, tandis que Michelet et d’autres ont vu en lui un précurseur. Il a fait peu de cas de son propre génie et n’a produit ses chefs-d’œuvre que dans ses dernières années, si tourmentées ; pourtant, ce génie le tient si bien qu’il a pu traverser sans s’émouvoir les événements les plus tragiques qui accablaient sa patrie et ses amis ; c’est comme s’il les croisait par hasard au cours de sa mission secrète. »

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Paul Valéry, dans sa préface à la traduction des Carnets de Léonard de Vinci par Louise Servicen (Gallimard, 1942) :

« (…)

Il y eut une fois Quelqu’un qui pouvait regarder le même spectacle ou le même objet, tantôt comme l’eût regardé un peintre, et tantôt en naturaliste ; tantôt comme un physicien, et d’autres fois, comme un poète ; et aucun de ces regards n’était superficiel.

(…)

Usant indifféremment du dessin, du calcul, de la définition ou de la description par le langage le plus exact, il semble qu’il ignorât les distinctions didactiques que nous mettons entre les sciences et les arts, entre la théorie et la pratique, l’analyse et la synthèse, la logique et l’analogie, distinctions tout extérieures, qui n’existent pas dans l’activité intime de l’esprit, quand celui-ci se livre ardemment à la production de la connaissance qu’il désire.

(…)

Rien de réel ne lui paraît indigne d’occuper sa puissante attention. (…) Dans cet homme complet la connaissance intellectuelle ne suffit pas à épuiser le désir, et la production des idées, même les plus précieuses, ne parvient pas à satisfaire l’étrange besoin de créer : l’exigence même de sa pensée le reconduit au monde sensible, et sa méditation a pour issue l’appel aux forces qui contraignent la matière. L’acte de l’artiste supérieur est de restituer par voie d’opérations conscientes la valeur de sensualité et la puissance émotive des choses, – acte par lequel s’achève dans la création des formes le cycle de l’être qui s’est entièrement accompli.

Ce chef-d’œuvre d’existence harmonique et de plénitude des puissances humaines porte le nom très illustre de Léonard de Vinci.

(…)

Léonard est différent (comme je l’ai déjà indiqué) à nos distinctions scolaires entre l’œuvre scientifique et la production artistique. Il se meut dans tout l’espace du pouvoir de l’esprit.

Il l’est aussi aux tentations de la gloire immédiate. Il ne sait pas sacrifier sa curiosité généralisée, les excursions de sa fantaisie, qui est profondeur, aux exigences d’une production suivie et de rapport certain. Il commence des œuvres qu’il abandonne… »

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Paul Valéry encore, dans son Introduction à la méthode de Léonard de Vinci (1894), dédiée à Marcel Schwob :

« Je me propose d’imaginer un homme de qui auraient paru des actions tellement distinctes que si je viens à leur supposer une pensée, il n’y en aura pas de plus étendue. Et je veux qu’il ait un sentiment de la différence des choses infiniment vif, dont les aventures pourraient bien se nommer analyse. Je vois que tout l’oriente : c’est à l’univers qu’il songe toujours, et à la rigueur. Il est fait pour n’oublier rien de ce qui entre dans la confusion de ce qui est : nul arbuste. Il descend dans la profondeur de ce qui est à tout le monde, s’y éloigne et se regarde. Il atteint aux habitudes et aux structures naturelles, il les travaille de partout, et il lui arrive d’être le seul qui construise, énumère, émeuve. Il laisse debout des églises, des forteresses ; il accomplit des ornements pleins de douceur et de grandeur, mille engins, et les figurations rigoureuses de mainte recherche. Il abandonne les débris d’on ne sait quels grands jeux. Dans ces passe-temps, qui se mêlent de sa science, laquelle ne se distingue pas d’une passion, il a le charme de sembler toujours penser à autre chose… Je le suivrai se mouvant dans l’unité brute et l’épaisseur du monde, où il se fera la nature si familière qu’il l’imitera pour y toucher, et finira dans la difficulté de concevoir un objet qu’elle ne contienne pas.

Un nom manque à cette créature de pensée, pour contenir l’expansion de termes trop éloignés d’ordinaire et qui se déroberaient. Aucun ne me paraît plus convenir que celui de Léonard de Vinci. » (texte entier sur wikisource)

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camion rue mouffetard-minhier soir rue Mouffetard, photo Alina Reyes

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Château de Chambord, bords de Loire, Clos Lucé (dernière maison de Léonard de Vinci)

« Qui s’oriente sur l’étoile ne se retourne pas » Léonard de Vinci

Attention, splendeurs ! Visiter les bords de Loire, c’est aller aux noces de la nature et de la culture. La puissante rivière sauvage, indomptable, nourrit un paysage plein de verdure et de douceur, où les châteaux ont poussé comme des fleurs, notamment à la Renaissance. O et moi sommes allés hier au château de Chambord, puis, après avoir longé la Loire, à Amboise dans le beau castelet avec parc et jardin où la vie et l’œuvre de Léonard de Vinci ont été magnifiquement reconstitués par la famille Saint Bris, propriétaire de l’extraordinairement émouvante maison où, sur l’invitation de François 1er, le génie des arts et des sciences  a passé les trois dernières années de sa vie, après avoir traversé les Alpes, à l’âge de 64 ans, avec La Joconde, La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, Saint Jean Baptiste, ainsi que ses carnets, croquis, dessins, et manuscrits.

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chambord 1-minDans la brume matinale, apparition féérique du château de Chambord

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chambord 4Un poêle immense, où l’on pourrait brûler un arbre entier !

chambord 5Le lettre de François 1er et son emblème, la salamandre

chambord 7-minJe trouve à ce roi une riante allure de Gascon, qui rappelle l’esprit de Montaigne

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chambord 9-minL’escalier à double révolution inspiré de Léonard de Vinci : deux hélices entrecroisées qui ne se rencontrent jamais : à gauche sur l’image, l’arrivée de l’un, à droite, celle de l’autre

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chambord 12-minla couronne

et la fleur de lys

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chambord 14-minBeaucoup de murs du château sont couverts de graffiti, souvent anciens ou très anciens. Jean de La Fontaine et Victor Hugo feraient partie de ces centaines de tagueurs. « J’ai visité Chambord. Vous ne pouvez-vous figurer comme c’est singulièrement beau. Toutes les magies, toutes les poésies, toutes les folies même sont représentées dans l’admirable bizarrerie de ce palais de fées et de chevaliers. J’ai gravé mon nom sur le faîte de la plus haute tourelle. », écrivit en 1825 Hugo à son ami, le poète Saint-Valry.

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Puis, traversant de somptueuses forêts, nous avons rejoint et longé la Loire, splendide et souveraine même dans ses voiles de brume, avec ses îles et ses oiseaux :

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Enfin nous avons visité le bouleversant Clos Lucé :

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clos lucé 4-minla chambre de Léonard

clos lucé 6-minson atelier

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clos lucé 7-minson cabinet de travail

clos lucé 8-minavec son cabinet de curiosités

clos lucé 9-minla salle à manger

clos lucé 10-minla cuisine

clos lucé 11-mintoute une partie du castelet est dédiée à la reconstitution de ses multiples inventions scientifiques et technologiques époustouflantes

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clos lucé 12-minLa silhouette de Léonard dans le souterrain de 700 mètres que François 1er avait fait creuser entre le château royal d’Amboise et le Clos Lucé, et par où il rendait visite chaque jour au génie

clos lucé 14-minPuis nous descendons au jardin et dans le parc, où ont été également reconstituées, et intégrées harmonieusement dans la nature, plusieurs de ses machines fantastiques. Leonard est clairement le génie du mouvement.

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clos lucé 18-minJe photographie mon reflet dans le panneau qui protège son moulin à eau

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clos lucé 20-minO fait tourner l’hélicoptère inventé par Léonard

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clos lucé 27-minétude du corps et nature

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clos lucé 29-minphotos Alina Reyes

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site du Clos Lucé

site du château de Chambord

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