Heureuse

Voilà, mon petit érotique est fini. Écrit en une semaine, comme Sept nuits (et il fait le même nombre de pages). Au même moment, tout à l’heure, O rapporte à la maison une panière de douceurs pour la fête de Pourim, que lui a donnée un commerçant séfarade débordant de générosité. La vie est bonne !

Manger le ciel

En fait ce sont huit pages par jour que j’ai écrites, les trois premiers jours (plus de 36000 signes, j’aime bien ce chiffre). Je continue, en beauté. La poésie ne veut pas me lâcher, ma foi je la laisse faire. Qui a jamais lu une chose pareille ? Je ne crie pas, dans mon euphorie, à mon génie, mais à la merveille qui fait que nous soyons chacun unique, et par là même universels. Comme la lumière est belle ! Vive le printemps ! La nuit quand je dors, le matin quand je sommeille encore un peu, je me vois en train de peindre, c’est-à-dire je vois la peinture en train de se faire, sur du bois, non des tableaux finis mais des peintures en cours, dans leurs détails vivement colorés où je marche comme sur un chemin. Ah il faudrait mille vies. Mais après tout nous les avons, et bien davantage encore.

Je suis, donc je me donne

Je suis un être humain complet. Je ne suis pas amputée, ni déformée ni castrée. Corps et esprit, chair et âme, tout y est, et plus encore.

Tant d’hommes sont si vaniteux et avides, ils croient que les honneurs et les moyens peuvent tout avoir. Mais l’être humain complet n’a pas besoin de béquilles à son être, puisqu’il est tout. Tant d’hommes s’obstinent à ne pas admettre que la fin ne justifie pas les moyens. Je suis la fin, je ne les justifie pas.

Il n’y a qu’une façon de se donner : tout entier, corps et âme, chair et esprit, dans la pleine vérité. Tout autre don n’est que la négation du don. L’être humain complet se donne et reçoit, c’est tout. En tout. Entièrement. Tous, à tous, à l’univers et à ce qui le dépasse. Quoiqu’il fasse il continue, il se donne, puisqu’il est.

Bouillante comme la neige

Très heureuse d’être entrée en Carême, comme je le fus d’entrer en Ramadan, l’été dernier – c’est ce temps qui m’a ouvert la voie de la peinture, quelques mois plus tard, car le blanc contient toutes les couleurs, il les mûrit en son sein puis les libère. Et aujourd’hui mes idées fusent en abondance. Ah décidément, par la grâce de Dieu, nous transformerons la mort en vie, oui je ferai toute chose nouvelle, je le fais à chaque instant !

Amour, travail, contemplation : secrets de la joie et de la vie

Travaillant comme une reine. Levée tôt ce matin, conversation heureuse avec O rentrant radieux et mouillé de la banlieue par deux heures de marche à pied, puis écrit trois haïkus dans la pénombre, puis contemplé la beauté de mon Cosmos apparaissant avec le lever du jour, et plus tard, sous la couette, d’un jet, lâché plus de deux pages pour mon prochain roman. Projets, travaux en cours ou en préparation : au moins un essai, un recueil de poèmes, une fiction, et les peintures. Puis pour plus tard, l’ordre des Pèlerins d’Amour. Sans les tristes sires de la religion et de l’édition qui ne savent dire que « laisse-moi faire toutes ces mauvaises choses en cachette avec ton corps [moi, mon livre], ne dis rien à personne », qui ne savent dire ni bonjour (bien qu’ils fassent semblant) ni pardon ni s’il vous plaît ni merci. Voyage n’a pas besoin d’un éditeur, il en a un, moi. Certes pour le moment je n’ai pas les moyens de le diffuser, mais cela viendra, quand le ciel le voudra. Mieux vaut attendre et faire les choses proprement. Les Pèlerins suivront d’eux-mêmes, proprement aussi. Ce qui est vicié au départ ne fait que s’enfoncer dans le vicié, tant de mouvements et d’êtres le prouvent. Les Pèlerins d’Amour naîtront purs de moi, comme Voyage, comme tous mes livres, comme mes enfants, sans trafic sur la parole et le vivant, comme il est bon, très bon, dans l’ordre sain et saint des choses.

Cœurs purs

Il n’est qu’un bien, c’est d’être intègre, in-demne, non-damné. C’est pourquoi toutes les religions, d’une façon ou d’une autre, parlent de pureté. La pureté ne s’acquiert en aucun cas par la volonté, la pureté ne s’acquiert pas, la pureté nous est donnée. L’intégrité consiste à demeurer en elle qui nous est donnée, même dans un milieu impur, une situation impure. Ce qui n’est pas abîmé n’est pas damné. Un cœur pur fait le bien sans le vouloir, du simple fait d’être ce qu’il est. Un cœur pur est le cœur qui est donné à chacun. Un cœur brisé reste pur quand il ne laisse pas l’infection le gagner. Contre l’infection, ce ne sont pas des remèdes qu’il lui faut, c’est un retrait continu dans la pureté. Ce n’est pas difficile. Ce n’est pas un combat, ou bien c’est seulement un combat de défense contre les attaques de l’infection qui vient de l’extérieur. La victoire est absolument assurée. Ce n’est pas une victoire pour soi, mais pour toute l’humanité. Ce n’est pas une victoire acquise, c’est une victoire en marche, pour le monde qui a perdu sa pureté de cœur mais à qui il est possible de la rendre. Et c’est ce qui se passe, continûment, grâce aux cœurs purs. Sans quoi rien n’existerait.