Plénitude, enfantement, éternité

 

Passé une bonne partie de l’après-midi à lire le Coran, dans la traduction agréable (autant que le format du livre, en édition bilingue, chez Alif Éditions) d’AbdAllah Penot. Arrivée au verset 120 de la sourate An-Nahl, Les Abeilles, je lis : « Ibrâhim constituait à lui seul une communauté ». Cette phrase me remplit de joie. Quelle meilleure façon de dire la plénitude ? Je regarde le texte arabe, il dit : « Voici, Abraham était une oumma ». André Chouraqui, toujours au plus près des mots, traduit : « Ibrâhim était une matrie ».

Justement, un peu plus tôt, j’avais songé à la Vierge Marie, en lisant un passage (Coran 13, 39) où était évoquée Oum al Kitab, la Mère du Coran, le prototype du Livre au ciel, qui, dit le Coran, est auprès de Dieu, lequel y écrit comme il veut. Oum al Quran est aussi un nom de Al Fatiha, L’ouvrante, la première sourate, dont les sept versets contiennent l’ensemble du Livre. Ouvrant mon dictionnaire, je vois que la Vierge Marie est appelée Oum an Nûr, Mère de la Lumière.

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Exode et Ramadan

 

« Qui suis-je ? », demande à Dieu Moïse. « Je suis avec toi », lui répond Dieu, déplaçant le je (Exode 3, 11-12). Dieu est « Je suis », Moïse est celui avec qui Dieu est. Voici l’Alliance, valable pour tous les prophètes qui traversent le temps par mon corps et mon sang, tous les prophètes jusqu’à, très vivement, Mohammed. Tel est l’être de tout croyant.

Ramadan est le temps de l’exode du je humain. Le temps où l’homme est privé de nourriture et de boisson durant toute la traversée du jour, le temps où il est privé de lui-même à travers cette privation, dans laquelle il peut entendre cette réponse de Dieu : « Je suis avec toi ».

Merci Seigneur pour Ta présence. Préserve-nous de nous goinfrer de nous-mêmes, le soir venu. À la fin de la nuit la manne tombera et à chaque jour elle suffira, comme Tu suffis.

 

Naissance d’une chair nouvelle

 

Le jeûne rend plus lent, comme le fait de se retirer dans la solitude, dans un lieu isolé. Le temps se déploie, éventail, accordéon. La pesanteur perd de son pouvoir, le corps se détache, jette l’ancre, sort de ses empreintes. Le corps est l’âme. La lumière l’assaille de morsures d’amour. Éperdu, il demande et rend grâce.

Hier dans un instant de fatigue à la bibliothèque où je travaillais, j’ai fermé les yeux et j’ai eu une vision, beaucoup plus solide et concrète que toute vue que nous donnent nos yeux de chair. La marque sur mon pied s’ouvrait, tel un œil vertical, et par cette fente ouverte sur toute la longueur du pied, donnait naissance à une chair nouvelle, lovée sur elle-même en forme d’œuf, qui en s’apprêtant à se déployer m’a réouvert les yeux, mettant fin à la vision mais sans y mettre fin tant elle avait été vivante, charnelle, sensible.

Passage. J’ouvre le passage que le Ciel est en train d’ouvrir. Prions pour ceux qui souffrent.

 

Justesse


à Paris cet après-midi, Schola Cantorum, hôpital du Val de Grâce, monastère de l’Adoration, photos Alina Reyes

 

Le professeur de piano appelle la partition « le texte ». Assisté à la dernière partie du cours, exigeant, complexe, précis, joie parfaite d’entendre se mettre en place, se réaliser le texte par les doigts du pianiste. Ensuite à la chapelle long silence rayonnant, étendant ses ramures dans le cosmos. Al-Fatiha sortant sans bruit du cœur, ses derniers versets semblables aux paroles d’un professeur de musique, chez elle partout comme l’Hostie exposée, cercle blanc vivant, son cœur battant doucement, lumière, son cœur étant sa bouche, souriant et parlant doucement.

 

Nouveau monde

Cette vue d'artiste représente un coucher de Soleil vu depuis la super-Terre Gliese 667Cc. L'étoile la plus lumineuse dans le ciel est la naine rouge Gliese 667 C, qui fait partie s'un système d'étoiles triple. Les deux autres étoiles plus distantes, Gliese 667 A et B apparaissent également à droite dans le ciel. Les astronomes ont estimé qu'il y avait des dizaines de milliards de mondes rocheux tels que celui-ci en orbite autour de naines rouges peu brillantes, rien que dans la Voie Lactée. © ESO/L. Calçada

 

Grands travaux. Travaillant depuis hier à un projet très fort que nous avons, O et moi. Et le nouveau roman continuant à faire son chemin, petite rivière souterraine pour le moment. Voici ce qu’on trouve sur les réseaux sociaux, un témoignage de quelqu’un de l’Ecoloski relayé par Maggy, de Barèges, pour la Dépêche : « … Les sentiers qui relient les villages encore coupés deviennent de vrais réseaux sociaux, sauf que les échanges ont une tout autre dimension. Ce soir, en fermant les yeux, je ne verrai pas la vallée détruite ; je verrai les hommes de la vallée de Campan qui nous viennent en aide avec leur machine et leur gentillesse, je verrai des hommes qui luttent depuis quatre jours pour que le pont d’Esterre reste debout, ces hommes aux commandes des pelles mécaniques qui risquent leur vie au milieu du Bastan…, je verrai ces hommes et ces femmes dans toute la vallée qui luttent et qui ne semblent pas affectés par la fatigue ou le découragement… Sers, Viella, Viey et Betpouey seront bientôt désenclavés. On ne s’improvise pas montagnard. Notre force, elle, est là ! Espérons juste qu’on écoutera un peu plus les récits des anciens.» Cette dernière phrase pour rappeler la nécessité d’entretenir le gave et d’y être attentifs. Montagnards de nos montagnes, vous serez les premiers prêts à entrer dans le nouveau monde.

L’article sur la « découverte de trois super-Terres » est à lire sur notre-planete.info

 

Barèges

 

Sur la page de La Semaine des Pyrénées, un survol par hélicoptère, et une autre vidéo, « Retour à Barèges après l’apocalypse », avec Yann et Tom, d’autres personnes qui sont dans Voyage, comme le village.

Le gave a repris son lit originel, et l’eau est allée jusqu’à l’ancien glacier qu’est Lourdes. Tout cela est simplement logique.

Le Ciel aime ses montagnards, ils vont unir leurs forces, qui sont grandes, pour reprendre leur dialogue avec leurs montagnes bien-aimées.