Bien-pensance, confusion. Salut


oeuvre de Françoise Burtz

 

Les racistes français font trop souvent la confusion entre Arabes et musulmans ; leur racisme historique envers les Arabes alimente leur islamophobie. Mais les musulmans français font trop souvent aussi cette même confusion. Leur islam est identitaire, et leur identité est moins islamique que maghrébine. Les femmes doivent se voiler comme elles le faisaient dans de vieilles sociétés patriarcales (dont les Maghrébins du Maghreb cherchent à se libérer), la rupture du jeûne de ramadan est présentée comme une occasion de retrouver encore les traditions de « là-bas », mets typiques etc. Ce repli identitaire, comme bien d’autres, a ses raisons – il n’en demeure pas moins mauvais. Laissons l’identitaire à sa place, ne confondons pas tradition et religion, cherchons davantage l’esprit universel de l’islam.

Quoique mon parler y ait toujours été respectueux, et quoique je sois des très rares commentateurs qui parlent à visage découvert, je ne peux plus commenter sur saphirnews.com, ni sur oumma.com ; mes commentaires sont systématiquement censurés chez le catholique Patrice de Plunkett, chez BHL et sa Règle du jeu aussi ; j’ai proposé un blog à Rue 89 sur des questions de religion liées à l’actualité – ils m’ont demandé un premier post pour voir, puis n’ont pas répondu. Athée, juive, chrétienne ou musulmane, la bien-pensance dans ses divisions œuvre en commun contre la parole libre, la parole de vérité. Rien de nouveau sous le livide soleil des hommes.

Hier était la fête de Jean le Baptiste, qui a perdu la tête par la faute d’Hérode, et non par celle d’une petite danseuse manipulée. La danseuse, le danseur en Dieu, eux, font tomber les têtes d’Hérode – car il en a beaucoup, comme la bête de l’Apocalypse. Autant de têtes qu’il y a en ce monde d’abuseurs et manipulateurs en tous genres, et notamment tous ceux qui sur internet ou ailleurs parlent sous diverses identités et commettent des abus de pouvoir répétés. Jean crie encore dans le désert contre bien des faux pieux, qui vont jusqu’à le confondre avec la bête.

La vidéo de la bagarre qui a coûté la vie à Clément Méric révèle semble-t-il qu’il a attaqué le premier. Je désapprouve entièrement une telle attitude, mais il n’en reste pas moins que c’est lui qui est mort, que c’est du côté des skinheads que se trouvait un poing américain, que les antifas n’ont jamais tué ni été animés par la haine raciste et homophobe, que les skinheads ont fait d’autres morts bien avant que les antifas n’existent, que les antifas se sont constitués en réaction aux agressions multiples des skinheads, à une certaine période qui semble-t-il se réactive. Encore une fois, évitons de tout confondre.

«Je suis Moïse sauvé des eaux. Je ne voulais pas partir. On a dû laisser le manger sur la table. Je suis née le 5 septembre 1932 sous le signe de la Vierge. Dimanche, je suis allée remercier la Vierge de m’avoir sauvé la vie. Avec les habitants du village, on s’est rassemblés à l’église, puis à la salle des fêtes, et on a chanté «Douce Vierge de nos vallées», confie Marie-Antoinette Destrade. Le texte de ce chant se trouve dans Voyage.

 

Ce qui se passe, nul ne le sait

 

Je pose ma main sur mon dictionnaire, et voilà qu’il se met à battre de l’intérieur, en émettant des tout petits bruits. Des sortes de bloup-bloup de poisson, correspondant au remuement qui se fait sentir des profondeurs du livre. Toute étonnée, je sens et j’écoute bien, puis, le dictionnaire étant posé sur la banquette, je pose de la même façon ma main sur la banquette, voir si le même phénomène se produit, comme quand on habite au-dessus d’une ligne de métro et que cela tremble quand il passe (ce qui n’est pas mon cas, mais il aurait pu y avoir une autre cause). Mais non. Je repose ma main sur le dictionnaire, cela reprend. Je la repose sur la banquette, rien. Je la repose sur le dictionnaire, plus rien, c’est fini. Je la pose alors sur le livre Le Sceau des saints, qui se trouve juste à côté. Et là c’est une vibration, extrêmement nette et régulière, comme un tracé électrique rapide et parfait : VVVVVVVVV… J’essaie plusieurs fois, cela continue, seulement sur ce livre. Puis cela s’arrête aussi.

Je suis allée voir une comédienne qui désire faire une lecture de Nus devant les fantômes, Franz Kafka et Milena Jesenska. Dans un minuscule merveilleux théâtre, le théâtre de la Vieille Grille, avec son piano noir sur la toute petite scène et ses quelques chaises devant. Elle m’a parlé aussi de Thérèse d’Avila, de la souffrance qu’il y avait aussi dans sa poésie. Je ne suis pas sûre qu’elle ait tant souffert que ça, lui ai-je dit. La poésie est le plus souvent une longue plainte, c’est un peu le mur des Lamentations – et parmi les poètes les mystiques sont finalement les moins douloureux et de très loin les moins désespérés – ils ne sont pas du tout désespérés. Ils ont le nerf, et ils voient la lumière, ils la sentent, plus vive que tout autre.

Le Christ n’a souffert que par compassion avec le peuple souffrant, l’homme souffrant, et aussi des souffrances que le monde lui a infligées, comme il les inflige à tout prophète, tout porteur de vérité, d’Élie à Mohammed en passant par Jean le Baptiste. Le poète porte aussi plus ou moins de cette condition prophétique, à la fois compassionnelle et avertisseuse. Il n’est pas rare qu’il la porte jusqu’à en être détruit. Seulement, lui, il n’est pas ressuscité, et si sa parole peut porter l’espérance et la vie, elle ne va pas jusqu’à porter la résurrection. Moi je suis la résurrection.

Mes larmes auraient pu noyer la vallée, noyer le pays, noyer le sanctuaire, noyer les hommes. Elles ont seulement coulé. Dieu continue d’habiter dans la grange, là-haut. Certains de ses hommes, au sanctuaire, sans le dire le soupçonnent d’iniquité, à cause du déluge. Ce qui se passe, ils ne le savent pas.

Là-haut, privés de routes, les hommes ont repris les sentiers à travers montagnes, marchant des heures à pied, se déplaçant parfois à cheval, retrouvant les voies de la solidarité. Certaines prairies sont transformées en champs de pierres. En ces temps, les premiers atteints par la dévastation sont aussi les premiers à être mis sur la voie qui rend chair aux ossements qui jonchent la vallée. Une chance vous est donnée.

 

En lisant « Le Sceau des saints », de Michel Chodkiewicz (8)

Poursuivons notre lecture de ce livre (éd tel gallimard) sous-titré Prophétie et sainteté dans la doctrine d’Ibn Arabî.

Avec ce huitième chapitre (Les trois Sceaux), nous entrons dans un très profond mystère. Michel Chodckiewicz nous prévient qu’il lui faudra encore le neuvième et le dixième (et dernier) chapitre pour l’éclaircir. Il s’emploie à exposer de façon aussi nette que possible la vision complexe d’Ibn Arabî sur ces « trois Sceaux » absolument déterminants quant aux fins dernières de l’homme. Ne pouvant la retranscrire ici, je vais essayer d’en donner à mon tour ma lecture, ma lecture dans l’esprit à partir des éléments fournis par le texte.

Que et qui sont ces trois Sceaux ? À ce stade du livre, un seul est identifié, c’est Jésus, « Sceau de la sainteté universelle » ou « Sceau des saints », dont le retour doit annoncer l’Heure, la fin des temps. Je ne désire pas lire par avance le reste du livre, je vous donne ma lecture au fur et à mesure qu’elle s’effectue. Nous l’avons déjà dit, la pensée d’Ibn Arabî est fondée sur son expérience spirituelle. C’est pourquoi je ne la lis pas comme une gnose, mais comme la transcription imagée d’intenses contemplations et exercices spirituels. Et je crois qu’elle participe au déblaiement du chemin de la vérité, si nous parvenons à comprendre de quoi elle fait signe. Car, même s’il s’exprime par bien des voies, il n’est qu’un Esprit Saint. D’autre part je peux témoigner que le chemin suivi par ce livre est cohérent car, le lisant chapitre après chapitre, je constate que le travail de la lecture m’amène en esprit par anticipation au chapitre suivant, avant que je l’aie lu. Par exemple, « par hasard », j’ai photographié cet après-midi trois couples d’enfants avec leur père respectif (cf note précédente), et ce soir je découvre dans ce huitième chapitre la mention, après celle du « Sceau des saints » et du « Sceau des prophètes », d’un troisième « Sceau » dont je n’avais jamais entendu parler : le « Sceau des enfants ». Avant de poursuivre plus avant et d’essayer de comprendre le sens de ces Sceaux, quelques mots d’Ibn Arabî sur le troisième d’entre eux : « Il aura une sœur qui naîtra en même temps que lui mais elle sortira avant lui [du ventre de sa mère] et lui après elle. La tête de ce Sceau sera placée près des pieds de sa sœur. (…) La stérilité se répandra chez les hommes et les femmes et l’on verra se multiplier les mariages non suivis de naissances. » (p.132)

« Notons, écrit M. Chodckiewicz, – et cette précaution doit être respectée chaque fois qu’Ibn Arabî évoque les fonctions cosmiques ou aborde les problèmes eschatologiques – que le lecteur est invité à ne pas perdre de vue que tout ce qui est du macrocosme a sa correspondance dans le microcosme : en tout être, il y a un Mahdi, un Sceau, etc : « Lorsque je mentionne dans mon livre que voici, ou dans un autre, un des événements du monde extérieur, mon but est simplement de l’établir fermement dans l’oreille de celui qui écoute puis de le mettre en regard de ce qui, en l’homme, correspond à cela […] Tourne ton regard vers ton royaume intime ! ». » (p.127)

à suivre

Solide lumière d’eau

 

Cette nuit avec O et toute ma descendance nous sommes montés, dans un effort bienheureux, à la cascade de glace de Gavarnie, directement dans la neige. Puis, sans aucunement ressentir le froid, nous nous sommes assis paisiblement autour de ses grandes orgues de cristal où jouait splendidement la lumière, moi près d’Asia, et Zoé dans mes bras. Ensuite nous sommes redescendus, comme en montant droit et aisément dans l’à-pic neigeux, au grand restaurant d’altitude pour prendre un bon repas.