Joies du sport et sagesse de Circé + un article scientifique sur les bienfaits du sport

Circé par Béatrice Offor

Circé par Béatrice Offor

Je m’exerce à la course en fractionné, c’est-à-dire en alternant différents rythmes, sans autre méthode pour l’instant que mon ressenti. C’est très agréable d’accélérer ou de décélérer nettement de temps en temps, ça évite la monotonie de la course et ça permet de progresser. J’ai arrêté de courir en musique car j’en avais assez de ma playlist, il faudrait que je trouve le temps d’en faire une autre et aussi de changer mes vieux écouteurs qui tiennent mal dans les oreilles, car la musique aide bien aussi. La musique évite de trop regarder la distance, elle permet de l’oublier un peu, elle contribue à l’euphorie et aide à chercher à se laisser porter par sa propre course.

De temps en temps à la place du yoga quotidien je fais de la barre au sol ou autre gym et un peu de musculation avec mes petits haltères, c’est un tel bonheur de se sentir ferme et souple, de sentir ses muscles. Quand je me suis mise au yoga, il y a deux ans après quelques années sans sport, je me suis rendu compte, en faisant la chandelle en short, que la peau de mes cuisses en se renversant se révélait froissée par le temps. Mais quand j’ai remusclé mes cuisses, ma peau s’est trouvée de nouveau correctement tendue sur ma chair, les muscles étant plus fermes et ayant remplacé ce qui était sans doute un peu de graisse. Ce n’est pas cependant l’esthétique le principal, c’est la sensation de force et de bien-être qu’apporte le sport. La respiration, si bien développée par le yoga. Le nettoyage intérieur, y compris du cerveau, la joie, la paix.

J’adorais faire l’amour quand j’étais plus jeune, depuis quelque temps je me suis assagie mais grâce au sport mon corps exulte tout autant tous les jours – et sans les inconvénients de la libido de la jeunesse, qui apporte aussi souvent du trouble que de la joie (mais c’est la vie). J’y ai pensé en traduisant le passage où Circé demande à Ulysse de coucher avec elle afin qu’ils puissent désormais se faire mutuellement confiance, « en toute amitié ». Les femmes sont pleines de sagesse dans l’Odyssée. Et Ulysse plein de compréhension et de respect, que ce soit avec une jeune fille ou avec une sorcière. Ah mes amies, si nous pouvions rencontrer plus souvent ce genre d’hommes, plutôt que ceux que Circé change en porcs parce qu’ils en sont ! Allons, Ulysse monte dans le « très beau lit » de Circé et elle leur rend leur humanité.

Ma traduction de l’Odyssée est un marathon qui lui aussi me rend très bienheureuse.
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L’image de Circé en vignette est une peinture de Wright Barker

Et voici un article d’Arash Javanbakht dans The Conversation France pour rappeler les bienfaits de l’exercice physique :

Comment l’exercice physique maintient notre cerveau en bonne santé et nous protège contre la dépression ou l’anxiété

L’auteur, Arash Javanbakht, dans sa salle de sport. Il n’aimait pas faire de l’exercice jusqu’à ce qu’il trouve une activité qui lui plaise.
Arash Javanbakht, CC BY-SA

Arash Javanbakht, Wayne State University

En tant que psychiatre et neuroscientifique, j’étudie la neurobiologie de l’anxiété et la façon dont certaines interventions modifient le cerveau.

Voici quelques années en arrière, lorsque je recommandais à mes patients une activité physique, je n’y voyais rien d’autre qu’une tâche de médecin comme une autre, à l’image de nombreux praticiens. Il faut dire que je n’étais moi-même pas très actif. Les choses ont changé peu à peu : j’ai commencé à pratiquer la boxe, à faire davantage d’exercice, et j’ai fait l’expérience directe de ses effets positifs sur mon propre esprit. J’ai également commencé à faire des recherches sur les effets des thérapies par la danse et le mouvement sur les traumatismes et l’anxiété chez les enfants réfugiés, ce qui m’a permis d’en apprendre beaucoup sur la neurobiologie de l’exercice.

Peu à peu, j’ai commencé à considérer que prescrire à mes patients de l’activité physique n’est finalement pas très différent d’une prescription médicamenteuse : en réalité, je leur prescris leurs « pilules d’exercice ». Mes patients ont désormais conscience eux aussi de l’importance de l’activité physique, et presque tous s’engagent à s’y livrer à un certain niveau. J’ai pu en constater les améliorations qui en ont découlé dans leur vie quotidienne, y compris dans des domaines touchant à leurs moyens de subsistance.

Vous avez probablement déjà entendu parler de la façon dont l’exercice améliore les capacités musculo-squelettiques, cardiovasculaires, métaboliques, etc. Mais savez-vous ce qui se passe dans le cerveau ?

Comment l’exercice améliore notre cerveau (sous-titre en français disponibles)

Biologie du cerveau et croissance

Faire de l’exercice régulièrement modifie la biologie du cerveau. On parle cependant d’activité physique régulière, pas simplement d’aller faire une promenade de temps en temps pour se sentir mieux. Le cardio, en particulier, a un véritable effet sur le cerveau, dont il modifie la structure. En effet, contrairement à ce que certains peuvent penser, le cerveau est un organe très « plastique » : de nouvelles connexions entre les cellules cérébrales, les neurones, se forment chaque jour, et de nouveaux neurones sont générés dans les régions cérébrales importantes. L’une de ces zones clé est l’hippocampe, qui joue un rôle dans l’apprentissage, la mémoire et la régulation des émotions négatives.




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Qu’est-ce que la plasticité cérébrale ?


Une molécule appelée facteur neurotrophique dérivé du cerveau (« Brain-Derived Neurotrophic Factor » ou BDNF) aide le cerveau à produire des neurones. Divers exercices d’aérobic et d’entraînement en intervalles de haute intensité (« high intensity interval training ») augmentent de manière significative les niveaux de BDNF. Les travaux de recherches menés sur des modèles animaux ont démontré que ces changements se situent au niveau épigénétique, ce qui signifie que ces activités affectent la façon dont les gènes sont exprimés, entraînant des changements dans les connexions et la fonction des neurones.

L’exercice physique modéré semble également avoir des effets anti-inflammatoires : il régulerait le système immunitaire et l’inflammation, évitant qu’elle ne soit excessive. Il s’agit d’un point important à souligner, car les nouvelles connaissances en neurosciences laissent soupçonner un rôle potentiel de l’inflammation dans l’anxiété et la dépression.

Enfin, il existe des preuves des effets positifs de l’exercice sur les neurotransmetteurs (des substances chimiques cérébrales qui sont transmettent les signaux entre les neurones), la dopamine et les endorphines. Or, ces deux dernières substances sont impliquées dans la bonne humeur et la motivation.

L’exercice améliore les symptômes cliniques d’anxiété et de dépression

Les chercheurs ont également examiné les effets de l’activité physique sur les fonctions cérébrales et les symptômes de dépression et d’anxiété. L’exercice améliore la fonction de mémorisation, les performances cognitives et les résultats scolaires. Des études suggèrent également que l’activité physique régulière a un effet modéré sur les symptômes de la dépression, pouvant même être comparable à celui de la psychothérapie. En ce qui concerne les troubles anxieux, cet effet réduit légèrement ou modérément les symptômes d’anxiété . Dans une étude que nous avons menée avec mes collaborateurs, nous avons constaté que des enfants réfugiés qui ont suivi huit à douze semaines de thérapies par la danse et le mouvement voyaient leurs symptômes d’anxiété et syndrome de stress post-traumatique significativement réduits.

Pour les personnes qui expérimentent des symptômes physiques de l’anxiété, l’exercice peut même potentiellement agir comme une désensibilisation. Cela s’explique par la similitude entre les effets corporels de l’exercice (en particulier de l’exercice à haute intensité) et ceux de l’anxiété, notamment l’essoufflement, les palpitations cardiaques et l’oppression thoracique. En outre, la diminution de la fréquence cardiaque de base qui résulte de la pratique d’une activité physique régulière pourrait être interprétée par le cerveau comme le signal d’un plus grand calme physique intérieur (ce qui diminuerait l’impression d’anxiété).

Il est important de noter que la majorité des études scientifiques ont analysé les effets de l’exercice de manière isolée et non en combinaison avec d’autres traitements connus pour leur efficacité contre l’anxiété ou la dépression clinique, tels que la psychothérapie et les médicaments. Je ne suggère pas ici que l’activité physique peut se substituer à ces nécessaires modes de prise en charge de la dépression ou de l’anxiété. En revanche, l’exercice peut compléter l’arsenal thérapeutique, tout comme il peut également être utilisé à des fins de prévention.

Deux hommes s’entraînent sur un pont de singe, en extérieur.
Nombreuses sont les personnes qui se sont mises à la gym en extérieur durant la pandémie.
Richard Baker/In Pictures via Getty Images, CC BY-SA

Les avantages de l’activité physique ne se limitent pas à ses effets neurobiologiques. En sortant marcher, on s’expose à la lumière du soleil, au grand air et à la nature. Au cours de ses promenades régulières, l’une de mes patientes s’est liée d’amitié avec un de ses voisins. Depuis, ils se retrouvent tous les mardis pour de délectables « Taco Tuesday ». De mon côté, je me suis fait des amis formidables à la salle de boxe. Ils me motivent et constituent tous ensemble un formidable réseau social de soutien. Chacun peut trouver son compte comme bon lui semble, qui choisissant de prendre un chien pour s’entraîner à la course, qui rencontrant son futur compagnon, qui profitant de l’énergie débordante du gymnase… L’exercice peut également être une façon de pratiquer la pleine conscience et de s’éloigner des facteurs de stress quotidiens, de tous nos appareils électroniques ou de la télévision.

Enfin, en améliorant notre forme physique et en nous donnant un surplus d’énergie, l’exercice peut aussi améliorer l’image que nous avons de nous-mêmes et notre estime de soi.

Conseils pratiques pour vie bien remplie

Concrètement, comment trouver le temps de faire de l’exercice, surtout avec toutes les contraintes de temps et les limitations supplémentaires imposées par la pandémie, qui a limité l’accès aux salles de sport ?

  • Choisissez une activité que vous aimez. Ce qui fonctionne pour l’un peut ne pas fonctionner pour l’autre. Nous ne sommes pas tous obligés de courir sur un tapis roulant (personnellement, je déteste ça). Essayez un ensemble d’activités variées et voyez laquelle vous préférez : course à pied, marche, danse, vélo, kayak, boxe, poids et haltères, natation… Pour éviter l’ennui, vous pouvez alterner entre plusieurs sports, ou en changer selon les saisons. Il n’est même pas forcément nécessaire de choisir un « sport ». Tout ce qui fait accélère votre rythme cardiaque peut faire l’affaire, même s’il s’agit de danser devant les publicités télévisées ou de jouer avec vos enfants ;

  • Utilisez à votre avantage la pression positive que peuvent exercer vos pairs. À 17h30, après une journée chargée à la clinique, j’ai parfois du mal à me motiver pour aller à la salle de sport, ou pour me consacrer à un entraînement en ligne (si vous rendre dans une salle de sport pendant la pandémie vous rebute, ce type d’entraînement est une alternative). J’ai donc mis en place sur la messagerie instantanée que j’utilise avec mes amis un groupe « salle de boxe ». Nous l’utilisons pour indiquer quand nous allons au gymnase, ce qui nous motive les uns les autres ;

  • Évitez de voir votre activité comme « tout ou rien ». Il ne s’agit pas de choisir entre faire une heure de voiture ou de vélo aller-retour afin de vous rendre à la salle de sport pour une heure d’exercice ou rester affalé sur votre sofa pendant toute la soirée… Comme je le dis toujours à mes patients : « un seul pas supplémentaire vaut mieux que rien, et trois squats valent mieux que pas de squat du tout ». Quand on est peu motivé ou que l’on débute, il faut prendre soin de soi. En faire autant que possible, mais sans exagérer. Danser trois minutes sur votre musique favorite compte aussi pour de l’exercice ;

  • Mélangez l’exercice avec d’autres activités : pendant que vous êtes au téléphone avec un ami, profitez-en pour faire un quart d’heure de marche. Même si vous tournez en rond autour de votre maison, cela reste de l’activité physique ;

  • Si vous hésitez à vous mettre en train, si vous manquez de motivation, posez-vous la question : « À quand remonte la dernière fois où j’ai regretté de m’être bougé ? » ;

  • Bien que l’activité physique aide à perdre du poids, il ne suffit pas à lui seul : il faut y adjoindre un régime alimentaire correct. Un gros brownie peut contenir plus de calories qu’une heure de course à pied ne permet d’en éliminer. Quoi qu’il en soit, même si vous ne perdez pas de poids, ne renoncez pas à l’activité physique : elle vous procure malgré tout tous les avantages dont nous venons de parler !
    Enfin, même si vous ne vous sentez pas anxieux ou déprimé, prenez quand même vos pilules d’exercice : elles vous seront utiles pour protéger votre cerveau.The Conversation

Arash Javanbakht, Associate Professor of Psychiatry, Wayne State University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

À mon seul désir

sur le site du "livre scolaire", ce passage du chant 10 juste expurgé de l'énigmatique phrase sur les proches chemins de la nuit et du jour - surtout, évitons de réfléchir et de faire réfléchir les élèves !

sur le site du « livre scolaire », ce passage du chant 10 juste expurgé de l’énigmatique phrase sur les proches chemins de la nuit et du jour – surtout, évitons de réfléchir et de faire réfléchir les élèves !


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Rêvé cette nuit que je démolissais complètement le bureau d’une espèce de fonctionnaire de la littérature, le mettant littéralement en pièces, sous ses yeux et ceux d’une foule de gens assis dans un immense amphithéâtre, pulvérisant tiroirs et autres morceaux sans exception, tout en me félicitant d’avoir musclé mes bras ces mois derniers.

En fait je ne pense pas que le moment soit venu pour dévoiler le sens, resté inconnu depuis près de trois mille ans, que j’ai annoncé la dernière fois avoir trouvé à l’énigmatique pays des Lestrygons. Ni le moment, ni l’endroit, tant que traînent des saccageurs de littérature et de vérité. Je suis comme les animaux qui, traqués par les humains, sont obligés de se retirer de plus en plus haut dans les montagnes. Mais mieux vaut vivre libre au désert qu’esclave en société – tant pis si ça exaspère les esclaves qui se prennent pour des maîtres.

Je continue à traduire, toujours avec le même bonheur. Et j’ai trouvé en avançant d’autres preuves, toujours solides et non tirées par les cheveux, du sens que j’ai découvert à ces fameux si « proches chemins de la nuit et du jour ». Tout cela est à la fois infiniment simple et subtil, et décidément oui, mieux vaut attendre, pour le donner, de pouvoir donner le tout, le livre entier.

barque-à-la-licorne-min1Si je ne donne plus ni analyses ni traductions sur ce blog, où il n’y a déjà plus les photos depuis que je les mets sur mon compte Instagram, nous verrons bien à quoi il pourra servir. À noter mes rêves ? Pourquoi pas.

Eurêka

eureka,-min
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En train, à mesure que j’avance, d’ouvrir l’Odyssée comme ces livres découpés pour enfants, qui jaillissent en relief quand on ouvre leurs pages. Traduisant cette nuit les vers énigmatiques sur les chemins du jour et de la nuit dans le pays des Lestrygons (chant X, v .86), j’ai cherché ce qui s’en disait et j’ai trouvé cet article reprenant les nombreuses tentatives de réponse, insatisfaisantes, faites jusqu’à maintenant. Je n’ai pas tout lu, mais vous pouvez aller voir vous-mêmes ici pour avoir une idée de la question et des réponses. Et donc, arrêtant de lire, j’ai concentré ma pensée sur le texte d’Homère. Et au bout de quelques minutes, J’AI TROUVÉ ! C’est tellement fort ! Et d’une simplicité aussi désarmante que le sens que j’ai trouvé dans l’épisode des Cyclopes, dont je parlais l’autre jour (sens qui est la clé de tout le poème et que je n’exposerai pas ici, comme je l’ai dit). J’étais soufflée, j’avais envie de pleurer de joie. Cette fois, je vais l’expliquer. Dans quelques heures. Le temps que je l’écrive, et que, si la question vous intéresse, vous y réfléchissiez d’abord vous-mêmes.

J’ai trouvé les images de livres découpés ici

Tapie, réunions non mixtes, running, travail quotidien…

Dans la rue ces jours-ci à Paris, photo Alina Reyes

Dans la rue ces jours-ci à Paris, photo Alina Reyes

Screenshot_2021-04-05 Le parquet de Paris reprend l'enquête sur le cambriolage du couple TapieMacron appelle Tapie parce qu’il a été cambriolé. Ceux que Tapie a « cambriolés », nous tous les contribuables, personne ne les a appelés. Manquerait plus que le lascar ait monté le larcin pour faire marcher les assurances, avec lui on peut s’attendre à tout.

C’est quoi ce pays où certains veulent faire interdire les associations qui pratiqueraient des réunions non mixtes ? Je suis toujours prudente par rapport aux possibles dérives idéologiques de tout activisme, mais enfin comment peut-on seulement songer à interdire ce genre de réunions ? « La question elle est vite répondue » : on peut y songer quand ce ne sont pas des Blancs qui sont concernés. La non-mixité, il y en a partout, on la pratique partout -associations et autres clubs spécialisés, congrégations religieuses et autres, sans parler de la non-mixité informelle, avec des lieux de pouvoir souvent presque exclusivement masculins et blancs), c’est seulement quand il est question de gens non blancs qu’elle pose problème, aux Blancs évidemment. Comme quoi les antiracistes ont d’excellentes raisons de parler de temps en temps entre personnes touchées par le racisme. Les réunions en non-mixité sont un bon outil d’émancipation pour toutes les catégories sociales qui subissent des discriminations, un outil connu et utilisé depuis au moins la Révolution française. Vouloir les interdire aux personnes racisées est une indignité scandaleuse.

En fait l’actualité n’est qu’un fatras d’indignités. Pourquoi parler de celle-ci ou de celle-là plutôt que de telle ou telle autre ? Parce qu’au fond n’importe laquelle fait l’affaire pour rappeler la folie du monde, la nécessité de la combattre mais aussi de s’en détacher, de ne pas la laisser accaparer notre vie.

Courir est l’un des excellents moyens pour ça. J’ai très peu couru cet hiver (je m’y suis mise seulement à la fin de l’été dernier, alors que je n’avais pas couru depuis le lycée), mais je m’y remets ces jours-ci, avec bonheur. Mon appli de sport m’a proposé de relever le défi de courir 30 km entre le 1er et le 30 avril, je m’y suis mise. Ce vendredi 2 j’ai couru 2,8 km en fractionné, hier dimanche 2,4 km en footing continu . Au début, en août dernier, je tenais à peine 200 mètres d’affilée, puis j’ai couru trois ou quatre fois par mois jusqu’à la fin de l’automne, où je suis arrivée à 1,5 km d’affilée, à mon petit rythme. Maintenant j’ai juste hâte d’y retourner, je sens que je peux de nouveau progresser – pas aujourd’hui quand même, je veille à ne pas me faire mal, et puis je pratique d’autres sports.

J’ai trouvé l’autre jour une toile dans la rue et j’ai le projet de la repeindre, quand je sentirai que j’ai besoin d’une pause dans ma traduction. Pour l’instant le désir de traduire me réveille chaque matin, et comme je me couche tard, du coup je dors souvent peu mais la joie du travail qui avance me tient éveillée. Là je commence le chant X, Ulysse et ses compagnons arrivent chez Éole, roi des vents.

Qui est Ulysse ?

« Je suis Ulysse, fils de Laërte, connu de tous hommes
Pour mes amorces, et ma renommée va jusqu’au ciel.
J’habite Ithaque qu’on voit au loin ; le mont Néritos,
Remarquable, y agite son feuillage ; tout autour,
Se trouvent des îles nombreuses et très proches entre elles,
Doulichion, Samè, et Zacynthe couverte de forêts.
Ithaque est basse, et située au plus profond du couchant ;
Les autres îles sont plus loin, vers l’aurore et le soleil.
Elle est rude, mais bonne nourrice de garçons ; et moi
Je ne peux imaginer de terre à la saveur plus douce.
Certes Cacheuse, déesse entre les déesses, me tint
Dans ses grottes creuses, me voulant vivement pour époux ;
Ainsi même Circé, par ses amorces, me retint
Dans ses demeures d’Aiaié, me désirant pour époux ;
Mais jamais elles n’ont convaincu mon cœur dans ma poitrine.
Tant rien ne peut se trouver de plus doux que la patrie
Ou les parents, même si on habite, en pays lointain,
Dans une riche demeure, mais séparé des siens. »

Homère, Odyssée, chant IX, v.19-36 (ma traduction)

*J’ai traduit le mot dolos par son sens premier, « amorce », plutôt que, comme on le fait habituellement, par « ruse », d’autant que l’histoire du mot ruse, en français, révèle qu’il s’agit d’une tactique d’échappement pour les animaux chassés, alors que l’amorce est au contraire une tactique pour attraper. Ce mot dolos se retrouve dans le qualificatif qu’applique Ulysse à Circé, je l’ai donc fait ressortir aussi comme « amorce ».
Au sens figuré, je trouve l’amorce d’Ulysse ici particulièrement habile. On dirait James Bond se présentant : « My name is Bond. James Bond ». N’est-elle pas magnifique, cette tirade de présentation de lui-même, qu’il finit par faire devant Alkinoos et les Phéaciens après être arrivé chez eux en naufrageant, en malheureux errant, suppliant d’être secouru ? Et le voici soudain dans sa souveraineté.

C’est là que j’en suis cette nuit de ma traduction de l’Odyssée, qui avance vite et bien, poussée par un vent vif et doux.