Le bestiaire botanique d’Izumi

C’est une joie assez comparable à celle des enfants à la recherche d’œufs de Pâques dans le jardin que de parcourir certaines allées du Jardin des Plantes en quête des très gracieux dessins d’Izumi. Son trait élégant et sa vision ravissante mêlant le végétal, l’humain et l’animal réjouissent et même réparent, comme les vertus médicinales de certaines plantes. Sans doute n’ai-je pas vu tous ses panneaux – si j’en trouve d’autres d’ici la fin de l’exposition, le 4 juin, je les ajouterai à cette note.

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izumi 7Cet après-midi au Jardin des Plantes à Paris, photos Alina Reyes

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pour en savoir plus sur cette artiste : aller sur le site d’Izumi

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Trois femmes volantes

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Dans le magazine de l’avion, j’ai lu une interview de Terry Gilliam où il disait que jusqu’à l’âge de trente ans il avait cru être capable de voler, à cause de rêves qu’il faisait où il marchait en apesanteur à un mètre du sol. C’était la première fois que je rencontrais un témoignage similaire à ce que j’ai vécu. Moi aussi, jusque vers trente ans, j’ai fait ce rêve récurrent, et comme lui, le sentiment de vérité, de vécu, était si puissant que je croyais toujours, au réveil et même après, en être en effet capable. Mais pour moi, il y a quelque temps, ce rêve de nouveau est revenu quelques fois, et je marchais bien plus haut qu’à un mètre du sol, toujours avec la même puissante impression de vérité. Maintenant que je sais que d’autres, ou du moins un autre, a connu la même expérience, je suis d’autant plus convaincue qu’elle signale quelque chose de nos potentialités d’existence que nous ne savons pas.

C’était une commandante de bord qui pilotait, et une cheffe de cabine qui gérait les passagers. Je me trouvais à la place 10A, c’est-à-dire à l’endroit de l’issue de secours, et le stewart est venu m’expliquer comment l’ouvrir si nécessaire, car ce serait alors à moi de le faire. Je me rappelle les jeunes Françaises avec lesquelles j’étais samedi soir au pub à Édimbourg, toutes très intéressantes et libres – notamment une musicologue et chanteuse de jazz, une historienne d’art, une archiviste qui avait découvert récemment une lettre de Tolkien dans les archives de l’université d’Édimbourg, lettre dans laquelle il disait son désir de retourner dans cette ville. Il est mort trois mois plus tard, avant d’avoir pu le faire, je vous laisse réfléchir aux liens entre tout cela, voici la copie de la lettre (quand elle me l’a montrée sur son téléphone, j’ai eu l’impression que c’était un message que Tolkien nous envoyait sur smartphone). Quelle belle écriture, n’est-il pas ?

 

 

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à l’aéroport d’Édimbourg, photos Alina Reyes

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Beauté, toujours. Héroïne, journal et haïkus du jour

edimbourg gruesToujours à Édimbourg, les vols étant annulés les uns après les autres. En profitant pour admirer par la fenêtre les brusques tourbillons de neige, les jeux des oiseaux se réunissant au chaud sur une cheminée fumante puis s’élançant, tentant de voler contre les bourrasques qui finissent par arriver à les déporter dans leur sens, écouter les chants du vent, contempler les lumières et les couleurs changeantes dans le ciel, autour des hautes grues blanches arrêtées dans le même sens pour éviter d’être arrachées par la tempête, et sortir, marcher dans les rues enneigées, dans les poudroiements denses et virevoltants des chutes de neige, dans le bonheur, trouver une épicerie ouverte, faire des courses sur les rayons qui se vident, rentrer, écrire et dessiner un peu dans mon cahier, faire la cuisine, vivre.

L’héroïne du jour ici se nomme Charmaine Laurie et elle est chauffeuse de bus. Je vous laisse admirer sa maîtrise, avant mes trois haikus d’Édimbourg.

 

 

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Neige à la fenêtre
Étendards rouges dansant
et tourbillons blancs

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Sur la cheminée
Dix pigeons dans la fumée
Au chaud dans le froid

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La ville la nuit
Le vent soulève la neige
parmi les lumières

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Les police box reconvertis d’Édimbourg

Autrefois utilisés comme postes de communication pour la police, ils sont tombés en désuétude avec les moyens de communication modernes. Après des années d’abandon, ils trouvent une nouvelle vie dans leurs reconversions diverses : beaucoup sont devenus des kiosques où l’on peut acheter des cafés et autres boissons, ou encore des glaces, des crêpes ou de la nourriture végane… ou bien des tickets de tourisme… et dernièrement l’un d’eux est même devenu un mini salon de coiffure, faisant aussi office de barbier et distribuant boissons chaudes et produits de toilette, pour les personnes sans abri – à l’initiative de Zakia Moulaoui, « Française avec un cœur écossais »

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edinburgh police boxà Édimbourg, photos Alina Reyes

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Roms, migrants, immigrés, pauvres : stop aux faux procès à l' »étranger »

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L’autre jour, un peu avant sept heures du matin, entre la Comédie française et l’Opéra, j’ai vu depuis le bus toute une famille se lever dans le froid et la nuit. Les parents pliant les sacs de couchage, les enfants rajustant leurs vêtements propres et soignés, peut-être s’apprêtant à partir à l’école après avoir mangé quelque chose – du moins est-ce ce que j’ai espéré. Cette semaine il va faire vraiment très froid pour tous ceux qui dorment dehors. Des familles roms, des réfugiés, d’autres personnes sans abri. Il y a un autre monde dans le monde, une autre ville dans les villes : un monde sans toit, une ville sans pitié.

Toutes ces personnes à la rue forment un Dreyfus géant. Le Dreyfus de ce début de XXIe siècle, tel l’apatride, le juif errant, est puni par les assis, comme dit Rimbaud, pour une faute inconnue, comme dit Kafka, ou pour une faute qu’il n’a pas commise, comme dit Zola. « Sortir du piège », préconise courageusement Anne Sinclair, demandant à Macron de cesser de persécuter les migrants et d’inventer plutôt une véritable politique, en accord avec l’Europe. Souvenons-nous des conséquences gigantesques de l’affaire Dreyfus, des dizaines de millions de morts qui s’ensuivirent, et cessons de fabriquer de faux procès pour stigmatiser l’étranger, intérieur ou extérieur.

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