Le lac, la forme, le fond

Le temps de lire. Les paradis réels.

Je reposte cette note d’il y a deux ans en y ajoutant cette photo de paradis, l’un de tous mes paradis : primitivité et langue, amour et paix, dépouillement et esprit

l'oiseau bleu 2

29J’étais en train de lire (Les Poulpes, de Guérin – je m’en souviens) sur la petite plage éloignée et tranquille que nous appelions L’oiseau bleu, à Sanguinet dans les Landes, au temps où (avant d’écrire mon premier roman) nous y passions des journées entières, en petite tribu, nus sur le sable, sous les arbres, dans l’eau et sur l’eau (en planche à voile), et où j’écrivis aussi le texte qui suit :

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Sanguinet, le lac, par cinq mètres de fond. Losa : sur un hectare, des vestiges gallo-romains, éparpillés autour d’un fanum, petit temple en garluche, pierre ferrugineuse du pays. Un village occupé du début de l’ère chrétienne jusqu’à la fin du IIIème siècle.

De nombreuses céramiques, pièces de monnaie, bijoux, objets divers : poids de tisserands ou de pêcheurs, fusaïoles, mortiers, biberon, lampe à huile, ont été retrouvés sur le site. Des vases sigillés fabriqués à Montans, dans le Tarn, témoignent des échanges commerciaux dans la Gaule romaine. De très grandes jarres, encore incrustées de goudron, révèlent l’existence d’une industrie du goudron par distillation du bois – goudron qui, envoyé à Bordeaux, servait à l’industrie navale romaine.

L’emploi de ces grandes jarres s’est perpétué dans la région. Au début du siècle on en utilisait de semblables dans l’industrie de la résine. Avant la guerre, les lavandières de Sanguinet se servaient d’immenses cuviers, de forme similaire, sur les bords du lac.

A un kilomètre et demi environ au large de Losa, par sept mètres de fond, s’étend un site du deuxième âge du fer (480-450 ans avant J-C), dit de l’Estey du large. On y a trouvé les vestiges d’une double palissade en bois, autour des quelques restes d’un habitat : céramiques et jattes singulières, avec leurs anses intérieures permettant de les suspendre au-dessus du feu.

Je vois les planches qui filent sur l’eau, multicolores, les corps arqués contre la voile, dans la vitesse, la lumière, l’oubli de soi, la jouissance immédiate.

Je sais les cités englouties, plongées dans l’ombre, hantées par les brochets, les hôtes silencieux des eaux, et aussi, de temps en temps, des hommes en combinaison sombre, munis de masques et d’oxygène, pour ce monde où l’on ne respire pas comme là-haut.

Et le sentiment me vient que ce lac est un texte, dont la surface est la page, dont les mots sont des voiles où je peux m’accrocher et jouir dans le souffle des phrases. Et au fond… Au fond du texte sont des royaumes… Avant les recherches archéologiques, dans quelque nuit des temps, le bruit errait à Sanguinet qu’au fond du lac gisaient une ville et une statue d’or.

La science y a trouvé d’autres merveilles. La critique universitaire s’est attachée à l’importance de la forme du texte. Mais au fond, qu’est-ce que le fond ? N’est-ce pas bien davantage que le contenu du texte, maintenu dans les limites de la forme ? Que nous dit la surface, sinon qu’il est tellement grisant de s’y laisser glisser seulement parce qu’on ressent, en-deçà, une vertigineuse étrangeté ?

L’image du lac-texte, surgie par elle-même, s’évanouit aussi d’elle-même à la réflexion. On pourrait encore jouer sur la métaphore de l’eau et de la page miroirs. Mais ce qui m’intéresse, c’est le fond. Le fond, il me semble, englobe la forme, la surface, les bords, le texte tout entier. Le fond dépasse la volonté de celui qui écrit, le fond est celui qui écrit. Il l’est, très mystérieusement.

Actualité des « Grands cimetières sous la lune » de Bernanos (extraits)

violences policieres*

Deux des arrière-petit-fils de Bernanos, antifas, ayant été arrêtés l’autre jour dans l’affaire de la voiture de police brûlée, j’ai eu envie d’aller regarder de nouveau son pamphlet autour de la guerre d’Espagne, dont pas mal d’observations peuvent se lire en regard de la situation d’aujourd’hui, en les adaptant à notre société et à ses « clergés », notamment intellectuels et médiatiques, alors que dans le contexte et sous le prétexte d’un état d’urgence encore renouvelé (avec la présence de soldats armés de mitraillettes dans certaines rues de Paris), le mouvement Nuit Debout et les manifestations syndicales contre la loi travail sont réprimées avec une violence démesurée, sans discernement et inquiétante par la police et la gendarmerie – matraquages, tirs de flash-ball au niveau des visages, utilisation massive et systématique de gaz lacrymogènes, tirs de grenades de désencerclement à hauteur d’homme, tout cela y compris sur des manifestants tout à fait pacifiques, parmi lesquels les blessés se comptent par dizaines.

« La colère des imbéciles remplit le monde. » Telle est l’antienne de ce texte, que je lis en toute liberté, comme tous les livres, y laissant ce que je préfère y laisser, y prenant ce que j’y prends, en l’occurrence les extraits que voici :

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« Le premier prêtre venu, s’il est sincère, vous dira que nulle espèce n’est plus éloignée que la leur de l’esprit d’enfance, de sa clairvoyance surnaturelle, de sa générosité. Ce sont des combinards de la dévotion, et les gras chanoines littéraires qui entonnent à ces larves le miel butiné sur les bouquets spirituels ne sont pas non plus des ingénus. »

« Ne touchez pas aux imbéciles ! Voilà ce que l’Ange eût pu écrire en lettres d’or au fronton du Monde moderne, si ce monde avait un ange. »

« L’idée de grandeur n’a jamais rassuré la conscience des imbéciles. La grandeur est un perpétuel dépassement et les médiocres ne disposent probablement d’aucune image qui leur permette de se représenter son irrésistible élan (c’est qu’ils ne la conçoivent que morte et pétrifiée, dans l’immobilité de l’Histoire). »

« Comment lui ferez-vous entendre [à l’imbécile] qu’il y a un peuple des Pauvres, et que la tradition de ce peuple-là est la plus ancienne de toutes les traditions du monde ? Un peuple de pauvres, non moins sans doute irréductible que le peuple juif ? On peut traiter avec ce peuple, on ne le fondra pas dans la masse. Vaille que vaille il faudra lui laisser ses lois, ses usages et cette expérience si originale de la vie dont vous ne pouvez rien faire, vous autres. Une expérience qui ressemble à celle de l’enfance, à la fois naïve et compliquée, une sagesse maladroite et aussi pure que l’art des vieux imagiers. »

« J’admire les idiots cultivés, enflés de culture, dévorés par les livres comme par les poux, et qui affirment, le petit doigt en l’air, qu’il ne se passe rien de nouveau, que tout s’est vu. Qu’en savent-ils ? »

« On ne refera pas la France par les élites, on la refera par la base. Cela coûtera plus cher, tant pis ! Cela coûtera ce qu’il faudra. »

« Quel anarchiste, ce Bernanos ! direz-vous. »

« Nous n’espérions rien des militaires, et des cléricaux pas davantage. (…) Je voudrais tenir devant moi l’un de ces innocents Machiavels en soutane qui ont l’air de croire qu’on manœuvre un grand peuple ainsi qu’une classe de sixième et prennent, en face de la catastrophe, l’air de dignité offensée du maître d’étude chahuté par ses élèves. »

« Oh ! bien sûr, M. Paul Claudel, par exemple, jugera que ces vérités ne sont pas bonnes à dire, qu’elles risquent de faire du tort aux honnêtes gens. Je crois que le suprême service que je puisse rendre à ces derniers serait précisément de les mettre en garde contre les imbéciles ou les canailles qui exploitent aujourd’hui, avec cynisme, leur grande peur, la Grande Peur des Bien-Pensants. »

« Pour moi, j’appelle Terreur tout régime où les citoyens, soustraits à la protection de la loi, n’attendent plus la vie ou la mort que du bon plaisir de la police d’État. »

« Je m’excuse de remuer ces cendres. Elles sont déjà si froides qu’on ne pourrait se coucher dessus sans mourir. »

« En 1207, par exemple, un petit homme commençait à courir les routes de l’Ombrie. Il annonçait aux hommes une nouvelles très surprenante, l’avènement de la Pauvreté. (…) Les dévôts sont des gens malins (…) le Saint une fois mort, que voulez-vous ? Ils se sont trouvés tellement occupés à l’honorer que la Pauvreté s’est perdue dans la foule en fête (…) aux applaudissements des riches, stupéfaits de s’en tirer à si bon compte. Ouf !… Après quoi ce fut, comme on dit, une fameuse reprise des affaires ! Jamais la vente des indulgences n’avait rapporté aussi gros. Vraiment, ça ne retient pas votre attention, cette bacchanale de la Renaissance, les ruffians bariolés, princes, ministres, astrologues, cardinaux, peintres et poètes, drapés d’or ou bardés de fer, tous mangés par le mal napolitain, menant leur ronde infernale, avec des hennissements, autour de la tombe du pauvre des pauvres, découvreur d’Amériques invisibles, mourant au seuil de ces jardins enchantés ?
(Il est vrai que par une délicate attention le supérieur des Franciscains, fait Grand d’Espagne par les Rois Catholiques, recevait pour asile l’un des plus magnifiques palais de Madrid). »

« Il y a un moyen de tout arranger : organisez le culte du Pauvre Inconnu. Vous l’enterrerez place de la bourse et désormais on ne verra plus à Paris un roi de l’acier, de la houille ou du pétrole qui ne considère comme un devoir de venir déposer une couronne sur la dalle sacrée. »

« Le monde va être jugé par les enfants. L’esprit d’enfance va juger le monde. »

« La vie n’apporte aucune désillusion, la vie n’a qu’une parole, elle la tient. Tant pis pour ceux qui disent le contraire. Ce sont des imposteurs ou des lâches. »

« Il n’est rien de plus haïssable en l’homme que sa prétendue sagesse, le germe stérile, l’œuf de pierre que les vieillards se passent de génération en génération et qu’ils essaient d’échauffer tour à tour entre leurs cuisses glacées. (…) Je ne me sens pas né pour couver un œuf dur. »

« Que peuvent avoir de commun avec un vieux paysan de l’ancienne France ces septuagénaires demeurés aussi ignorants des valeurs de la vie qu’un polytechnicien de vingt ans, ces bêtes à formules et à systèmes qui, même pris dans les rets de la paralysie sénile, restent aussi turbulents sur leurs pots qu’au temps où ils présidaient des conférences économiques ? Cet ordre est le leur. On souhaiterait qu’ils crevassent ensemble, tous les deux, très tranquilles. Mais voilà où nous commençons à ne plus nous entendre, eux, et nous. Ils ne veulent pas. »

« jeunes gens (…) c’est votre pensée, mes amis, qui sent la tisane et l’urine, comme un dortoir d’hospice. Plus précisément vous n’avez pas de pensée, vous vivez dans celle de vos aînés, sans jamais ouvrir les fenêtres. »

« J’ai toujours pensé que le monde moderne péchait contre l’esprit de jeunesse, et que ce crime le ferait mourir. »

« Ce n’est pas le désordre qu’ils réprouvent, c’est le bruit que fait le désordre, et ils crient : Silence ! Silence ! de leurs pauvres voix tantôt plaintives et tantôt menaçantes. Si les revendications ouvrières les jettent hors d’eux-mêmes, c’est parce qu’elles agacent leurs nerfs. »

« Hommes d’ordre, le peuple n’est pas si facile à séduire que les innocents paroissiens de vos Ligues. Lorsque vous parlez d’ordre aux classe moyennes, elles comprennent de suite, car depuis cent cinquante ans, sous n’importe quel régime bourgeois, ce mot a toujours signifié pour elles prospérité du commerce et de l’industrie. Mais il ne sonne pas de même aux oreilles populaires. »

« Jeunes gens qui lisez ce livre, que vous l’aimiez ou non, regardez-le avec curiosité. Car ce livre est le témoignage d’un homme libre. »

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Kandinsky, « Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier »

kandinsky la voile doreeLa voile dorée

*kandisky paysage pres de murnau avec locomotivePaysage près de Murnau avec locomotive

*kandinsky quelques cerclesQuelques cercles

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« Un mot qu’on répète, jeu auquel la jeunesse aime se livrer et qu’elle oublie ensuite, finit par perdre toute référence à son sens extérieur. La valeur devenue abstraite de l’objet désigné disparaît ; seul le « son » demeure. Ce « son pur », nous le percevons peut-être inconsciemment en même temps que l’objet – réel ou qui a fini par devenir abstrait. Mais alors ce son apparaît au premier plan pour exercer une impression directe sur l’âme. L’âme subit une vibration pure encore plus complexe, je dirais presque plus « surnaturelle » que l’émotion que peut lui donner le bruit d’une cloche, le son d’une corde tendue, la chute d’une planche, etc. La littérature de l’avenir a là de belles perspectives. »

Kandinsky, traduit de l’allemand par Pierre Volbout

Peintures de Kandinsky trouvées parmi d’autres sur le site du musée Guggenheim de New York

Lancelot du Lac

guenievre et lancelotGuenièvre embrasse Lancelot

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« – Donnez-lui donc un baiser, devant moi, en premier gage d’amour vrai.

– Un baiser ? Je n’en vois ni le lieu ni le temps. Ce n’est pas que je ne le désire autant que lui. Mais ces dames sont tout près d’ici, elles s’étonnent que nous soyons restés si longtemps et ne manqueraient pas de nous voir. Cependant, s’il le veut, je lui donnerai ce baiser avec joie. »

Le chevalier est tellement joyeux et stupéfait qu’il ne peut répondre que :

« – Dame, grand merci.

– Ah ! dame, dit Galehaut, ne doutez pas qu’il ne le veuille, c’est son désir le plus grand. Et sachez que nul ne s’en apercevra, car nous nous promènerons tous les trois, comme si nous devisions.

– Pourquoi me ferais-je prier ? dit la reine. Je le veux plus que vous et plus que lui. »

Alors ils s’éloignent tous les trois et font semblant de converser. La reine voit que le chevalier n’ose en faire plus. Elle le prend par le menton et, devant Galehaut, l’embrasse très longuement.

Lancelot du Lac, trad. François Mosès

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Jean Renart, Le roman de la Rose (Guillaume de Dole), vers 138-215 (ma traduction)

Altstetten_(cut)image trouvée sur la notice wikipedia du livre

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C’est le début du roman, le jeune empereur Conrad, avant de devenir amoureux de la belle Liénor, organise des fêtes d’amour dont il prend soin d’exclure les vieux maris et autres jaloux. Plutôt que de traduire en prose comme on le fait habituellement, j’ai choisi le vers libre pour retranscrire un peu du charme fou de ce texte écrit en octosyllabes, et par ailleurs révolutionnaire – j’en reparlerai peut-être.

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Il fait plutôt dresser de grandes tentes,
Des tonnelles et des pavillons,
En été quand il est saison de prendre
Plaisir dans les prés et les bois.
Aussitôt on quitte les villes
Pour s’ébattre en ces forêts profondes.
À trois ou quatre journées de voyage
Il n’y avait comte ni comtesse
Ni châtelaine ni duchesse
Ni dame qu’il n’envoyât chercher,
Ni vavasseur de bon village,
Jusqu’à sept jours de chevauchée.
Pas plus qu’une guigne ne le souciait
La dépense, pourvu que tout fût à leur gré ;
Car il veut que cela soit raconté,
Quand il sera mort, après sa vie.
Ce sont beaux jeux sans vilenie
Qu’il joue avec ses compagnons.
Il étudie les occasions
Afin que chacun se fasse une amie.
Sachez donc qu’il ne manquera point
D’en avoir lui-même une, quoiqu’il fasse,
Le bon, franc, noble et débonnaire roi.
Il savait tous les tours d’amour.
Au matin quand paraît le jour,
Alors les archers venaient
De devant sa tente et criaient :
« Debout, seigneurs, il faut aller au bois ! »
Vous auriez entendu sonner ces cors
Pour éveiller ces chevaliers 
Et ces vieux chenus paresseux !
Il faisait donner à chacun un arc :
Jamais on ne vit, depuis le temps du roi Marc,
Un empereur sachant si bien vider
Un pavillon de ses gêneurs.
Il était fort sage et habile :
Aux jaloux et aux envieux
Il faisait apporter cors et épieux
Puis montait avec eux jusqu’au bois,
Afin qu’ils ne rebroussent chemin.
Priant les uns d’aller buissonner
Sus au gibier avec les archers
Et les autres de suivre les premiers
Avec les limiers bons pour les cerfs,
Ils leur assigne tant de divertissements
Qu’ils en sont tout contents.
Une fois qu’il les a bien envoyés
Dans les profondeurs de la forêt,
Au plaisir qui mieux lui plaît
Lui s’en retourne droit arrière
Par une vieille piste forestière,
Avec deux chevaliers riant.
Cependant les bons chevaliers errants
Qui s’étaient fatigués aux armes
Dormaient dessous les charmes
Dans les pavillons en drap de soie.
Jamais, vraiment, et nulle part ailleurs
Je ne verrai de gens en tel bonheur
Ni de dames si étroitement lacées,
Leurs beaux corps en jupons plissés,
Leurs chevelures fauves ondoyantes
Couronnées d’or et de clair rubis.
Et ces comtesses en samit
Et en brocarts impériaux
Ont leur beau corps simple, sans manteau.
Et ces jeunes filles en soie galonnée
Avec leurs coiffures entrelacées
De beaux oiseaux et de fleurettes,
Leurs corps gracieux, leurs menus seins
Les font admirer de je ne sais combien.
Toutes fort bien parées
De gants blancs et de fines ceintures
Elles vont en chantant aux tentes jonchées de verdure
Vers les chevaliers qui attendent,
Qui les bras et les mains leur tendent ;
Et les entraînent sous les couvertures.
Qui livra jamais de tels combats
Sait bien quel bon temps ils eurent.

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Littérature et poésie au Moyen Âge avec Michel Zink

J’allais il y a peu l’écouter au Collège de France. Comme il le dit dans la première vidéo, sur France Inter, quelque chose du Moyen Âge est peut-être en train de revenir dans le rapport que nous entretenons entre l’oral et l’écrit avec Internet. J’aime beaucoup écouter de grands professeurs,  en cours in vivo, ou en ligne en vidéo. Ce que communique la personne vivante avec son corps, son visage, sa voix, son rythme, tout son être, est un autre trésor que ce qu’elle peut donner par écrit, en transposant tout cela, son être, par la littérature. Je vous propose donc encore des vidéos (ce blog finira par ressembler à une sorte de télévision libre !) que j’ai eu un immense bonheur à écouter.

J’aime profondément le Moyen Âge, ce temps du mariage du ciel et de la terre, ce temps où le christianisme était dans sa grâce, loin, très loin de la déchéance où il finit de s’enfoncer – mais tout en ce monde a une fin, et nous avons eu un assez beau sursaut avec Benoît XVI, le pape théologien dont je ne partageais pas les idées cathos, trop cathos mais qui avait du moins un sens de l’eschatologie et de la grâce – un petit miracle si l’on songe aux deux brigands, à mon sens, qui l’ont encadré dans le temps, celui qui l’a précédé et celui qui lui a succédé.

Mais le Moyen Âge n’est pas seulement chrétien. Comme le dit aussi Michel Zink, il a récupéré toutes les cultures germaniques, celtiques, gauloises etc, à partir desquelles, avec ce qui restait de la culture antique et ce qui continuait à s’inventer dans le christianisme, il a réinventé un monde si puissant qu’il continue à inspirer l’univers d’une multitude de jeux vidéos, films, séries, mangas et autres genres de la culture la plus jeune de notre temps. Vous pouvez aussi, en cliquant sur le mot clé Moyen Âge, retrouver la vidéo d’une conférence réjouissante de Michel Pastoureau sur les chevaliers de la Table ronde, mon commentaire d’un passage d’un roman de Chrétien de Troyes (Yvain le chevalier au lion), et une évocation d’Hildegarde de Bingen, avec l’une de ses oeuvres picturales, l’un de ses textes de réflexion, l’un de ses poèmes et l’une de ses splendides musiques célestes. Il y a aussi des notes sur la licorne, sur les trésors du musée du Moyen Âge à Paris… Bon enchantement !

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http://dai.ly/x2iz0pz

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