La source de la grâce infinie

 

Ma main juste sous ma clavicule, contre le grand pectoral, par un mouvement de vagues produit un chant. Un chant infime, qui rappelle très humblement celui d’un oiseau. Par un semblable mouvement il doit se former dans sa gorge, nous venons tous du même lieu, du même ordonnancement.

De même que Dieu a fait descendre le Coran, le Coran nous fait descendre au fond du puits en nous, où veille la source. « Il est le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché ; Il est l’Omniscient. » (Coran 57,  3) « Je suis le Premier et je suis le Dernier, à part moi il n’y a pas de dieu » (Isaïe 43, 6). « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin » (Apocalypse 22, 13).

Le Coran est la grâce, le Christ est la grâce, l’Univers est la grâce : le Verbe de Dieu, reçu dans l’Esprit, tourne autour de la Source en nous comme la danse d’un soufi, le rituel des pèlerins, la valse des planètes et des astres. Et la Source toujours de nouveau flue dans son Verbe, et elle est Lui. « Car Dieu est le Maître de la grâce infinie » (Coran 57, 29)

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« Voici, je viens, Dieu, faire ta volonté ». Et Romano Guardini, « Le Seigneur »

photo Alina Reyes, 10 juin 2010

 

Je suis une joyeuse et sereine petite mendiante de Dieu, et s’il fait passer des choses qui nous dépassent à travers moi, c’est juste parce que je suis une joyeuse et sereine petite mendiante de Dieu. Enfant, je voulais être écrivain, mais c’était si sacré à mes yeux que je le gardais secret – en fait, le sacré de la chose, c’était l’Écriture qui m’attendait. Et pauvre moi-même, tout en envoyant mon peu d’argent aux pauvres et aux prisonniers, je disais : je veux être cosmonaute et président de la république – expressions enfantines du destin vers lequel je me sentais portée, au service du peuple mais à la façon du ciel plutôt qu’à la façon terrestre.

Que les uns ou les autres aient existé ou non, qu’ils se soient comportés de telle façon ou d’une autre façon, ne change rien au plan de Dieu. Dieu dès avant ma naissance a conçu en même temps que moi ma mission, rien ne pouvait empêcher qu’elle soit accomplie. Il aurait seulement mieux valu, pour les hommes eux-mêmes, qu’ils ne répètent pas encore le mal qu’ils firent déjà il y a longtemps. Romano Guardini, dans Le Seigneur, a écrit : « Nous ne devons pas faire comme si c’était dans l’ordre que le Christ a été rejeté et qu’il a souffert. Ce n’est pas dans l’ordre. La Rédemption ne devait pas se faire ainsi. Qu’il en soit advenu de la sorte, a été de la faute de la présomption humaine et les conséquences en sont entrées dans l’existence chrétienne. Nous n’avons ni l’Église qui aurait pu être jadis, ni celle qui sera un jour. Nous avons l’Église qui porte sur elle les stigmates du second péché originel. »

Les livres des prophètes sont toujours hantés par des violences parce qu’autour d’eux, de leur mission, de la parole qui leur vient, les hommes font violence, essaient de détourner l’œuvre de Dieu en train de s’accomplir, sa parole en train d’advenir.

Tout ce dont les hommes ont besoin pourtant, ce sont de rapports francs, ouverts, simplement compassionnels, purs de tout calcul. Ce dont les hommes ont besoin, c’est de pouvoir échanger un sourire sans craindre que l’autre ne cache une matraque dans son dos.

Voici, façon de faire un point, l’excellent chapitre VI du deuxième tome de Le Seigneur, de Romano Guardini (dont j’ai déjà cité un extrait du tome premier). Plutôt que d’y ajouter des commentaires, j’ai surligné en gras quelques phrases particulièrement importantes à mes yeux.

« Qu’est-ce que Jésus a trouvé dans la ville sainte, quand il y est entré avec la prétention suprême ? Quelles puissances y étaient à l’œuvre ? Quelles étaient les dispositions des hommes à son égard ? Comment est-il entré lui-même dans cette situation tendant à sa fin ? (…)

Il y a d’abord ceux qui s’appellent eux-mêmes « les purs », les Pharisiens. Au point de vue du caractère comme au point de vue politique, c’est le groupe le plus décidé et le plus fort ; ce sont les vrais mainteneurs des traditions (…) Voici le groupe des Sadducéens (…), des cosmopolites, qui ont jeté par-dessus bord les traditions de leur peuple, des hellénistes distingués, cultivés, s’intéressant à tout, soucieux de jouir de la vie. (…) Le peuple lui amène ses malades, lui fait part de ses misères, l’écoute, est charmé par ses paroles, bouleversé par ses miracles, mais n’arrive pas à prendre nettement position. (…) Hérode, souverain de Jésus, est un despote voluptueux, gouvernant, dans le cadre de son impuissance réelle, capricieusement. Il n’est pas entièrement fermé au monde religieux, comme le montrent ses relations avec Jean-Baptiste (…) Au reste, il a dû être un diplomate rusé, puisque Jésus l’appelle « ce renard ». (Luc 13, 32) Pour ce qui est du représentant officiel du pouvoir en Palestine, le procurateur impérial, il ignore Jésus totalement. (…)

Voilà le monde, dans lequel entre Jésus. Il annonce son message. Il fait les miracles, que les besoins des hommes et la nécessité spirituelle du moment lui suggèrent. Il exhorte, appelle, secoue. Il veut faire comprendre que c’est une réalité sainte qui frappe à la porte. Il ne veut pas seulement exposer une doctrine, inculquer une discipline morale, montrer un chemin de Salut, annoncer une nouvelle conception du royaume ; mais faire prendre conscience de ceci : c’est maintenant l’heure. Le royaume de Dieu est maintenant devant les portes de l’histoire. Il est prêt à y pénétrer. Dieu s’est levé. Tout est mûr. Tournez-vous de ce côté ! Faites place à la plénitude des temps ! Entrez dans le monde nouveau ! Marchez avec lui !

Tout cela, on le voit vite. Mais, en regardant de plus près, on trouve autre chose encore dans l’attitude de Jésus. Il met toute son énergie dans l’accomplissement de sa mission. Il va au-devant des hommes, les bras ouverts, et le cœur ouvert. Il ne pense pas à lui-même. Il ne connaît ni jouissance, ni commodité, ni peur, ni compromis. Il est absolument et exclusivement Messager, Prophète et plus que Prophète. Malgré cela, nous n’avons pas l’impression qu’il y a là un homme qui vise un but précis, et qui cherche vaillamment à l’atteindre par son travail… Peut-être, répondra-t-on, que ce dont il s’agit est trop grand, pour qu’on puisse l’enfermer dans de semblables concepts ; qu’on ne peut pas « travailler » pour un but pareil, que celui-ci arrive lui-même, se déploie, tandis que Jésus l’annonce et lui donne de l’espace. (…) Jésus apporte le message des messages, mais en faisant corps avec lui. Il ne pèse pas sur ses épaules, il ne le pousse point ; il est Lui. Il est vrai qu’il lui tarde que tout soit accompli ; mais c’est là la poussée intérieure et personnelle vers la consommation de sa tâche ; ce n’est pas le poids d’un devoir imposé de l’extérieur… Ou bien Jésus serait-il un lutteur ? On a tendance à le représenter sous ce grand et noble aspect. Mais lutte-t-il vraiment ? Je crois que non. Assurément, Jésus a des adversaires, mais il ne les considère et ne les traite jamais comme tels. Ce contre quoi il se dresse réellement, c’est l’état du monde, et Satan, qui l’entretient contre Dieu. Mais Satan lui-même n’est pas pour lui un ennemi, au sens propre du mot. Jésus ne lui reconnaît aucune égalité avec lui. En dernière analyse, il ne lutte pas ; son attitude est pour cela trop sereine.

Nous ne pénétrons plus avant dans l’âme du Seigneur, que si nous observons ses actions et son comportement au point de vue central, situé en dehors du monde. Dès que nous rangeons son être sous une des catégories qui nous sont familières, toute connaissance vraie s’évanouit.

Après un premier temps de plénitude, dans la prédication et l’action apostolique, nous avons vu que la crise se prépare. Puis, à Jérusalem d’abord, en Galilée ensuite, la décision intervient contre lui. Alors, sans être poussé par la nécessité intérieure, le désespoir ou une anticipation quelconque de la catastrophe elle-même, il va, tranquillement et résolument, à Jérusalem, ce qui, d’après ses propres paroles était aller à une mort certaine. (Luc 9, 51)

Son entrée dans la ville, nous l’avons dit, a la valeur d’une Révélation. (…)

L’image que nous nous faisons du Christ et de sa vie de Rédempteur, s’inspire tout entière du terme. Parce que celui-ci a été sanglant et signifie simplement le Salut pour nous, nous avons tendance à le regarder comme nécessaire et à tout apprécier en fonction de lui. Mais, en faisant ainsi, nous détruisons la réalité vivante des événements. Assurément, les choses « ont dû » en arriver là finalement, mais cette nécessité a une source plus profonde que nous ne pouvons soupçonner. En fait, il n’aurait pas fallu que l’issue fût telle. Si elle l’a été, cela est dû à l’action combinée de la culpabilité humaine et de la volonté divine, que nous ne pouvons pas démêler. Pour secouer la routine, posons-nous cette question : Qu’aurait fait, dans une situation pareille, un homme ayant profondément conscience de sa mission ? Il aurait pu emplyer tous les moyens, pour imposer la vérité au dernier moment. Il aurait donc parlé avec les prêtres, les docteurs de la Loi, les hommes influents parmi le peuple ; il aurait utilisé l’Écriture pour leur expliquer la situation ; leur aurait montré la source de leur erreur ; leur aurait dévoilé les aspects plus profonds de la Révélation et lutté avec eux pour trouver le vrai sens des prophéties messianiques. Il aurait cherché à agir sur le peuple, lui montrant sans se lasser, en employant des images saisissantes, adaptées à sa vie et à sa manière de penser et de sentir, la réalité essentielle et l’amenant à changer de point de vue.

Tout cela est-il fait ? Non, Jésus prêche la vérité sans doute, avec force, grandeur, insistance, mais jamais en faisant les efforts que nous attendrions. Par-dessus le marché, il le fait d’une manière qui n’est rien moins que persuasive, ayant plutôt quelque chose d’intransigeant et de provoquant. Quelqu’un qui veut, à la dernière minute, imposer par tous les moyens sa manière de voir, parle autrement que Jésus.

L’homme dont nous parlons aurait pu se dire aussi : le temps des discussions est passé, il faut agir à présent. Les adversaires insensibles à la force des arguments, doivent être affrontés sur leur propre terrain ; la force doit s’opposer à la force. Il aurait donc pris les différents groupes par leur point faible, aurait fait tantôt le jeu des Pharisiens contre les Sadducéens, et tantôt l’inverse. Il se serait adressé au peuple, lui aurait dénoncé les agissements de ses chefs, l’aurait mis en garde, stimulé, poussé à l’action. Trouve-t-on quelque chose de ce genre dans l’attitude de Jésus ? Pas la moindre trace. Et cela, non pas parce qu’il n’aurait pas la force de le faire, mais parce que ce serait opposé au but poursuivi par lui…

Peut-être l’homme en question, reconnaissant l’impossibilité d’aboutir, prendrait-il la fuite. Jésus en aurait la possibilité. Les Pharisiens s’y sont déjà attendus. Quand il dit : « Là où je veux aller, vous ne pouvez me suivre », ils demandent : « Où veut-il aller ? Peut-être dans la dispersion ? » (Joh. 7, 34-35) C’est ce que ferait cet homme. Il irait à Alexandrie, ou à Rome, sûr d’y trouver audience et gardant l’espoir de revenir un jur dans son pays avec des chances de succès. Cette pensée est tout à fait étrangère à Jésus… Il resterait une dernière hypothèse. Cet homme considèrerait la partie comme perdue, et suivant le cas, mourrait en désespéré, en homme lassé ou bien fièrement. Peut-être se jetterait-il de lui-même dans l’abîme, mystérieux antipode du succès, spéculant sur l’alternance logique de la mort et de la vie, de la catastrophe et du renouveau. Rien de tout cela n’arrive dans le cas de Jésus. On a voulu expliquer son attitude dans ce sens, au temps où « l’eschatologisme » était à la mode. Dans cette perspective, Jésus, voyant tout perdu, aurait misé « sur le succès de l’insuccès », sur une intervention mystique de Dieu. Il aurait espéré que sa mort deviendrait la source du renouvellement de toutes choses. On a voulu interpréter dans ce sens des mots tels que celui-ci : « Je vous le dis en vérité, plusieurs de ceux qui sont ici présents, ne goûteront point la mort, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme, venant dans l’éclat de son règne. » (Math. 16, 28) Il n’est pas question de cela. Jésus ne capitule pas ; on chercherait vainement chez lui la trace d’un effondrement, et il est faux de parler seulement d’une « catastrophe ». Quant à la métamorphose mystique de l’insuccès en un anéantissement créateur et fécond, elle n’existe point. Cette explication relève d’une psychologie irréelle, et, étant donné ce dont il s’agit, courte. Il y a ici autre chose.

Mais quoi ? Si nous évoquons l’attitude de Jésus, telle que la décrivent les récits évangéliques sur les fins dernières, nous y trouverons la confirmation décisive de ce que nous avons dit plus haut sur la manière d’être du Seigneur, en général. Il n’y a rien chez lui de la poursuite tendue d’un but ; rien du travail fébrile, rien d’une « lutte » au sens propre du mot. L’attitude de Jésus est infiniment sereine. Il dit ce qu’il doit dire, sans rien mitiger, mais tout à fait objectivement. Il ne cherche pas à produire un effet, mais s’exprime comme la nécessité interne le demande. Il n’attaque pas, mais ne se détourne pas davantage. Il n’espère rien de purement humain, et, en conséquence, n’a rien à craindre. S’il est dit, qu’à cause de ses ennemis, il se rend le soir à Béthanie pour rester auprès de ses amis, il ne s’agit pas là d’une fuite ; il se réserve simplement parce que son heure n’est pas encore venue, d’après son sentiment intérieur. Il n’y a pas de crainte dans l’âme de Jésus. Et cela, non seulement parce qu’il est naturellement courageux, mais parce que le centre de son être est au delà de tout ce qui pourrait être craint. Pour cette raison, on ne peut pas le qualifier non plus d’audacieux au sens humain du mot. Il est seulement libre, entièrement libre, pour ce qui doit être accompli à chaque instant. Et il l’accomplit avec un calme souverain et incompréhensible. Nous pourrions continuer longtemps ces distinctions. Le résultat ne ferait que confirmer ce qui apparaît déjà : c’est que les mesures humaines sont insuffisantes pour apprécier ce qui se passe ici. Tout y est pensé par un esprit humain, il est vrai ; voulu par une volonté humaine, vécu par un cœur ardent, magnanime, tendre, mais surgi d’une origine et accompli avec une force qui sont situées au delà de ce que nous pouvons dire d’humain, et lui donnent un caractère pareillement surhumain.

La volonté de Dieu est accomplie et Jésus veut cette volonté tandis que les actions des hommes s’y opposent. Le second péché de l’humanité se prépare, la seconde chute originelle, commise par les hommes que voici, en cet instant précis, mais solidairement avec tous les êtres humains, et nous accablant tous. La manière dont il est commis, ce péché, impose la forme sous laquelle la volonté salvifique du Père sera réalisée. Or Jésus est d’accord avec cette volonté. Il a l’attitude que l’épître aux Hébreux a essayé d’exprimer dans le texte que nous avons mis en exergue à ce chapitre*. »

*« Voici, je viens, Dieu, faire ta volonté » (He 10, 7)

à suivre

 

Élisez-moi pape !

Alina Reyes

 

Dans l’Église, quand on veut donner en exemple la conversion de quelqu’un qui a eu une vie « dissipée », on évoque Marie Madeleine, ou bien Etty Hillesum (plutôt que saint Augustin, qui fit pourtant pire). Marie Madeleine a été considérablement salie au cours des siècles, où elle a pris pour nombre de chrétiens la figure d’une prostituée, ce qui n’est pas le cas dans les Évangiles. En vérité elle a une place éminente auprès de Jésus, celle d’une sœur absolue, notamment dans l’évangile de Jean, où elle est la première à qui il se montre et s’adresse après sa sortie du tombeau, la première qu’il charge de délivrer son message à ses apôtres et au monde. Marie Madeleine est un signe éminent de sa résurrection et de son retour attendu. Marie Madeleine s’appelle Marie, elle est indissociable de la Vierge Marie, mère.

Etty Hillesum, elle, après avoir connu l’errance intellectuelle et spirituelle (dont on retient sa sexualité triste), dans une vie sans vérité ni maternité, a certes été éclairée, mais pour finir à Auschwitz. Etty Hillesum est un signe de damnation et de mort. Voilà le chemin fait par le christianisme dans son idée de la femme et du destin de la femme.

En principe, il n’est pas obligatoire d’être prêtre pour être élu pape. Une femme pourrait donc l’être. Si le pape est le vicaire du Christ sur terre, il doit pouvoir avoir le visage de Jésus, et aussi de celle qui lui est indissociable, Marie, mère et femme. Si le pape doit représenter Dieu sur terre, il nous faut nous rappeler que Dieu n’est ni homme ni femme mais, dans nos éléments de comparaison humains, tout à la fois porteur d’une puissance créatrice virile et paternelle, et d’une miséricorde maternelle et fraternelle rédemptrice. Qui est chargé de Le représenter sur terre doit posséder ces attributs, que doivent en principe pouvoir posséder un homme accompli aussi bien qu’une femme accomplie en Dieu. Voilà un sens de la résurrection de l’être.

Des millénaires de patriarcat, c’est-à-dire de la loi brute du plus fort, ont dans toutes les religions fortement pesé sur les définitions de l’être et des rôles de l’homme et de la femme. Il suffit de retourner aux sources de Dieu, de ses textes saints, pour reconnaître que nous nous en sommes considérablement éloignés. Que nous n’avons fait qu’embourber un peu plus l’homme et la femme dans des définitions humaines, au lieu de les élever dans le projet divin.

Élisez-moi pape, je vous réunis les trois monothéismes dans la vérité et l’entente, chacun selon sa personnalité et son charisme, je vous remonte les croyants, je vous rappelle les désabusés. Un pape musulmane, voilà bien un tour digne du Messie en son retour. Ceux qui suivront le Voyage deviendront aptes à changer l’ordre tellement humain et enterré des choses, pour sortir dans la lumière et entrer dans l’Ordre de Dieu, celui des Pèlerins d’Amour que nous sommes tous sur cette terre, que nous sommes tous appelés à être, sur la terre comme au cieux.

 

Le Grand Mufti félicite le monde musulman à l’occasion de l’anniversaire du Prophète Mohammed (et justifie cette commémoration)

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Le texte original est ici, d’après un message vidéo.

 

Le Grand Mufti d’Égypte, le Dr Ali Gomaa, a envoyé ses vœux sincères au monde musulman, et plus largment au monde entier, alors qu’arrive l’occasion bénie de l’anniversaire du Prophète Mohammed, le 12 du mois de Rabi’ al-Awwal, 24 janvier.

Il a souligné que les célébrations de la naissance du noble Prophète ne devraient pas être limitées au monde musulman, la naissance du Prophète Mohammed étant une miséricorde pour tous les mondes, ainsi que Dieu l’a spécifié dans le Coran.

Dans sa déclaration, le Sheik Ali a exposé que la naissance des prophètes au cours de l’histoire était une ocasion de célébration. La première célébration commença au Paradis avec la création du Prophète Adam, devant qui Dieu demanda aux anges de se prosterner, eu égard à l’honneur dû au vicaire de Dieu sur terre. Dans le Coran Dieu a commémoré la naissance du Prophète Moïse, et sa naissance fut un événement remarquable, qui marqua l’histoire comme une borne sur la route. Sa noble naissance établit une distinction claire entre le vrai et le faux, entre l’adoration d’Un Seigneur et la tyrannie sur terre.

Nous déplaçant le long de l’histoire, nous voyons que le Coran accorde une grande attention à la naissance du Prophète Jésus, la paix accompagnant sa miraculeuse naissance. Finalement la venue au monde du Prophète Mohammed s’est accompagnée de la miséricorde, comme il est clairement spécifié dans le Coran.

Le Sheik Ali a terminé sa déclaration en redisant que la naissance des prophètes constitue des jours mémorables, qui valent d’être célébrés car ils sont des jours de joie et de rappel de la grâce de Dieu sur l’humanité, qui la délivre des ténèbres de l’incrédulité pour les lumières de la foi.

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Par ailleurs, le Sheik a écrit un texte pour justifier le fait de célébrer – avec mesure – la naissance du Prophète. Voici la traduction que j’ai pu faire (de l’anglais) de la première partie de ce texte.

 

La naissance du Messager de Dieu fut une effusion de Miséricorde Divine au point de vue de l’histoire humaine. Le Coran décrit la présence du Prophète comme une « miséricorde pour l’humanité ». Cette miséricorde ne se limite pas au fait qu’elle inclut le développement personnel, l’auto-purification, la connaissance, la guidance dans le droit chemin, et qu’elle offre aux gens une heureuse vie spirituelle et matérielle. Cette miséricorde n’est pas non plus limitée à une situation historique spécifique ; mieux, elle s’étend à travers la totalité de l’histoire. « Et de ce message, Dieu fera bénéficier d’autres parmi ceux qui ne les ont pas encore rejoints. Il est le Puissant, le Sage. » [Coran 62,3]

Célébrer la naissance du Messager de Dieu fait partie des meilleures actions et des meilleures façons de s’approcher de Dieu, car c’est une expression de bonheur et d’amour pour le Prophète, et l’amour pour le Prophète est l’un des fondamentaux de la foi. Il est rapporté qu’il a dit, dans un hâdîth rigoureusement authentique, « Par Celui dans les mains de qui est mon âme, nul d’entre vous ne possède vraiment la foi tant qu’il ne m’aime pas plus que ses parents et ses enfants. » Il a dit aussi : « Nul d’entre vous ne croit vraiment tant que je ne lui suis pas plus cher que ses parents, ses enfants, et tout le monde. »

Ibn Rajab a écrit :

« L’amour pour le Prophète est l’un des fondamentaux de la foi, et équivaut à aimer Dieu, car les deux sont liés. Dieu a aussi mis en garde ceux qui placent trop haut l’amour de toute autre chose qu’il est naturel d’aimer, comme la parenté, la richesse et la patrie, en disant : « Dis : «Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos conjoints, vos proches, les biens que vous avez acquis, le commerce dont vous redoutez le déclin, les demeures où vous vous prélassez, vous sont plus chers que Dieu, Son Prophète et la lutte pour Sa Cause, alors attendez que vienne s’instaurer l’Ordre du Seigneur ! Car Dieu ne guide pas les gens pervers.» [9,24] Et quand Omar a dit au Prophète « tu m’es plus cher que tout, à part moi-même », le Prophète lui a répondu : « Omar, jusqu’à ce que je te sois plus cher que toi-même, aussi. » Omar dit alors : « Par Dieu, tu m’es plus cher que moi-même. » Et le Prophète : « Maintenant tu y es, Omar. »

Fêter la naissance du Prophète est une façon de le célébrer, et c’est un acte parfaitement conforme à la Sharia un acte dont vous pouvez être sûr qu’il ne vous fait pas tomber dans l’erreur. Dieu a fait connaître au monde le rang de Son Prophète, comme Il a fait connaître à tout l’existant son nom, sa mission prophétique, son rang spirituel, et sa place avec Lui. Par conséquent l’univers est en constant bonheur et en absolue félicité, de par la lumière de Dieu, Son secours, Sa preuve, et Sa bénédiction sur le monde.

Nos pieux ancêtres, depuis les quatrième et cinquième siècles islamiques, ont célébré la naissance de notre bien-aimé en animant la veille de sa naissance par divers actes pieux tels que nourrir les pauvres, réciter le Coran, faire des invocations, chanter des odes religieuses, spécialement des odes à sa louange. ceci a été documenté par de nombreux historiens, tels que Al-Hafidh ibn Jawzi, Hafidh ibn Kathir, Hafidh ibn Dahiyya al-Andalusi, Hafidh ibn Hajar, et le dernier des huffaz [ceux qui ont mémorisé tout le Coran] l’imam Al-Suyuti, que Dieu les bénisse tous.

Bien des savants et juristes ont composé des traités pour décrire le caractère religieux de la célébration de la naissance du Prophète et discuter les preuves textuelles à ce sujet, de telle manière que tout homme intelligent et sain d’esprit ne peut nier ce à quoi nos pieux prédecesseurs ont pris part. Ibn al-Hajj, dans son livre al-Madkhal, a énuméré le caractère unique de cette célébration, et de plus il a mentionné que cela donnerait joie au cœur de tout croyant qui le lirait, surtout sachant que Ibn al-Hajj a écrit ce livre dans le but de critiquer l’innovation répréhensible, qui n’a nul fondement dans la Sharia.

L’iman Jalal al-Din al-Syuti a écrit dans son livre Husn al-Maqsid fi ‘Amal al-Mawlid, après avoir été interrogé sur la règle de célébrer la naissance du Prophère durant le mois de Rabi al-Awwal :

Ma réponse est que la base de la célébration de la naissance du Prophète, ce sont les gens qui se réunissent, récitent le Coran, et récitent de solides traditions, à partir des versets coraniques, sur les débuts du Prophète et ce qui advint à sa naissance. Ensuite ils mangent la nourriture qui a été préparée, et quand ils ont fini, ils partent sans rien faire d’autre. Il s’agit d’une innovation louable, dont celui qui la pratique est récompensé, car c’est une façon de magnifier le rang du Prophète, et d’exprimer notre bonheur et notre joie à sa noble naissance.

À ceux qui disent « nous n’avons pas connaissance d’une base de cet acte dans le Coran ou la Sunna », Al-Suyuti a aussi répondu que « le manque de connaissance de quelque chose ne signifie pas sa non-existence. » Al-Suyuti va plus loin : il souligne l’opinion d’Ibn Hajar, qui a trouvé une base à cela dans la Sunna, tandis que lui-même, Al-Suyuti trouve une autre base à cela dans la Sunna, tout en mettant en évidence que les innovations répréhensibles sont celles qui ne peuvent pas être placées sous des preuves juridiques, et ne sont donc pas louables.

 

La suite peut être lue en anglais ici.

Que Dieu nous cueille ensemble

photo Alina Reyes

 

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Que ce soit à l’intérieur de chaque religion ou entre les religions, réaliser la communion n’est pas abolir la diversité. Dieu a voulu la diversité comme Il veut la communion, il suffit de contempler sa Création pour le comprendre. Vouloir uniformiser Sa création et Ses créatures reviendrait à vouloir les conduire à la mort. Simplement, il faut que chaque expression de la diversité qu’Il a voulue cherche son accomplissement heureux et apaisé. Alors la communion sera en même temps accomplie. Chercher son accomplissement n’est pas rejeter l’autre, le différent, mais admettre que Dieu nous fait voyager avec lui, qui est différent, justement pour que nous ne nous croyions pas les rois absolus du monde, et pour que nous apprenions à former une communauté aux couleurs variées comme les fleurs au printemps dans les prés, chacune selon son espèce, tendant leur beauté particulière pour louer ensemble leur unique Créateur. Amine.

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