J’ai trouvé ce visage dans ce documentaire sur les langues et les écritures indiennes
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« C’est l’Océan, nous ne sommes que ses nuages… La clef de tout est aux Indes ! » Alphonse de Lamartine
Imaginez qu’on signale qu’un auteur est juif alors qu’il n’aurait jamais rien publié sur le sujet et que la judéité n’aurait aucun rapport avec le contexte dans lequel on le présenterait. L’antisémitisme d’une telle présentation sauterait aux yeux. Aujourd’hui, je l’ai souvent noté ici, l’ antisémitisme se manifeste souvent dans sa forme plus acceptable en société, l’islamophobie (les musulmans comme les juifs sont à l’origine des Sémites, du fait de leur langue et de leur culture, qui bien sûr imprègnent leur pensée, commune à bien des égards). Je reçois une anthologie de littérature érotique – encore une – dans laquelle figure un extrait de mon premier roman – sans mon accord, ce qui est contraire aux usages et au respect du droit d’auteur. L’auteure de cette anthologie, une certaine Claudine Brécourt-Villars, ne trouve rien d’autre à signaler, pour me présenter, que mon passage par le catholicisme et ma prétendue « conversion à l’islam » (mots que j’ai réfutés ici-même dès mon passage à l’islam). J’ai publié une trentaine de livres (qu’elle occulte complètement), dont pas un sur l’islam, mais voilà ce qui frappe cette brave dame : l’ISLAM, ce grand méchant loup qui fait si peur au si timoré Saint-Germain-des-Prés. Les coincé·e·s du corps sont aussi les coincé·e·s de l’esprit, qu’ils compilent impuissamment des textes n’arrange rien.
Je continue à prendre joie dans le yoga et je fais d’excellents rêves la nuit, avec de l’amour physique et, toujours, des maisons qui ne cessent de s’agrandir, des paysages fantastiques, des océans où je me baigne, mais aussi, c’est nouveau, mon corps qui repousse là où il a été coupé (extraordinaire sensation !), et il m’est même arrivé d’ « inventer » un mantra que j’ai entendu et répété, cantillé, quoique j’ignore son sens car il est en sanskrit et je l’ai oublié au réveil. La vie est extraordinaire et comme je le disais il y a longtemps dans un poème, je vois qu’un jour je mourrai jeune, et que j’ai encore longtemps à vivre.
Les sadhus sont les libérés du temps. Il y a 70 millions d’années, l’Inde s’est détachée du Gondwana et a traversé l’océan avant d’arriver là où elle est maintenant, adossée aux plus hautes montagnes du monde, qu’elle a elle-même élevées.
Myriam et les siens, dansant après le passage de la mer Rouge
« Le Seigneur est un guerrier, Seigneur est son nom ! » Exode 15, 3 (ma traduction)
« Rappel : en vérité, à ceux qui se gardent est réservé un merveilleux lieu de retour :
les jardins d’Éden, portes grand ouvertes pour eux. Accoudés, ils y jouiront de fruits à profusion et de boissons » Coran, 38, 49-51 (ma traduction)
Il y a trois réactions saines face aux oppresseurs. D’abord mais pas toujours, la compassion. Inutile et dangereuse, mais saine en ce qu’elle témoigne d’une âme non préoccupée d’abord de sa personne, mais du bien commun de l’humanité, qu’elle voit en péril dans le mal à l’œuvre chez l’oppresseur. Il s’agit donc pour elle d’essayer de sauver en l’oppresseur sa part d’humanité, dans l’idée de sauver ainsi toute l’humanité. Presque toujours cette réaction est inutile d’un point de vue pratique, les hommes possédés par un mal ne voulant pas s’en déposséder. Cependant il peut y avoir des exceptions, et c’est pour elles comme pour la noblesse de cette ambition que la compassion, quoique dangereuse pour qui l’éprouve car neutralisant ses capacités de défense, reste spirituellement saine et valable.
Ensuite vient la haine. La haine n’est habituellement pas reconnue comme une valeur, mais elle en a une comme phénomène de transition maîtrisé. La haine est un moteur du désir quand apparaît la nécessité de la guerre. Dans l’Iliade, les combattants s’insultent avant de lancer l’assaut. La haine est surtout nécessaire quand il y a eu d’abord compassion. Une fois prise la conscience de l’inutilité et de la dangerosité de la compassion, pour soi et pour l’ensemble de l’humanité, la haine est l’instrument de destruction de cette compassion inappropriée. Elle est la manifestation d’un refus salvateur du mal, un refus qui engage tout l’être et lui donne l’impulsion pour agir contre.
Puis vient le mépris, le détachement. Mépris envers le mal, détachement envers ceux qui l’incarnent. L’impassion, disons. Si le combat continue – et il continue toujours, d’une façon ou d’une autre – c’est désormais de façon dépassionnée, au fond impassible. La compassion, passée par le trou noir de la haine (ce qu’on appelle dans le christianisme la descente de Jésus aux enfers, dont il fait sortir les morts) fait place à la lumière de la miséricorde universelle et de l’amour éternel pour les proches.
Le christianisme est la religion qui traite de l’oppression, thème déjà majeur dans le judaïsme. Il a développé une église oppressive et, d’un autre côté, donné aux hommes une conscience de l’oppression qui, avec les siècles, les a rendus capables de désir de justice et de révolution. Telle est l’histoire de l’Occident (quoique le christianisme n’y soit pas seule cause de l’organisation sociale ni de la démocratie, qui auraient été impossibles à réaliser si ses effets ne s’y étaient combinés avec ceux des paganismes plus anciens de ses régions). L’islam, lui, a de son côté repris du judaïsme la référence aux prophètes – en y incluant Jésus parmi les tout premiers, avec sa mère Marie –, un système d’interdits notamment alimentaires, et principalement, l’amour du Dieu unique, dont il a repoussé les limites de la dévotion et de l’étude dans un champ spirituel jusqu’alors inouï. C’est dans son refus de la croyance en la crucifixion du Christ que l’islam se sépare radicalement du christianisme. Mais cette séparation, plutôt que d’apparaître comme dogmatique, doit être comprise comme une évolution. En quelque sorte, l’islam réalise la phase finale du christianisme, celle où Jésus relevé de sa mort apparaît différent, au point que Marie Madeleine le prend pour un jardinier, et annonce qu’il sera désormais à retrouver ailleurs, sur de verts chemins. En quelque sorte, Jésus qui était mort de fatigue après son rude combat, après avoir fait preuve de miséricorde (« pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ») mais aussi de justice (promettant le ciel à l’un des larrons mais pas à l’autre), finit par se relever auprès de son amie et reprend les chemins d’une vie en paix. La paix est le stade de l’islam et des autres religions ou spiritualités plus orientales.
J’ai combattu sur le terrain spirituel, sur le terrain de la pensée, et les conséquences d’un tel combat, quand il n’est pas seulement personnel, ne sont pas seulement des conséquences personnelles : les ennemis sont extérieurs, bien réels, et ils se sont organisés pour me ruiner, comme ils me l’avaient annoncé. Je ne suis pas la seule à avoir été exclue du milieu littéraire, qui se change volontiers, et lâchement, en légion contre une seule personne, mais la faiblesse des gens de ce milieu est notamment de n’être rien sans ce milieu, alors que ma force est d’être tout, indépendamment de ce milieu. Cela a duré des années, et maintenant, indemne malgré ma blessure au côté, je laisse les morts enterrer les morts et je prends mon repos de la guerrière.
Déjà O et moi, éternité retrouvée après des égarements, des séparations et des difficultés immenses qui ne nous ont pourtant jamais fait perdre confiance en notre alliance, abritons notre béatitude dans le palais de style oriental, une oasis en plein désert de sable face à l’océan turquoise (c’est au Cap-Vert et ce n’est pas nous qui l’avons décidé, c’est un cadeau qui nous est fait, auquel nous participons), où nous demeurerons bientôt, après et avant d’autres voyages. Ayez toujours foi en l’amour, en la vie.
C’est un moment magnifique et poignant. Un kairos, une acmé. Un homme est là, vivant. Traversant les siècles pour venir nous contempler, nous, femmes et hommes de ce temps, errant en foule d’une œuvre à l’autre, d’une salle à l’autre. Devant le Saint Jean je me suis arrêtée comme dans la méditation, au yoga notamment, et il est devenu vivant – qui ? Jean ? Léonard ? L’Esprit qui se meut à travers les vivants. Les yeux pleins de larmes, souriant comme lui, je n’ai pas bougé – pluie et lumière, un arc-en-ciel tendu entre lui et moi – tout à fait le genre de phénomène qui intéresse Léonard, étudiant obstiné des mouvements de l’eau, de l’air, de la lumière.
Ce soir, regardant des images des splendides îles du Cap Vert, et de leurs montagnes (où nous avons l’intention d’aller prochainement, O et moi) tout en écoutant Césaria Evoria, je songe que Léonard se serait bien entendu avec elle, et aurait adoré son pays. Ce mélange de splendeur et de mélancolie particulière qu’engendre la conjonction de la contemplation de l’époustouflante nature et du sentiment de la fuite du temps – sentiment qu’éprouvait si fort Léonard les derniers temps, à Amboise, alors qu’il continuait à méditer et travailler ses dernières œuvres, la Sainte Anne, le Saint Jean et la Joconde.
Voici des images de l’exposition, bien entendu je n’ai pas tout photographié, vous pouvez trouver en ligne plusieurs vidéos de présentation de l’exposition pour en savoir plus. Si vous le pouvez, allez-y. Vous pouvez aussi lire ou relire mes textes sur Léonard de Vinci et sur ses œuvres.
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Le Christ et saint Thomas ou L’Incrédulité de saint Thomas. À l’entrée de l’exposition, et la dramatisant judicieusement, se dresse cette œuvre de Verrocchio, chez qui Léonard fit son apprentissage. Entourée de multiples études de drapés, révélant que le peintre s’est inspiré des effets de lumière et d’ombre sur le bronze.
Plusieurs œuvres absentes, comme L’Annonciation, L’Adoration des mages ou La Joconde, sont présentées en réflectographie infrarouge, un procédé qui met en évidence le dessin et donne un effet de pénétration saisissant.
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J’ai aimé contempler certaines études peu connues, comme ce visage ou cette petite dame à la licorne*
Beaucoup d’œuvres sont inachevées, comme ce Saint Jérôme et son lion esquissé, qui s’inscrivent ainsi dans l’instant * La Belle Ferronière et un admirateur
*La Vierge aux rochers prise sur le vif par un portable
*Le Musicien, à l’écoute
*De nombreux manuscrits des travaux scientifiques de Léonard
* Et toujours d’admirables dessins
Dans la dernière salle, les dernières œuvres, travaillées jusqu’à la fin à Amboise où il les avait emportéesla Sainte Anne le Saint Jean
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Manque seulement la Joconde, restée à sa place habituelle, où elle reçoit trente mille visiteurs par jour. En allant la voir, je photographie dans la grande galerie cette œuvre de l’atelier de Léonard, qui devait être un Saint Jean et a été transformée en Bacchus*
La voici donc
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Nous repartons en longeant la Seine et ses arbres sculptés d’inscriptions
Le pont des Arts débarrassé de ses cadenas a retrouvé le sens de la légèreté et de la fugace éternitéAujourd’hui à Paris, photos Alina Reyes
Se plier aux exigences du consensus, avoir ainsi le Congourd ou autre prix ou succès de ce genre, est une solution au statut précaire d’auteur. J’aime trop la vie, la liberté, la littérature, pour seulement l’envisager. Mon truc, c’est la littérature virile. J’en lis (pas dans la production actuelle car il n’y en a pas – le monde littéraire n’a jamais été viril et plus il est industriel, moins il l’est) et j’en fais. Viril ne signifie pas « de mec » mais courageux (selon son étymologie). Je regarde mon trajet depuis l’enfance, je le vois foudroyant et filant, aussi clair que l’éclair ou la météorite, ni compromis ni vaincu, toujours ultrasensible, en éveil. La voilà, l’éternité. Dans ce qui ne sombre ni ne meurt.
Présent. Voici mes images de nos trois jours (deux nuits) à Strasbourg, cette semaine. Nous comptions beaucoup visiter le musée Tomi Ungerer mais il était fermé pour travaux. Une occasion d’y retourner. Strasbourg est magnifique et les Strasbourgeois sont particulièrement gentils, courtois en toute simplicité, souriants. La nourriture et le vin sont excellents. Le centre-ville est largement dédié aux piétons et aux vélos. Les musées contiennent des trésors de tous les temps. Au sommet de Notre-Dame nous avons été accueillis par un arc-en-ciel. Avant de repartir nous avons passé du temps en privé au hamman-piscine-spa, d’où nous sommes ressortis frais comme nouveau-nés.
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Un resto sympa pour commencer
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Vue de notre appartement à l’appart-hôtel, que je ne me lassais pas de contempler, avec les lignes graphiques des toits et la véranda, et la nuit les lumières
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Une sculpture sur l’emplacement de la Grande synagogue détruite pendant la guerre, reconstruite ailleurs dans la ville
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J’ai compté jusqu’à cinq étages sous les toits de certains immeubles
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Derrière la maison, la cathédrale la plus visitée de France (Notre-Dame de Paris étant hors jeu), haute de 144 mètres et contenant tant de merveilles qu’on pourrait y consacrer des milliers de pages, comme il y est dit quelque part
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Son horloge astronomique, que nous avons vue s’animer au quart d’heure
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Une fresque récente plutôt réussie, mais le panneau en grec du Christ annonçant « Je suis le chemin, la vérité et la vie » comporte deux fautes. Sans doute l’artiste, Christoff Baron, ne connaît-il pas le grec, mais il est regrettable que personne d’autre ne l’ait vu
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Retour dans la ville, où se trouve notamment la maison de l’un des enfants du pays, décidément riche en dessinateurs, Gustave Doré
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L’Ill passe partout, sans pour autant enfoncer la ville dans l’eau. C’est très beau.
*Un menuisier à l’atelier, fabriquant des jouets de bois
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Arpenter encore les rues, les quartiers
Vers « la petite France », allons au Musée d’art moderne et contemporain
qui possède plusieurs belles œuvres de Victor Brauner – ci-dessus « Logos et les trois matières »et aussi, entre autres de A.R. Penck – ci-dessus « Avant le rebut »
Bon je ne vais pas mettre ici toutes les images de toutes les œuvres que j’ai spécialement aimées, il y en a trop. Encore quelques-unes :Daniel Richter, « L’éternel rêve éveillé des trois fous de la montagne »
Puis à la cathédrale où nous montons par l’escalier en colimaçon jusqu’au sommet
un selfie au sommet, et voilà la réponse du ciel
où se trouve la « maison des gardes »
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Nous avons visité aussi le Musée de l’œuvre Notre-Dame
avec ses merveilles du Moyen Âge, si primitives
et si actuelles parfois
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Et nous sommes allés au Musée archéologique
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Chaque fois que je dors à l’hôtel, j’y fais aussi mon yoga, comme tous les jours à la maison, histoire de garder un corps souple et musclé, en bon état de marche – et nous avons tout le temps marché
Le dernier jour, avant de reprendre le train, je me suis baladée dans le quartier de la gare et j’y ai photographié cette « trocothèque »
et des œuvres de Street Art
Nous sommes entrés pour prendre un verre dans cet hôtel entièrement orné de Street Art
Un peu plus loin dans la rue
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j’ai découvert ce garage orné comme une grotte du paléolithique, j’y suis entrée
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Retour vers Paris. Il reste encore bien des visites à faire dans cette ville, ce sera donc pour une autre fois.