« Attendez-vous les uns les autres »

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photo Alina Reyes

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Adam et Ève sont gratifiés des dons de Dieu mais aussi exposés aux manœuvres du serpent, cela garantit à la fois notre liberté et celle de la création, son humilité et la nôtre. Le tout est de rester sur la bonne voie, quoiqu’il en coûte. Nous sommes d’humus, nous sommes humbles, c’est ainsi seulement que nous sommes hommes (et non pas « comme des dieux » selon le serpent), donc vraiment libres.

Nous ne sommes pas à l’abri de l’imbécillité, loin de là. La nôtre, et celle des autres. Nous ne sommes à l’abri de rien de ce qui est humain.  Mais si nous sommes dans l’Amour, nous sommes garantis. Et le mal ne peut rien contre qui se tient dans le jardin de la Résurrection.

Sa porte est ouverte, mais à chacun son temps pour trouver et accomplir le chemin. Attendons-nous les uns les autres.

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La nuit d’Al-Qadr

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tout à l’heure au Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

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La nuit d’Al-Qadr vaut mieux que mille mois, dit le Coran (97, 3). Mille mois qui bien sûr ne comporteraient pas de nuit d’Al-Qadr, précisent les savants. Lesquels rappellent aussi que dire qu’elle est meilleure que mille mois n’exclut pas qu’elle soit meilleure que beaucoup plus que mille mois. La nuit d’Al-Qadr revient à chaque Ramadan, mais personne ne sait quand. Le Coran n’aime pas donner ce genre d’indication. Rappelons-nous la longue nuit où furent plongés les dormants de la Caverne (sourate 18). Dieu seul sait, nous est-il dit, combien de siècles et de jours elle dura, et même combien furent ces endormis dans la mort qu’Il ressuscita. Le Coran rappelle à l’homme ce qui le dépasse. Et qui pourtant le guide avec miséricorde.

N´as-tu pas vu comment ton Seigneur étend l´ombre? S´Il avait voulu, certes, Il l´aurait faite immobile. Puis Nous lui fîmes du soleil son indice,

puis Nous la saisissons [pour la ramener] vers Nous avec facilité. (25, 45-46)

« Son indice » peut aussi se traduire « celui qui guide vers elle ». Créatures, nous sommes ombres du Seigneur, et nous nous repérons à Lui, notre soleil. Mais ce qui est ici dit, c’est que c’est Lui qui nous conduit à nous-mêmes, tout en nous guidant, en nous mouvant, jusqu’au moment où Il nous ramène à Lui.

Mille mois sans nuit d’Al-Qadr, cela n’existe pas, puisqu’elle a eu lieu. Elle a eu lieu en Dieu, donc de toute éternité, ou dès le commencement, c’est pourquoi on ne peut la dater. Elle est la descente de l’Être, de la Lumière sur la terre, où elle projette ses ombres. Tout à la fois descente de la Lumière, Parole de Dieu, et matrice de toutes ses ombres, formant nuit. Puissance, mesure, destin. Telles sont, dans l’ordre, les significations de Qadr. Elle est ce que nous pouvons éprouver dans la nuit de ce monde : la puissance de Dieu qui, en descendant, donne à notre être sa mesure, son destin.

La nuit d’Al-Qadr vaut mieux que mille mois sans nuit d’Al-Qadr. Or mille mois sans nuit d’Al-Qadr n’existent pas, sont néant. La nuit d’Al-Qadr vaut mieux que le néant. La nuit d’Al-Qadr sort l’homme du néant comme Dieu sortit les justes de leur longue nuit dans la Caverne. Dans la nuit d’Al-Qadr Dieu vient à la rencontre de l’homme comme au zénith le soleil saisit l’ombre pour la ramener vers le Seigneur. Nous sommes en Dieu, c’est pourquoi il en est ainsi. Voici la mesure et voici le destin, en Dieu.

Dans la nuit d’Al-Qadr, Dieu fit descendre le Coran d’un bloc, de sa matrice au premier ciel. De là l’Esprit Saint, Ar-Ruh (97, 4), l’ange Gabriel, le révéla progressivement au Prophète, vingt-trois ans durant. Mais où demeurait-il, avant d’être entièrement révélé aux hommes ? Que sont cette matrice et ce premier ciel où il était gardé ? Respectivement, la Puissance et le En puissance de Dieu. Matrice où se trouve et se crée la mesure de tout, et d’où descend notre destin, écrit en puissance, c’est-à-dire avec toutes ses virtualités, où nous pouvons puiser toute liberté et tout accomplissement. Le Coran fut cet écrit en puissance, avant d’être écrit, puis le temps d’être écrit. Et une fois écrit, il demeure en puissance, comme lecture.

Toute nuit est en puissance nuit d’Al-Qadr. Qui veille dans la nuit d’Al-Qadr, comme les bergers dans la nuit de Noël, voit le ciel s’ouvrir et entend les anges annoncer la bonne nouvelle du salut (Luc 2, 7-21). Une nuit, de sa matrice, le Coran descendit dans une grotte sur le cœur d’un homme attentif au Ciel. Une nuit, de la Vierge Marie, annoncé par l’ange Gabriel, un homme naquit dans une grotte, et c’était le Messie. Je n’établis pas d’équivalence, je lève un peu le voile sur ce qui se passe. Le Coran continue d’être révélé dans le cœur des hommes, le Christ aussi, dans le cœur du monde. La nuit de Noël et la nuit d’Al-Qadr continuent d’être, et d’être Paix jusqu’à l’aube qui va bientôt paraître (Coran 97, 5).

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Chair et Esprit

Ceux qui se marient et qui se disent athées : ils ont  pourtant un dieu, c’est la société. Et ses divinités, la peur et l’argent. Comme beaucoup de ceux qui se marient soi-disant devant Dieu. Par amour certes, mais un amour pas assez solide pour pouvoir marcher sans béquilles, pas assez entier pour se passer de garde-fou, pas assez gratuit pour pouvoir se passer de contrat.

Le vrai mariage, celui qui a lieu devant Dieu, avec ou sans intermédiaire pour le célébrer, est beaucoup plus exigeant. De même que le Christ a dit que désirer quelqu’un c’était déjà être adultère, moi je dis qu’avoir une relation charnelle avec quelqu’un, c’est l’épouser. « Ils ne firent plus qu’une seule chair », dit la Bible. Même un rapport de prostitution est un mariage, devant Dieu. Mais sans aller jusque là, toute relation charnelle consentie entre un homme et une femme, qu’elle dure toujours, ou quelque temps, ou le temps d’un jour, est un mariage contracté devant Dieu. Rien à faire, l’union charnelle consentie qui a eu lieu a eu lieu. Elle est inscrite dans la chair de ceux qu’elle a unis, et elle exige le respect dans leurs cœurs jusqu’à la fin de leurs jours.

Qui n’a jamais désiré, ne serait-ce qu’un instant, quelqu’un d’autre que son époux ou épouse ? Personne. Tout être humain est donc adultère. Et si nous le sommes tous, c’est pour être invités à connaître à la fois notre dépendance les uns des autres – connaissance qui nous sauve – et la miséricorde de Dieu. Ce qui rachète l’adultère, c’est la fidélité du cœur au mariage contracté – aux mariages contractés, s’il y en eut plus d’un. Annuler un mariage, c’est impossible. Ceux qui prétendent le faire se mettent à la place de Dieu.  Mais l’homme a beau se mettre à la place de Dieu, il est définitivement impuissant à contrer l’ordre de Dieu. Se marier devant une autorité civile, c’est impossible. Cela ne peut être qu’un simulacre du mariage devant Dieu – et la preuve que ce n’est pas un vrai mariage, c’est qu’il comporte la possibilité de divorcer.

Que chacun comprenne et admette cela, et nous aurons fait un immense pas dans la vérité, et sur le chemin de l’unité et de l’éternité. Réellement baptisés dans l’Esprit.

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Bonnes nouvelles

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photos AP ; Paulo Whitaker / Reuters ; AP

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« Reprise des négociations de paix israélo-palestinienne lundi à Washington ».

Très beau travail de François au Brésil. Avec l’appui du ciel, qui a bien fait d’envoyer sa pluie contenter d’un côté les crocodiles et de l’autre obliger les pèlerins à prier jusqu’au bout sur la plage. Je me suis rappelé du moment où ils échouent et dorment sur le sable dans Souviens-toi de vivre, heureux comme des rebaptisés. Ils étaient là, tels trois millions de boat people sauvés, sur la voie de la résurrection. C’est parti.

La prochaine fois, Cracovie. Catholiques, orthodoxes, protestants, tous chrétiens, retrouvons les chemins de l’Europe ancienne, plus centrée, plus tournée vers l’Est, refaisons l’Europe, celle de l’esprit. Avec ses nouvelles composantes. Ne nous replions pas, cessons d’exclure, incluons. François l’a dit en quittant Rio, le Christ prépare le printemps dans le monde entier.

Oui, hâte-toi, fratellino mio.

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