Street Art, histoire et actualité

 

Terrible aveu d’Alexis Tsipras, selon qui la Grèce « reprend aujourd’hui en main son destin ». Terrible aveu de qui a livré ce pays à des ordres venus des banques et de puissances étrangères. Puisqu’il a fallu pour cela le saigner, puisque le mal n’est pas fini, n’eût-il pas été plus courageux, quitte à affronter les difficultés, de se prendre ou de se garder en main dès le début, de trouver par soi-même sa propre voie ? Cette défaite est aussi celle de tous les gouvernants européens et du monde moderne qui attaquent le libre arbitre des peuples.

En marchant dans le 5e arrondissement cet après-midi, j’ai photographié les nouvelles œuvres de C215 autour du Panthéon. Beaucoup de portraits de combattants, pas un d’une combattante (s’il y en a, ils sont bien cachés, car j’ai fait le tour de la place sans en voir un seul) (Après vérification sur Internet : sur 28 portraits au total, les deux seuls portraits de femmes sont un portrait de Marie Curie, placé sur un Algéco de l’institut Marie Curie, rue d’Ulm, et un de Germaine Tillion sur une boîte aux lettres place de la Sorbonne. Juste honteux.) Les voici, suivis d’autres nouvelles œuvres de street art vues au gré de ma pérégrination. Si les peuples se taisent, les murs parlent.

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garde republicaine

pantheon*

street art paris 5e 1

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licorne institut irlandaiscet après-midi à Paris 5e, photos Alina Reyes

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« Peuple », par Iannis Ritsos, mis en musique par Théodorakis, chanté par Maria Farantouri (et ma traduction)


 

Petit peuple, qui combat sans épée ni balles

Pour du monde entier le pain, la lumière et le chant

Gardant en sa langue ses plaintes et ses vivats

S’il les chante, les pierres se fendent.

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Un poème écrit en prison

OXI : encore non à la dictature

 

Ce chant de Théodorakis, sur des paroles d’Odysseas Elytis, je l’écoute et le chante depuis mes quinze ans. Après la dictature des colonels, la Grèce continue de lutter pour la démocratie, et c’est beau. Comme cette autre stature géante, Maïakovski, Théodorakis accompagne l’histoire en marche. Le dieu de la musique et de la poésie est du côté de la lumière.

 

Justice intelligible ô soleil mental
Et toi fervent myrte de la gloire
non je vous en supplie non
ah n’oubliez pas ma patrie!

Aquilin son profil est fait de monts altiers
de volcans aux flancs de vignes striés
de maisons plus blanches d’être
au voisinage du ciel bleu !

(…)

Mes mains irritées des orties de la Foudre
je les replonge en arrière du Temps
j’appelle aux anciens amis
armés de terreurs et de sang !
Odysseus Elytis, Axion Esti, Gallimard, 1996,  trad. par Xavier Bordes et Robert Longuevil

Le salut vient des Grecs

Le maire de New York annonce en termes apocalyptiques une tempête de neige historique sur la ville, un énorme astéroïde passera ce soir près de notre planète, des économistes à propos du franc suisse redevenu flottant parlent de cygnes noirs et de séisme, la Grèce, l’Europe, le monde sont dans les bouleversements, mais plus longtemps encore que la drachme la langue grecque traverse le temps et il est plus facile à une Française qui a fait du grec ancien de lire le grec moderne que l’ancien français.

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Ma langue ne fut pas facile à garder

parmi les langues qui viennent pour l’engloutir

mais dans ma langue j’ai continué à toujours compter

dans ma langue j’ai porté le temps aux mesures du corps

dans ma langue j’ai multiplié le plaisir jusqu’à l’infini

par elle j’ai ramené dans mon esprit un enfant

avec la marque blanche d’une pierre sur sa tête tondue.

Je me suis efforcé de ne pas en perdre un mot

parce que c’est la langue-même dans laquelle me parlent aussi les morts. 

Titos Patrikios, Ma langue (ma traduction)

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