Nous sommes tellement des animaux

Dans cette vidéo, le coyote qui sautille me fait penser à Balkany échappé de prison, dansant à la fête de la musique, et le blaireau qui le suit… ben, à ceux qui le filment et l’applaudissent.

Bon, en vrai, c’est franchement plus mignon avec un vrai coyote et un vrai blaireau, qui connaissent pas les paradis fiscaux. Juste l’éden terrestre, avec sa nécessité, souvent cruelle, de vivre, et ses joies, adorables.

Je ne dis plus rien en ce moment de la politique, des violences policières, de tout ce dont j’ai déjà tant parlé. Parfois il est bon de quitter ce monde-là et de reposer en paix. C’est aussi une façon de ne pas laisser ce monde-là, humain trop humain, gagner sur nous, animal libre, humain libre.

Barakatou et la police de Macron. Ceux qui font bien et ceux qui font mal

masques

Ces deux brèves vidéos ont été tournées à quatre jours d’intervalle. Rappelons que les masques sont vendus jusqu’à dix fois leur prix d’avant la crise et sont obligatoires dans les transports en commun, sous peine d’une amende de 135 euros ; et qu’un amendement présenté par Alexis Corbière pour demander la gratuité des masques a été rejeté la nuit dernière en deux secondes à l’Assemblée nationale.
On voit dans la deuxième vidéo que les gens respectent de leur mieux la distanciation dans la file d’attente. Peut-être y avait-il des encombrements à certains endroits ? Dans ce cas, pourquoi la police n’aurait-elle pas aidé à mieux organiser la file, plutôt que, armée jusqu’aux dents comme face à des ennemis, de chasser les gens ?
Cette boutique de tissus africains a organisé déjà plusieurs distributions de beaux masques qu’elle fabrique bénévolement, tandis que la grande distribution vend très cher des masques de mauvaise qualité.
Sans autre commentaire.

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Salam alaykoum, Michel Chodkiewicz

 

Michel Chodkiewicz est mort ce 31 mars à l’âge de 90 ans. Il était le président des éditions du Seuil quand j’y ai publié mon premier livre. Je ne l’ai jamais rencontré, et j’ignorais alors qu’il était un spécialiste du soufisme, et particulièrement d’Ibn Arabî, après s’être converti à l’islam à l’âge de dix-sept ans – ce qui témoigne déjà d’une sacrée personnalité pour un aristocrate d’origine polonaise et catholique. J’avais consacré une série de notes à son livre Le Sceau des Saints.

Dans la dernière de ces notes, je mentionnais ce mot de lui : « la fin des saints n’est qu’un autre nom de la fin du monde ».

Disons que le monde des menteurs, des manipulateurs, des criminels, des avides, bref des anti-saints, est un monde toujours en train de mourir et de s’enterrer dans son mensonge. Tandis que l’autre monde est toujours en train de donner et de rendre la vie, et de veiller sur elle. Comme nous le voyons avec éclat en ces temps de pandémie.

Allah y rahmou.

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Pendant la fin du monde, le début du monde continue

 

« Et je vois dans mon rêve l’humanité tout entière réunie dans un champ, et mes doigts ouvrir et découvrir avec terreur le coffre empli de lacets de satin fixés sur des lanières de cuir qui doivent très prochainement nous exterminer tous. Strangulation. Car nous nous sommes mis en cage comme nous avons emprisonné les animaux dans les réserves et les zoos, et la ceinture du monde, de plus en plus serrée, viendra à bout de notre souffle. »

extrait de mon roman Lilith (1999)

Le coronavirus a entrepris d’étouffer le vieux monde. Il est 20 heures, j’entends les gens applaudir. Après les trois coups, le rideau va s’ouvrir.

 

Pas perdus pas perdus

 

J’ai terminé aujourd’hui l’un de mes livres en cours. Si le coronavirus ou autre chose me fait passer de vie à trépas, voilà au moins quelque chose qui ne sera pas perdu. (Façon de parler, car je vais bien).

En ce moment les salles des pas perdus ne résonnent plus de beaucoup de pas. Ça reviendra.

Certains parlent de rouvrir les librairies. Comme s’il fallait que les livres empoisonnent les lecteurs, comme dans Le Nom de la rose.

Quand tout rouvrira, on aura peut-être envie de passer à autre chose.

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Fille de Zeus vs fils d’Hypérion : Odyssée, premiers vers (ma traduction, commentée)

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« Dis-moi l’homme ». C’est exactement ainsi que commence l’Odyssée. L’adjectif vient après l’apostrophe à la Muse, et il est capital de respecter cet ordre – ce qui n’est pas habituellement fait. J’ai choisi de traduire ces premiers fantastiques vers de l’Odyssée en vers de 14 pieds non rimés (ils ne sont pas non plus rimés en grec). Afin de leur conférer davantage de rythme que dans une traduction en prose, de rendre un peu leur caractère de chant inaugural. Et j’y ai mis en évidence les deux grandes oppositions qui s’y trouvent : celle entre Ulysse, « si plein de sens », et ses compagnons, « pauvres insensés » ; et celle entre le dieu Hélios, fils d’Hypérion, fatal à ses compagnons, et la déesse Athéna, fille de Zeus, alliée d’Ulysse. Homère assimile Hélios à Hypérion, donc à un Titan, un dieu primordial, dieu de l’ancien temps ; alors qu’Athéna, déesse de la sagesse, est de Zeus, le Dieu, dieu des dieux, le dieu de la nouvelle génération des dieux, le dieu moderne. Il y a là aussi une opposition entre un mâle primitif et une féminité évoluée. Opposition représentée également par le caractère « aux mille sens » d’Ulysse (ma traduction, où l’on peut entendre « aux mille directions » et aussi « plein d’esprit sensé », voire « aux mille significations » me semble plus proche de l’adjectif grec polutropon, souvent traduit par la locution « aux mille tours » ou « aux mille ruses », et aussi plus élevée peut-être, et surtout plus riche, plus polysémique), et le caractère insensé de ses compagnons, caractère qui les a conduits à la mort alors qu’Ulysse le sensé, bien que devant errer longtemps, reste vivant.

Voici donc ma traduction, au plus près de chaque vers :

 

Dis-moi l’homme, Muse, aux mille sens, qui tant erra
après avoir détruit la sacrée, puissante Troie ;
qui vit de nombreux peuples et fut instruit de leur pensée ;
qui sur les mers souffrit, tant, jusqu’au tréfonds de son âme,
luttant pour sa vie et le retour de ses compagnons.
Et pourtant il ne put les sauver, malgré son désir ;
car ils périrent de leur propre folle présomption,
ces pauvres insensés ! Ayant mangé des bœufs d’Hélios,
fils d’Hypérion, lequel les priva du jour du retour.
Dis-m’en plus là-dessus, toi, déesse, fille de Zeus !

 

Homère, L’Odyssée, Chant I, 1-10
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Pour une autre de mes traductions d’un passage de l’Odyssée, c’est là : Ulysse et le Cyclope

Je cesse de préciser comme ces jours derniers que je suis confinée après que le coronavirus s’est invité chez moi (sous une forme bénigne), tout le monde à Paris, entre autres, se trouvant désormais en confinement. C’est le moment de rappeler à qui aurait envie de le lire que mon roman Nus devant les fantômes est offert gracieusement en pdf ici. Restez à la maison et bonne lecture !

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Manif des femmes et haïkus des goélands

8 mars 1-min

8 mars 2-min

8 mars 3-min

8 mars 4-min*

Dans toutes les révolutions, des statues, des têtes tombent. Ceux qui pleurnichent sur les cibles de la révolution féministe devraient se réjouir que ses guillotines ne soient que symboliques. Mettre à bas les abuseurs, d’une façon ou d’une autre, est nécessaire pour renverser la loi de leur caste.

 

goelands-min

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Que de goélands,

volant, criant sous la pluie !

La Seine est en crue.

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Sur le pont cet homme,

seul, avec des bouts de viande

qu’il jette aux oiseaux

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Rafales de vent.

Les humains s’envolent presque.

Bientôt le printemps.

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goeland-minCe 8 mars à Paris, photos Alina Reyes

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