Montagnards


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Je jette les premières phrases et bases de mon prochain livre. Je vais de l’avant, il me conduit, tout est merveilleux et limpide.

Je viens d’aller voir au cinéma L’Escurial (Paris 13e) une avant-première du documentaire Tibet, au-delà de la peur, suivie d’un débat. Je suis heureuse que la couleur de l’habit des Pèlerins d’Amour soit proche de celle de ces moines et moniales. Nous serons avec les bouddhistes, aussi, ensemble.

Écrire vivre

Le Verbe est un chemin vivant, enroulé comme un ruban d’ADN, qu’il faut dérouler en le suivant. Le dérouler signifie y marcher. Et pour l’écrire, en y marchant, pas à pas en relever l’empreinte. L’Écrit (le vrai, pas le produit des hommes, produit pour la communication, pour le marché, pour la gloire etc) n’est pas le Verbe lui-même, mais son empreinte. Son sceau, ses pas dans lesquels nous pouvons nous mettre.

Mon livre avance, avec la présence constante de l’Ange. C’est lui qui m’aide à franchir les myriades de portes qu’il faut franchir sur le chemin, des plus ordinaires aux plus exceptionnelles. L’Écrit est une remémoration de ce qui a été et de ce qui n’a pas encore été, parce qu’il est l’empreinte du Verbe qui est, sans distinction de temps. L’Écrit est la transposition de l’éternité dans le temps. Une éternité en marche, qui met les hommes et l’univers en marche en se fixant, en descendant dans un lieu et un temps afin qu’ils puissent entrer en elle.

L’Ange me conduit aux portes dans la veille et dans le sommeil. Il faut seulement être très attentif. Soyez attentif à l’Ange, aux anges. Ici est un lieu d’où vous pouvez aller aussi, en le suivant avec une attention spéciale. Ne restez pas derrière vos portes, les franchir est le salut. Allez bien, vous n’êtes pas seuls.

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Venue

L’été au lever du soleil, la rumeur de la ville semblable à celle de l’océan les petits matins calmes, par la fenêtre ouverte l’air doux comme un jardin plein de lilas, bruissement parfumé des anges, murmure de leurs ailes tandis qu’ils remontent et redescendent parmi les peuples du ciel et de la terre, cœur gonflé de la prière que nous venons de faire, que des hommes et des femmes de toutes religions viennent comme à chaque aube de faire – et il est toujours en quelque lieu l’aube sur la terre, et l’heure des anges du seul Dieu, qui s’y répandent et soutiennent les âmes, celles qui y restent et celles qu’il leur faut emporter. Bonjour mes sœurs, bonjour mes frères, bonjour à vous, tous mes enfants, que la joie vous vienne, que la paix soit avec vous, que l’amour avec ses ailes vous sorte de vous-mêmes.

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Lumière dans le temps

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En rangeant j’ai retrouvé sept paires de chaussures que je n’ai pas mises depuis longtemps, ne portant plus des talons de dix centimètres. Des noires, des roses, des bleues, des rouges… Des vernies, des en cuir, des en peau de serpent… Des talons compensés, des talons aiguille, des talons carrés… Des escarpins, des bottines, des sandales lacées à la cheville… Des élégantes, des fantaisie… Je ne les mettrai peut-être plus mais je les garde, j’ai eu autant de joie à les porter qu’à user mes chaussures de montagne.

J’ai aussi retrouvé les trois figurines de crèche blanches, artisanales, que j’avais ramenées du carmel. Aussitôt j’en ai fait un micro-oratoire, en les disposant au-dessus d’une bougie. L’enfant Jésus fait la croix avec ses bras ouverts, cela suffit. Ainsi je pourrai me prosterner en direction de la Mecque avant le lever du soleil, et la nuit m’agenouiller devant la Lumière. On en pensera ce qu’on voudra, ainsi va ma prière.

Tout ce que je vis continue à œuvrer pour les Pèlerins d’Amour, j’ai confiance absolument pour le présent et pour la suite, car je suis entièrement soumise à la Voie, qui sait parfaitement ce qu’elle fait.

Si vous voulez regarder passer la station spatiale internationale, vous pouvez vous inscrire ici pour recevoir chaque jour par mail l’horaire et la direction de son passage chez vous. Par exemple pour ce soir à Paris elle apparaîtra à 22h26 à l’O-N-O et disparaîtra à l’E-N-E quatre minutes après, en atteignant une hauteur maximale de 51 degrés. Puis de nouveau à 00h01, de l’O-N-O au N-N-O trois minutes plus tard, avec un angle maximum de 61 degrés. Un rendez-vous qui me plait beaucoup. En écoutant La Folia par exemple, c’est très bien.

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Peinturer

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peinture Alina Reyes

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Depuis des années tous mes vêtements étaient rangés dans une valise, où je les prenais chaque matin. J’étais pour ainsi dire en voyage, et je suis pour ainsi dire arrivée à une halte bienfaisante sur le chemin. J’ai maintenant une armoire, elle est en toile prune, elle me fait penser à une tente, et un peu comme je poserais mon caillou sur un cairn, ou comme j’élèverais mon bétyle au lieu où j’ai vu monter et descendre les anges, où j’ai vu et entendu jour après jour le ciel, sur ce chemin qui est lieu, j’ai envie de la peindre. Quand j’aurai fini de tout réinstaller dans l’appartement, j’irai acheter de gros tubes de peinture et je ferai inchaAllah, quelque chose comme ce motif que je viens de trouver, me sentant comme la primitive Flamme de mon poème, dans Voyage, peignant par l’os creux des oiseaux, peignant dans la peinture même du Vivant.

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