Manne, Cène, Ramadan

Dans la première sourate révélée au Prophète – paix et bénédiction sur lui -, sourate 96, dite « des Croyants », il est dit que Dieu a créé l’homme d’une adhérence. Tel est le sens du mot alaq, qui signifie par là également l’attachement amoureux, et peut aussi désigner un sang épais, du vin, une nourriture.

En cela nous pouvons voir notamment que le geste du Christ lors de la Cène est profondément sémitique. En donnant son corps et son sang, sous les espèces du pain et du vin, c’est l’amour de Dieu qu’il donne, cet attachement qui est aussi l’adhésion de la foi par laquelle nous avons été créés.

Le Coran dit que Dieu a fait descendre le Coran (20, 113), et avec le même verbe, que Jésus, fils de Marie, a fait descendre une table servie (5, 112). Dieu ne fait-il pas descendre sa parole comme nourriture pour les croyants ? C’est ce que manifeste aussi le jeûne du Ramadan, pendant lequel le croyant est appelé à se nourrir de la lecture du Coran.

La première sourate, Al-alaq, commence par le tout premier mot que l’Ange adressa à Mohammed – paix et bénédiction sur lui – : « Lis ! » Ce qui signifie, pour les lecteurs du Coran : essaie de comprendre ce que tu lis, ne t’arrête jamais de le lire, au sens de l’interpréter, car la compréhension de la parole de Dieu ne s’arrête pas, jusqu’à la fin des temps. Et cette parole qu’il faut lire, c’est Al-alaq, le sang dont nous avons été créés, l’écriture originelle, à la fois dans la langue de l’ADN et dans celle de l’Amour, qui nous donne la vie et chaque jour nous la redonne, comme une nourriture, comme la manne dont il est question dans la Bible (Exode chapitre 16) et dans le Coran (sourate 20, v. 81).

Manne en hébreu signifie : « qu’est-ce que c’est ? » Qu’est-ce donc qui nous tombe du ciel ? Se sont demandé les hommes en découvrant, au matin, « le pain du ciel » descendu pour eux pendant la nuit. De même les hommes auxquels il est dit « Lis ! », par la parole descendue via Mohammed une nuit, se demandent, devant le mystère du Coran : qu’est-ce que cette mystérieuse parole ? « Lis ! » : comme la manne, recueille-la et nourris-t’en. « Lis ! » : ne cesse jamais de t’interroger sur ce qu’elle signifie.

Pâques, la Compassion du Christ

En joignant le geste de l’eucharistie (rendre grâce à Dieu) à celui de la communion (nourrir les hommes de son être pour leur montrer que Dieu est uni à eux et qu’il les unit en Lui), Jésus lors de la Cène fait signe que sa Passion est en vérité une Compassion. Il ne souffre pas seul pour tous, il souffre avec tous ceux qui souffrent. Et c’est pourquoi il souffre plus que ne peut souffrir un homme, et c’est pourquoi il en meurt, et c’est pourquoi aussi il en ressuscite. Il ressuscite parce qu’il n’a pas souffert seul, il a souffert pour tous, les vivants et les morts. Sa mort n’est pas en lui seul, elle est aussi en tous les morts et en tous les vivants, qu’il ne peut pas abandonner à la mort. Quand il demande de manger, via le pain et le vin, son corps et son sang, en mémoire de lui, cela signifie : nous coressusciterons. En mangeant ce morceau de pain devenu son corps et en buvant ce vin devenu son sang, nous le prenons en nous corps et âme, parce que c’est notre propre corps, notre sang, notre chair, nos os, qui donnent corps à son âme. Et quand nous donnons corps à son âme, elle emporte notre corps dans son éternité. Et le temps des vivants et des morts devient une éternité prise en commun, en communion, une coéternité avec toute l’humanité, transportée en Dieu, l’Éternel.

Une preuve de cela est donnée dès le lendemain, au Golgotha. Jésus n’est pas le seul à être crucifié. Deux autres hommes souffrent aussi sur une croix. Sans doute, contrairement au Christ, chacun des deux souffre-t-il pour lui-même. Mais l’un d’eux va sortir de lui-même pour entrer en compassion avec Jésus, et aussitôt Jésus lui annonce que le jour même, il sera au paradis avec lui. La compassion transporte les mortels dans une autre dimension.

Du côté des enfants

On invente un nouveau barème pour noter les dictées, afin que les notes soient moins calamiteuses. Il faudrait surtout enseigner correctement la langue, les mathématiques, l’histoire et la géographie aux élèves. C’est-à-dire, en prenant le temps, au lieu de zapper constamment dans l’apprentissage, de fuir en avant et dans tous les sens alors que les bases ne sont pas acquises, et de faire ainsi souffrir les enfants. Cela me rappelle que lorsque j’avais douze ans, j’ai été embauchée pour donner des cours d’orthographe à un enfant de primaire en grande difficulté. Il fit plus de cinquante fautes à la première dictée que je lui donnai. Au bout de quelques semaines, il n’en faisait presque plus. Il n’y a pas de fatalité, il faut seulement prendre les choses à bras-le-corps. Ensuite je ne suis pas une puriste, la langue supporte quelques écarts d’orthographe, jadis cette dernière n’était même pas fixée. C’était le temps de la jeunesse du français, c’est ainsi qu’il a pu évoluer, et même s’il a atteint un certain âge il doit rester souple.

Un sociologue préconise de placer en institution les enfants roms contraints de mendier. Prudence avec ce genre de solution ! Ne renouvelons pas les fautes commises au détriment d’autres pauvres en d’autres circonstances et en d’autres endroits dans le monde, l’enlèvement des enfants d’indigènes ou de personnes en difficulté et leur placement en institutions, catholiques ou autres, « pour leur bien ». Sauf exception, le bien des enfants est de rester avec leurs parents. L’amour vaut davantage que le confort. Les problèmes de délinquance et de criminalité doivent être traités par la police, les problèmes de misère doivent être traités par les pouvoirs politiques. Chasser les populations d’un quartier à un autre, d’un pays à un autre, ou retirer les enfants à leur famille, n’est pas traiter les problèmes mais les fuir et les laisser s’amplifier, au risque de les voir déborder.

Les députés votent pour que les animaux soient reconnus comme « des êtres vivants doués de sensibilité », et non plus seulement comme des « biens meubles ». Il était temps. Puisque le progrès existe, on peut espérer qu’un semblable statut sera bientôt reconnu aux enfants.