
« Life Is a Gift », technique mixte sur bois (fond et cadre d’un vieux miroir brisé) 38×48 cm
Pourquoi faisons-nous des cadeaux aux enfants, et les présentons-nous comme venus du ciel ? Parce qu’eux-mêmes, en naissant, sont des cadeaux venus du ciel. La vie est un cadeau qui nous vient du ciel à chaque naissance, les nôtres, celles des autres ; et les cadeaux que nous faisons et recevons à l’âge adulte rafraîchissent en nous l’enfance. Noël est la fête de l’origine, de la joie que donne la survenue de l’original – ai-je songé cette nuit en lisant ces mots d’Haruki Murakami dans son livre Profession romancier, alors que j’ai demandé pour Noël un CD du Sacre du printemps, que j’ai tant et tant écouté dans ma jeunesse et que j’ai follement envie de réécouter :

« Chant du monde », technique mixte sur papier A4

« How many People in the Universe ? », technique mixte sur papier 42×30 cm
« Les Beatles. J’avais quinze ans lorsqu’ils sont apparus. Je crois que la première chanson d’eux que j’ai écoutée à la radio était Please Please Me, et j’en ai eu la chair de poule. Pourquoi ? Parce qu’il y avait là des sonorités que je n’avais jamais entendues. Tout simplement, j’ai trouvé cela génial. J’ai du mal à expliquer ce qu’il y avait là de si incroyable, mais c’était époustouflant. Environ un an plus tôt, j’avais ressenti une impression presque analogue en écoutant pour la première fois Surfin’ USA, des Beach Boys, à la radio. « Ah, ça, c’est extraordinaire ! » « Complètement différent ! »
En y repensant aujourd’hui, je comprends que mon émotion était due à l’originalité exceptionnelle des Beatles et des Beach Boys. Ils émettaient des sons que personne n’avait produits jusqu’alors, ils faisaient de la musique comme personne jusque-là. Qui plus est, d’une qualité sans pareille. Et ils avaient quelque chose de tout à fait spécial. C’était tellement clair qu’un adolescent de quatorze ou quinze ans pouvait le saisir immédiatement, même en écoutant ces chansons sur un pauvre transistor. En somme, l’affaire était toute simple.
Mais où résidait l’originalité de leur musique ? En quoi étaient-ils différents des autres musiciens ? Il me paraît extrêmement difficile de donner une réponse logique et argumentée à ces questions. Pour le jeune homme que j’étais, c’était une tâche impossible, et aujourd’hui encore, alors que je suis écrivain de métier, j’ai beaucoup de mal à le faire. Pour pouvoir fournir ce genre d’explication, il faudrait avoir les compétences d’un expert, mais, même avec cet éclairage théorique, le résultat ne serait peut-être pas très concluant. En fait, tout va bien plus vite quand on écoute leur musique. Écoutez-la, et vous comprendrez.
(…)
On pourrait dire la même chose du Sacre du printemps, de Stravinsky. Quand cette œuvre a été donnée à Paris en 1913, le public a été sourd à sa nouveauté et s’est livré alors à un chahut monumental, resté célèbre. Cette partition qui allait contre toutes les conventions avait stupéfié l’assistance. Mais, au fil des représentations, les réactions hostiles se sont calmées, et de nos jours Le Sacre du printemps est devenu extrêmement populaire. (…) Quand le public d’aujourd’hui écoute Le Sacre du printemps, il n’y a ni tumulte ni stupeur, les auditeurs étant néanmoins capables de ressentir la fraîcheur intemporelle et la puissance de cette œuvre. Cette émotion est en somme une référence mentale des plus précieuse. Un repère essentiel auquel ceux qui aiment la musique se raccrochent, et qui, pour une part, sert de base à leurs jugements de valeur. Pour aller à l’extrême, disons que, entre ceux qui ont entendu Le Sacre du printempset ceux qui ne l’ont pas entendu s’est instaurée une certaine différence dans la profondeur de leur compréhension musicale.
(…)
Pour qu’un créateur puisse être qualifié d’« original », il doit, à mon avis, satisfaire à ces conditions fondamentales :
1) Il faut qu’il possède un style qui lui soit propre (sonorités, manière d’écrire, formes, couleurs), clairement différent des autres, et qui doit être perceptible immédiatement.
2) Il faut qu’il ait la faculté de retrouver de la nouveauté. De se développer avec le temps. De ne pas stagner. Il doit posséder en lui-même une force de renouvellement spontanée.
3) Il faut que ce style personnel devienne un standard avec le temps, qu’il soit intériorisé dans l’esprit du public, qu’il soit érigé pour partie en norme. Qu’il devienne une source d’inspiration pour les créateurs suivants. »
*
Joyeux Noël !

 
			 
			




 
			



 
			
 
			
 
			
 
			 Premier soir à Florac-Trois-Rivières (voir la note
Premier soir à Florac-Trois-Rivières (voir la note 
 Arrivés là-haut, quel plaisir de se détendre et de casser la croûte sous un (maigre et rare) arbre avant de reprendre la marche !
 Arrivés là-haut, quel plaisir de se détendre et de casser la croûte sous un (maigre et rare) arbre avant de reprendre la marche !
 Le soir venu, nous plantons notre tente sous ce beau pin et nous admirons le coucher de soleil, puis le ciel nocturne splendidement déployé, comme le jour, sur 360° d’horizon dégagé. La Voie lactée, les constellations, les étoiles filantes sont au rendez-vous, le premier croissant de lune aussi, et Vénus, et sans doute la comète Néowise mais sa chevelure n’étant plus visible nous ne pouvons que la supposer, à tel point brillant où elle est dite se trouver.
Le soir venu, nous plantons notre tente sous ce beau pin et nous admirons le coucher de soleil, puis le ciel nocturne splendidement déployé, comme le jour, sur 360° d’horizon dégagé. La Voie lactée, les constellations, les étoiles filantes sont au rendez-vous, le premier croissant de lune aussi, et Vénus, et sans doute la comète Néowise mais sa chevelure n’étant plus visible nous ne pouvons que la supposer, à tel point brillant où elle est dite se trouver.

 Nous faisons une longue halte à midi sur un col. Nous sommes les seuls sur le terrain, depuis le matin.
 Nous faisons une longue halte à midi sur un col. Nous sommes les seuls sur le terrain, depuis le matin. Le soir, nous arrivons en vue du chaos de Nîmes. Nous allons jusqu’au Veygalier, où la fermière nous autorise à camper dans son champ, et nous dînons à la ferme. Cette famille habite seule tout le hameau et possède 700 brebis, des vaches, des cochons, et bien sûr des poules et un potager, et cultive aussi le blé.
Le soir, nous arrivons en vue du chaos de Nîmes. Nous allons jusqu’au Veygalier, où la fermière nous autorise à camper dans son champ, et nous dînons à la ferme. Cette famille habite seule tout le hameau et possède 700 brebis, des vaches, des cochons, et bien sûr des poules et un potager, et cultive aussi le blé. Le lendemain nous allons visiter le chaos de Nîmes, avec ses dolomies fantastiques (voir la note
Le lendemain nous allons visiter le chaos de Nîmes, avec ses dolomies fantastiques (voir la note  Le lendemain, après 20 km de marche dans la chaleur à travers des paysages époustouflants, avec une boucle passant par la Bégude blanche et le hameau Marcel, où nous nous réapprovisionnons en eau (pas d’eau sur le causse, nous devons toujours consulter la carte IGN pour repérer les rares fermes où remplir nos gourdes, car les 5 litres que nous transportons ne suffisent pas pour deux jours), nous prenons un peu de repos à Nivoliers, où nous dormons et dînons au gîte.
Le lendemain, après 20 km de marche dans la chaleur à travers des paysages époustouflants, avec une boucle passant par la Bégude blanche et le hameau Marcel, où nous nous réapprovisionnons en eau (pas d’eau sur le causse, nous devons toujours consulter la carte IGN pour repérer les rares fermes où remplir nos gourdes, car les 5 litres que nous transportons ne suffisent pas pour deux jours), nous prenons un peu de repos à Nivoliers, où nous dormons et dînons au gîte. Le lendemain matin, nous partons voir les chevaux de Przewalski (voir note
Le lendemain matin, nous partons voir les chevaux de Przewalski (voir note  Après une deuxième nuit au gîte, nous repartons pour 15 km. Dès qu’un arbre se présente, nous profitons de son ombre pour boire ou manger. La dernière partie du trajet est une longue et très raide descente dans les gorges, par un étroit chemin dans la forêt, sur Sainte-Enimie.
Après une deuxième nuit au gîte, nous repartons pour 15 km. Dès qu’un arbre se présente, nous profitons de son ombre pour boire ou manger. La dernière partie du trajet est une longue et très raide descente dans les gorges, par un étroit chemin dans la forêt, sur Sainte-Enimie.


 Nous nous installons dans un petit camping au bord de la rivière, où nous nous baignons, et le lendemain nous partons visiter Saint-Chély (voir la note
Nous nous installons dans un petit camping au bord de la rivière, où nous nous baignons, et le lendemain nous partons visiter Saint-Chély (voir la note 

 La descente en canoë se fait par des gorges somptueuses. Je fais une photo à l’arrivée, à Hauterives, et O m’y photographie dans l’eau.
La descente en canoë se fait par des gorges somptueuses. Je fais une photo à l’arrivée, à Hauterives, et O m’y photographie dans l’eau.
 Le lendemain, nous repartons vers l’est en longeant la rivière, tantôt au bord, tantôt dans les hauteurs. Arrivés au très beau village de Castelbouc (voir la note
Le lendemain, nous repartons vers l’est en longeant la rivière, tantôt au bord, tantôt dans les hauteurs. Arrivés au très beau village de Castelbouc (voir la note 
 Le lendemain, O loue un VTT et part en faire pendant que je vais me balader à pied. Et le surlendemain, nous revoici en chemin le long de la rivière, jusqu’à Montbrun (voir la note
Le lendemain, O loue un VTT et part en faire pendant que je vais me balader à pied. Et le surlendemain, nous revoici en chemin le long de la rivière, jusqu’à Montbrun (voir la note 
 La soirée y est toute joyeuse des chants de marins de nos voisins campeurs bretons, dont une accordéoniste, et d’autres musiciens, accordéoniste et violoniste, qui font aussi résonner la buvette proche tard dans la nuit de musique et de chansons, dont Bella ciao.
La soirée y est toute joyeuse des chants de marins de nos voisins campeurs bretons, dont une accordéoniste, et d’autres musiciens, accordéoniste et violoniste, qui font aussi résonner la buvette proche tard dans la nuit de musique et de chansons, dont Bella ciao. Thibaut a conçu son éco-camping au bord de la rivière dans un esprit d’harmonie, entre les gens et entre les gens et la nature – avec zones humides, zone de compost, et tarifs doux et constants. Exactement le sens dans lequel le monde aspire à aller, loin de l’esprit « start-up nation » et envie de devenir milliardaire.
 Thibaut a conçu son éco-camping au bord de la rivière dans un esprit d’harmonie, entre les gens et entre les gens et la nature – avec zones humides, zone de compost, et tarifs doux et constants. Exactement le sens dans lequel le monde aspire à aller, loin de l’esprit « start-up nation » et envie de devenir milliardaire. Un selfie dans l’abribus avant de prendre la navette pour Florac, puis le car pour Alès, puis le train pour Nîmes où nous passons l’après-midi en attendant la correspondance pour Paris.
 Un selfie dans l’abribus avant de prendre la navette pour Florac, puis le car pour Alès, puis le train pour Nîmes où nous passons l’après-midi en attendant la correspondance pour Paris.
