Levons la tente

le fil du temps,

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J’ai essayé pendant des années d’apporter aux catholiques une voix et une voie de renouvellement. Ils en voulaient, mais à condition que je me soumette au clergé. C’était absolument impossible. Je le leur ai répété, ils ont continué à croire qu’avec tous leurs moyens de pression et de manipulation, ils finiraient par me faire céder. Cette croyance absurde était bien l’un des signes de ce que je voyais chez eux, à savoir qu’ils ne connaissent pas Dieu. Le catholicisme a perdu complètement la voie de Dieu. Pour certains elle s’est réduite à un humanisme, pour d’autres à un bazar idolâtrique et superstitieux. Et Rome ne fait que pousser en ce sens, avec la canonisation hâtive de papes comme renforcement du pouvoir du clergé -combien ne prient plus Dieu mais Jean-Paul II ! J’ai fait tout ce que j’ai pu pour leur rendre le sens de Dieu, mais tout ce qu’ils voulaient c’était faire de moi un instrument pour renforcer leur emprise défaillante sur le monde. Et cela avec leurs moyens habituels : le mensonge, l’hypocrisie, les manœuvres souterraines qui furent toujours la marque de l’Église mais prennent aujourd’hui une ampleur inédite, de par les moyens de communication exploités pour la propagande. Comme dans les autres secteurs de l’industrie et de la politique, tout tient sur la publicité, la parole illusionniste.

Je suis du Christ selon l’Évangile, et il est aujourd’hui impossible d’être, en même temps, du Christ selon l’Église. Dieu ne se trouve plus dans cette institution. Je suis entièrement soumise à Dieu, c’est le sens du mot musulman, je suis en ce sens musulmane. Le Prophète Mohammed, alayhi salat wa salam, a rencontré Jésus dans son voyage nocturne ; il lui a alors demandé de diriger la prière, mais Jésus a préféré que Mohammed le fasse, et il l’a faite avec lui. Cela se passait en avant de nous, vers la fin des temps. Et moi qui suis du Christ, Dieu m’a conduite à prier avec les musulmans. Je continue à être là (notamment ici) pour eux, pour les chrétiens et pour tous ceux qui veulent continuer à marcher sur la Voie de vérité. Comme Abraham, nous irons, et notre descendance aussi, où elle, où Dieu, nous conduira.

Pâques, la Compassion du Christ

En joignant le geste de l’eucharistie (rendre grâce à Dieu) à celui de la communion (nourrir les hommes de son être pour leur montrer que Dieu est uni à eux et qu’il les unit en Lui), Jésus lors de la Cène fait signe que sa Passion est en vérité une Compassion. Il ne souffre pas seul pour tous, il souffre avec tous ceux qui souffrent. Et c’est pourquoi il souffre plus que ne peut souffrir un homme, et c’est pourquoi il en meurt, et c’est pourquoi aussi il en ressuscite. Il ressuscite parce qu’il n’a pas souffert seul, il a souffert pour tous, les vivants et les morts. Sa mort n’est pas en lui seul, elle est aussi en tous les morts et en tous les vivants, qu’il ne peut pas abandonner à la mort. Quand il demande de manger, via le pain et le vin, son corps et son sang, en mémoire de lui, cela signifie : nous coressusciterons. En mangeant ce morceau de pain devenu son corps et en buvant ce vin devenu son sang, nous le prenons en nous corps et âme, parce que c’est notre propre corps, notre sang, notre chair, nos os, qui donnent corps à son âme. Et quand nous donnons corps à son âme, elle emporte notre corps dans son éternité. Et le temps des vivants et des morts devient une éternité prise en commun, en communion, une coéternité avec toute l’humanité, transportée en Dieu, l’Éternel.

Une preuve de cela est donnée dès le lendemain, au Golgotha. Jésus n’est pas le seul à être crucifié. Deux autres hommes souffrent aussi sur une croix. Sans doute, contrairement au Christ, chacun des deux souffre-t-il pour lui-même. Mais l’un d’eux va sortir de lui-même pour entrer en compassion avec Jésus, et aussitôt Jésus lui annonce que le jour même, il sera au paradis avec lui. La compassion transporte les mortels dans une autre dimension.

Sagesse orientale, le temps à sa place

L’Orient remet le temps à sa place, celui d’humble serviteur de l’éternité. Ceci est notamment sensible dans le judaïsme, le christianisme orthodoxe et l’islam. Pensons à la prière juive du Kol Nidrei, capable d’annuler les vœux passés, et à sa correspondance dans la notion de teshouva, capable d’effacer le passé et ses fautes. Pensons à l’importance de la Résurrection dans le christianisme orthodoxe, capable de balayer la mort à l’œuvre dans le présent. Pensons au incha’Allah musulman, capable d’annuler nos projections dans le futur.

C’est à la source de ces pensées que nous devons puiser. Pour le reste, traditions et façons de penser dépassées, pour tout ce que le temps effacera d’elles, s’il est encore vivace là où les hommes sont à cause de la peur en situation d’arriération politique ou mentale, il dépérira – comme en Europe – dès qu’ils se libéreront. Il ne sert donc à rien d’essayer de sauver les vieilles structures là où elles peuvent encore l’être : encore est éphémère. Il faut au contraire se retourner et marcher dans la voie de l’éternité, sans avoir peur de laisser devant soi comme derrière soi tout ce qui n’est plus valide et qui, à coup sûr, tombera. Sous les coups sûrs du temps, soldat au service de l’éternité. 

Haïkus d’automne

Grands arbres debout

Tronçonneuses dans les bois

Grands arbres couchés

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Pluie contre la vitre

bruit du réveil qui efface

l’été goutte à goutte

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Paraît l’arc-en-ciel

Les tronçonneuses se taisent

un instant au bois

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Ce qui fut et ce qui est

Ce matin est passé à la maison un ramoneur qui passait chaque année quand j’habitais de l’autre côté de la cour, et que je n’avais pas revu depuis cinq ans. Quand je lui ai dit mon nom, il s’est exclamé, tout content : « Ah vous êtes la fille de Mme Nardone, qui habitait dans l’immeuble ! » N’est-il pas étrange qu’aujourd’hui, malgré mes cheveux gris, on me prenne pour la fille de celle que j’étais quand j’étais plus jeune ? Ce nettoyeur des conduits du temps connaît l’ordre réel de la vraie vie.

Engendrez-vous.

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