Le 14 septembre dernier, il a trouvé un sac contenant quarante mille dollars. « Je suis extrêmement religieux, Dieu a toujours très bien pris soin de moi », a déclaré Glen James, le sans-abri de Boston dont l’extrême honnêteté a ému le monde. C’est un pauvre Noir doux et long, comme Francis K, qui donne à qui la veut la clé de l’éternité.
vérité
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En vérité, mon livre est terminé.
À lire très bientôt en e-book ici.
En ce 18 septembre de grâce.
En vivant
12 jours, 64 pages. Le livre avance, semblable à nul autre. Comme, dès le départ, mon premier livre, et les suivants. J’ai écrit des romans de plus en plus gros et improbables, comme Derrière la porte, Lilith, Forêt profonde, Voyage. J’ai écrit des romans de plus en plus minuscules et improbables, comme Le Boucher, L’Exclue, La Dameuse, Notre femme. J’ai écrit des romans de plus en plus choquants, comme Poupée, anale nationale, Le carnet de Rrose, Forêt profonde. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour réveiller les êtres humains, j’ai fait mon travail d’écrivain. Je continue.
Que le grand cric ne vous croque pas ! Soyez vivants, jour après jour, nuit après nuit, instant après instant. Franchissant les frontières du temps.
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D’ici la fin de la semaine, incha’Allah, plusieurs nouveaux titres numériques sur ce site, et Voyage à petit prix, en papier et en ebook.
Remettre les pendules à l’heure
Ne pourrait-on dire que l’Église, avec tous ses prêtres qu’il faut appeler père, est en contradiction totale avec l’enseignement de Jésus-Christ, qui a demandé de n’appeler père personne d’autre que Celui qui est aux cieux, et qui a donné, sur terre, l’exemple d’un homme non engendré par un homme ?
Bien entendu cet enseignement est à comprendre dans l’esprit et non pas à la lettre. Que signifie-t-il, dans l’esprit ? Qu’il n’y a pas de paternité autre que la paternité parentale – laquelle n’est pas forcément biologique. Il n’y a pas de paternité spirituelle humaine, il ne doit pas y avoir de prétention des hommes à la paternité spirituelle. La prétention à une telle paternité ne peut être que spirituellement meurtrière, comme l’illustre l’histoire d’Abraham et de son fils, à travers qui Dieu apprend aux hommes qu’ils ne doivent pas porter leurs enfants sur l’autel du sacrifice. Enseignement renouvelé par l’élévation du Christ sur la Croix par des prêtres, ce Christ élevé comme le serpent d’airain par Moïse au désert, pour montrer aux hommes le mal qu’ils font et qu’il ne faut pas faire.
Le seul père spirituel, c’est celui qui est au cieux. Car, comme on le dit dans l’islam, Dieu sait mieux. Les hommes transmettent des savoirs, mais Dieu seul enseigne (n’est-ce pas ce que Kerouac veut dire quand il dit que la seule leçon qu’il ait reçue est une « leçon en BLANC » ?) Et Lui seul, à qui se laisse enseigner et engendrer par Lui, donne la liberté.
Dieu est la vie. Pour être enseigné, il ne faut pas exister entre hommes, en se faisant loi les uns aux autres, mais vivre, vivre sous la loi du ciel, vivre sur la terre comme au ciel. Et écouter ce que dit cette vie, qui est amour et enseigne l’amour, qui offre, commande et révèle tout.
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Ce qui fut et ce qui est
Ce matin est passé à la maison un ramoneur qui passait chaque année quand j’habitais de l’autre côté de la cour, et que je n’avais pas revu depuis cinq ans. Quand je lui ai dit mon nom, il s’est exclamé, tout content : « Ah vous êtes la fille de Mme Nardone, qui habitait dans l’immeuble ! » N’est-il pas étrange qu’aujourd’hui, malgré mes cheveux gris, on me prenne pour la fille de celle que j’étais quand j’étais plus jeune ? Ce nettoyeur des conduits du temps connaît l’ordre réel de la vraie vie.
Engendrez-vous.
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Des sables elles surgit, ressuscitée
Voie Lactée. Ex arena rediviva surgit, c’est la devise de ma ville, Soulac, dont le nom selon certains désigne, solum lac, le lait de la Vierge rapporté là par Véronique, et dont la basilique Notre-Dame de la Fin des terres réapparut d’entre les sables à partir de 1858, année où apparut à Lourdes l’Immaculée Conception, Soulac où une petite réplique de la Statue de la Liberté fait face, par-delà l’horizon, à l’autre rive, invisible aux yeux humains, mais qui est.
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– Ô bras neigeux de Dieu, j’ai vu Ses bras, là, sur les côtés de l’Échelle de Jacob, là par où il nous aurait fallu évacuer (comme si des canots de sauvetage avaient pu rien faire d’autre que de s’écraser comme des fétus contre les flancs du navire, dans cette furie) la face blanche et personnelle de Dieu m’a dit : « Ti-Jean, ne te tourmente pas, si je vous prends aujourd’hui, toi et tous ces pauvres diables qui sont sur ce rafiot, c’est parce que rien n’est jamais arrivé sauf Moi, tout est Moi – » ou comme le disent les textes sacrés Lankavatara : « Il n’y a rien d’autre au monde que l’Éternité dorée de l’Esprit divin » – Je voyais les mots « TOUT EST DIEU, RIEN N’EST JAMAIS ARRIVÉ SAUF DIEU », écrits en lettres de lait sur cette étendue marine. – Mon Dieu, un train infini dans un cimetière sans limites, voilà ce qu’est cette vie, mais elle n’a jamais été rien d’autre que Dieu, rien d’autre que cela – c’est pourquoi plus la plus haute vague monstrueuse se dresse pour se moquer de moi et pour m’insulter, plus je prendrai plaisir à la contemplation du vieux Rembrandt avec mon pichet de bière, et plus je malmènerai tous ceux qui se gaussent de Tolstoï, quelle que soit votre résistance ; et nous atteindrons l’Afrique, nous l’avons atteinte d’ailleurs, et si j’ai appris une leçon, ce fut une leçon en BLANC.
Jack Kerouac, Le vagabond solitaire
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Écrire vivre
Le Verbe est un chemin vivant, enroulé comme un ruban d’ADN, qu’il faut dérouler en le suivant. Le dérouler signifie y marcher. Et pour l’écrire, en y marchant, pas à pas en relever l’empreinte. L’Écrit (le vrai, pas le produit des hommes, produit pour la communication, pour le marché, pour la gloire etc) n’est pas le Verbe lui-même, mais son empreinte. Son sceau, ses pas dans lesquels nous pouvons nous mettre.
Mon livre avance, avec la présence constante de l’Ange. C’est lui qui m’aide à franchir les myriades de portes qu’il faut franchir sur le chemin, des plus ordinaires aux plus exceptionnelles. L’Écrit est une remémoration de ce qui a été et de ce qui n’a pas encore été, parce qu’il est l’empreinte du Verbe qui est, sans distinction de temps. L’Écrit est la transposition de l’éternité dans le temps. Une éternité en marche, qui met les hommes et l’univers en marche en se fixant, en descendant dans un lieu et un temps afin qu’ils puissent entrer en elle.
L’Ange me conduit aux portes dans la veille et dans le sommeil. Il faut seulement être très attentif. Soyez attentif à l’Ange, aux anges. Ici est un lieu d’où vous pouvez aller aussi, en le suivant avec une attention spéciale. Ne restez pas derrière vos portes, les franchir est le salut. Allez bien, vous n’êtes pas seuls.
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