Épée

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image Alina Reyes (juin 2012) (« procession des hommes/procession des anges »)

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Je l’ai raconté dans Ma vie douce, toute jeune je rêvai une nuit que, ayant trouvé un petit miroir où je me regardai, j’y vis L’homme à l’épée.

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11 C´est Nous qui, quand l´eau déborda, vous avons chargés sur l´Arche

12 afin d´en faire pour vous un rappel que toute oreille fidèle conserve.

13 Puis, quand d´un seul souffle, on soufflera dans la Trompe,

14 et que la terre et les montagnes seront soulevées puis tassées d´un seul coup ;

15 Ce jour-là alors, l´Evénement se produira,

16 et le ciel se fendra et sera fragile, ce jour-là.

17 Et sur ses côtés [se tiendront] les Anges, tandis que huit, ce jour-là, porteront au-dessus d´eux le Trône de ton Seigneur.

18 Ce jour-là vous serez exposés; et rien de vous ne sera caché.

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Sourate 69, Al-Haqqa, La Vérité, à écouter, lire en arabe, en phonétique et en français ici.

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Le verbe haqqa, d’où vient le mot Haqqa, qui est l’un des noms de Dieu et donne son titre à cette sourate (La Vérité, L’Inéluctable… L’Heure ou Le Jour de vérité), signifie d’abord : venir chez quelqu’un. Où nous voyons que messianisme et vérité sont intimement liés. Ce verbe signifie aussi : frapper quelqu’un au milieu du crâne, ou  sur le creux de la nuque. Et : faire juste, tomber, frapper juste. Et : devoir absolument arriver. Et : savoir avec certitude. Le mot comporte les sens de justesse, et aussi de justice.

Tout étant lié, quand le ciel est fendu et la terre frappée, c’est que la vérité vient frapper à notre tête.

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Solide lumière d’eau

 

Cette nuit avec O et toute ma descendance nous sommes montés, dans un effort bienheureux, à la cascade de glace de Gavarnie, directement dans la neige. Puis, sans aucunement ressentir le froid, nous nous sommes assis paisiblement autour de ses grandes orgues de cristal où jouait splendidement la lumière, moi près d’Asia, et Zoé dans mes bras. Ensuite nous sommes redescendus, comme en montant droit et aisément dans l’à-pic neigeux, au grand restaurant d’altitude pour prendre un bon repas.

 

Sourates 18 et 19, Al-Kahf et Maryam, La Caverne et Marie (2). Le sens du hidjab

 

104 Ceux-là dont l’élan se fourvoya dans la vie d’ici-bas, et qui s’imaginaient que c’était là pour eux bel artifice,

105 ceux-là qui dénièrent les signes de leur Seigneur et Sa rencontre : leurs actions ont crevé d’enflure. Je ne leur attribuerai nul poids au Jour de la résurrection

106 telle sera leur rétribution : la Géhenne, pour avoir dénié, pour avoir tourné en dérision Mes signes et Mes envoyés

107 tandis que ceux qui croient, effectuent les œuvres salutaires auront en prémices les jardins du Paradis

108 où ils seront éternels, sans nulle envie d’y rien substituer.

La Caverne, traduction de Jacques Berque

 

Le Coran tourne autour de son centre, qui est partout. Partout reviennent les avertissements aux mécréants, la promesse à ceux qui croient à l’Unique source, créateur et vérité, révélée par le Prophète et ses autres messagers, la révélation eschatologique du sens de la vie, du temps, de l’univers. Nous avons reconnu (Al-Khaf, 1) l’un de ses centres en son centre phonologique, Al-Kahf, cette Caverne, ce trou noir de la mort qui ne retient la lumière que pour la libérer, splendide, dans l’éternité de la résurrection. Et nous allons lire le Livre en tournant autour de ce centre.

Nous l’avons dit, la sourate suivante, Marie, est comme une émanation de La Caverne.  Marie vient de la Caverne. Marie, mère de Jésus, l’un et l’autre intimement liés, témoignant de la Résurrection issue du temps de la Caverne, de la mort en Dieu, qui dépasse la mort. Nous sommes ici au plein cœur du seul thème qui compte : le voile et le déchirement du voile. La Caverne et Marie sont l’habitation de l’homme en ce monde, une habitation que Dieu voile afin d’y préserver la vie et lui donner, en la dévoilant, sa révélation, celle de la résurrection.

Marie, nous dit le Coran, s’isola des siens dans un lieu oriental (à la source donc) et mit « entre elle et eux un voile ». Un hidjab. Le verbe arabe contient aussi le sens d’élever un mur de séparation. De voiler, de garder l’entrée. Le nom désigne tout ce qui peut s’interposer entre l’objet et l’œil, aussi bien : un voile, la nuit, ou l’éclat du soleil. Le Coran lui-même est considéré comme hidjab, au sens de moyen le plus puissant pour détourner le mal. Le verbe signifie aussi le fait d’entrer dans le neuvième mois de sa grossesse.

Rappelons-nous la dernière histoire de La Caverne, la plus mystérieuse, avec ce mur de séparation qu’élève l’envoyé de Dieu pour protéger jusqu’au jour du Jugement le peuple primitif qui vit au bord d’une source en plein sous le soleil.

Rappelons-nous la Kaaba voilée, autour de laquelle tournent les fidèles.

Rappelons-nous la légende de la toile d’araignée et du nid de la colombe sauvant la vie du Prophète et de son compagnon de voyage, lorsqu’ils quittèrent La Mecque pour Médine, pourchassés par les ennemis. Quand ces derniers arrivèrent devant la grotte où ils s’étaient cachés, ils virent qu’une araignée avait tendu sa toile devant, et qu’une colombe y avait fait son nid, où elle couvait ses œufs. Ils en déduisirent que personne ne venait d’y pénétrer, et passèrent leur chemin. L’anecdote est légendaire mais la nuit dans la caverne est réelle et évoquée dans le Coran : c’est à partir d’elle que commence le temps de l’islam, le nouveau calendrier. Et il est clair que cette toile et que cette colombe signifient à la fois la virginité de Marie, sa grossesse miraculeuse et son prochain enfantement.

Voici aussi où nous voulons en venir. Quand dans l’adhan, l’appel à la prière, le muezzin dit : venez à la prière, venez à la félicité, le mot arabe pour dire félicité signifie aussi : lèvre fendue. La prière consiste à réciter la révélation venue de Dieu. À parler la parole de Dieu. À ouvrir la bouche, le voile qu’elle est, ouvrir la parole, pour en faire jaillir la vie, la lumière, la vérité. À en reconnaître et faire le centre autour duquel, cosmique, notre être tourne jusqu’en son accomplissement, éternelle et indestructible félicité.

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à suivre

À propos de la polémique autour du livre de Richard Millet

à la cathédrale de Nantes, photo Alina Reyes

 

La littérature et les textes sacrés sont victimes du même gravissime problème : l’homme d’aujourd’hui ne sait plus les lire. Et ne peut que vouloir les censurer. Le Coran est plein d’expressions violentes, la Bible aussi, de même que les pièces de Shakespeare ou les livres de Céline. Dans certains cas il apparaît que le texte dénonce la violence (et le lecteur est rassuré), dans d’autres il semble au contraire la promouvoir – et le lecteur est horrifié.

Il faut comprendre que ni les textes sacrés ni les textes poétiques (c’est-à-dire de vraie littérature) ne sont des essais exposant des idées. Même s’ils en ont l’air. Il faut dépasser les apparences. Le texte poétique ne se trouve pas, ne se rencontre pas au niveau des apparences, il dépasse même souvent son auteur et ses idées. Le texte poétique déboule dans le monde pour lui jeter sa vérité en pâture. Sa vérité sous tous ses aspects, les plus splendides comme les plus détestables. L’ange de l’Apocalypse tend à l’homme le livre à manger, et le livre est tantôt doux et tantôt amer. Car le livre révèle.

Telle est sa mission : révéler aux hommes ce qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas voir. Car seule la révélation de la vérité peut sauver les hommes, tantôt en les horrifiant, tantôt en les émerveillant. Le texte poétique vient d’au-dessus du jugement des hommes. Dieu, ou la Vérité si l’on préfère, se saisit de tel ou tel homme, et lui intime d’écrire ce qui est. Il est vrai que l’antisémitisme dit dans les pamphlets de Céline fut, ou est. Que quelqu’un déploie cette vérité en mots, il le fallait. Même si cela échappe à notre compréhension immédiate de ce qui est bon. Les voies de Dieu sont impénétrables, comme on dit. Elles ne le sont pas tant que ça, à condition de se placer au-dessus des débats terrestres, trop terrestres. La vérité sauve, même quand elle fait très mal, même quand on croit qu’elle blesse et nuit. Seulement il faut savoir la recevoir.

Comment ? D’abord en ne se souciant pas de savoir si elle reflète ou non la position de celui qui la révèle. Peu importe, il n’est qu’un homme comme les autres. Ce qu’il faut, c’est regarder le texte en face et se dire : voilà, ce qu’il dit là (que ce qu’il dise tienne de l’amour ou de la haine) existe dans le cœur de la communauté humaine que nous sommes.

Dieu n’attend pas le Jugement dernier pour exprimer son jugement, il nous le donne dans l’éternité des textes sacrés et aussi, au fil du temps, dans l’actualité littéraire. Son jugement est le miroir qu’il nous tend à travers ces textes. Quand nous nous regardons dans la glace, si nous avons une mèche de travers, nous la remettons en place. Sachons faire de même avec ces miroirs de l’être que sont les miroirs de lettres. Vouloir les briser ne nous amènerait qu’à être de plus en plus de travers, de plus en plus laids. Nous vivons dans un monde de Dorian Gray, vendus aux miroirs truqués. Attention, plus dure est la chute. Ne pas la fuir quand elle arrive reste le seul moyen de pouvoir s’en relever.

 

Quelques autres brefs éléments de réflexion à propos de la polémique autour du livre de Richard Millet, ces dernières heures sur ma page facebook.

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