Lumière sur le monde

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Je suis allée chez mon éditeur, ou du moins à la maison d’édition où fut l’éditeur que j’aimais bien, avant que les puissances de l’argent ne le débarquent. De là-haut j’ai contemplé les gens sur la place, leur mouvement, leur beauté. Ce fut le meilleur moment.

En sortant je suis allée chez Tang Frères, acheter du thé vert et de quoi préparer un plat de nouilles chinoises. Le soleil et l’ombre alternaient sur les trottoirs. Dans l’ombre de mon corps grandissait mon livre en cours.

J’ai annoncé la règle des Pèlerins d’Amour sur ma page Bible, Coran et autres textes saints. La vérité ne sera pas mort-née. Elle s’extrait de la matière du monde dans les convulsions et le sang, et elle crie, vivante.

Levons la tente

le fil du temps,

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J’ai essayé pendant des années d’apporter aux catholiques une voix et une voie de renouvellement. Ils en voulaient, mais à condition que je me soumette au clergé. C’était absolument impossible. Je le leur ai répété, ils ont continué à croire qu’avec tous leurs moyens de pression et de manipulation, ils finiraient par me faire céder. Cette croyance absurde était bien l’un des signes de ce que je voyais chez eux, à savoir qu’ils ne connaissent pas Dieu. Le catholicisme a perdu complètement la voie de Dieu. Pour certains elle s’est réduite à un humanisme, pour d’autres à un bazar idolâtrique et superstitieux. Et Rome ne fait que pousser en ce sens, avec la canonisation hâtive de papes comme renforcement du pouvoir du clergé -combien ne prient plus Dieu mais Jean-Paul II ! J’ai fait tout ce que j’ai pu pour leur rendre le sens de Dieu, mais tout ce qu’ils voulaient c’était faire de moi un instrument pour renforcer leur emprise défaillante sur le monde. Et cela avec leurs moyens habituels : le mensonge, l’hypocrisie, les manœuvres souterraines qui furent toujours la marque de l’Église mais prennent aujourd’hui une ampleur inédite, de par les moyens de communication exploités pour la propagande. Comme dans les autres secteurs de l’industrie et de la politique, tout tient sur la publicité, la parole illusionniste.

Je suis du Christ selon l’Évangile, et il est aujourd’hui impossible d’être, en même temps, du Christ selon l’Église. Dieu ne se trouve plus dans cette institution. Je suis entièrement soumise à Dieu, c’est le sens du mot musulman, je suis en ce sens musulmane. Le Prophète Mohammed, alayhi salat wa salam, a rencontré Jésus dans son voyage nocturne ; il lui a alors demandé de diriger la prière, mais Jésus a préféré que Mohammed le fasse, et il l’a faite avec lui. Cela se passait en avant de nous, vers la fin des temps. Et moi qui suis du Christ, Dieu m’a conduite à prier avec les musulmans. Je continue à être là (notamment ici) pour eux, pour les chrétiens et pour tous ceux qui veulent continuer à marcher sur la Voie de vérité. Comme Abraham, nous irons, et notre descendance aussi, où elle, où Dieu, nous conduira.

Pâques, la Compassion du Christ

En joignant le geste de l’eucharistie (rendre grâce à Dieu) à celui de la communion (nourrir les hommes de son être pour leur montrer que Dieu est uni à eux et qu’il les unit en Lui), Jésus lors de la Cène fait signe que sa Passion est en vérité une Compassion. Il ne souffre pas seul pour tous, il souffre avec tous ceux qui souffrent. Et c’est pourquoi il souffre plus que ne peut souffrir un homme, et c’est pourquoi il en meurt, et c’est pourquoi aussi il en ressuscite. Il ressuscite parce qu’il n’a pas souffert seul, il a souffert pour tous, les vivants et les morts. Sa mort n’est pas en lui seul, elle est aussi en tous les morts et en tous les vivants, qu’il ne peut pas abandonner à la mort. Quand il demande de manger, via le pain et le vin, son corps et son sang, en mémoire de lui, cela signifie : nous coressusciterons. En mangeant ce morceau de pain devenu son corps et en buvant ce vin devenu son sang, nous le prenons en nous corps et âme, parce que c’est notre propre corps, notre sang, notre chair, nos os, qui donnent corps à son âme. Et quand nous donnons corps à son âme, elle emporte notre corps dans son éternité. Et le temps des vivants et des morts devient une éternité prise en commun, en communion, une coéternité avec toute l’humanité, transportée en Dieu, l’Éternel.

Une preuve de cela est donnée dès le lendemain, au Golgotha. Jésus n’est pas le seul à être crucifié. Deux autres hommes souffrent aussi sur une croix. Sans doute, contrairement au Christ, chacun des deux souffre-t-il pour lui-même. Mais l’un d’eux va sortir de lui-même pour entrer en compassion avec Jésus, et aussitôt Jésus lui annonce que le jour même, il sera au paradis avec lui. La compassion transporte les mortels dans une autre dimension.

Being 777, un air plane, d’apocalypse, et Vincent vit

Le prochain érotique avance, il sera terminé dans quelques jours, je pourrai me remettre à la peinture et à d’autres écritures, notamment ici. Car c’est par elles que je peux parler, dire.

Dans une vieille vidéo de l’INA, on entend une journaliste dire à Vincent van Gogh, neveu du peintre : « Votre père, Théo, a reçu une énorme correspondance de son frère. Il écrivait souvent ? »

La subtilisation, la captation, la réduction, faites ou en projet, des tapisseries à la licorne et de la grotte de Lourdes, sont des actions gnostiques au mauvais sens du terme, occultes, tendant à détourner les hommes de la lumière en incitant à un esprit sectaire. Pour ma part, n’ayant peur ni de la corne ni de la grotte, je continue à ouvrir des portes.

Il se pourrait fort bien que ce soit Gauguin qui ait coupé l’oreille de Vincent van Gogh lors de leur dispute, et que plus tard ce soit deux chenapans qui lui aient tiré dessus, accidentellement ou non. Van Gogh ne s’est pas suicidé. La société l’a fait, comme dit Artaud, et les dernières études biographiques suggèrent que ce pourrait être par le bras de ces jeunes hommes de la bonne bourgeoisie qui s’amusaient à le harceler. Vincent s’est tu, mais il a dit que sa peinture parlerait pour lui. Elle parle, ses champs de blé survolés de corbeaux parlent. Et il vit, il fait rayonner la vie dans le monde.