Picasso masaï

 

Pour moi la pudeur c’est d’être nue. Je m’adapte à l’impudeur que la société impose, je m’habille. Tant que j’ai des habits de pauvre, je ne me sens pas impudique.

Dieu garde les mauvais en vie pour qu’ils puissent voir leur désastre et peut-être, y retrouver la vue. C’est une occasion qu’il leur donne, même s’il est rare qu’ils la saisissent. Tout ce que fait Dieu est bon.

Si des mauvais vous font du mal, sachez que Dieu n’aime pas cela, et le transformera en bon pour vous et pour autrui. Plus vous serez proches de Lui, plus vite se fera la transformation. Et jour après jour vous serez dans la béatitude, de constater cela.

Il faut juger l’arbre à son fruit, mais beaucoup prennent pour bons les fruits empoisonnés. Rien de nouveau sous le soleil humain, trop humain.

En ce moment dans un village de Tanzanie une jeune fille masaï porte autour de ses épaules une étole en voile léger où sont imprimées des esquisses de Picasso. Juste retour des choses, que j’ai confié à O.

 

Merci à eux

 

Il se tient debout contre le mur, près de cette porte par où les gens vont et viennent. Chaque fois que j’y vais, je le vois. Avant même que je n’aie traversé la rue, nous échangeons un signe de reconnaissance. Ses vêtements sont sales, mais son sourire est propre est doux. Il ne parle pas français, mais il sait dire « bonjour madame », « merci madame », « bonne journée madame ». Quelques piécettes au fond de son vieux gobelet en carton en appellent d’autres. Seraient-elles des billets de cinq cents, si dérisoire resterait cet argent. Je m’incline aux pieds de l’homme pour déposer moi aussi quelques piécettes, une misère.

Parfois l’homme s’accroupit, mais quand quelqu’un arrive, il se lève. Il déchire l’espace. La rue tangue. L’enfant toujours présent à côté de lui demeure assis, paisible, dans son pauvre sac de couchage crasseux. L’enfant joue consciencieusement avec les minuscules pétales jaunes d’une toute petite fleur. Les disposant et les redisposant sur le rebord du sac qui enveloppe ses jambes. Chaque pétale est peut-être un personnage pour lui, et l’ensemble un univers dont il chorégraphie les étoiles, les âmes.

L’enfant aussi sourit, parfaitement paisible et doux, levant la tête quand il entend votre « bonne journée à vous » en retour. Dieu est là.

 

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à Mohammed, le Prophète, que la paix et la prière soient sur lui

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Mohammed, mon frère, je t’imagine comme Mohammed qui fut mon petit frère, un temps où j’habitai près du désert. Et oui, je le crois, ainsi étais-tu, Prophète, de peau foncée, d’allure noble, mince et souple, de visage finement taillé, harmonieux et parlant, d’yeux profonds et doucement perçants, d’élégance naturelle, humble, immémoriale. Et plus splendide à contempler encore était ton âme, secrète sans se cacher, semblable à la tache claire d’une tente à la fin de la nuit ou d’une grotte où des pêcheurs se réfugient, semblable à toute éphémère demeure et pourtant plus vaste, ramifiée, lumineuse et somptueuse à l’intérieur que les plus somptueux palais, vivante ! Et plus splendide encore était ton cœur, champ, mer et frondaison pour toute créature, battant en chœur avec la Création, à chaque instant tout à l’écoute de son Seigneur, recevant tout de Lui, l’Unique, et se redistribuant par le regard, par la parole, par la main qui donne comme si elle n’avait rien à donner. Ô Mohammed, miséricorde pour les hommes et les mondes, que la prière et la paix soient sur toi, notre bien-aimé ! Toi qui te soumis, ta vie durant, aux tressaillements immenses de la Réception, afin de nous délivrer le Message, avec le rythme et la matière de la prière qui nous rendent bienheureux en nous rendant à Dieu. Ô veuille, notre Prophète, participer à notre joie, à notre paix que nous fêtons pour toi.

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