Arthur Rimbaud, « L’Éternité » / « Eternity »

J’avais appelé mon vélo d’adolescente Arthur, en hommage à Rimbaud et au roi Arthur, et je parcourais l’espace entre océan et fleuve, arbres et sables, ciel et terres, en le chevauchant… L’imagination faisant l’espace et le temps sans limites… Comme encore aujourd’hui où je retourne à l’Université en étudiante, à vélo… Si peu suffit à vivre dans l’éternel !

Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.

Âme sentinelle,
Murmurons l’aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.

Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.

Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s’exhale
Sans qu’on dise : enfin.

Là pas d’espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.

Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.

*

Translated by Francis Golffing :

I have recovered it.
What? Eternity.
It is the sea
Matched with the sun.

My sentinel soul,
Let us murmur the vow
Of the night so void
And of the fiery day.

Of human sanctions,
Of common transports,
You free yourself:
You soar according…

From your ardor alone,
Embers of satin,
Duty exhales,
Without anyone saying at last.

Never a hope;
No genesis.
Skill with patience…
Anguish is certain.

I have recovered it.
What? Eternity.
It is the sea
Matched with the sun.

–Arthur Rimbaud (May 1872)
*