Misérables et bienheureux

La campagne de Macron, c’était des salles pleines de public coaché par téléphone pour faire le show ; et ça annonçait bien le faux de son quinquennat-spectacle. Si Zemmour était élu, ce qui n’arrivera pas, son entrée en campagne par un clip pillard augurerait une présidence semblable à celle de tant de dictateurs pilleurs de leur pays.

Que sont les virilistes enflés comme des allumettes consumées, les immigrés ou fils d’immigrés anti-immigrés, les basanés anti-non-blancs, les non-chrétiens anti-non-chrétiens, sinon des hommes hantés par la détestation de ce qu’ils sont ?

Beigbeder, Tesson, Houellebecq, sortent un livre de piliers de bar réacs, dit la journaliste de L’Obs, pour chanter le catholicisme. Quand catholique rime avec alcoolique, le catholicisme a du mal à bander. Je pense surtout à la fin d’Illusions perdues, où Rubempré (personnage dans lequel Zemmour, autre chantre du catholicisme, a déclaré se reconnaître), vend son âme à un curé maléfique. (Cela dans le roman, non dans le film qui inverse complètement le sens du roman de Balzac avec une fin grossièrement christique – mais ces sortes de trahison font partie du même misérable esprit du temps).

Sur une place tranquille, un homme à bonnet de rasta et à accent d’ailleurs m’interpelle à distance respectueuse pour me dire que mon bonnet est beau et qu’il me va très bien. Je lui renvoie le compliment, il s’incline légèrement, la main sur le cœur, je fais de même, chacun poursuit son chemin, sourire aux lèvres. He made my day. Être heureux de soi, être heureux d’autrui.
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Joséphine, Eric, la pantoufle Ac’, le lycée Montaigne

Aujourd’hui Joséphine Baker entre au Panthéon et Eric Zemmour se déclare candidat à l’élection présidentielle. Une résistante, un pétainiste. Une artiste, un agitateur médiatique. Une femme pleine d’amour, un homme plein de haine. Une grande femme, un petit homme. La supériorité de Joséphine Baker est évidemment éclatante, à tous les points de vue. À ne pas perdre de vue d’ici l’élection, justement. Avant d’entrer au Panthéon, elle était déjà ici.

Encore une place à prendre à l’Académie française, je ne sais quel immortel ayant encore passé l’arme à gauche (façon de parler). Lèche-pantoufles, à vos langues ! Il faut faire sa cour à ces si mortel·le·s pantouflard.e.s pour pouvoir participer au dictionnaire le plus mort de tous les temps, pour être du cercle des flics de la langue.

Il semble que j’aie de bonnes chances de trouver un poste d’enseignante contractuelle et je m’en réjouis. Alors que je complète mon dossier pour le rectorat, je lis qu’un élève de quinze ans a frappé sa prof de maths à coups de poing au lycée Montaigne. Je me rappelle que l’un de mes fils, qui était dans ce lycée il y a quelques années, y a subi une clé d’étranglement d’un agent de la BAC pesant 30 à 40 kg de plus que lui, alors qu’il tentait de secourir une lycéenne qu’un autre baqueux tirait au sol par les cheveux pour dégager l’entrée du lycée en grève (grève sans violences, autres que policières). Ceci n’explique ni n’excuse cela, ceci et cela, comme le succès de l’extrême-droite dans les intentions de vote, sont des révélateurs de la violence qui règne en France.

Je continue à lire Almudena Grandes, toujours aussi magnifique.
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Nouvelles du monde et du jour

"At Home", acrylique sur toile 30x30 cm

« At Home », acrylique sur toile 30×30 cm


"Penetrations", acrylique sur toile 38x46 cm

« Penetrations », acrylique sur toile 38×46 cm


"Tree of Life", technique mixte sur toile 40x40 cm

« Tree of Life », technique mixte sur toile 40×40 cm


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Face au Covid 19, je note deux attitudes parmi ceux qui l’ont contracté : il y a les gens qui se demandent où ils ont pu l’attraper, et ceux qui craignent d’avoir pu le transmettre à d’autres. Dans la première catégorie, nombre d’ex-minimisateurs de la maladie, qui leur semble n’être rien tant qu’elle ne touche que les autres, et qui devient tout lorsqu’ils en sont eux-mêmes atteints. Survolant le texte de Michel Onfray tout au très long duquel il narre ses affres de covidé, comme s’il était le premier au monde à avoir été atteint par le virus, j’ai souri dans ma tête en songeant que si Nietzsche, dont se réclame Onfray, remarquait avec justesse que les chrétiens n’ont pas des têtes de ressuscités, on peut remarquer aussi que bien des nietzschéens sont loin d’avoir des têtes et des corps de surhommes.

Je continue à traduire, avec immense bonheur, Homère. Mais j’arrête là le feuilleton en ligne de ma traduction. Sans doute en donnerai-je quelques autres morceaux à l’occasion et on pourra toujours lire les trois premiers chants dans leur entier ici, ici et .

De mes trois dernières peintures ci-dessus, les deux dernières sont des repeintures.

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Odyssée, Chant II, v. 296-339 (ma traduction)

"Mystery of Life", acrylique sur bois 74x46 cm

« Mystery of Life », acrylique sur bois 74×46 cm

Je propose un nouveau dicton : « Guerre » au printemps, « couvre-feu » à l’automne. Guerre contre quoi, contre qui ? That is the question. Mais attention aux feux qui couvent.

Aujourd’hui nous assistons à un dernier échange entre quelques-uns des perfides prétendants et Télémaque, puis ce dernier descend au cellier d’Ulysse, espèce de haute caverne d’Ali Baba. Nous verrons la prochaine fois les préparatifs avant le départ du jeune homme devenu « grand », comme il dit, avec son langage parfois encore enfantin.
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Ainsi parle Athéna, fille de Zeus. Et Télémaque
Ne s’attarde pas, une fois entendue la voix
De la déesse. Il s’en va au palais, le cœur attristé,
Trouve dans la demeure les prétendants arrogants.
Antinoüs en riant vient droit sur Télémaque,
Lui saisit la main et lui dit, l’appelant par son nom :

« Télémaque, fort en gueule, âme insupportable, cesse
D’exercer ton cœur aux paroles et aux actes mauvais,
Viens plutôt avec moi manger et boire comme avant !
Les Achéens vont s’occuper d’absolument tout pour toi :
Du bateau et des rameurs que tu demandes pour partir
Au plus vite à Pylos t’informer sur ton aimable père. »

Ainsi lui répond à haute voix le sage Télémaque :

« Antinoüs, je ne peux plus, avec vous les orgueilleux,
Sans rien dire manger et tranquillement m’amuser.
N’est-ce pas assez d’avoir déjà dévoré mes précieux
Et nombreux biens, prétendants, quand j’étais encore enfant ?
Mais maintenant je suis grand, j’ai écouté la parole
D’autres gens, j’ai appris, et la colère en moi a grandi.
Et je vais donc tenter de vous lancer le mauvais sort –
Que j’aille à Pylos ou que je reste ici dans le peuple.
Mais je n’annonce pas ce voyage en vain : je serai
Passager sur un bateau, n’ayant moi-même ni nef
Ni rameurs, puisque cela vous paraît plus avantageux. »

Ainsi dit-il, et d’un geste aisé retire sa main
De celle d’Antinoüs. Les prétendants dans la maison
Préparent le repas et lui adressent railleries
Et injures. L’un de ces jeunes arrogants lui dit :

« Oui, certes, Télémaque médite de nous tuer !
Il ramènera des secours de Pylos la sablonneuse
Ou bien de Sparte, puisqu’il le désire terriblement !
À moins qu’il ne veuille aller à Éphyra aux fertiles
Terres, afin d’en rapporter des poisons mortels
Qu’il versera dans nos cratères pour nous tuer tous ! »

Un autre de ces jeunes arrogants lui dit :

« Qui sait ? Une fois parti loin de ses proches, sur sa nef
Creuse, peut-être mourra-t-il après avoir, tel Ulysse,
Erré ? Voilà qui accroîtrait encore notre fatigue :
Il nous faudrait partager toute sa fortune, puis donner
La maison à sa mère et à celui qu’elle épouserait ! »

Ainsi parlent-ils, et Télémaque descend dans les hautes
Et vastes réserves de son père, où s’amoncellent l’or,
L’airain, des coffres pleins de linge, des huiles parfumées…

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le texte grec est ici
le premier chant entier dans ma traduction
à suivre !

Collaboration, marque française déposée

Il est certes plus aisé et plus seyant de faire le procès de quelques seconds couteaux des tueries islamistes de 2015 que de faire celui des politicards et hommes d’affaires qui copinent avec le Qatar et l’Arabie Saoudite, vendant la France au détail et leur vendant des armes en gros. Les morts qu’elles font, qui les compte, qui connaît leurs noms (à part ceux des morts français évidemment, tués aussi par cette politique génératrice de terrorisme) ? Avec la complicité des médias et autres bien-pensants, c’est la France à la fois collabo et coloniale, hypocrite et criminelle, couchée et raciste, qui perdure dans ce qu’ils appellent l’esprit Charlie. Fort décrépit, Dieu merci.

La misère au soleil

Aznavour chantait la misère au soleil, et il savait que ça ne la rendait pas meilleure. J’espère qu’Arte laissera longtemps sur sa chaîne youtube ce documentaire de Philippe Pujol sur le quartier de Saint-Mauront, à Marseille. On ignore trop, et pas seulement dans les quartiers pauvres, que le métier de vivre s’apprend, et qu’on doit l’enseigner. (On oublie aussi, à force de médiocrité, voire de vilenie dans les « beaux quartiers », que le métier de journaliste, entre autres, peut également être un beau métier).

Jean Castex, de monsieur déconfinement à monsieur déconfiture

Comme promis, Macron s’est réinventé. Voici sa nouvelle tête.

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Manu ou Jean, toujours aussi charismatique. Visage pâle de droite, pas vert ni rose ni rouge ni femme, contrairement à l’élan du peuple récemment exprimé. Monsieur déconfinement devient monsieur déconfiture : après le désastre LREM, Macron se réfugie dans les pantalons de papa Sarko, que Castex a appelé aussitôt. Quel mauvais feuilleton. Ni fait, ni à faire. Malheureusement le désastre, lui, n’est pas fini.

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