Notre plus grande force : un point spirituel

"Time", réalisé sur un calendrier de l'année dernière avec des fonds de palette appliqués ou collés

« Time », réalisé sur un calendrier de l’année dernière avec des fonds de palette appliqués ou collés

Emmanuel Macron s’en va au Panthéon déclarer que la République n’accepte « aucune aventure séparatiste » de ceux qui « au nom d’un Dieu, parfois avec l’aide de puissances étrangères, entendent imposer la loi d’un groupe ». Je vois tout de suite de qui il parle : de ces riches qui, au nom du dieu Argent, et toujours alliés à n’importe quelle puissance étrangère pourvu que ça rapporte, entendent imposer leur loi au monde. Ces riches qui ont porté Emmanuel Macron au pouvoir et dont il est tenu de préserver les intérêts, contre la République. En désignant au peuple mécontent un bouc émissaire : le musulman. Emmanuel Macron devrait réfléchir avant de parler : il fournit les verges pour se faire battre. Mais peut-être, en bon chrétien, aime-t-il ça.

Il y a le Poète à travers les âges, et les Max Brod du Poète, qui font connaître son œuvre, si nécessaire en trahissant la volonté du Poète. Le Poète doit-il se soucier d’être trahi ? Non. Si, contrairement à Kafka, il est après sa mort toujours vivant en chair et en os, le Poète doit seulement veiller à ne pas trahir son œuvre. Cela clarifié, le Poète remercie le ciel de lui avoir épargné toute traîtrise. Quant au tueur qui pense se racheter en se faisant promoteur : il n’en est rien.

Je suis entrée en christianisme pour pouvoir lutter contre la folie d’un homme possédé par les forces du mal. Une part de la religion m’a secourue, une autre m’a enfoncée : les catholiques m’ont trahie et maltraitée comme si j’étais le Christ en personne, qu’il leur fallait envoyer au calvaire. Comme le Christ en effet je suis sortie de leur tombeau (car l’islam a raison, ils n’avaient pas pu me tuer) et je me suis tournée vers l’Est. La puissante prière musulmane m’a permis de lutter pas à pas contre le mal qui, n’ayant rien d’autre à faire, toujours se répète et cherche à gagner les âmes qu’il ne peut gagner. Ce pas franchi, j’ai continué mon chemin de paix vers l’Est et je suis arrivée au Yoga. Pour autant, les enseignements de mon parcours, les livres, le monastère et la mosquée, sont toujours vivants et efficaces en moi.

« Cet homme étrange était habité par des forces gigantesques », dit Jules Verne du capitaine Nemo. Nous sommes tous des hommes étranges habités par des forces gigantesques. Et notre plus grande force c’est la plus petite, celle qui nous permet de choisir quelles forces nous neutralisons en nous, et quelles forces nous développons et faisons vivre.

Cinq animaux métaphysiques

"Tirésias"

« Tirésias »


"Le chameau de la prophétesse"

« Le chameau de la prophétesse »


"Le papillon de la dernière heure"

« Le papillon de la dernière heure »


"Phénix"

« Phénix »


"Grenouille de longue vie"

« Grenouille de longue vie »


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Les cinq sont peints en technique mixte (acrylique, gouache, feutre) sur papier 24×32 cm.

« Tirésias », muni des deux sexes, est aussi muni de deux regards, deux paires d’yeux, ceux de l’homme et ceux de la femme, donc voyant.

« Le chameau de la prophétesse » fait référence à l’histoire de la chamelle du prophète Mohammed, à qui il laissa le soin de déterminer l’endroit où construire la mosquée de Médine.

« Le papillon de la dernière heure » fait référence, entre autres, à la magnifique sourate 101 du Coran

« Phénix », comme il se doit, brûle et renaît de ses cendres

« Grenouille de longue vie » fait référence à nombre de mythologies dans le monde, dans lesquelles la grenouille est symbole de résurrection, comme dans le christianisme, et de longue vie. Par exemple à la fin de l’hymne aux grenouilles du Rig-Veda :

« Plaise aux grenouilles, lors du multiple pressurage
nous gratifiant de vaches par centaines,
de prolonger le temps de notre vie ! »

Christ aux cheveux verts

"Christ aux cheveux verts. Ceci est mon corps, ceci est mon sang" Acrylique sur bois (isorel) 74x42 cm

« Christ aux cheveux verts. Ceci est mon corps, ceci est mon sang » Acrylique sur bois (isorel) 74×42 cm


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En écrivant cette icône, j’ai songé que le maintien de la fermeture des parcs et jardins en Ile-de-France, malgré les demandes d’ouverture d’Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse, et alors que rouvrent centres commerciaux, écoles, bureaux, chantiers, transports en commun, lieux de culte avec autorisation de cérémonies…, et alors que les études montrent que la pandémie se transmet essentiellement dans les lieux clos, est une mesure de coercition de type fasciste, totalitaire : une mesure contre la vie, contre la liberté, contre le bonheur.

J’aurais pu intituler cette icône « la multiplication des pains », avec cette chair du Christ changée en myriades d’hosties. Mais ce qui est essentiel, c’est que cette figure soit encadrée de vert et d’or. En ce jour d’Ascension, une façon de s’élever pour voir d’en haut que la vie et la lumière sont nos véritables trésors, avec l’amour rendu par la libéralité du don de soi, un soi aux mesures de l’univers et en communion avec lui.

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Judas, son baiser de la mort, à autrui et à lui-même infligé

 

« Nous creusons la fosse de Babel » Franz Kafka

Selon les chrétiens, le rôle de Judas était nécessaire, puisqu’il fallait que le Christ soit crucifié. C’est là où je me sépare des chrétiens. Depuis le début – et je l’ai écrit, en ces débuts de ma passagère conversion au christianisme, dans mon livre Voyage (aujourd’hui épuisé, et que je ne veux pas rééditer) – je refuse de croire en la nécessité de la crucifixion, je m’élève contre ce principe de sacrifice humain, qui plus est fondé sur la trahison. La trahison existe, mais elle n’est pas nécessaire, tout au contraire : moins elle existe, mieux nous nous portons.

Les chrétiens ne sont d’ailleurs pas honnêtes sur ce point : d’une part, en persécutant les juifs pendant des siècles parce qu’ils auraient prétendument crucifié le Christ (pourquoi leur vouer tant de haine, s’ils n’ont fait, selon leur vision, qu’accomplir la volonté de Dieu en condamnant Jésus ?) ; d’autre part, en ne voulant pas voir que le Christ n’a rien fait, parce qu’il n’y avait rien à faire, pour sauver Judas. Le sort réservé à Judas dans les évangiles prouve paradoxalement que la faute que lui fait faire la vision chrétienne du monde est sans retour. Comment Judas, après avoir laissé parler le Menteur à travers lui, pourrait-il prétendre inspirer confiance, comment pourrait-il garantir que sa parole serait désormais fiable ? Un aveu fait aux personnes concernées pourrait le libérer en partie du poids de sa faute – rien de plus.

Les judas sont nombreux (cette note fait suite à mes notes précédentes sur l’affaire Griveaux, dont les différents protagonistes se sont révélés traîtres, à commencer par Griveaux lui-même, qui a trahi sa femme et dans une moindre mesure ses électeurs, devant lesquels il se présentait en chantre du mariage). Nul n’est à l’abri d’une traîtrise, commise ou subie. Mais les degrés de traîtrise, et donc leurs suites, diffèrent. Le Logos a ses lois que les borgnes et les aveugles de l’esprit ne voient pas. La seule atténuation du mal qui leur reste possible est d’apprendre à ouvrir les yeux, et à assumer les conséquences de leur pensée si gravement faussée, et de leur geste contre la vérité et la vie.

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Description d’un combat. Du christianisme, du judaïsme, de l’islam. Et de la jouissance, repos des guerrières et des guerriers

 

Myriam et les siens, dansant après le passage de la mer Rouge

Myriam et les siens, dansant après le passage de la mer Rouge

« Le Seigneur est un guerrier, Seigneur est son nom ! » Exode 15, 3 (ma traduction)

« Rappel : en vérité, à ceux qui se gardent est réservé un merveilleux lieu de retour :
les jardins d’Éden, portes grand ouvertes pour eux. Accoudés, ils y jouiront de fruits à profusion et de boissons » Coran, 38, 49-51 (ma traduction)

Il y a trois réactions saines face aux oppresseurs. D’abord mais pas toujours, la compassion. Inutile et dangereuse, mais saine en ce qu’elle témoigne d’une âme non préoccupée d’abord de sa personne, mais du bien commun de l’humanité, qu’elle voit en péril dans le mal à l’œuvre chez l’oppresseur. Il s’agit donc pour elle d’essayer de sauver en l’oppresseur sa part d’humanité, dans l’idée de sauver ainsi toute l’humanité. Presque toujours cette réaction est inutile d’un point de vue pratique, les hommes possédés par un mal ne voulant pas s’en déposséder. Cependant il peut y avoir des exceptions, et c’est pour elles comme pour la noblesse de cette ambition que la compassion, quoique dangereuse pour qui l’éprouve car neutralisant ses capacités de défense, reste spirituellement saine et valable.

Ensuite vient la haine. La haine n’est habituellement pas reconnue comme une valeur, mais elle en a une comme phénomène de transition maîtrisé. La haine est un moteur du désir quand apparaît la nécessité de la guerre. Dans l’Iliade, les combattants s’insultent avant de lancer l’assaut. La haine est surtout nécessaire quand il y a eu d’abord compassion. Une fois prise la conscience de l’inutilité et de la dangerosité de la compassion, pour soi et pour l’ensemble de l’humanité, la haine est l’instrument de destruction de cette compassion inappropriée. Elle est la manifestation d’un refus salvateur du mal, un refus qui engage tout l’être et lui donne l’impulsion pour agir contre.

Puis vient le mépris, le détachement. Mépris envers le mal, détachement envers ceux qui l’incarnent. L’impassion, disons. Si le combat continue – et il continue toujours, d’une façon ou d’une autre – c’est désormais de façon dépassionnée, au fond impassible. La compassion, passée par le trou noir de la haine (ce qu’on appelle dans le christianisme la descente de Jésus aux enfers, dont il fait sortir les morts) fait place à la lumière de la miséricorde universelle et de l’amour éternel pour les proches.

Le christianisme est la religion qui traite de l’oppression, thème déjà majeur dans le judaïsme. Il a développé une église oppressive et, d’un autre côté, donné aux hommes une conscience de l’oppression qui, avec les siècles, les a rendus capables de désir de justice et de révolution. Telle est l’histoire de l’Occident (quoique le christianisme n’y soit pas seule cause de l’organisation sociale ni de la démocratie, qui auraient été impossibles à réaliser si ses effets ne s’y étaient combinés avec ceux des paganismes plus anciens de ses régions). L’islam, lui, a de son côté repris du judaïsme la référence aux prophètes – en y incluant Jésus parmi les tout premiers, avec sa mère Marie –, un système d’interdits notamment alimentaires, et principalement, l’amour du Dieu unique, dont il a repoussé les limites de la dévotion et de l’étude dans un champ spirituel jusqu’alors inouï. C’est dans son refus de la croyance en la crucifixion du Christ que l’islam se sépare radicalement du christianisme. Mais cette séparation, plutôt que d’apparaître comme dogmatique, doit être comprise comme une évolution. En quelque sorte, l’islam réalise la phase finale du christianisme, celle où Jésus relevé de sa mort apparaît différent, au point que Marie Madeleine le prend pour un jardinier, et annonce qu’il sera désormais à retrouver ailleurs, sur de verts chemins. En quelque sorte, Jésus qui était mort de fatigue après son rude combat, après avoir fait preuve de miséricorde (« pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ») mais aussi de justice (promettant le ciel à l’un des larrons mais pas à l’autre), finit par se relever auprès de son amie et reprend les chemins d’une vie en paix. La paix est le stade de l’islam et des autres religions ou spiritualités plus orientales.

J’ai combattu sur le terrain spirituel, sur le terrain de la pensée, et les conséquences d’un tel combat, quand il n’est pas seulement personnel, ne sont pas seulement des conséquences personnelles : les ennemis sont extérieurs, bien réels, et ils se sont organisés pour me ruiner, comme ils me l’avaient annoncé. Je ne suis pas la seule à avoir été exclue du milieu littéraire, qui se change volontiers, et lâchement, en légion contre une seule personne, mais la faiblesse des gens de ce milieu est notamment de n’être rien sans ce milieu, alors que ma force est d’être tout, indépendamment de ce milieu. Cela a duré des années, et maintenant, indemne malgré ma blessure au côté, je laisse les morts enterrer les morts et je prends mon repos de la guerrière.

Déjà O et moi, éternité retrouvée après des égarements, des séparations et des difficultés immenses qui ne nous ont pourtant jamais fait perdre confiance en notre alliance, abritons notre béatitude dans le palais de style oriental, une oasis en plein désert de sable face à l’océan turquoise (c’est au Cap-Vert et ce n’est pas nous qui l’avons décidé, c’est un cadeau qui nous est fait, auquel nous participons), où nous demeurerons bientôt, après et avant d’autres voyages. Ayez toujours foi en l’amour, en la vie.

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Politique du voilement : ces musulmans qui font du saint Paul

L'autre jour à la Butte aux cailles, photo Alina Reyes

L’autre jour à la Butte aux cailles, photo Alina Reyes

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Entendu ce midi sur France Culture un membre du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) déclarer que le voile est une prescription religieuse qui figure dans le Coran. C’est faux. Pas une seule fois le mot « cheveux » ne se trouve dans le Coran, qui prescrit seulement aux femmes de rabattre leur manteau sur leur poitrine quand elles sont dehors (ce qui permettait de les distinguer des prostituées). La vérité est que le voile est une tradition, non une prescription religieuse, du moins dans l’islam. Le voile est une prescription religieuse dans le christianisme, selon saint Paul qui voulait restreindre drastiquement les droits des femmes et les soumettre étroitement à leurs maris. Pas dans l’islam. Pas dans le Coran, en tout cas. Et je suis en colère que des musulmans fassent mentir le Coran et le déshonorent en lui prêtant de basses intentions, qui ne sont que celles des sociétés patriarcales du pourtour méditerranéen.

Que des femmes se voilent si elles le veulent, mais en connaissance de cause, et non parce qu’on leur aura asséné que le Coran, la parole de Dieu, l’exige. L’islam est moins sexiste que saint Paul. Et voici que les hommes en font, contre son essence même, une des religions les plus discriminatoires à l’encontre des femmes. Les grands textes s’échinent à élever et libérer l’homme, les hommes s’échinent à le rabaisser, le mortifier, le soumettre.

Sans perdre mon esprit d’enquêtrice, tout en adhérant sincèrement au meilleur du catholicisme puis de l’islam j’ai pu approcher les fidèles de l’une et l’autre religion et comprendre comment ils vivaient leur religion. Malheureusement ce que j’ai trop rencontré chez les uns et les autres c’est l’obsession sexuelle malsaine, la fermeture, le déni, le mensonge, le mal-être voire une détresse souvent prête à se changer en violence. La violence politique du christianisme a fait des ravages immenses et énormes depuis des siècles. La violence politique de l’islam, dite islamisme, est aussi une conséquence des violences subies par les fidèles, soit au sein de leur communauté ou de leur famille, soit de la part d’une autre communauté ou d’autres nations, comme ce fut le cas pendant la colonisation et comme cela le reste avec les guerres capitalistes menées au Moyen Orient.

On n’avancera pas dans ce problème en le prenant par le petit bout du voile, mais en distinguant clairement dans ce tissu ce qui est tissé de tradition voire de religiosité et ce qui est tissé de politique, de guerre. On se trompe en faisant porter le débat sur la laïcité. La laïcité doit s’accommoder de toutes les religions et de tous les signes religieux. Sous le générique « voile », il faut distinguer ce qui est quasiment une simple superstition, comme le port d’une croix pour les chrétiens, et ce qui n’est plus un signe religieux mais l’étendard d’une politique : niqabs, burqas et autres abayas sombres à la saoudienne. Ces étendards-là ne sont plus du tout de la religion, que les femmes qui les portent en soient conscientes ou non. Ils adressent un message destructeur à l’intérieur d’une société, d’autant plus que cette dernière subit régulièrement les attentats de cet islamisme. C’est sur ces signes-là, et non sur le simple hijab, foulard ou turban, qu’il faudrait s’interroger d’un point de vue citoyen. Toute activité publique, a fortiori tout accompagnement ou garde d’enfants, ne devraient-ils pas être préservés de ce genre de propagande ambulante, comme l’enseignement, par exemple, doit être gardé indemne de la publicité ? Le meilleur argument contre ce genre d’uniforme reste celui du nécessaire respect réciproque entre les différentes composantes de la société, du moins quand elles se retrouvent dans une activité publique. Aux non-musulmans d’accepter les traditions des musulmans dans la mesure où elles n’ont rien de plus agressif qu’une croix, qu’une kippa, qu’un turban sikh, etc. ; et aux musulmans d’accepter de ne pas s’imposer, du moins dans ces circonstances d’activités publiques, en tenues islamistes, de ne pas se poser en étendard de valeurs contraires à la démocratie, à la république et à son principe d’égalité entre hommes et femmes.

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Exode 15, 1-21 (ma traduction)

Myriam danse,Poursuivi par Pharaon, le peuple guidé par Moïse a franchi la mer Rouge, mer du Roseau – que j’ai appelée aussi mer du Parler, parce que les roseaux parlent. Pharaon et ses armées sont engloutis, un chant de joie s’élève.

1. Alors auront, eurent à chanter Moïse et les fils d’Israël ce chant via le Seigneur. Ils dirent via dire :

« Que je chante via le Seigneur !

il est monté, il est monté,

cheval et cavalier dans la mer il a jetés !

2. Ma force, un chant, Yah ! Via lui il fut, mon salut !

Lui, mon Dieu, je le louange, Dieu de mon père, je l’exalte !

3. Le Seigneur est un guerrier, Seigneur est son nom !

4. Chars de Pharaon et son armée, dans la mer il les a jetés !

L’élite de ses officiers s’est enfoncée dans la mer du Roseau,

5. les abîmes les couvrent,

ils ont coulé aux profondeurs comme une pierre.

6. Ta droite, Seigneur, magnifique en puissance,

ta droite, Seigneur, brise l’ennemi.

7. Dans la profusion de ta majesté, tu détruis ceux qui se dressent contre toi,

tu envoies le feu de ta colère, il les mange comme du chaume !

8. Au souffle de tes narines, s’avisèrent les eaux,

s’enflèrent comme une digue les ondes,

se figèrent les abîmes dans le cœur de la mer !

9. L’ennemi disait :

Je poursuivrai, j’atteindrai,

je partagerai le butin,

je m’en remplirai l’âme,

je viderai mon épée,

ma main les ruinera !

10. Tu fis souffler dans ton esprit,

la mer les couvrit,

ils sombrèrent comme du plomb

dans les eaux formidables.

11. Qui est comme toi parmi les dieux, Seigneur ?

Qui est comme toi magnifique en sainteté,

terrifiant de gloire,

faisant merveille ?

12. Tu as étendu ta main,

le pays va les engloutir.

13. Tu as dirigé dans ton amour

ce peuple que tu as racheté,

tu l’as conduit par ta puissance

vers ta demeure sainte.

14. Ils ont entendu, les peuples,

ils frémissent !

Une douleur saisit

les habitants de Philistie.

15. Alors sont troublés

les maîtres d’Édom,

les puissants de Moab,

un tremblement les saisit,

ils fondent tous, les habitants de Canaan.

16. Tombent sur eux

épouvante et terreur,

dans la grandeur de ton bras

ils sont muets comme la pierre,

tant que passe ton peuple, Seigneur,

tant que passe ce peuple que tu as acquis.

17. Tu les emmèneras, les planteras

dans la montagne, ta possession,

lieu que tu as créé, Seigneur,

via ta demeure,

sanctuaire, mon Seigneur,

fondé de tes mains !

18. Le Seigneur règne via l’éternité, à jamais. »

19. Car est entré le cheval de Pharaon, son char et son armée, dans la mer, et il a fait retourner sur eux, le Seigneur, les eaux de la mer, et les fils d’Israël ont marché à pied sec au milieu de la mer.

20. Alors Marie, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit en sa main un tambourin, et sortirent toutes les femmes à sa suite, dans les tambourins et les danses du pardon.

21. Et Marie leur entonna :

« Chantez via le Seigneur, il est monté, il est monté,

cheval et cavalier à la mer il a jetés ! »

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